17 Août 2021
Le ciel s'est dégagé sur la Haute-Marne ce mardi matin et la température avoisine les 20° C, une météo idéale pour continuer notre périple sur la Via Francigena. Et, grande nouveauté aujourd'hui, nous accueillons Diane pour une partie de l'étape.
Parlons-en de cette étape, justement. Nous démarrons bien sûr de Richebourg, là où nous nous sommes arrêtés hier, pour rejoindre Faverolles, vingt et un kilomètre plus loin. Un parcours a priori intéressant puisque proposant du dénivelé et un mix bois - campagne.
Le parking de la Mairie, située juste à côté de l'église Saint-Nicolas, constitue notre point de départ. Les deux bâtiments ne manquent pas de caractère. Personnellement, j'aime beaucoup ces petites églises trapues qui dégagent une certaine force. Une appréciation toute personnelle...
Sortis du village, nous suivons la D 102 pendant un kilomètre à travers champs...
... avant de la quitter pour emprunter un beau chemin de campagne en direction de la forêt domaniale de Châteauvillain et d'Arc. Oui, celle-là même que nous avons parcourue pendant la moitié de l'étape d'hier !
Il faut dire qu'avec ses 8.719 hectares, ce n'est pas le bosquet du coin, non plus !
Contrairement à hier, nous empruntons des chemins de traverse dès notre entrée dans la forêt. C'est plus sauvage, plus varié. Que du bonheur !
Et donc, quand nous rencontrons une route forestière rectiligne, ce n'est que pour la traverser. Comme ici, la Route du Val des Dames.
Ce faisant, nous croisons aussi des phénomènes naturels particuliers, comme cette baignoire à sangliers. Enfin, ça c'est le nom que je donne à ces mares où les traces révèlent sans équivoque la fréquentation de ces ongulés. Mais d'autres gibiers, aussi.
Ceci dit, l'endroit est répertorié sur la carte IGN comme étant le Marchat de l'Epine. Il y en a d'ailleurs plusieurs autres dans cette partie de la forêt. Mais d'où vient le terme "marchat" ? Mystère ! Je n'ai rien trouvé à ce sujet, et je ne sais pas non plus par quel phénomène se créent ces mares.
Alors, si vous passez par ici et que vous avez une explication, n'hésitez pas à laisser un commentaire.
Bonjour vous !
A priori ce serait une russule sanguine, mais normalement elle pousse dans les forêts de pins, ce qui n'est pas le cas ici. À moins que le sol ne soit acide. Ou que ce soit un autre champignon...
Quoiqu'il en soit, quand on ne connaît pas, on ne touche pas !
Nous continuons à profiter de ces chemins de traverse dans la forêt...
... car après un rapide enchaînement Route des Religieuses - Route du Long Boyau...
... nous débouchons sur la Route de Vitry, une longue ligne droite de 2,4 kilomètres.
Bonjour vous !
Un Nacré de la ronce... Ce papillon vit normalement dans le sud de l'Europe mais avec le réchauffement climatique on en voit de plus en plus dans le nord-est de la France. En Belgique, où il demeure rare, les premières observations ont été réalisées en 2006.
Mais revenons à notre Route de Vitry.
Contrairement à hier où le chemin était rectiligne et plat, cette route forestière est une succession de bosses et, surtout, à mi-longueur, elle retrouve l'aspect sauvage et varié des chemins de traverse. Avec même un tracé sinueux en sortie de bois, c'est donc beaucoup plus amusant.
De la sortie de la forêt, quatre cents mètres à travers champs nous séparent de Mormant, un hameau de Leffonds.
Bonjour vous !
Je vous présente Géraldine, une laie qui fut récupérée blessée quand elle était encore bébé et qui finira sans doute ses vieux jours dans cet enclos.
Bon, on ne peut normalement plus l'appeler Géraldine car c'est un prénom qui fut ultérieurement aussi attribué à un membre de la famille. Alors si vous voulez éviter tout malaise le jour où vous passerez par là, appelez-la comme vous voulez, mais pas Géraldine !
Après avoir pris congé de Gér... Albertine, nous atteignons rapidement la Maison-Dieu de l'ancienne abbaye de Mormant. C'est le seul bâtiment subsistant de la Maison Sainte-Marie de Morment. Oui, à l'époque, on écrivait Morment.
C'est difficile de résumer l'histoire de ce lieu tant il y a à en dire. Mais avant tout c'est sans doute un des rares endroits en France où, en parcourant la Via Francigena à l'heure actuelle, on marche vraiment sur les traces de Sigeric.
En effet, dès l'époque gallo-romaine, le site se trouvait sur la voie romaine Milan - Lyon - Boulogne-sur-Mer.
La Maison-Dieu était dès l'origine un hôpital-église de chemin destiné à accueillir les pèlerins et à secourir les pauvres. Géré un temps par les Templiers fin du XIIIè - début du XIVè siècle, ceux-ci en font un hôpital-hôtellerie.
Repris par les Hospitaliers, le site est d'abord abandonné pendant la Guerre de Cent Ans avant de devenir un domaine agricole à partir du XVè siècle afin de contribuer à leur financement.
Puis le site sera démantelé et détruit progressivement à partir de 1772...
De Mormant à Leffonds, nous empruntons un beau chemin de campagne passant par la Grande Corvée - ce n'en est pourtant pas une de randonner ici - et le Corneiller.
Du Haut de Mormant, peu avant l'entrée dans Leffonds, nous bénéficions d'un panorama sympathique sur la région.
Si nous entrons dans Leffonds par la D 102, la FFRP a eu le bon goût de nous faire faire un détour par les campagnes pour rejoindre le quartier de l'église. Ça limite les passages sur asphalte mais ça nous procure surtout un magnifique point de vue sur la moitié du village sise sur le versant opposé de la Combe des Bouchots !
Dans le fond de la combe, on peut observer un lavoir situé à côté de la source du Ruisseau de Sointures. On a déjà vu bien mieux...
Il en va de même de l'église Saint-Denis. Elle ne se trouve d'ailleurs pas sur le parcours de la Via Francigena mais nous y avons fait un petit (dé)tour.
C'est aussi ici que nous abandonnons Diane à son triste sort à son mari qui vient la rechercher. Enfin, on l'espère pour elle...
Nous quittons Leffonds vers le sud-est par les Varennes, une crête agricole d'où nous dominons les environs.
Nous gagnons alors le Bois du Haut Mont, sur le territoire de Villiers-sur-Suize. Ici encore le chemin est plaisant avec de nombreux changements de direction dans une végétation variée.
Bonjour vous !
Non, ceci n'est pas un scorpion ! C'est un Staphylin noir, dit "le diable", une espèce de coléoptère. Ne lui faites pas de mal, il joue un rôle important dans la fertilité des sols.
Au débouché du bois, nous retrouvons la D 102, sur les Coteaux du Rosery. De là-haut, nous avons vue sur la vallée de la Suize, en direction de Villiers-sur-Suize.
Un petit quatre cents mètres sur la D 102 et ensuite nous récupérons un chemin de terre qui s'élève sur le Haut du Teil. On aurait pu y espérer un beau panorama mais la vue est obstruée par le Bois du Tilloi, que nous traversons.
Il ne nous reste plus alors qu'à nous laisser descendre vers Faverolles...
Une chose cependant nous intrigue... Ces figures posées sur les pilastres de la grille du château... L'endroit hébergerait-il une secte !?
Que nenni ! Le château, un ancien moulin à eau en fait, abrite depuis 1991 un studio d'enregistrement et des salles de tournage et de montage vidéo de la société Sound & Vision spécialisée dans les musiques innovatrices et expérimentales.
Qui aurait cru que cette société, acteur incontournable de la scène culturelle haut-marnaise, serait venue s'installer dans ce village d'une centaine d'habitants à peine et y organiserait des concerts ?
Bon, quand je disais plus haut qu'il ne nous restait plus qu'à nous laisser descendre, ce n'est pas tout à fait exact. Une fois que nous avons touché le fond... de la vallée de la Suize, il faut encore grimper - c'est le terme adéquat - le versant opposé pour atteindre la Mairie du village, point final de notre étape.
Un village où la sécurité routière est traitée avec un certain humour...
Voilà encore une étape qui ne nous aura pas déçus. De bucoliques parcours en forêt, de beaux paysages, du relief, des chemins agréables et un village final, Faverolles, de toute beauté. On en redemande !
Vous voulez compléter votre randonnée par l'une ou l'autre visite touristique ? Ci-dessous, je vous propose deux sites d'intérêt que j'ai visités dans les environs de Faverolles :
Le mausolée gallo-romain de Faverolles
Situé à deux kilomètres au nord du village de Faverolles, accessible par la route, ce monument funéraire n'est plus aujourd'hui qu'un tas de pierres dont il ne reste d'ailleurs que la base.
Une reproduction à l'échelle 1:4 permet toutefois de s'en faire une bonne idée.
Mais l'intérêt du lieu réside sans doute dans les vestiges d'une voie romaine qui passait ici. Un sentier de découverte de deux kilomètres à travers le bois vous explique tout ça, et bien plus encore !
La Tufière de Rolampont
Depuis le mausolée gallo-romain de Faverolles, on peut rejoindre la Tufière de Rolampont de deux manières. Soit en voiture, soit par un circuit pédestre balisé à travers bois. Comptez dans ce cas plus ou moins six kilomètres aller-retour.
Ici, c'est aussi un site millénaire que vous pourrez découvrir mais celui-ci est naturel. En effet, baignée depuis des siècles par une eau calcareuse, la végétation s'est minéralisée, créant de surprenants petits bassins sur le flanc du vallon de Vaudrien.
Si vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena, vous trouverez ci-dessous la trace GPX :