20 Août 2021
Les conditions météo s'améliorent sur la Haute-Marne pour notre dernière étape de la semaine sur la Via Francigena avant un week-end de repos bien mérité. Le soleil est en effet de retour et les températures devraient dépasser les 20° C tout au long de la journée.
Cette étape est aussi la dernière où je serai accompagné, par Kévin en l'occurrence. Il me reviendra "d'affronter" seul les cinq de la semaine prochaine qui termineront cette série estivale.
Aujourd'hui nous quittons donc Torcenay pour rallier Coublanc, vingt-trois kilomètres plein sud. Un parcours varié mariant bois et campagne au profil intéressant. Nous devons toutefois nous attendre à un pourcentage élevé de routes asphaltées.
Nous quittons Torcenay par la rue du Maquis pour rejoindre la Route Forestière de Lavaux qui, après être passée sous la ligne de chemin de fer Dijon - Vesoul, serpente dans la vallée du Ruisseau de La Vau.
Rien à voir avec la Via Francigena mais, pour les passionnés de chemin de fer, il existe une rotonde à locomotives au dépôt SNCF de Chalindrey, le village voisin. Construite en 1948, son architecture tout en béton est assez particulière. Se visite lors de journées portes ouvertes.
Le Ruisseau de La Vau est un affluent du Salon. C'est celui-ci que nous traversons à la sortie du bois, avant de monter vers le Foultot, un hameau de Chalindrey.
Le Salon prend sa source à Culmont, à un kilomètre et demi du fort de Montlandon. Nous en sommes passés vraiment très près lors de l'étape d'hier. Il porte le nom de Salon en Haute-Marne mais devient le Saulon lorsqu'il entre en Haute-Saône.
La route forestière se termine en cul-de-sac au Foultot. Nous sommes alors invités à suivre un chemin sur le flanc opposé de la vallée du Salon.
Là, l'aventure commence vraiment. L'humidité des derniers jours et de récents travaux forestiers rendent la progression sur le chemin hasardeuse. Parfois, c'est la végétation qui l'a presqu'englouti.
Quand une passerelle en bois, branlante, nous permet de retraverser le Salon, nous nous sentons l'âme d'aventuriers de l'Arche perdue ! L'aventure, je vous disais !
De l'autre côté du Salon, ce n'est pas la cuisine... pardon, c'était trop facile... c'est le Bois de Chalindrey. C'est plus propret, plus maîtrisé, mais quel plaisir d'évoluer dans ces bois !
Nous retrouvons le soleil au coin d'une clairière au beau milieu du Bois de Chalindrey. Nous la contournons jusqu'au coin opposé.
De la clairière nous descendons le flanc d'une petite vallée séparant le Bois de Chalindrey de la Forêt Domaniale de Bussières-lès-Belmont pour remonter l'autre versant et y récupérer la Route Forestière des Ragonnes.
Non, les photos ne sont pas prises de travers, le dénivelé est réellement aussi abrupt.
Ce sont alors plus de deux kilomètres et demi d'asphalte qui nous attendent sur la Route Forestière des Ragonnes. Là, nous sommes tout de suite moins fan.
La Route Forestière des Ragonnes rejoint la Route Forestière des Loges. C'est par celle-ci que nous quittons la Forêt Domaniale de Bussières-lès-Belmont.
Oh ! Bonjour vous ! Mais que faites-vous en plein milieu de la route !? C'est imprudent et dangereux ! Allez, vite vite sur le bord de la route !
Nous arrivons bientôt à la ferme de la Grosse-Sauve. Son architecture ne manquera pas de vous interpeller. Et pour cause, il s'agit d'un ancien prieuré du XIIè siècle dont l'église gothique fut détruite en 1757, à l'exception du chœur et d'une travée.
Mais, à l'instar de l'ancienne abbaye de Mormant que nous avions vue lors de l'étape du 17 août dernier, le site était déjà occupé à l'époque romaine où il servait de relais.
Détruit pendant les invasions barbares, il fut reconstruit sous Charlemagne en maison hospitalière gérée par des religieux. Elle hébergeait alors les pèlerins en route pour Rome ou Jérusalem.
Nous reprenons la route en direction de Rivières-le-Bois à travers le Bois des Pères. Rien d'exceptionnel jusqu'à ce que nous arrivions à Montfricon, perché sur le flanc ouest de la vallée du Ruisseau de la Pissotte.
De là, la vue commence à se dégager sur la vallée de la Resaigne.
Au fur et à mesure de la descente, sur un beau chemin de campagne, la vallée de la Resaigne nous dévoile toute sa beauté. Perché au sommet du versant ouest, le petit village de Rivières-le-Bois agit comme un aimant sur notre regard.
Nous franchissons ensuite la Resaigne pour monter en droite ligne vers Rivières-le-Bois.
A mi-pente, nous profitons de notre position élevée pour jeter un regard en arrière vers Montfricon et la très belle vallée de la Resaigne.
Après avoir traversé sur un pont, dans une languette boisée, l'ancienne ligne de chemin de fer Gray - Chalindrey démantelée en 1991, nous arrivons à Rivières-le-Bois.
Si le village en lui-même ne propose rien d'exceptionnel, par contre on bénéficie de là-haut, en route pour Saint-Broingt-le-Bois, de superbes vues sur la région.
Avant de rejoindre Saint-Broingt-le-Bois, nous traversons la vallée de la Flasse au lieu-dit Les Gorges. Rien à voir avec celles du Verdon ou du Tarn, évidemment, mais la pente est raide tant à la descente qu'à la montée.
Nous aurions normalement dû tourner à gauche à ce joli lavoir, peu avant d'entrer dans Saint-Broingt-le-Bois mais nous choisissons de continuer jusqu'à l'église Saint-Bénigne.
Cette église de la première moitié du XIXè siècle propose un plan simple qui, c'est mon avis, lui donne beaucoup de charme. J'aime particulièrement son clocher couvert d'un dôme carré en ardoises.
Particularité, seules les faces ouest et sud sont couvertes d'enduit.
Saint-Bénigne aurait été martyrisé vers l'an 179 à Dijon. Il est célébré tant dans la religion catholique qu'orthodoxe. Il aurait été envoyé par Saint-Polycarpe pour évangéliser la Gaule et Langres serait la première ville qu'il aurait évangélisée.
À noter que Saint-Bénigne aurait aussi été appelé Saint-Broingt. Cocasse, non, quand on se rappellera que nous sommes à Saint-Broingt-le-Bois ?
Nous redescendons ensuite au lavoir pour reprendre le cours normal de la Via Francigena.
À l'arrière du lavoir se trouve une grande mare rectangulaire et nous sommes surpris quand, à notre approche, des dizaines de grenouilles se jettent à l'eau. Nous avons tenté de les filmer, en vain. Alors, si vous passez par là, approchez-vous prudemment de la mare et vous aurez peut-être la chance d'observer ce même phénomène !
Nous continuons dès lors notre chemin qui contourne Saint-Broingt-le-Bois par le sud.
Après Saint-Broingt-le-Bois, le chemin descend d'abord dans une petite vallée avant de s'élever progressivement vers le sommet du Soc par le Bois des Entes et la Combe du Soc.
Ainsi commence un des plus beaux passages de cette randonnée.
Le Soc est un petit hameau de Maâtz situé sur un sommet à 358 mètres d'altitude, perdu dans une clairière, loin de tout. Quiétude garantie.
Petit détail, le chemin décrit dans l'application Via Francigena est maintenant barré mais le balisage du GR 145 est clair. Impossible de se tromper.
Du Soc, on redescend à travers des champs de maïs pour rejoindre le Bois de l'Homme Mort. Sa traversée n'a rien d'un mortel ennui, que du contraire !
À la sortie du bois, la vue s'ouvre sur la vallée de la Resaigne. Vous vous rappelez ? Nous l'avions déjà traversée avant de grimper vers Rivières-le-Bois.
Mais ici, le petit village de Maâtz que nous pouvons observer de loin se trouve, lui, au creux de la vallée.
Nous atteignons bien vite Maâtz. Ce petit village n'est pas dénué de charme même s'il ne propose aucun patrimoine véritablement exceptionnel. Pas plus que son église Saint-Martin.
Mention toutefois pour ces Hollandais installés dans le village qui nous proposent gentiment de quoi nous rafraîchir.
Maâtz est le dernier village sur l'itinéraire avant d'atteindre notre destination finale, Coublanc. Nous le quittons vers le sud-est par la D 7.
Mais à la sortie du village, le balisage nous fait heureusement quitter la Départementale pour emprunter un chemin nous détournant par le Mont Olivier.
De ce mont, la vue est en effet dégagée à la fois sur la vallée du Salon, à l'est, et sur celle de la Resaigne, à l'ouest. Ces deux cours d'eau se rejoignant par ailleurs à Coublanc.
Du Mont Olivier, il ne nous reste plus qu'à nous laisser descendre pendant 1.300 mètres pour atteindre l'arrivée à la rue du Château, à Coublanc.
Toutefois, alors que nous avions pu l'observer de loin, il nous semble que l'église ne manque pas d'intérêt alors qu'elle ne se trouve pas sur le parcours de la Via Francigena. Nous décidons donc de n'arrêter le chrono qu'après lui avoir rendu une petite visite.
Voilà bien quelque-chose d'incompréhensible pour moi. Alors qu'un des objectifs de la Via Francigena est de mettre en valeur le patrimoine national, comment se fait-il que cette église Saint-Pierre et Saint-Paul de Coublanc ne se trouve pas sur le parcours ?
Car, même si elle subit des modifications jusqu'au XIXè siècle, cette église dont le chœur et la nef datent du XIIè siècle est tout simplement superbe. Je pense qu'il doit y avoir unanimité là-dessus.
Au passage, avant d'arriver à l'église, nous pouvons aussi admirer ce beau petit château reconstruit au XIXè siècle. Propriété privée, il ne se visite pas.
Alors que nous ne sommes plus qu'à quelques kilomètres de la Haute-Saône, une conclusion s'impose. La Haute-Marne est une superbe terre de randonnée !
Cette étape encore m'aura émerveillé même si je ne peux que regretter la part importante de routes asphaltées. Mais la beauté des contrées traversées et des paysages offerts me font aisément oublier cet inconvénient.
Oh oui, quelle chance d'avoir été là !
Si vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena, vous trouverez ci-dessous la trace GPX :