24 Août 2021
Ce mardi, je continue la découverte de la Haute-Saône sur la Via Francigena. Une étape de près de vingt-cinq kilomètres m'attend entre Framont et Vellexon-Queutrey-et-Vaudey. Par simplicité, nous écrirons seulement Vellexon. Vous comprendrez, j'espère.
Au menu du jour, un parcours relativement plat, nous poursuivons dans la première moitié la descente de la vallée du Salon avant d'embrayer jusqu'à la fin dans la vallée de la Saône. Voilà qui s'annonce particulièrement intéressant.
Côté météo, le ciel s'est enfin dégagé sur la région. Une vraie journée estivale s'annonce.
Je démarre ce matin de l'église Saint-Rémy de Framont en direction d'Ecuelle, par la Grande Rue. Il ne faut pas marcher longtemps pour atteindre le Salon près duquel un imposant lavoir attire ma curiosité.
Quatre cents mètres après avoir franchi le Salon et une plaine agricole, j'arrive au hameau de Merdechien. Mais d'où vient ce nom ? Allez savoir...
Si on observe attentivement en direction de Framont, deux églises sont visibles. En fait, Framont est le résultat de la fusion, le 31 décembre 1972, de Frânois et de Mont-le-Frânois. Et les deux églises ont été conservées.
Nous empruntons alors un beau chemin de terre en direction d'un autre hameau de Framont, le Crochot.
Après un petit bout d'asphalte dans la traversée du Crochot, nous récupérons un autre beau chemin de terre en direction de Montot.
Un kilomètre avant d'arriver à Montot, nous devons cependant emprunter la D 158. En s'élevant sur la colline où trône le village, nous bénéficions toutefois de belles vues sur la vallée du Salon.
Situé au bord d'un plateau dominant le Salon, Montot a su garder le caractère typique des petits villages de la région. C'est sans doute grâce au pont sur la rivière inscrit aux monuments historiques qui empêche toute construction erratique.
L'église de l'Assomption date du XVIIè siècle.
Je fais connaissance dans la Grande Rue avec un très sympathique gendarme retraité. Nous échangeons longuement sur la vie à Montot et notamment sur les difficultés, de nos jours, d'encore trouver des jeunes désireux de s'impliquer dans la gestion communale.
- "Bonjour ! C'est Monsieur le Maire qui vous a missionné pour repeindre la Vierge ?".
- "Bonjour ! Je suis Monsieur le Maire !".
- "Ah... Vous n'hésitez pas à vous mouiller la chemise !"
Je raconte à Monsieur Bruno Degrenand, ci-devant maire de Montot et par ailleurs fort sympathique, la conversation que je viens de tenir avec le gendarme et justement le fait qu'il est difficile d'impliquer les jeunes, et sans doute les moins jeunes. Me voilà en tout cas devant un exemple concret.
Nous avons tous les deux une conversation très intéressante mais je n'ai malheureusement pas toute la journée devant moi. Au bout d'un moment, je prends donc congé.
Je continue donc mon chemin, direction Denèvre. Le plus court serait de suivre la D 171 mais nous faisons un détour par les champs. C'est aussi une route asphaltée sur la majeure partie du trajet mais moins fréquentée que la Départementale. Enfin... Pour autant que celle-ci le soit, fréquentée...
Après Denèvre, dans lequel nous ne rentrons pas, la petite route asphaltée se transforme assez rapidement en chemin de terre, bien plus agréable pour la randonnée. D'autant que le paysage est à la hauteur.
Nous ne rentrons pas non plus dans Dampierre-sur-Salon. Après le cimetière situé en périphérie, nous traversons la D 70 pour continuer (encore) sur une petite route asphaltée tracée au milieu d'une plaine herbeuse coincée entre le Salon et la Côte des Fourches.
La vallée du Salon aura gardé son charme jusqu'au bout.
L'arrivée à Autet est de toute beauté.
C'est aussi ici que nous faisons nos adieux au Salon. En effet, alors que celui-ci s'écoule vers le sud-ouest pour se jeter un kilomètre plus loin dans la Saône, nous, nous traversons le village dans l'exacte direction opposée.
Dans la région, pour quitter une vallée, ça monte. Ah ? C'est une lapalissade ? Bon, c'est pour dire que ça ne monte pas qu'un peu pour atteindre l'église Saint-Pierre et Saint-Paul érigée au XVIIè siècle.
On redescend ensuite vers une zone industrielle qu'on contourne par la gauche pour gagner les Longues Raies, une plaine agricole surplombant un méandre de la Saône.
Le chemin pénètre alors dans le bois accroché au versant de la vallée de la Saône. Descendant dans celle-ci, il se transforme en sentier, passe sous la ligne de chemin de fer Auxonne - Vesoul et rejoint le chemin de halage longeant la Saône. Un passage de toute beauté !
La ligne de chemin de fer n'est plus exploitée depuis 2018 par manque d'entretien. Il existe toutefois un projet de réhabilitation promu par l'association "Etoile de Gray".
L'objectif est de soulager l'autoroute A 36 du trafic de poids-lourds. Mille camions seraient ainsi transportés chaque jour sur des navettes ferroviaires adaptées. Une excellente chose pour l'environnement si ça se réalise !
Nous longeons ensuite la Saône sur le chemin de halage en direction de Savoyeux. Au bout de 1.300 mètres d'un parcours agréable et sympathique, nous arrivons à l'écluse de l'accès sud au tunnel de Savoyeux.
Je suis surpris par l'importance de la rivière car nous ne sommes jamais qu'à un peu plus de soixante-dix kilomètres de sa source, à Vioménil, dans les Vosges. Son énorme bassin versant, le plus important de tous les cours d'eau de France, explique cela.
La courbe de la Saône n'étant pas navigable à hauteur de Savoyeux, on construisit en 1840 un tunnel de 643 mètres de long permettant de s'affranchir de cet obstacle. Je suis fan de ce genre d'ouvrage de génie civil !
L'homme a navigué de tous temps sur la Saône. Ainsi, à Saint-Marcel, en Saône-et-Loire, on a retrouvé une pirogue datant de l'âge du bronze.
La Via Francigena suit alors la route construite en surface, à l'aplomb du tunnel. Pour déboucher à l'autre extrémité.
Et là, c'est un peu l'incompréhension. Alors que mon GPS et Visorando me disent que je dois suivre le canal par la droite, le balisage de la FFRP m'envoie à gauche ! Bon, soit. Après tout, ce n'est pas la première modification de tracé que je constate.
Si, au début, je me dis que c'est finalement une bonne chose car de ce côté le chemin n'est pas asphalté, plus loin, arrivé à hauteur du canal, ça se complique. Il n'y a en effet plus de chemin et il faut marcher dans de hautes herbes sur un sol irrégulier ! Ça me tue ! Mais comment est-ce possible ?
Tant bien que mal, j'arrive à la D 5, juste avant le port de Savoyeux. La signalétique de la Via Francigena me confirme que j'aurais bien dû arriver par l'autre rive. Si j'en ai l'occasion, je reviendrai sur les lieux pour tenter de comprendre mon erreur.
En attendant, il faut suivre la D 5 en direction de Seveux. Ça n'a jamais rien d'agréable de suivre une Départementale mais ici au moins nous sommes protégés de la circulation.
Nous traversons la Saône juste avant de rentrer dans Seveux. On comprend vite, à voir la profondeur du cours d'eau, qu'un bateau ne peut pas naviguer ici.
Le village de Seveux n'est pas exceptionnellement beau, en tout cas dans sa traversée le long de la D 5. Néanmoins, nous pouvons y observer quelques bâtiments remarquables, comme le château et deux superbes lavoirs.
L'église Saint-Laurent, elle, ne se trouve pas sur la Via Francigena. Il faut faire une petite incursion dans le village pour découvrir ce simple mais joli édifice. J'aime particulièrement son chœur.
Un kilomètre après avoir franchi la Saône, nous quittons enfin la D 5 pour emprunter un chemin de traverse qui rejoint la ligne de chemin de fer désaffectée Auxonne - Vesoul. Oui, celle-là même sous laquelle nous étions passé tout à l'heure, à la sortie d'Autet.
Nous empruntons le Pont de Rougelin pour traverser la ligne de chemin de fer et, à partir de là, ce sont trois kilomètres d'une petite route asphaltée à travers la campagne qui nous attendent jusqu'à l'arrivée.
Quelques centaines de mètres après le pont, je fais connaissance avec un paysan retraité venu observer dans le pré voisin un veau né deux jours auparavant. Nous passons un long moment à discuter. Devinez de quoi... D'agriculture, bien sûr !
Je pense que depuis mon départ de Calais sur la Via Francigena, je n'aurai jamais autant échangé sur une journée !
Ce monsieur est tellement sympathique qu'il insiste pour me conduire en voiture jusqu'à l'arrivée de l'étape ! Il est même déçu que je décline son invitation ! Mais voilà, si j'avais voulu faire la Via Francigena en voiture, je serais avec la mienne, je n'aurais pas fait autant de belles rencontres, et je n'aurais sûrement pas autant de choses à raconter.
Enfin, ceci dit, la remise en route est particulièrement difficile. Les kilomètres se font sentir dans les jambes, il est temps d'arriver.
A l'entrée de Vellexon, on peut observer au loin vers le nord-est le château de Ray-sur-Saône, perché sur une colline dominant la Saône. Je vous en propose une petite visite en fin d'article.
La randonnée se termine à l'église Saint-Martin de Vellexon, construite en 1786.
Se déroulant malheureusement majoritairement sur des routes asphaltées, néanmoins peu fréquentées, cette étape a toutefois tenu toutes ses promesses.
Tant la vallée du Saulon que celle de la Saône offrent de beaux cadres de randonnée. Et comme je ne peux dire quelle partie m'a le plus enchanté tellement il y en a, je mettrai surtout en avant les belles rencontres que j'ai faites sur le parcours.
Encore une belle journée sur la Via Francigena !
Les raisons d'un moment d'égarement
Pourquoi ai-je suivi le côté gauche du canal à la sortie du tunnel de Savoyeux ? Ce n'est pas que je n'en dormais plus, mais j'ai voulu en avoir le cœur net. Donc je suis retourné sur place quelques jours plus tard. Et la raison est là.
Attiré par la vue qu'on a du canal depuis le sommet des escaliers, je n'ai pas fait attention et je n'ai pas vu le symbole indiquant de prendre les escaliers pour rejoindre le canal ! Distrait que je fus !
Le château de Ray-sur-Saône
Le château de Ray-sur-Saône se trouve à quelques kilomètres seulement du tracé de la Via Francigena alors pourquoi ne pas le visiter si vous en avez l'occasion.
Cet ancien château-fort du Xè siècle fut rebâti en style classique au début du XVIIIè siècle par la famille de Mérode, une ancienne famille de la haute bourgeoisie belge.
Légué en 2015 au département de la Haute-Saône par sa propriétaire, Diane-Regina de Salverte, après être resté habité pendant trente-trois générations sur dix siècles par la même famille, il est en parfait état de conservation.
Le parc est ouvert gratuitement à la visite tous les jours tandis que des visites guidées sont organisées le week-end.
Perché sur une colline dominant la Saône, il offre un beau point de vue sur la vallée.
Si vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena, vous trouverez ci-dessous la trace GPX :