26 Août 2021
Hier soir, j'ai déménagé mes quartiers de Fresne-Saint-Mamès à Besançon où je suis hébergé chez la charmante Anaïs. Alors que je ne la connais ni d'Eve ni d'Adam, elle m'a laissé son appartement, où elle vit habituellement, pour les trois jours que je vais passer à Besançon. Ça provoque chez moi une certaine gêne, pas sûr que je réitère l'expérience. Mais quelle confiance de sa part !
En me posant à Besançon, je voulais me donner la possibilité d'utiliser les transports en commun pour mes deux dernières étapes de cette année sur la Via Francigena. Mais voilà, il n'y a ni train ni bus pour rejoindre Bucey-lès-Gy, départ de l'étape du jour.
Ce doit toutefois être mon jour de chance. Dominique, mon taximan d'hier, vient justement ce matin déposer des clients à la gare TGV de Besançon. Rendez-vous est donc pris et c'est en train depuis la gare de Besançon-Viotte que je rejoins la gare TGV. Un trajet d'une quinzaine de minutes.
Dominique me prend en charge comme convenu et me dépose sur le parking du Café de la Gare, rue de la Gare, à Bucey-lès-Gy. Une gare, mais plus de train, donc. Plus de rails non plus, d'ailleurs.
Me voici donc reparti pour une nouvelle étape d'une vingtaine de kilomètres qui devrait m'amener cette fois à... la gare TGV de Besançon. Je l'écris au conditionnel car hier mes pieds ont énormément souffert de la chaleur et, malgré tous les soins apportés, je ne suis pas très confiant. Qui vivra, verra...
En attendant, je remonte la rue de la Gare en direction du centre de ce village bénéficiant méritoirement du label "Cité de Caractère de Bourgogne-Franche-Comté".
En plein centre du village, rue du Canal, nous pouvons admirer cette étonnante Mairie-lavoir bâtie en 1827. Le lavoir, situé sous la Mairie, a la forme d'une église. L'édifice est classé monument historique depuis 1980.
Inaccessible aux personnes handicapées, la Mairie a déménagé à l'ancien presbytère mais certains services municipaux y sont hébergés.
C'est superbe même si, pour moi, l'ensemble manque d'harmonie par la faute de ce haut lavoir qui ne laisse que peu de place à la façade de la Mairie.
Nous continuons sur la rue du Canal, celui qui alimente le lavoir et court sur notre gauche. On devine son existence au pied de la colline sur laquelle trône l'église Saint-Martin.
Cette très belle église, que je ne verrai que de loin, fut édifiée au XIVè siècle puis agrandie au XVIè. Elle est inscrite sur la liste des monuments historiques de la Haute-Saône depuis le 30 décembre 1980.
Nous retrouvons d'ailleurs le canal au bout de la rue, à l'intersection avec le chemin des Écoliers. C'est bien le canal, la Morthe elle-même coulant cent mètres plus à l'ouest, au fond de la vallée.
Nous quittons la vallée de la Morthe, et le village par la même occasion, par le chemin des Écoliers, puis par la rue de Folle.
La petite route bitumée monte rapidement vers les Monts de Gy au cœur desquels s'étendent des pelouses sèches. Ces terres pauvres, impropres à la culture, furent défrichées dès le Néolithique, soit de 5000 à 2500 ans avant J.C.
Ce milieu naturel change au fil des saisons. On peut y observer des plantes méditerranéennes, y sentir l'origan et le thym, y voir voler de nombreux papillons et oiseaux...
Quelques vignes garnissent le flanc de la vallée.
Puis, continuant à s'élever, le chemin nous emmène pour un passage de sept cents mètres à travers bois.
Nous débouchons alors dans une grande clairière d'où nous dominons les environs. Ce début de randonnée est tout simplement superbe !
Au centre de la clairière, nous bifurquons à gauche sur un chemin de terre courant entre le Chevautrey et la Croix Grisot.
Nous pénétrons ensuite dans la forêt qui porte ici le nom de "Bois Chanois et Croix Grisot". C'est tout simplement idyllique !
Et si vous n'aviez de cesse de vous demander ce que peut bien être cette Croix Grisot, eh bien voilà, votre curiosité est maintenant satisfaite !
Déçu ? Bah, désolé, je n'ai rien de mieux à vous proposer. Et en plus, je n'ai trouvé aucune information à son sujet !
Mais qu'importe. Pour moi il est temps de casser la croûte et ce n'est pas la vue de cette croix qui va me couper l'appétit.
La Croix Grisot se trouve presqu'au sommet du massif forestier. C'est donc logiquement que, repartant de là, le chemin se mette à descendre.
Dans cette partie est du bois, il est aussi par endroits en moins bon état. Mais ça reste praticable, surtout par cette belle météo qui règne sur la région depuis plusieurs jours.
Sur le territoire de Montboillon, nous récupérons une petite route asphaltée qui descend progressivement avant de plonger dans la vallée.
Et bientôt, par une trouée dans les arbres, nous apercevons l'église Saint-Nicolas de Montboillon...
Montboillon est un charmant petit village typique comme j'aime.
Implanté à proximité de l'ancienne voie romaine Besançon - Langres, ce village de quand même presque trois cents habitants dispose de deux fontaines et d'un lavoir, remarquables, tous trois initialement du XIXè siècle. Initialement, car la fontaine visible sur les photos ci-dessous doit en effet sa forme arrondie à une rénovation datant de 2012.
L'église Saint-Nicolas fut quant à elle entièrement reconstruite en 1830.
Trois kilomètres au nord du village, au lieu-dit Vau Venise, se trouvait également un prieuré dont il ne reste aujourd'hui qu'une grange.
Quittant le lavoir, nous évitons le centre du village pour gagner les bords du ruisseau de Vau Venise, à l'emplacement où se trouvaient jadis deux moulins.
Construits tous deux au XVIè siècle avec l'autorisation de Philippe Ier roi d'Espagne, celui du haut servait de meunerie alors que celui du bas actionnait une scierie. Ils cesseront toute activité aux environs de 1930. Aujourd'hui, ils ont été transformés en maisons d'habitation.
Nous prenons ensuite plein sud en direction d'Étuz par un beau chemin de terre traversant pendant trois kilomètres les campagnes dominant la vallée du ruisseau de la Douain.
À Étuz, même si elle se trouve un peu à l'écart du parcours, on ne pourra manquer la sublime fontaine de la ruelle Sainte-Anne.
Constituée de deux lavoirs en forme de temples entourés chacun de quatorze colonnes ioniques en calcaire et pierres de taille, la fontaine est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1979.
Je vais profiter de la tranquillité du lieu pour prendre le temps de soigner mes pieds qui commencent à se plaindre sérieusement du traitement que je leur inflige. Mais il faudra bien qu'ils me portent jusqu'au bout... plus que huit kilomètres... huit petits kilomètres...
L'itinéraire se poursuit vers le sud en longeant la D 3 pendant un kilomètre pour atteindre l'Ognon, un affluent de la Saône.
L'ognon, c'est aussi ici la limite entre la Saône et le Doubs.
Prenant sa source sur le versant sud des Vosges, il coule principalement en Haute-Saône avant de servir de limite avec le Doubs, puis le Jura. Et finalement, au bout de 213,7 kilomètres, il se jette dans la Saône à Heuilley-sur-Saône, en Côte d'Or.
Au-delà de l'Ognon, nous entrons dans Cussey-sur-l'Ognon. Nous découvrons immédiatement l'église Saint-André qui a la particularité d'être partagée avec Étuz, pourtant situé dans le département voisin.
Juste à côté, notre regard est attiré par une autre Mairie-lavoir, comme à Bucey-lès-Gy. Ici aussi, et sans doute pour les mêmes raisons, la Mairie n'y est plus installée.
Même si l'édifice est moins original qu'à Bucey-lès-Gy, je le trouve plus harmonieux, les proportions étant ici équilibrées. Mais ce n'est qu'une question de goût...
Même si le village est sympathique, certaines rues ne donnent pas vraiment envie d'y habiter...
Après avoir traversé le village par la rue du... Village, nous parvenons sur les hauteurs où la campagne domine.
Devant nous, barrant l'horizon, se profile le Bois de Cussey. Et derrière, la gare TGV de Besançon, terminus de l'étape ! Courage...
Le Bois de Cussey est un véritable régal pour les randonneurs. Il n'y manque que des animaux féériques pour pouvoir lui donner le titre de forêt enchantée !
Si vous séjournez dans la région, n'hésitez pas aller y randonner. En tout cas, moi je suis sous le charme ! ... ou le chêne ? le hêtre ? Bon, okay, okay...
À l'entrée sur le territoire de Geneuille, la physionomie du bois change quelque peu. Son nom aussi puisque, sans transition, nous sillonnons alors le Bois de Racla. Mais ça reste tout aussi agréable, avec quelques passages sablonneux bien confortables.
À l'étang de l'Aurêtre, un banc donnerait bien envie d'y faire une pause. Mais l'arrivée est proche, il n'est pas temps de relâcher ses efforts.
À la sortie du bois, quand nous atteignons la LGV (Ligne à Grande Vitesse), c'est un peu comme un coup de massue qui me tombe sur la tête. La gare est là, à deux cents mètres, peut-être trois-cents. Et pourtant, comme il n'est pas question de traverser les voies, c'est un détour de plus d'un kilomètre qu'il faut encore faire pour atteindre l'arrivée...
Enfin, dix-sept minutes plus tard, après avoir longé la voie ferrée dans un sens puis dans l'autre, au bout de l'effort, j'arrive à la gare de Besançon-Franche-Comté TGV, terminus de l'étape !
D'ici, je n'ai plus qu'à prendre un TER jusque la gare de Besançon-Viotte. L'appartement d'Anaïs ne s'y trouve qu'à cinq minutes à pied. Il me restera alors à décider si je me remets en route demain pour la dernière étape...
Cette étape entre Bucey-lès-Gy et Les Auxons est une véritable pépite. Sans aucun doute une des plus belles depuis mon départ de Calais !
L'itinéraire alterne bois et campagne tout en proposant de superbes paysages. Les passages boisés sont aussi parmi les plus beaux qu'il m'ait été donné de parcourir. Et le patrimoine, avec ces surprenantes mairies-lavoirs n'en pas en reste.
À faire absolument !
Si vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena, vous trouverez ci-dessous la trace GPX :