9 Juillet 2020
Poursuite ce jeudi de mon escapade sur la Via Francigena. Au programme, un peu plus de 23 km entre la gare de Montescourt et celle de La Fère. Avec 13 km par les chemins de halage le long du canal de Saint-Quentin et du canal de la Sambre à l’Oise, je ne m’attends pas à une randonnée du plus grand intérêt. Mais, au contraire d’hier, j’y suis préparé.
Je vous emmène ?
De la gare de Montescourt, je rejoins l'église Saint-Sulpice de Clastres où je récupère la Via Francigena.
On sort assez rapidement du village pour le longer sur sa lisière sud. Après un très court passage à travers le bois du Marais aux Lins, on se retrouve à nouveau dans les campagnes jusque Jussy.
On passe alors devant la mairie de Jussy qui se trouve sur le canal de Saint-Quentin. C'est à partir d'ici que j'aurais dû suivre le canal. Notez que les Allemands tentèrent, eux, de franchir le pont le 29 août 1914. Mais leur tentative échoua et ils ne purent jamais franchir le canal ici.
Normalement, donc, la Via Francigena suit le canal de Saint-Quentin à partir de Jussy. Sauf que, faute d’entretien, le chemin de halage est impraticable de Jussy jusqu’au pont de chemin de fer 1,5 km plus loin. Les équipes de la FFRP ont donc modifié le fléchage et nous font faire un détour qui nous ramène vers la gare de Montescourt !
Le début de l’étape du jour est alors un peu bizarre. Ainsi, au bout de 1hr20 de marche, au château d'eau que vous pouvez apercevoir sur la première photo ci-dessous, j’aurai parcouru 6,5 km et je ne serai pourtant qu’à 1 km de la gare de Montescourt, d’où j’ai démarré ! Oui, c’est cela, je tourne en rond !
C'est seulement ensuite qu'on retourne vers le canal, qu'on atteint au bout de 8,5 km après être passé au-dessus et avoir longé la ligne de chemin de fer.
C'est de là que j'aurais dû arriver si les VNF voulaient bien libérer les budgets pour entretenir le chemin ! Qui, ô surprise, n'est pas asphalté !
En fait, ça ne durera que jusqu'à l'écluse de Jussy, soit 600 m, parce qu'après c'est bien du bitume !
Il nous faut alors marcher trois kilomètres avant d'atteindre l'écluse de Mennessis.
J'y ai discuté longuement avec les très sympas ouvriers des VNF. On sent que le canal, c'est leur bébé. Ils le chouchoutent mais n'ont malheureusement pas les budgets pour en enlever les algues qui l'envahissent depuis un an.
Trois nouveaux kilomètres plus loin, nous atteignons le pont de Tergnier.
Tergnier, c'est avant tout la ville du chemin de fer. La première ligne, Tergnier - Reims, date de 1852. Puis, en 1855, on y édifie des ateliers de construction ferroviaire, et le chemin de fer prend de plus en plus d'importance, renforcée par la présence du canal de Saint-Quentin qui y attire de nombreuses industries. D'ailleurs, à Tergnier, ce n'est pas le chant des oiseaux que vous entendrez, mais le crissement strident des freins des trains qui manœuvrent dans la gare de triage !
Et c'est sous un soleil de plomb que je continue ma progression.
Sous ce soleil, il est très tentant d'y plonger la tête la première !
Un pêcheur m'a fait la longue liste des poissons qu'on peut pêcher dans le canal. Des brochets, des carpes, et puis le reste j'ai oublié tant il y en avait. Ce que j'ai retenu par contre, c'est qu'il n'avait encore rien pêché depuis le matin malgré sa batterie de cannes à pêche en position sur la berge.
Peut-être qu'il devrait demander à celui-là, qui s'enfuit fissa fissa sans demander son reste, ce qu'il a fait de son poisson !?
La jonction entre le canal de Saint-Quentin et le canal de la Sambre à l'Oise est atteinte au bout de dix-sept kilomètres, après avoir traversé Tergnier. A cet endroit, les berges du canal sont très fréquentées par les promeneurs.
Et le train est encore passé sous mon nez ! J'attendrai 20 minutes sur place pour capturer le suivant... Rien, nada !
Beaucoup moins envahi par les algues que celui de Saint-Quentin, on peut observer des péniches sur le canal de la Sambre à l'Oise. La présence d'industries à proximité explique sans doute qu'il soit plus fréquenté, et donc que les algues aient moins le loisir de proliférer.
Avant de quitter le canal pour traverser le Faubourg Saint-Firmin, on a le loisir de faire une petite halte nature auprès d'un étang enclavé entre le canal et l'Oise.
Un petit parc fleuri nous accueille à l'entrée de La Fère. Après cela, ce sera trois kilomètres de traversée en pleine ville jusque la gare.
Rue de l'église, on découvre... l'église Saint-Montain de La Fère. Je la trouve magnifique et tellement atypique sans clocher ! Elle fut bâtie au XIè siècle sur l'emplacement d'une grotte où l'ermite Montain réunissait ses disciples au Vè siècle. Puis remaniée et agrandie au XVIè siècle.
La Fère a une longue tradition militaire, particulièrement dans l'artillerie. Une première école fut ainsi créée en 1720. Cinq villes françaises possédaient une école d'artillerie mais celle de La Fère était particulièrement renommée pour la qualité de son enseignement. Depuis le 01 juillet 1993 et le départ du 41ème Régiment d'Infanterie de marine, il n'y a plus de présence militaire dans la ville.
Rue du Général de Gaulle, face aux bâtiments de l'ancienne école d'artillerie, trône la statue de l'artilleur qui, jusqu'en 1974, était placée sous le pont de l'Alma, à Paris.
D'ici, il reste cinq-cents mètres à parcourir pour rejoindre la gare.
Bon… Que dire de cette randonnée, alors ? Bien sûr, à l’instar d’hier, ça fait beaucoup de macadam. Et puis, il a fait très chaud aujourd’hui. Jusque 28° C dans l’après-midi. Et avec peu d’ombre sur le chemin de halage, ça cognait dur ! Mais, finalement, le temps est passé tellement vite que j’ai dû ralentir la cadence pour ne pas devoir attendre le train du retour pendant plus de deux heures à La Fère.
La Fère qui fut d’ailleurs une bonne surprise. Voilà une ville dont je n’avais jamais entendu parler et qui propose un beau patrimoine ! Allez, on ne va pas dire que c’était une belle étape, mais ça n’aura pas été la pire non plus.