10 Juillet 2020
Ce vendredi 10 juillet, fin en apothéose d’une semaine passée sur la Via Francigena entre Bapaume et Laon. Au programme du jour, une très belle mais aussi très longue étape entre La Fère et Laon, soit une distance de près de 38 km sur un parcours vallonné et boisé à souhait.
Fin en apothéose, disais-je, parce qu’aujourd’hui le spectacle était tant sur Terre que dans le ciel ! Pourtant, au réveil, et encore sur le trajet en voiture entre ma chambre d’hôtes et La Fère, les averses régulières et intenses me laissaient craindre une journée bien arrosée et triste. Mais quand j’ai posé le pied à La Fère, même si le ciel demeurait menaçant, les averses se sont estompées et je n’eus à subir la moindre goutte de toute la randonnée ! C’est sûr, Sigeric était avec moi !
Initialement, le parcours devait être un peu plus court que celui que je vous propose maintenant. Mais arrivé dans la forêt domaniale de Saint-Gobain, j’ai décidé de faire un détour par la ville. Bon, bien sûr, ce faisant, je n’ai pas suivi à la lettre le parcours de la Via Francigena mais je me suis dit que, si je ne faisais pas ce détour aujourd’hui, je ne verrais peut-être jamais Saint-Gobain.
Allez, je vous montre…
Au bout d'un kilomètre, on a quitté La Fère et sa banlieue pour se retrouver dans les champs.
On passe ensuite sous la D1032 pour monter de façon abrupte vers Andelain. Si vous n'étiez pas encore échauffé à ce moment-là, eh bien c'est fait !
On passe devant un bunker à l'entrée d'Andelain, avant de découvrir l'église Saint-Denis. Classée monument historique depuis 1921, sa nef date du XIIè siècle tandis que le chœur date du XVIè. La charpente est construite comme une coque de bateau renversée.
En quittant Andelain, dans la campagne en direction de Bertaucourt-Epourdon, le ciel est menaçant mais ô combien impressionnant de beauté !
A Epourdon, je suis sous le charme de l'église Saint-Martin !
La forêt domaniale de Saint-Gobain est toute proche. Durant les huit premiers kilomètres de l'étape, le parcours sillonne à travers la campagne. Mais par après ce ne sera quasi plus que du bois !
On rentre dans la forêt domaniale de Saint-Gobain. Si vous souhaitez visiter la ville, c'est peut-être mieux de prendre la route à droite à l'entrée de la forêt.
L'étang du Pré Lardot dans la forêt domaniale de Saint-Gobain est un bel endroit pour une petite halte.
Contrairement au Nord-Pas-de-Calais et dans une moindre mesure dans la Somme, il n'y a ici pas de panneau jaune pour marquer la Via Francigena mais la silhouette de Sigeric vous accompagne sur le parcours. Je trouve ça une super idée !
Je ne me suis décidé qu'au dernier moment à visiter la ville de Saint-Gobain et j'ai donc pris un chemin de traverse. Mais dans ce cas, ça monte sec jusqu'au sommet de la colline ! Deuxième fois que je crache mes poumons aujourd'hui ! Voilà pourquoi il est sans doute plus sage de prendre la route à l'entrée de la forêt...
Et soudain, au détour du chemin, l'église Saint-Gobain de Saint-Gobain vous apparaît dans toute son incroyable splendeur !
Classée monument historique en 1921, elle fut construite à l'endroit où une source jaillit lorsque Gobain, un moine irlandais du VIIè siècle, reprit son bâton planté dans le sol après une nuit passée couché sur un lit de feuilles ! On peut toujours voir la source à l'intérieur de l'église.
Mais Saint-Gobain est probablement mieux connu pour sa Manufacture des Glaces fondée en 1665 par Colbert, ministre des finances de Louis XIV pour concurrencer les verriers italiens. A droite de l'entrée, l'ancienne chapelle de la Manufacture.
La visite de Saint-Gobain terminée, on se dirige vers Saint-Nicolas-aux-Bois. Et Sigeric veille toujours sur nous.
Seul en forêt accompagné du chant des oiseaux, que du bonheur !
Tiens, un point de vue ! Peut-être celui permettant d'admirer les ruines de l'abbaye bénédictine de Saint-Nicolas-aux-Bois ?
Non... Un grand panneau nous explique la magnifique vue que nous avons d'ici...
Enfin... Ça, c'était avant que la végétation ne reprenne ses droits !
Alors, on reprend son chemin en se disant qu'il y aura bien une autre occasion de voir cette abbaye... Peut-être du haut de cet escalier qu'on y a aménagé tellement ça grimpe ?
Oh, bingo ! On aperçoit une tour de l'ancienne abbaye depuis le sommet de l'escalier ! Bon, ben, à moins de faire un long détour, c'est tout ce qu'on verra de l'abbaye depuis la Via Francigena ! Construite vers 1085, elle fut détruite à la Révolution française et définitivement abandonnée en 1790.
Un peu plus loin, on fait connaissance avec la croix Sezinne. Y seraient enterrés les corps de trois jeunes seigneurs flamands venus étudier le français à l'abbaye. Surpris par les hommes de Enguerrand IV de Coucy en train de chasser le lapin sur ses terres, ils auraient été exécutés sur le champ par Enguerrand ! Ce dernier fut, entre autres, condamné par Louis XI à céder ses terres à l'abbaye et à ériger un monument à l'endroit où les trois jeunes avaient été enterrés.
Grâce à sa structure géologique particulière, le massif possède de nombreuses sources. Ici la source de la Fontaine à la Goutte.
Sur la D7, à hauteur du lieu-dit "le Rendez-Vous", un ancien poteau indicateur situé à la "Croix des Sergents" nous montre le chemin.
Le chemin serpente alors sur le sommet de la colline entre les Francs Bois et le Trou d'Enfer pendant plus de 2 km, jusque Cessières.
Dans la descente du Mont de Forcy, l'entrée d'une ancienne galerie d'extraction de la craie attire mon attention.
Je suis étonné par la propreté du lieu, généralement propice à de petites fêtes clandestines qui ne laissent derrière elles qu'un infect tas d'immondices.
Je me serai enfoncé de 150 pas à l'intérieur de la galerie sans en atteindre le bout. La présence de chauve-souris m'incitera à faire demi-tour. Non que j'en aie peur, mais parce que la lueur de ma torche ne peut que leur nuire.
A la sortie de Cessières, le Mont des Veaux laisse apparaître un relief sensiblement différent de ce que j'ai pu observer en début de semaine.
Dans la forêt entre Cessières et Laniscourt, pendant deux kilomètres, le chemin sablonneux soulage l'organisme. Cela fait déjà 25 km qu'on a quitté La Fère.
Après Laniscourt, place à un chemin herbeux.
Peu après l'intersection entre la D65 et la D750, l'itinéraire nous fait passer devant la ferme de Thierret. Superbe exemple de ces fermes-châteaux croisées durant tout mon parcours. L'intérieur est d'une beauté incroyable. La France a peut-être un incroyable talent mais elle a aussi et surtout un incroyable patrimoine !
Laon, si proche et si loin à la fois ! 5 km encore jusqu'à cette butte calcaire appelée "Montagne couronnée", terminus de cette semaine de randonnée.
Le cimetière allemand de Laon - Champ de manœuvre. Reposent ici 3.487 corps de soldats allemands, dont une infirmière, tués dans la région, ou même au Chemin des Dames entre Reims et Soissons, pendant la première guerre mondiale.
Et puis on parcourt les derniers kilomètres à travers champs avant d'entamer la longue traversée de Laon.
A l'entrée de Laon, on passe devant l'Hospice départemental de Montreuil établi dans l'ancienne abbaye cistercienne du XIIè siècle, dont ne subsiste, de cette époque, que la chapelle.
Et on termine à la gare de Laon, quasi au pied de la cathédrale Notre-Dame. J'en reparlerai lorsque je ferai la prochaine étape.
Pour l'heure, il est 19hr quand j'arrive à la gare et le dernier train pour La Fère quittait à... 18hr50 ! Pas sûr que Sigeric ait veillé sur moi jusqu'au bout de l'étape !
Comme je le disais en préambule, voilà une semaine de marche sur la Via Francigena qui se termine en apothéose. Depuis mon départ de Calais, c'est sans doute la plus belle étape qu'il m'ait été donné de parcourir !
Certes, les deux derniers kilomètres, dans la traversée de Laon, m'ont paru longs mais, sur le reste de l'étape, les chemins parcourus et les paysages traversés étaient tellement beaux que je n'ai pas vu les kilomètres défiler !
Sans compter les différents sites culturels ou historiques qui ont constitué autant de moments où j'oubliais que c'étaient mes pieds qui m'avaient porté jusque là ! J'espère que la suite de la Via Francigena m'apportera encore d'aussi belles surprises.