Parce que randonner c'est la santé...
21 Octobre 2020
Ce mercredi 21 octobre est une nouvelle journée de randonnée en Catalogne. À l'instar d'hier, je choisis un parcours recommandé par la préposée de l'Office du Tourisme de Gérone. Sauf que, cette fois, nous ne la ferons pas en famille mais je serai quand même accompagné d'Olivier, mon fils aîné.
En effet, cette randonnée d'une dizaine de kilomètres doit nous faire passer au sommet du mont Sant Miquel, dans le massif des Gavarres, entre Gérone et Celrá. Si la distance est encore acceptable pour nos dames, le dénivelé positif annoncé de 340 mètres et des côtes allant jusqu'à 83 % ne les encouragent pas vraiment à nous suivre. Mais c'est surtout la perspective de pousser le carrosse de la demoiselle dans ces conditions qui met tout le monde d'accord.
Le départ de cette randonnée se donne normalement dans la rue Carrer dels Germans Sàbat, dans le quartier sud-est de Celrá, à hauteur de la Torre Desvern. Mais, comme expliqué dans le récit de notre randonnée de mardi, nous démarrons du gîte que nous occupons près de la gare.
Le premier kilomètre et demi étant similaire aux deux randonnées, à l'exception de la montée vers la Torre Desvern que nous ne faisons pas cette fois, je vous invite à lire ou relire le récit du 20 octobre si vous voulez découvrir cette partie de l'itinéraire.
Au sommet de la rue Carrer dels Germans Sàbat, nous bifurquons à droite vers le château de Celrá, puis immédiatement à gauche sur une petite route asphaltée qui s'enfonce dans la vallée de la rivière Riera de Mavalls selon la carte OpenStreetMap et l'Office du Tourisme de Celrá alors que la carte IGN Espagne lui donne le nom de Riera de les Mines ! Personnellement, au vu du nombre de chemins manquants sur la carte IGN, je ne ferais pas trop confiance à cette dernière...
Jusqu'à la source Font d'en Bussé, l'asphalte disparaît progressivement pour laisser place à un chemin de terre carrossable.
Après la source, le chemin se fait plus étroit par endroits mais c'est surtout au niveau de la végétation que nous observons un changement. En effet, celle-ci devient plus abondante et plus luxuriante, nous laissant penser que nous évoluons sous les tropiques !
Et plus nous avançons dans la forêt, plus la végétation se fait sauvage et plus le chemin se dégrade. A un endroit, nous sommes même obligés de ramper sous un arbre effondré en travers du chemin !
Si nous n'avions pas encore réalisé qu'il aurait été impossible de faire cette randonnée avec le carrosse de la princesse, maintenant c'est fait !
Pour être précis, depuis le château de Celrá, nous suivons le même itinéraire que la randonnée locale SL-C 4 Mina del Nen Jesús (Mine de l'Enfant Jésus, en français), en référence aux mines de fer exploitées ici à la fin du XIXè siècle.
C'est ainsi qu'environ trois kilomètres et demi après notre départ, nous découvrons ce qui semble être une mine. Mais le manque de profondeur et la couleur grise de la roche nous laissent plutôt supposer un sondage qui se serait révélé infructueux.
Depuis que nous nous sommes enfoncés au plus profond de la forêt, nous observons de nombreuses traces de gros gibier le long du chemin. Là, nous sommes sans doute tombés sur leur salle de bain...
Nous continuons de monter progressivement par un chemin étroit, parfois envahi par la végétation...
... pour arriver sur un large chemin en corniche.
Tiens... La salle à manger d'un rapace ?
Dans la trouée du chemin, nous apercevons tout là-haut, sur son mont, le château de Sant Miquel ! Assurément, nous ne sommes pas au bout de nos efforts...
Au lieu-dit Bac de Medinyà, quatre kilomètres après le départ du gîte, nous découvrons trois mines de fer désaffectées. On comptait vingt-trois galeries d'extraction à l'époque mais elles ne furent exploitées qu'une petite trentaine d'années en raison de leur faible rentabilité et du coût du transport.
Enfoncée dans la colline au bout d'une sorte de corridor creusé dans la roche, la troisième nous impressionne particulièrement, certainement aussi à cause de la végétation qui l'entoure.
Après nous être sustentés quelque peu, il est l'heure d'affronter la principale difficulté du jour. La dernière ascension commence en effet par une pente à 83% sur un peu moins de deux cents mètres. Dit comme ça, ou vu sur les photos, ça n'a l'air de rien mais...
Bon, on y a quand même survécu, hein !
À l'approche du sommet du Mont Sant Miquel, la végétation se fait plus clairsemée, nous autorisant déjà un premier aperçu du paysage que nous allons découvrir de là-haut.
Le regard accaparé par les murets qui balisent le chemin, nous manquons ne pas voir les ruines de différents bâtiments présentes sur le mont et bien dissimulées par la végétation !
Ce sont les vestiges d'un ermitage construit entre 1451 et 1478. Mais il est possible qu'un autre édifice religieux existait déjà avant 1024 puisqu'alors il était déjà fait référence à Sant Miquel en ce lieu.
L'ermitage subit plusieurs modifications au cours des siècles mais les plus importantes furent effectuées lors des sièges de Gérone en 1808 et 1809, pendant la guerre d'Espagne. Conflit que les Catalans appellent par ailleurs plutôt "Guerre du Français".
Bâti sur un emplacement stratégique, l'ermitage fut fortifié, recevant des meurtrières, et étant entouré de fossés. Passé entre différentes mains au cours du conflit, il n'est plus que ruines aujourd'hui.
Si vous arrivez ici à l'heure de la pause déjeuner, une sympathique aire de pique-nique a été aménagée entre les ruines de l'ermitage et le château de Sant Miquel.
Sur le sommet du mont - à 394 mètres d'altitude, ce n'est pas le mont Blanc, non plus ! - nous découvrons le Castell de Sant Miquel. En réalité, il s'agit aussi d'une partie de l'ermitage, comme on peut le voir avec le vestige de la chapelle voisin de la tour carrée.
Celle-ci fut élevée lors de la fortification de l'ermitage pendant la guerre d'Espagne. Puis, en 1848, on y installa un système de télégraphie optique à usage militaire. En même temps, une deuxième tour, aujourd'hui disparue, fut construite pour y installer un système similaire, mais à usage civil cette fois.
Les deux tours ne fonctionnèrent pas longtemps, puisqu'à partir de 1856, une ligne de téléphonie par fils relia la frontière à Gérone.
Montés au sommet de la tour, nous comprenons immédiatement l'importance stratégique de l'endroit. D'ici, et malgré une météo quelque peu brumeuse, nous bénéficions d'une magnifique vue dégagée sur tous les environs, vers l'infini et au-delà ! Enfin, presque, quoi...
Après ce séjour au sommet, il ne nous reste plus qu'à nous laisser redescendre tranquillement vers Celrá.
Si, au début, le chemin est étroit et se faufile dans la végétation, nous nous retrouvons rapidement sur de beaux chemins bien larges, dans des décors variés et plaisants. Bien différents de ceux rencontrés sur le flanc opposé du mont, lors de l'ascension.
Au passage, nous découvrons le mas (maisa, en catalan) Cal Rei Vinyes, une superbe bâtisse du XVIè siècle. Comme il s'agit d'un gîte, on se dit que nous y passerions bien de prochaines vacances, mais à 3.500 € la semaine, c'est juste un peu trop cher pour notre budget...
P.S. : Si vous voulez me l'offrir pour que je puisse encore partager avec vous les récits de belles randonnées dans la région, n'hésitez surtout pas !
Je vous en avais parlé en début d'article, et dans le récit de la randonnée d'hier aussi, sans toutefois avoir eu l'occasion de le prendre en photo. Eh bien, en voici enfin une du château de Celrá !
Existant depuis le Xè-XIè siècle, le château subit de nombreuses modifications au cours des siècles. Aujourd'hui, il s'agit d'une grosse ferme fortifiée quadrangulaire disposant d'une tour circulaire.
D'ici, nous redescendons à travers la ville pour rejoindre le gîte (voir le final de la randonnée du 20 octobre pour plus de détails).
La beauté indiscutable, si si, de cette randonnée démontre, si c'était encore nécessaire, l'utilité de rendre une petite visite à l'Office du Tourisme de l'endroit où on s'installe en vacances. Si je n'avais pas fait cette démarche, sans doute serions-nous passés à côté de cette superbe randonnée.
La richesse et la diversité de la végétation, la beauté des chemins, le panorama depuis le mont Sant Miquel, le patrimoine historique et minier local, tout concourt à faire de cette randonnée une magnifique découverte des environs de Celrá !
On en redemande !