20 Octobre 2020
Je n'avais plus randonné depuis le 18 septembre et ma dernière étape sur la Via Francigena entre Verzy et Condé-sur-Marne. Il faut dire que le mauvais temps régnant dans le Nord et la perspective de marcher sur des chemins boueux ne m'enchantaient guère.
Il fallait donc aller chercher le soleil où nous avions le plus de chance de le trouver. Toutefois, avec la résurgence de l'épidémie de COVID, nous nous devions de trouver une destination pas trop fréquentée à cette période de l'année, et surtout accessible en voiture. Pour le reste, quand c'est rouge, c'est rouge, que ce soit dans le Nord ou à Pétahautschnock. Il "suffit juste" de respecter les gestes barrières comme nos gouvernants n'ont de cesse de nous l'inculquer, à juste titre.
Si notre choix se portait initialement sur la région de Pampelune, dans le nord-ouest de l'Espagne, la météo plus favorable nous invita plutôt à choisir le nord-est, c'est-à-dire la région de Gérone.
J'écris "nous" parce que nous partons cette fois en famille, ma compagne, mon fils aîné et son épouse, et leur fille de 18 mois. Evidemment, pour la majorité d'entre nous, l'objectif principal est de passer quelques jours de vacances et non de randonner. Mais, comme nous l'avions déjà expérimenté en Andalousie en 2017, nous ne planifions qu'un jour de visite sur deux, le deuxième étant libre. Et pour moi, libre = randonnée.
Nous posons donc nos valises le 18 octobre à Celrá, une petite bourgade à quelques kilomètres au nord-est de la magnifique ville de Gérone. Si vous ne l'avez déjà fait, je vous en conseille vivement la visite !
Il se fait que la préposée rencontrée à l'Office du Tourisme de Gérone habite Celrá et, quand je lui parle de mon intention de randonner dans la région, elle me recommande celle que je vous propose aujourd'hui, entre autres.
Exceptionnellement, nous décidons de partir tous, en famille, sur les traces des anciens fours à chaux (forns de calç, en catalan) qui étaient jadis en activité à Celrá. Une petite randonnée d'environ huit kilomètres, sans grande difficulté.
Normalement, le départ se fait de la gare. Mais comme notre gîte se trouve justement de l'autre côté de la ligne de chemin de fer par rapport à la gare, nous débutons la randonnée au gîte.
Une fois la voie ferrée franchie en direction du sud, nous nous retrouvons dans la "vieille" ville, plus typique avec ses rues étroites que le quartier où nous sommes hébergés. Beaucoup moins animée, aussi.
On trouve des traces d'une église à l'emplacement actuel déjà au XIè siècle. Mais l'église que nous pouvons admirer au passage, de style Renaissance, fut bâtie entre 1803 et 1853, quand le clocher fut achevé.
La traversée du village se fait en montant en pente douce jusqu'à un quartier plus récent, au sud-est. À partir de là, jusqu'à la Torre Desvern, le chemin se fait beaucoup plus raide pour atteindre le sommet de la colline.
La partie carrée de la Torre Desvern date du XIIè siècle. Elle fait alors partie de l'enceinte qui protège le château de Celrá.
Fin du XIVè, début du XVè siècle, la tour perd son rôle défensif et devient la résidence de la famille Girona du Vern. Puis, au cours des siècles, elle connaît de nombreuses modifications, dont l'ajout d'un corps de logis rectangulaire.
C'est d'ailleurs toujours le cas actuellement, puisque la façade opposée à celle visible sur la photo subit encore d'importants travaux de modernisation que, personnellement, je ne trouve pas très heureux.
En tout cas, de là-haut, nous bénéficions d'un beau point de vue sur les reliefs environnants.
Après la Torre Desvern, nous retrouvons une petite route asphaltée passant à hauteur du château de Celrá qu'il n'est pas possible de prendre correctement en photo d'ici, protégé qu'il est par une haie.
Au bout de 300 mètres, nous quittons la route vers la gauche pour emprunter un petit sentier descendant vers la rivière Riera de les Mines. C'est là que nous nous retrouvons pour la première fois confrontés aux limites de la poussette pourtant qualifiée de tout-terrain. Celle-ci se transformera donc en chaise à porteurs pour mademoiselle.
Heureusement, il ne s'agit que d'un court passage accidenté et nous retrouvons rapidement un chemin bien plus accommodant pour le carrosse de mademoiselle.
Deux kilomètres et demi après le départ, nous arrivons au mas El Mas Blanc, une jolie bâtisse isolée qui semble pourtant abandonnée.
Au bout d'un nouveau tronçon de 300 mètres sur asphalte, apparaît la deuxième difficulté du parcours pour la poussette. Il nous faut traverser à gué la rivière Riera de Palagret. Heureusement, en ce moment, celle-ci est à sec. Mais à voir la façon dont les berges sont érodées dans les courbes, nous nous disons que le courant peut y être violent par forte pluie !
Peu après être entrés dans le bois Bosc de la Pedrera, nous découvrons le premier vestige de four à chaux.
Il en existe encore quatre sur le territoire de la commune. Ils ont cessé toute activité au milieu du XXè siècle quand la chaux fut moins utilisée en construction.
Un peu plus loin, le sentier croise une petite route asphaltée. Nous rencontrons à ce moment deux joggeuses qui nous expliquent que le sentier serait vraiment difficile à emprunter avec la poussette.
Comme les deux chemins se croisent de nouveau au bout de 450 mètres, les dames empruntent donc la route pendant que les hommes continuent sur le sentier.
A hauteur du Mas Espolla, la route asphaltée se transforme en chemin de terre carrossable.
Nous y découvrons également un vignoble, de quoi nous rappeler que la Catalogne est le premier producteur de vins de qualité supérieure en Espagne.
Nous rentrons ensuite à nouveau dans le bois Bosc de la Pedrera par un sentier étroit mais aisément praticable.
Deux cent mètres plus loin, nous découvrons une autre spécialité espagnole : l'olive. En effet, est-il nécessaire de rappeler que l'Espagne est le premier producteur mondial d'olives de table ?
La randonnée se poursuit à travers bois sur de beaux chemins variés, faisant de cette balade en famille un moment très agréable.
Après 4,5 km de marche, un second vestige de four à chaux se présente à nous.
Cinq cent mètres plus loin, nous retournons vers Celrá par le chemin emprunté à l'aller.
Celrá, pas plus animée qu'à l'aller mais dont on apprécie toujours autant les rues étroites et les maisons colorées.
La préposée de l'Office du Tourisme de Gérone ne s'était pas trompée en nous proposant cette petite randonnée. Si nous avons dû porter la poussette à quelques reprises, voilà toutefois une balade aisément faisable en famille, même quand on est accompagné de personnes qui n'ont pas l'habitude de randonner.
Cet itinéraire nous offre non seulement de découvrir les charmes de la vieille ville de Celrá mais aussi son patrimoine industriel historique. Et cela sur de beaux chemins qui nous auront aussi permis de goûter au calme de la campagne environnante.
Une question reste toutefois en suspens : si nous avons tous compris pourquoi la randonnée s'intitule partiellement "Els forns de calç", nous n'avons pas découvert pourquoi "i la rajoleria", c'est-à-dire "la tuile" en français, étant donné que nous n'en avons pas vu !
Bon, quoiqu'il en soit, voilà des vacances qui commencent bien !