23 Octobre 2020
Ce vendredi matin, Olivier et moi prenons la route pour Sant Martí Sacalm, dans la municipalité de Susqueda, en Catalogne. Ce petit hameau de vingt-huit habitants, perdu dans le massif des Guilleries, est le point de départ de la randonnée "Santuari del Far, des de Sant Martí Sacalm (Susqueda)", publiée sur Wikiloc.
La voiture garée sur le parking au centre du hameau, nous nous dirigeons vers le point de départ de la randonnée, et nous voilà bloqués par une barrière métallique défendant l'accès au chemin !
La randonnée a été publiée en 2012 sur Wikiloc, l'itinéraire prévu ne serait-il plus accessible depuis lors ? Il y a bien plusieurs écriteaux sur la barrière, mais tout est en catalan ! Finalement, nous apercevons le symbole rouge et blanc indiquant que nous sommes sur un GR, le GR 83 en réalité. Nous décidons donc de franchir la barrière, en prenant bien soin de la refermer derrière nous.
La randonnée commence alors sur un beau chemin de terre horizontal, offrant une vue dégagée vers le massif des Pyrénées, au nord.
Au bout de quelques centaines de mètres à peine, nous faisons face au véritable enjeu du jour, el Far (le phare, en français) !
Cette montagne à la forme particulière culminant à 1.123 mètres d'altitude, c'est donc un dénivelé positif de 457 mètres qui nous attend. Rien d'exceptionnel toutefois mais nous sommes curieux de voir comment on aborde la falaise.
Pendant un kilomètre et demi, nous suivons un large chemin de terre s'élevant lentement au pied de la montagne. Il se dégrade aussi petit à petit, au fur et à mesure de notre progression.
Ensuite, nous quittons le chemin pour emprunter un petit sentier plus accidenté, qui contourne par moments des blocs de roche détachés de la montagne. La végétation dense et luxuriante s'explique par l'exposition au nord est de ce versant de la montagne, très humide donc.
Au bout de deux kilomètres, nous apercevons les premiers pans de la falaise. Le sentier profite d'une anfractuosité dans celle-ci pour s'y infiltrer. Ça monte sec et quasi en droite ligne sur une centaine de mètres jusqu'au sommet de la falaise mais ça ne représente pas une réelle difficulté.
Lorsque nous atteignons la route qui court sur le sommet du Far, nous ne bifurquons pas directement vers la gauche pour rejoindre la pointe sud de la montagne mais prenons plutôt la direction opposée pour nous rendre à la petite chapelle Santa Anna del Grau.
Consacrée en 1498, elle fut rénovée en 1640. C'est peut-être à ce moment qu'on lui a ajouté un atrium (la partie gauche sur la photo). On voit en tout cas distinctement les deux parties du bâtiment, laissant penser qu'elles n'ont effectivement pas été bâties en même temps.
Quoiqu'il en soit, nous profitons de l'hospitalité de cet atrium pour casser la croûte.
Le ventre plein mais pas trop, nous reprenons la route vers l'extrémité sud du Far. Après huit cents mètres sur une petite route asphaltée sillonnant sur le plateau, nous arrivons au Santuari de la Mare de Déu del Far (Sanctuaire Notre-Dame du Phare, en français).
Documenté depuis 1269, le bâtiment original fut détruit par les tremblements de terre qui affectèrent la région du 23 février 1427 au 2 février 1428. Ce dernier jour, le tremblement de terre, aussi appelé séisme de la Chandeleur, de magnitude 6,5 sur l'échelle de Richter, est si violent qu'il est ressenti de Barcelone à Perpignan ! De nombreux édifices de la région, déjà fragilisés, s'écroulent. C'est jusqu'à ce jour le séisme le plus important de l'histoire de la région pyrénéenne.
Le sanctuaire est rapidement reconstruit. Au XVIIè siècle, des restaurations en modifie son aspect extérieur. La dernière rénovation date de 1970.
On y vénère une statue gothique en albâtre de la Vierge Marie du XVè siècle. À cause de l'épidémie de COVID-19, nous ne pouvons malheureusement pas accéder à l'intérieur.
Le clou du spectacle se trouve à l'arrière du sanctuaire. Depuis la terrasse du restaurant qui le jouxte, nous bénéficions d'une vue à couper le souffle. Devant nous, à nos pieds, s'étale le massif des Guilleries avec, à quelques kilomètres, le lac de Susqueda.
Le lac existe depuis 1967 quand fut achevée la construction d'un barrage sur le Ter. Le village original de Susqueda fut ainsi englouti par les eaux. En période de sécheresse, on peut encore voir le clocher de l'église apparaître à la surface du lac.
Trêve de bavardage, je vous laisse admirer le paysage !
La randonnée reprend en longeant la falaise sud. Au départ du sanctuaire, l'entrée du chemin n'est pas évidente à trouver ; Celle-ci n'est pas bien marquée, et est en plus barrée par une clôture électrique. On apprécie ici l'aide du GPS. Là, pour le coup, nous sommes aussi aidés par un groupe de VTTistes réalisant des prises de photos professionnelles sur le chemin.
Ainsi donc, après avoir repris sur deux centaines de mètres la route asphaltée, nous pénétrons dans un bois clairsemé dont la beauté est encore renforcée par le soleil d'automne. Pour rejoindre la falaise un peu plus loin.
Pendant un kilomètre, le sentier sillonne à travers bois. La falaise n'est jamais très loin, nous offrant par endroits de nouveaux points de vue vers la vallée du Ter.
Puis, nous rejoignons un chemin plus large. La végétation s'éclaircit, les vues vers la vallée se multiplient, nous offrant aussi d'autres perspectives.
Au fur et à mesure de notre avancée, le chemin se rétrécit pour se transformer en sentier courant sur une corniche, entre la falaise et une paroi rocheuse. Prudence, le précipice n'est jamais bien loin !
Le sentier se termine à la clôture d'une grande prairie dont la présence nous surprend. Nous pensions que le sommet du Far était entièrement boisé, à l'exception de l'une ou l'autre clairière !
Cette clôture est aussi le signe de la descente. Comme à la montée, le chemin emprunte une petite vallée transversale. La seule difficulté est de ne pas glisser sur les petits cailloux qui parsèment le sentier. Mais il y a suffisamment d'arbres pour se retenir.
Pendant quelques dizaines de mètres, les arbres aux troncs foncés, voire noirs, créent une ambiance particulière, étrange...
Nous finissons par déboucher sur un large chemin courant horizontalement dans la forêt au pied de la falaise, qui semble veiller sur nous.
À partir des environs du huitième kilomètre, la végétation se fait plus rare sur la droite du chemin, nous ouvrant le paysage vers le massif des Guilleries et la vallée du Ter.
Nous apercevons les premières maisons de Sant Martí Sacalm, la randonnée touche à sa fin.
Cette randonnée trouvée sur Wikiloc est vraiment une petite merveille. Si vous séjournez dans la région, c'est un must !
Pas très longue, elle ne présente vraiment aucune réelle difficulté. Certes, le franchissement de la falaise pourrait, de loin, impressionner l'un ou l'autre randonneur peu habitué à marcher dans de tels reliefs mais un minimum de condition physique est juste nécessaire.
Et surtout, les points de vue proposés là-haut valent bien un petit effort !