27 Octobre 2020
Dans mon article précédent, j'avais évoqué la zone volcanique de la Garrotxa, un parc naturel présentant le plus bel ensemble volcanique de la péninsule ibérique. On y recense une quarantaine de volcans et plus d'une vingtaine de coulées de lave. Ce n'est donc pas pour rien que nous avions choisi cette région pour y poser nos valises de vacanciers !
Il est clair que ce n'est pas en une randonnée que nous allons pouvoir découvrir ce fameux patrimoine naturel. Mais en choisissant la randonnée Olot - Ronde des volcans publiée en 2017 sur Randogps.net, Olivier et moi aurons la possibilité de découvrir les deux volcans les plus importants : le Santa Margarida et le Croscat. Et, cerise sur le gâteau, d'arpenter la très belle hêtraie de la Fageda d'en Jordà (l'hêtre de Jordanie, en français) !
Le départ de cette randonnée d'un peu moins de treize kilomètres se prend du parking de Can Serra, le long de la route de Santa Pau à trois kilomètres au sud-est d'Olot. Attention, il s'agit d'un parking payant ! Mais, chance pour nous, la borne qui délivre les tickets à l'entrée du parking est en panne ! Nous entrons donc gratuitement. Ceci dit, le tarif n'est pas rédhibitoire.
Petite astuce, cependant. Vous pouvez aussi commencer la randonnée au départ du parking du Coll de Caselles, quelques kilomètres plus loin en direction de Santa Pau. Il se trouve sur le parcours de la randonnée, est gratuit, et donc toujours accessible.
Bon, il est temps de vous montrer tout ça !
Nous quittons le parking par la Via Verda, une voie verte qui longe la route, en direction de Santa Pau. Mais arrivés au sommet de la colline, à 600 m d'altitude, nous la quittons vers la gauche pour à la fois nous enfoncer dans le bois et nous écarter de la route.
Ce faisant, nous contournons le volcan Croscat par le nord. Il faut toutefois regarder la carte pour s'en apercevoir.
Au bout d'un kilomètre et demi, à partir du lieu-dit La Pomereda, nous sortons du bois. La plaine de Maçandell s'ouvre sur la gauche du chemin tandis qu'à droite, un mur de lave noir et orangé se dresse devant nous.
À ce moment, nous réalisons pour la première fois que nous sommes dans la zone des volcans.
Et c'est par hasard, en tournant la tête, que nous découvrons le Croscat !
Bien sûr, comme beaucoup d'autres passés par ici avant nous, nous aimerions gravir ce mur de lave pour mieux contempler le volcan. Certains l'ont d'ailleurs fait malgré les panneaux d'interdiction ! Mais cet environnement est tellement fragile que nous préférons faire preuve de patience.
Nous poursuivons donc notre chemin.
L'accès au Croscat se fait par l'est. Le chemin se dirige d'abord tout droit à travers champs pour ensuite tourner à droite sur le flanc boisé du volcan.
À la sortie du bois, nous redescendons au pied du volcan par un sentier balisé en escaliers, jusqu'à un petit centre d'accueil. Sous l'auvent lui faisant face, le visiteur trouvera toutes les informations sur la formation des volcans dans la région, et leur évolution. Néanmoins, tout est en catalan et, au moment de notre passage, aucune information n'était disponible, ni en français, ni en anglais.
Cent mètres après le centre d'accueil, nous parvenons enfin au pied du volcan ! Avec un sommet culminant à l'altitude de 789 mètres, le Croscat est le plus élevé de la région volcanique d'Olot. Son diamètre à la base fait 800 mètres.
Mesurant 160 mètres de haut, son cône est aussi le plus grand de tous les volcans de la péninsule ibérique. Il est aussi le plus jeune et le dernier à être entré en éruption, voici 14.000 ans !
Comme vous vous en doutez sûrement, l'entaille dans son flanc n'est pas naturelle. Elle est due à une exploitation du volcan pendant 25 ans pour en extraire du gravier.
Du pied du volcan, on peut soit rebrousser chemin jusqu'au centre d'accueil, soit continuer. Dans ce dernier cas, le chemin fait une boucle pour revenir aussi au centre d'accueil. Mais ce faisant, on passe par un point de vue qui offre une autre perspective sur le volcan. C'est l'option que nous choisissons.
Nous quittons le Croscat par le même chemin qu'à l'arrivée pour prendre la direction du Santa Margarida. Un peu plus de deux kilomètres sépare les deux volcans.
Nous traversons dans un premier temps la route Olot - Santa Pau, ensuite nous longeons le parking du Coll de Caselles (vous vous rappelez ?) sur la Via Verde que nous empruntons à nouveau pendant trois cents mètres, avant de nous attaquer à l'ascension du volcan Santa Margarida.
Dans une boucle formée par le chemin, nous découvrons une bâtisse occupée par un artiste ébéniste. Il réalise des choses étonnantes, dont ces esprits de la forêt exposés devant chez lui. Si vous êtes intéressés par son œuvre, ou simplement curieux, allez donc jeter un œil sur son blog, à l'adresse https://sambanarua13.blogspot.com/
De la maison de l'artiste, la vue sur la campagne et les montagnes environnantes est tout simplement superbe ! C'est peut-être là qu'il y trouve son inspiration.
Et de l'inspiration, nous en avons bien besoin aussi pour gravir le flanc du volcan ! Ca n'a l'air de rien comme ça, vu en photos, mais nous pouvons vous assurer que ça grimpe sec !
Et vous savez quoi ? Quand on arrive au-dessus, eh bien, il n'y a plus qu'à redescendre dans le cratère...
Arrivés dans le fond du cratère, notre surprise est grande d'y découvrir une chapelle. D'après les informations disponibles, il s'agit de l'ermitage(*) de Santa Margarida, de style roman, qui a donné son nom au volcan.
Parlons-en de ce volcan. Culminant à 766 mètres d'altitude, son cône mesure 2.000 mètres de circonférence, en faisant un des plus grands de la région. Il serait éteint depuis 11.000 ans.
(*) Attention toutefois qu'il pourrait s'agir d'une erreur de traduction. En effet, ermita en catalan se traduit à la fois par chapelle et ermitage en français.
Nous ressortons du cratère par le même chemin qu'à l'aller. Un chemin dont la déclivité nous semble nettement moins raide qu'à l'extérieur du volcan.
Arrivés au sommet, nous suivons vers la gauche un chemin longeant d'abord le cratère, avant de descendre dans la vallée.
Sortant du bois qui couvre le flanc du volcan, nous débouchons dans Camp Sescula, une vallée couverte de prés. En s'écartant d'une vingtaine de mètres de l'itinéraire par un chemin qui traverse les prés, on découvre au loin, dans le fond de la vallée, l'église Sant Miquel de Sacot perchée sur la colline.
Avec les champs en terrasses, les montagnes en arrière-plan, le jeu d'ombres créé par le soleil d'automne déjà presque rasant, le paysage est tout simplement fabuleux !
Peu après que nous nous soyons remis en route, un orvet vient saluer notre passage. À moins qu'il ne fût en train de prendre un bain de soleil ?
Nous continuons notre progression vers l'église Sant Miquel de Sacot. Le chemin, varié à l'instar des paysages, suit le parcours du GR 83 jusque l'église.
Sant Miquel de Sacot est une église reconstruite et agrandie au XVIIIè siècle dans le style néoclassique. Elle appartenait alors au monastère Sant Pere de Besalú.
A l'origine, au Xè siècle, il s'agissait d'un petit temple roman. Il s'effondra suite aux tremblements de terre du XVè siècle.
Nous nous remettons en route en direction de l'ouest, en suivant cette fois le GR 2. Le chemin est très joli, certes un peu accidenté, mais c'est pour notre plus grand plaisir...
... jusqu'à ce que nous arrivions à une petite route asphaltée fréquentée par des camions qui desservent l'usine La Fageda d'Els Casals qu'elle contourne. Oh, pas des milliers de camions, mais trop quand même pour que ça fasse de ce tronçon d'un kilomètre le moins agréable de la randonnée.
À l'arrière de l'usine, nous sommes surpris de découvrir un élevage bovin industriel où les vaches sont bercées par de la musique classique !
Mais il y a peut-être une autre explication. La Fageda est une coopérative qui produit de la crème glacée, des desserts, des confitures mais est surtout réputée dans toute la Catalogne pour ses yaourts artisanaux. Ce qui est moins banal, c'est que la coopérative a été créée, entre autres, par un psychologue, Cristóbal Colón.
Il travaillait à l'époque au centre de santé mentale de Gérone et, horrifié par les conditions dans lesquelles les patients étaient traités en institutions, il créa la coopérative pour donner du travail à des personnes atteintes de déficiences intellectuelles ou de troubles mentaux graves, leur permettre de gagner un salaire et ainsi de retrouver une certaine estime de soi. Alors, a posteriori, je me demande... la musique classique était-elle diffusée pour les vaches, ou pour les employés ? ou les deux ?
Après la ferme, nous quittons la route asphaltée par la droite, pour nous enfoncer dans la fameuse hêtraie de la Fageda d'en Jordà. Enfin... sur le moment même, nous n'en avons aucune idée puisque, pour préserver l'effet de surprise, je ne regarde jamais à l'avance ce que je vais découvrir sur le parcours !
Donc disons que nous continuons à suivre le chemin que le GPS nous indique...
La hêtraie de la Fageda d'en Jordà a ceci d'exceptionnel qu'elle pousse sur une coulée de lave horizontale du volcan Croscat.
En cette saison, les couleurs de la forêt sont tout simplement superbes et nous en prenons plein les yeux.
À l'origine, le sol était plat et marécageux. Les monticules qu'on peut apercevoir et qui peuvent monter jusqu'à 20 mètres de haut se nomment tossols.
Ceux-ci se forment lorsque la lave à pas moins de 1000° C entre en contact avec des zones humides. Des bulles d'eau se forment alors sous la lave et créent ainsi ces protubérances. On dénombre ici plus de cinquante tossols.
Cette vision du mas de Can Pelleu dans le soleil couchant symbolise sans doute mieux que tout discours la beauté de cette randonnée !
Cette randonnée est un vrai petit bijou ! On ne s'y ennuie jamais tant il y a toujours quelque-chose à voir, à admirer. À part quelques centaines de mètres sur asphalte, les chemins sont beaux, variés, agréables à arpenter.
Les paysages sont tout aussi diversifiés et, parfois, à couper le souffle. Oh, bien sûr, on ne fait pas ici dans le spectaculaire, dans le grandiose, comme à El Far (voir randonnée du 23 octobre). Non, ici, tout est en subtilité, en délicatesse.
Alors, si j'ai deux conseils à vous donner... Un, faites cette randonnée ! Après tout, nous ne sommes qu'à une journée de route de Lille. Et deux, faites-là en automne. Je ne sais pas à quoi ressemble la nature ici en d'autres saisons mais ce que je sais, c'est qu'en automne, avec toute cette palette de couleurs, c'est tout simplement magnifique !
Nous devions normalement encore effectuer une randonnée en Catalogne le 29 octobre. Mais la région ayant décidé un nouveau confinement dans le cadre de l'épidémie de COVID-19, nous décidons d'écourter nos vacances et de rentrer qui en France, qui en Belgique. Quitte à être confinés, autant que ce soit chez nous...