31 Janvier 2021
Quand, lundi dernier, Laëtitia me demande de l'accompagner ce dimanche sur la randonnée N° 9616675 Bouvigny Bois de Mont - Servins sur OpenRunner, mon premier réflexe fut de consulter les prévisions météo.
Comme aucune pluie n'était annoncée, mon second réflexe fut de sortir mon petit manuel "Comment se préparer psychologiquement à faire quelque-chose pour lequel on n'est pas prédestiné ?". En effet, se lever à 7 heures du matin, un dimanche, pour aller marcher dans la gadoue, ça, ça ne fait pas du tout partie de mes gènes ! Mais alors, pas du tout !
Parce qu'il ne faut pas se leurrer. Pour bien connaître le coin, je suis convaincu à 200% que nous allons patauger ! On vérifie ?
Nous nous retrouvons donc à 9hr15 au pied de la belle église Saint-Martin de Bouvigny-Boyeffles d'où nous prenons le départ de cette randonnée d'une quinzaine de kilomètres.
Bien que son clocher date du XVè siècle, l'église fut bâtie au début du XIXè. L'une de ses cloches, baptisée Philippine-Louise, fut offerte par le prince de Ghistelles, dernier seigneur de Beuvry. Il se dit que le son particulier qu'elle émet viendrait des poignées d'écus que l'épouse du prince aurait jetées dans le métal en fusion au moment de la fonte de la cloche.
Nous n'avons malheureusement pas eu l'occasion d'entendre les cloches sonner...
Après avoir admiré l'église sous tous les angles, nous nous mettons rapidement en route à travers le village. Nous n'avons pas encore eu le temps de nous échauffer que, déjà, le relief s'élève. Ce n'est toutefois rien à côté de ce qui nous attend, à voir le mur qui se dresse devant nous, au fond de la rue Salvador Allende !
Mais le Chemin des Boisseaux, qui court au pied de la colline, nous offre un petit répit et une vue sur la campagne environnante.
Au bout d'un kilomètre commence la principale difficulté de la journée : l'ascension à travers le bois de Marqueffles de la colline qui domine le village.
Si ça ne faisait que monter, passe encore, mais la boue que je pressentais est déjà au rendez-vous. Oh, pas une boue à se retrouver embourbés jusqu'au genoux. Non, quelque-chose de bien plus vicieux encore ! Une bonne boue bien glissante qui vous amène à faire deux pas pour le prix d'un !
Alors, bien sûr, on se dit : "Et si nous marchions au centre, dans ce sillon blanchâtre qui a l'air plus praticable ?". Bernique, c'est de l'argile tout aussi glissant !
Bon, allez, nous n'en sommes pas morts !
Arrivés sur le sommet, le seul changement est le fait que ça ne monte plus... Enfin... Il y en a quand même un autre. Laëtitia est passée devant et ne croyez surtout pas qu'elle va attendre que j'aie fini de prendre mes photos !
Ah... Et puis, comme l'eau ne peut plus ruisseler en l'absence de pente, nous avons cette fois droit à de beaux bourbiers...
On en oublierait presque de regarder le paysage...
De retour dans le bois de Marqueffles, la nature nous rajoute des obstacles supplémentaires. De nombreux arbres se sont effondrés en travers du chemin !
Quand il suffit de lever la jambe pour passer au-dessus, ça va encore. Mais quand il faut courber l'échine pour passer dessous, à la limite de mettre un genou à terre, c'est beaucoup moins évident !
Euh... Laëtitia, ce n'est peut-être pas la peine de mettre ton bâton devant l'objectif de mon appareil-photo, non plus !
Jusqu'à la Faisanderie, rien ne change... Arbre... Boue... Arbre... Boue... Boue... Arbre... Tiens, ça me rappelle ces parcours d'obstacles d'une vie antérieure que j'abhorrais par dessus tout ! Les parcours d'obstacles, pas ma vie antérieure...
Mais entendre Laëtitia se parler à elle-même... "Alors, par où je vais passer...?" ... "A gauche ou à droite ?" ... "Oh, après tout, je suis Taureau, je fonce à travers tout !" ... ça entretient la bonne humeur.
Ça s'améliore enfin dans la descente du Bois de Mont. Après un kilomètre et demi à patauger dans la boue, je vous l'affirme, ça soulage !
Le chemin s'est rétréci avant de s'élargir à nouveau quand nous rentrons dans une zone de coupes récentes. La vue de tas de bûches provoque des étincelles dans les yeux d'Emilie... enfin, de Laëtitia veux-je dire ! "Oh ! Des bûches ! Plein de bûches ! Il faut que j'en ramène à la maison !", s'écrie-t-elle ! "Oui, oui, c'est celaaa, Laëtitia."
Je vous rassure, Monsieur le propriétaire, elles étaient encore toutes là après notre passage. Laëtitia n'est même pas arrivée à en soulever une seule !
Nous parvenons bientôt au pied de la colline, dans le Bois de Vert Mont, à travers une petite vallée encaissée. Chronique d'une catastrophe annoncée...
Si si, je connais très bien l'endroit et je n'ai aucune peine à imaginer ce qui nous attend.
Eh oui, le Chemin à Cailloux est inondé ! C'était prévisible. Ce chemin court dans le fond de la vallée et recueille toutes les eaux ruisselant sur le sol argileux. Jamais je ne viens ici en-dehors de l'été ! La montée du Bois de Marqueffles à la sortie de Bouvigny n'était donc qu'un apéritif, en fait !
Et maintenant, comment fait-on ? Alors qu'en bon Lion, précieux donc, je me demande comment m'y prendre pour ne pas me mouiller les pieds, Laëtitia a déjà disparu de ma vue, derrière l'arbre qui s'est effondré en travers du chemin !
Avec la souplesse du félin bondissant mais pas rugissant, je réussis à franchir le premier obstacle sans me mouiller les pieds ! Si, si ! Pour tomber nez-à-nez avec deux quads qui attendaient gentiment là que nous soyons passés...
Bon, je n'aime pas trop ces engins-là dans nos bois. Ils font beaucoup de dégâts sur les chemins. Mais, allez, les gars sont sympas et puis ça me fait rire de les voir dans un état que je n'envisagerais même pas personnellement !
D'ailleurs, un peu plus loin, alors que nous avons réussi à nous extraire du chemin - Laëtitia les orteils baignant dans ses chaussures, moi les pieds on ne peut plus secs dans ces circonstances - nous croisons deux autres grands enfants qui prennent plaisir aux bains de boue !
À la sortie du Bois de Vert Mont, il est en effet plus judicieux de sortir du Chemin à Cailloux pour marcher sur le chemin courant en limite du champ voisin. Même s'il est boueux, il est possible de trouver un cheminement plus praticable.
Mais si vous aimez les bains de boue, je ne voudrais pas vous priver...
De ce dont je me souviens, le pire est cette fois passé. Nous montons la rue Marcel Lancino, à Ablain-Saint-Nazaire, en direction de Carency.
À la sortie d'Ablain-Saint-Nazaire, nous bifurquons à gauche à travers les campagnes, entre le Champ du Château et la Grosse Borne, jusqu'au Moulin Topart. Seul le vent froid rend désagréable notre progression sur ce plateau agricole.
Au Moulin Topart, nous laissons le calvaire sur notre gauche pour continuer presque plein sud vers Les Montagnes. Au début, le chemin est asphalté avant de se transformer en chemin de terre. C'est correct jusqu'à ce que nous bifurquions à gauche le long de la lisière boisée où la boue nous a fixé un nouveau rendez-vous.
Laëtitia ! Ton bras devant mon appareil photo ! S'il-te-plaît !
Le sol argileux glissant rend la descente vers Les Fonds, à Carency, périlleuse mais c'est en entier et debout que nous rejoignons la rue Roger Salengro.
Nous prenons à droite dans la rue Roger Salengro. Celle-ci se transforme rapidement en chemin de terre. Dans mes souvenirs, le chemin était beaucoup plus boueux qu'actuellement mais il faut dire que j'y avais toujours vu des travaux de débardage. Ceux-ci terminés, le chemin a retrouvé une bonne praticabilité.
Accaparée par son monologue permanent, Laëtitia ne remarque pas que, à la sortie de la Vallée Niclette, sur le sommet, nous devons prendre à droite un petit sentier qui, je l'avoue, n'est pas très visible. Heureusement, concentré sur notre sujet, je veille au grain.
Le sentier qui mène vers Gouy-Servins est en bon état jusqu'au Château de la Haie. Par après, nous retrouvons un chemin très glissant ponctué de plusieurs bourbiers. Les derniers de cette randonnée, promis !
À Gouy-Servins, nous traversons la rue d'Arras pour rejoindre la rue d'Enfer qui, lui, est pourtant bien derrière nous. Histoire sans doute de pouvoir admirer l'église Saint-Roch, rue de l'Eglise, cette fois. Petite et trapue, elle ne manque pas de caractère mais bien d'un sérieux nettoyage de ses murs !
Nous quittons Gouy-Servins par le nord pour rejoindre la crête surplombant Bouvigny-Boyeffles à 193 mètres d'altitude. A travers les champs du Terrage Dérobé, le chemin est en relativement bon état. Ca monte progressivement et, finalement, la seule contrariété est le vent froid qui souffle ce matin.
Un vent qui ne réussit toutefois pas à chasser les nuages noyant le sommet de l'antenne de radio-diffusion. D'une hauteur de 307 mètres, soit seulement 17 de moins que la Tour Eiffel, cette antenne est un des plus puissants émetteurs de France. Il couvre une grande partie des départements du Nord et du Pas-de-Calais.
Pour redescendre sur Bouvigny-Boyeffles, nous empruntons l'EuroVelo5, une voie soi-disant verte, parallèle à la Via Francigena reliant Canterbury à Rome. J'écris soi-disant verte parce qu'on ne peut pas se revendiquer verte quand on est asphaltée. Du moins, c'est ce que je pense.
Certes, on a voulu faire plaisir aux cyclistes mais l'asphalte n'était pas l'unique solution. En tout cas, pour les randonneurs, ce n'est pas du tout agréable. Même pour ceux que la boue répugne. D'autant qu'en cas de gel, un chemin asphalté sera toujours plus dangereux !
Peu avant notre arrivée, nous avons encore l'occasion d'admirer la jolie Maison des Associations.
Et voilà, une centaine de mètres plus loin, nous rejoignons l'arrivée dans la joie et la bonne humeur. Oh, bien sûr, ce ne fut pas toujours facile mais que c'est bon de passer plusieurs heures dehors à se dépenser physiquement ! Alors, rien que ça, ça vaut bien quelques concessions.
Bon, je ne sais trop que conclure de cette randonnée. Je vous dirais bien d'attendre le retour de l'été avant de vous lancer sur ces chemins. Mais, finalement, n'est-ce pas des difficultés (dont nous ressortons indemnes) dont nous tirons les meilleurs souvenirs ?
Dites, si vous décidez malgré tout de vous lancer sur nos traces, faites quand même attention de ne pas vous blesser, car je décline toute responsabilité !
Et peut-être aurez-vous la chance d'admirer la trace des pieds trempés de Laëtitia imprimée sur l'asphalte du parking face à l'église ?
Vous trouverez ci-dessous le lien de cette randonnée sur le site d'OpenRunner :
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