4 Février 2021
Le ciel est bouché, ce jeudi matin, mais le temps devrait néanmoins rester sec. C'est l'occasion de tester un parcours que j'ai imaginé suivant différents fils conducteurs.
Le premier consiste en la découverte du Val du Flot, jouxtant la N47 à l'extrémité ouest du Parc de Nature et de Loisirs de Wingles. Passant régulièrement sur la N47, ma curiosité est depuis longtemps titillée par cet espace naturel.
Variante de ma randonnée du 26 janvier 2021 et ne souhaitant pas non plus en faire une boucle trop longue, il me fallait dès lors trouver un autre point de départ que le cimetière de Don. Le cadre enchanteur de l'île aux Saules fera donc bien l'affaire.
Ce qui, par la même occasion, permet d'éviter des lignes droites interminables le long du canal.
Et enfin, en parcourant le Parc de Nature et de Loisirs Marcel Cabiddu en long et en large, cela m'offre une nouvelle opportunité de m'évader dans ce magnifique espace naturel dont je suis littéralement tombé amoureux.
Ce n'est pas la première fois que je viens sur l'île aux Saules (notez que le nom officiel pour les VNF est "Îlot de la Haute-Deûle") pendant la semaine et je n'y ai jamais croisé grand monde. C'est donc sans appréhension, et avec raison, que j'ai prévu le départ de la randonnée depuis le parking d'une quinzaine de places qui y est aménagé.
Par contre, même si la barrière n'est pas systématiquement fermée tous les jours, faites attention aux heures de fermeture sous peine de ne pouvoir éventuellement récupérer votre véhicule en fin de randonnée.
Initialement, je n'avais pas prévu de faire le tour de l'île que je connais bien pour l'avoir déjà parcouru à de nombreuses reprises. Mais, au moment de me mettre en route, je me dis "Allez bon, pourquoi pas...".
Ne me demandez pas pourquoi, je fais toujours le tour de l'île dans le sens anti-horlogique. Après un rapide coup d'œil vers le pont de Bauvin qui surplombe le canal de la Deûle, je m'engage sur le sentier pour rapidement y retrouver l'endroit que je préfère sans doute le plus. La traversée sur de gros blocs de pierre d'un petit cours d'eau envahi par... de l'herbe ?
Je suis ainsi le chemin jusqu'à la pointe nord de l'île, à la jonction entre le canal de la Deûle et le canal d'Aire...
... pour continuer cette fois le long du canal d'Aire.
Si le regard est souvent capté par la vaste étendue d'eau du canal, on n'oubliera toutefois pas de jeter un œil sur la végétation de l'île.
Dans les quelques clairières s'ouvrant sur le chemin, la mousse verte contraste avec le brun des arbres encore dénudés à cette époque de l'année.
Au mitan du côté nord de l'île, une structure bétonnée attirera sans doute votre attention. Il s'agit d'un syphon par lequel s'écoule le Flot de Wingles !
En effet, par un ingénieux système de syphons, ce petit cours d'eau qui longe la Deûle depuis Don et alimente les marais de Wingles passe sous l'embranchement nord du canal d'Aire, traverse l'île aux Saules de part en part, et passe alors sous l'embranchement sud du canal d'Aire pour continuer sa route !
À la pointe ouest de l'île, nous atteignons enfin le "pont blanc" ou "pont cassé". C'est sous ce pont que passait le canal d'Aire avant qu'il soit mis au gabarit 3000 tonnes entre 1966 et 1978 (voir randonnée du 26 janvier 2021 pour plus de détails).
Du pont, nous bénéficions d'un beau point de vue sur les environs.
Nous reprenons ensuite la marche sur la berge sud de cette île triangulaire pour rejoindre l'entrée du domaine.
Arrivé à la grille d'entrée, je fais connaissance avec Robert, un des deux employés municipaux chargés de l'entretien de l'île. J'ai une seule question pour lui : les heures de fermeture sont-elles toujours respectées ? La réponse, vous la connaissez déjà.
Ce que j'ignorais en posant cette question, c'est que j'allais repartir pour un tour de l'île ! Robert, cela fait 22 ans qu'il travaille sur cette île. Elle est un peu devenue comme son enfant, vous voyez. Alors, quand Robert sent que vous vous intéressez à son île, il ne vous lâche plus.
Nous voici donc partis à la découverte de ses "trésors". Des reliques des temps passés, quand le canal d'Aire passait encore sous le pont blanc. Ici un ancien anneau d'amarrage, là l'ancienne voie ferrée sur laquelle circulait les motrices qui tractaient les péniches, ou là encore une des pierres de taille qui devaient garnir la berge...
Mais Robert a un mystère à me montrer. Pour y aller, nous traversons l'île en son centre, chose que je n'avais jamais faite jusqu'ici. Et je comprends alors pourquoi l'île est tellement appréciée le weekend par les habitants des environs.
Nous arrivons enfin dans un endroit à l'abri des regards mais visiblement connu des locaux, une trace au sol bien marquée révélant du passage.
Robert me montre alors les vestiges d'un ancien canal dont la présence ici est inexpliquée. Il est beaucoup trop petit pour être l'ancien canal d'Aire et, de plus, son axe en est perpendiculaire. Alors, quel était ce canal ? À quoi pouvait-il bien servir ?
Apparemment, personne n'en a la moindre idée. Mystèèèèère !
Il n'est pas dans mes habitudes de publier dans mes articles la photo des personnes rencontrées au cours de mes randonnées. Mais quand je parle à Robert de mon blog, il insiste pour y figurer. Alors, je vous présente Robert !
Si vous passez par l'île aux Saules en semaine, n'hésitez pas à vous adresser à lui. Je suis convaincu que, sans trop insister, il partagera avec vous ses trésors et même plus. Mais ne traînez pas, il a demandé sa mutation vers un autre service !
N.B. : Robert devrait travailler sur l'île aux Saules jusqu'au 01 septembre 2021.
Il est temps pour moi de prendre congé de Robert et de poursuivre ma route. Je quitte donc le domaine de l'île aux Saules en empruntant la partie ouest du pont de Bauvin.
À la sortie du pont de Bauvin, nous prenons un chemin à gauche pendant huit cent mètres.
Il s'agit pour moi d'un des endroits les plus fabuleux de la région. Avec le Flot de Wingles sur la droite et le marais des Anselles à gauche, l'endroit est sauvage à souhait, particulièrement en cette saison où le vert de la mousse et des algues est si bien mis en valeur.
Evidemment, si vous n'aimez pas le vert...
Au bout du chemin, nous prenons à gauche pour rejoindre et emprunter vers la droite le chemin de halage du canal de la Deûle.
Nous longeons alors les anciennes installations de l'usine Nitrochimie qui ferma ses portes en 2003 suite à l'explosion qui détruisit l'atelier 50, tuant quatre ouvriers (voir randonnée du 26 janvier 2021).
Nous quittons le chemin de halage et nous rentrons dans le Parc de Nature et de Loisirs de Wingles au panneau marquant le GRP Tours du Bassin Minier - Boucle 2.
Nous longeons un étang au bout duquel un énorme tuyau crache des flots d'eau ! Mais d'où vient-elle ? Où va-t-elle ? Mystèèèèère !
À partir d'ici, vous expliquer le chemin à parcourir devient très difficile tant le parc est truffé de chemins allant en tous sens.
Passé le bout de l'étang dont je viens de vous parler, deux chemins parallèles continuent tout droit. Je prends celui de gauche qui, naturellement et progressivement, va tourner à gauche. Sur la butte, au carrefour de chemins, je prends de nouveau à gauche. Puis il faut suivre le chemin sans dévier de sa trajectoire.
Il est possible que vous ne la voyiez pas derrière la végétation, mais si le vent est bien orienté vous devriez sentir les fragrances de la station d'épuration. Tout va bien, c'est que vous êtes sur le bon chemin... et que vous avez du nez !
Bon, après, ça devient trop compliqué à expliquer. Si vous n'avez pas chargé la trace du parcours sur votre GPS, faites comme vous voulez mais l'objectif est de rejoindre la Base de Loisirs.
Courage, elle n'est qu'à un kilomètre et demi au nord-ouest de la station d'épuration. Et si vous êtes perdu, appelez le 17...
C'est la première fois que je mets les pieds à la Base de Loisirs. Sur les hauteurs boisées du lac opposées aux installations de la base, ce que je prends pour un monument attire mon attention. Mais qu'est-ce donc ? Que commémore-t-il ?
Aucun des passants interpelés ne sera à même de me répondre...
Sachant que j'y passerai à proximité sur le chemin du retour, je continue sans plus attendre sur la rive sud du lac. Puis, à son extrémité, je monte sur la chaussée pour la quitter dans le tournant, cent mètres plus loin, en empruntant le chemin qui file tout droit.
À la lisière boisée, le chemin se transforme en sentier étroit. On passe au-dessus d'un petit ruisseau avant de marcher le long d'un talus.
Ma curiosité m'amène au sommet du talus. J'y découvre une sorte de circuit. Ce n'est que quelques semaines plus tard, parcourant cette randonnée avec Laëtitia, un dimanche, que j'apprendrai qu'il s'agit d'un circuit de motocross !
D'ailleurs, si vous ne le saviez pas, il n'est pas nécessaire qu'on vous le dise. Le dimanche - et peut-être le samedi aussi ? - le gazouillis des oiseaux est ici remplacé par le bruit pétaradant des motos ! Ça n'a tout de suite pas le même charme !
Après une sorte d'enclos bétonné, sis au pied du talus, on emprunte un petit sentier sur la gauche. À cette époque de l'année, le sol et la végétation sont entièrement recouverts de mousse. Cela donne au lieu une ambiance étrange, extraordinaire, voire extraterrestre !
Mais je n'aurai quand même pas vu de petits hommes verts ! Dommage...
À la fin du chemin, la végétation change. On prend à droite jusqu'à rejoindre une ligne de chemin de fer désaffectée.
On suit alors la ligne de chemin de fer vers la gauche. Deux options existent : soit on reste sur le haut du talus et on marche le long des rails, soit on marche au pied du talus sur un chemin parallèle.
Personnellement, je vous conseille de rester en-haut du talus jusqu'à hauteur de l'étang du marais Meurisse. Le chemin y est toujours sec et on a une belle vue sur les environs. En plus, avec les bouleaux qui ont poussé un peu partout, on évolue dans un environnement bucolique. C'est un de mes passages préférés de cette randonnée !
Lorsque l'étang est en vue, vous descendez le talus pour continuer sur la berge. Plusieurs trouées dans la végétation qui borde l'étang forment comme des alcôves, ou des balcons, qui invitent à l'observation du marais. L'endroit est tellement calme que vous pouvez même vous essayer à la méditation.
Un couple de cygnes a pris possession de l'étang, accompagné de quelques canards et oies. Tout ce petit monde n'est pas farouche du tout et vous ne serez pas surpris de voir le cygne femelle venir voir si vous n'avez rien à lui proposer.
J'adore cet endroit !
Au bout de l'étang, en quittant quelque peu le chemin vers la gauche, vous pourrez accéder à un petit promontoire d'où vous aurez une vue générale du marais Meurisse.
On reprend ensuite le chemin jusqu'à atteindre la route Wingles-Douvrin. On passe sous le pont de chemin de fer et, directement à gauche, on entre dans le Val du Flot.
Dans le passé, la zone était entièrement marécageuse et les eaux du marais firent partie, au XVIIIè siècle, du système de défense de Lille. Vauban avait en effet prévu, en cas de menace ennemie, d'inonder toute la zone au nord-ouest de la Citadelle.
Jusqu'en 1850, on y extrait la tourbe puis, trente ans plus tard, avec l'exploitation de la houille, le marais est comblé par des dépôts de schiste.
L'aspect actuel du site date des années 1990 quand on en creusa une partie pour y rétablir le marécage.
En accédant par l'entrée sud, près du pont de chemin de fer, on arrive rapidement à un embranchement. En continuant tout droit, mon choix du jour, on fait le grand tour du site. Si c'est votre première visite ici, il peut être intéressant d'avoir une vue globale du Val du Flot mais ça vous emmène aussi à proximité de la N47 et du bruit de son trafic automobile.
Si vous y revenez, prenez alors plutôt à droite, sur le petit pont de bois. Le chemin est plus sympathique et offre une ambiance plus intime. Ça raccourcit aussi la randonnée de six cents mètres, ce qui conviendra peut-être à certains.
Quel que soit le chemin suivi, nous quittons le Val du Flot par l'accès nord. Nous retraversons la route Wingles-Douvrin pour continuer presqu'en face sur un chemin de terre traversant les champs.
C'est probablement le passage qui peut s'avérer le plus boueux de la randonnée si le temps a été humide les jours précédents. Alors que partout ailleurs, nous marchons plutôt sur des débris de schiste extraits des mines, ici on a affaire à de la bonne argile lourde et bien collante.
Après quelques centaines de mètres, on peut observer sur la gauche les installations et le chevalement de l'ancienne fosse No 5 de Billy-Berclau.
Lorsqu'il ouvre, en 1904, le site appartient à la Compagnie des mines de Meurchin. En 1920, il est racheté par la Compagnie des mines de Lens. On en extrait la houille par un puits de 398,50 mètres de profondeur jusqu'en 1937.
Le puits est remblayé en 1965 et les installations transformées en 1966 en usine de fabrication de plombs de chasse. Cette activité cessera en 1992.
Actuellement, le site est la propriété d'un particulier qui en a fait son habitation. Néanmoins, le chevalement et le bâtiment d'extraction sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis le 30 juin 2012.
À peu près à hauteur de la fosse No 5, nous prenons à droite un petit sentier qui nous ramène au Parc de Nature et de Loisirs.
En lisière du bois, nous retrouvons le Flot de Wingles que nous suivrons sur sept cent mètres.
Après avoir traversé une route asphaltée nous montons sur la colline, pour aller y siffler, si vous voulez, mais aussi pour aller jeter un œil curieux sur le monument qu'on apercevait du lac, tout à l'heure, depuis la Base de Loisirs.
En réalité il ne s'agit pas d'un monument mais plutôt d'une œuvre d'art trapézoïdale tapissée de miroirs à l'intérieur.
De là, nous bénéficions d'une belle vue sur la Base de Loisirs.
Nous reprenons notre progression vers l'est par différents chemins qu'il est difficile de vous décrire. Même moi, je dois consulter mon GPS chaque fois que j'arpente la zone pour y trouver mon chemin. En plus, avec le printemps qui s'installe, la végétation change, le paysage aussi.
Le but est en tout cas de rejoindre la zone du grand étang, à l'est de la Base de Loisirs, là où le sol se consume.
Aujourd'hui, le dégagement de fumée est assez spectaculaire. Ce n'est pas toujours le cas. Parfois, aucune fumée n'est visible. Peut-être est-ce le cas actuellement parce qu'il a plu les derniers jours et que le sol est humide ?
Si vous voulez comprendre ce phénomène, je vous invite à (re)lire le récit de ma randonnée du 26 janvier 2021.
Comme le 26 janvier, je continue en montant vers le nord, en direction de Billy-Berclau, pour rejoindre le Sentier du Chemin Vert. Sur notre trajet, celui-ci emprunte le Chemin du Marais Winglois.
Notez que, parfois, le chemin qui longe les étangs est fermé par des barrières, en fonction du risque d'incendie, probablement. Dans ce cas, vous pouvez contourner la zone interdite en empruntant la route asphaltée sur votre gauche.
🎶 C'est une maison bleue (pas) adossée à la colline, on y vient à pied, on ne frappe pas... 🎶
Toujours comme le 26 janvier, on suit le PR Sentier du Chemin Vert passant par le Chemin des Minèmes et l'étang du Beau Marais.
N'oubliez toutefois pas de vous arrêter à l'île aux Saules pour y récupérer votre voiture ! Où vous aurez peut-être la surprise, comme moi, d'y retrouver Robert - "j'ai vu cette voiture qui restait longtemps sur le parking, je me suis douté que c'était la tienne !", me lance-t-il avec son accent ch'ti - qui attend votre compte-rendu de la randonnée !
Cette randonnée entièrement nature est pour moi une des plus belles qu'on puisse faire dans la région. Qui plus est, elle est accessible quelles que soient les conditions météo (sauf par vent violent), la toute grande majorité des chemins, en déchets de schiste, n'étant jamais boueux. Certes, ils peuvent être détrempés, mais ça ne colle pas aux chaussures comme l'argile !
Par contre, on essaiera d'éviter le dimanche, le gazouillis des oiseaux étant certainement plus agréable que le rugissement des motos.
Et surtout, on n'oublie pas de télécharger ci-dessous le tracé du parcours et d'emporter son GPS !
Bonne randonnée !
Vous trouverez ci-dessous le tracé GPX de cette randonnée. Il est libre d'utilisation, n'hésitez pas à le télécharger.
Je l'ai laissé tel que je l'ai parcouru, avec la visite particulière de l'île aux Saules en compagnie de Robert. À vous de voir si vous marchez sur mes traces ou si vous vous contentez d'une visite plus succincte de l'île.