15 Juin 2021
Nous continuons notre petit bonhomme de chemin sur la Via Francigena. Une vingtaine de kilomètres qui nous verront quitter la vallée de la Voire pour gagner celle de l'Aube et en même temps pénétrer dans le Parc Naturel Régional de la Forêt d'Orient. Arrivée de l'étape du jour à Dienville.
À l'instar des jours précédents, le temps s'annonce ensoleillé et très chaud. À part cela, l'étape ne présente a priori aucune difficulté.
Nous démarrons à l'endroit exact où nous avions terminé l'étape hier, c'est-à-dire à proximité du pont qui surplombe la Voire, à l'extrémité est de Chalette-sur-Voire.
Jusqu'il y a peu, il y avait ici un moulin à farine. Mais tombé en ruine et devenu trop instable, il fut démoli. On voit néanmoins toujours les vannes qui permettaient de réguler le flot des eaux.
Pour la petite histoire, Chalette-sur-Voire aurait aussi pu s'appeler Chalette-sur-Aube puisque la Voire se jette dans l'Aube sur le territoire de la commune.
Au carrefour entre la D 35 et la D 61, une croix commémore le sacrifice fait par trois résistants durant la seconde guerre mondiale. Julien Creux fut tué le 28 juin 1944. Arrêtés en juillet 1944, Pierre Gérard et René Bailly furent fusillés quelques semaines plus tard. Pierre Gérard, n'avait que 18 ans.
Trois-cents mètres après le départ, nous quittons la Départementale pour nous engager sur un chemin de campagne faisant le tour du Prieuré. Peut-être y avait-il ici, au temps jadis, un prieuré mais là je vous parle plutôt d'une grande plaine agricole.
Terres agricoles qui peu à peu sont mangées par l'exploitation des sols par l'industrie extractive. Ici, la Sablière de Lesmont du groupe Chaplain produit du sable et des gravillons.
Du chemin, nous pouvons par ailleurs apercevoir plusieurs étangs privés, vestiges d'une exploitation extractive passée.
La baignade y est interdite mais certains propriétaires louent leur terrain à des entreprises qui y organisent des journées détente pour leur personnel.
Bien qu'aucun cours d'eau n'alimente ces étangs et qu'aucun poisson n'y a jamais été déversé, on y pratique pourtant la pêche ! Ce sont "tout simplement" des oiseaux qui y ont relâché des œufs de poissons qu'ils transportaient dans leurs serres ou dans leur bec !
Après trois kilomètres sur des chemins de campagne, nous prenons la direction de Précy-Saint-Martin par la D 130...
Deux kilomètres de bitume pour rejoindre le centre du village ! Mais à l'entrée, une surprise nous attend. Comment a-t-il atterri là !?
Nous entrons dans Précy-Saint-Martin par la rue Saint-Martin, pour découvrir la belle église... Saint-Martin ! Si ce n'est pas de la dévotion !
Construite en craie au XIIè siècle, l'église subira plusieurs modifications à travers les âges, notamment au XVIè et XXè siècles. On remarquera surtout l'utilisation de matériaux différents pour remplacer la craie qui s'est désagrégée avec le temps.
Nous y ferons la connaissance de Jean-Pierre, un très sympathique octogénaire bon pied bon œil encore bien actif au sein de la commune. Il sera entre autres fier de nous préciser qu'à 86 ans il vit toujours dans la maison où il est né !
Il a encore bien d'autres choses à nous raconter mais le devoir l'appelle ailleurs, et le voilà parti au volant de sa voiture !
Et puis, nous, de notre côté, nous avons encore pas mal de chemin à faire pour atteindre la fin de l'étape.
Nous quittons donc Précy-Saint-Martin en direction de Saint-Léger-sous-Brienne. Cinq kilomètres à travers champs avec de très rares passages ombragés. L'occasion aussi de découvrir de minuscules vignobles comparés à ce qu'on peut voir ailleurs en Champagne.
Il n'y a pas grand-chose de remarquable à Saint-Léger-sous-Brienne. Je n'ai d'ailleurs pas trouvé d'informations au sujet de l'église Saint-Thibaud.
Nous ne nous attarderons pas...
Ah, si, il y a des vaches à Saint-Léger-sous-Brienne ! Depuis mon départ de Condé-sur-Marne lundi de la semaine dernière, ce doit être la deuxième fois seulement que j'en vois. Ça mérite d'être signalé, non ?
D'ailleurs, en regardant Saint-Léger-sous-Brienne dans le rétroviseur, on se rend encore mieux compte que, de ce côté-ci du village, l'espace est occupé par des prairies alors que nous n'avions jusqu'ici eu de cesse de traverser des champs.
Bon, en fait, ça ne dure pas longtemps. Arrivés au sommet de la colline, nous nous retrouvons de nouveau entourés de champs. Un peu plus de bois, toutefois.
Peu avant d'arriver au château, au point culminant de Brienne-le-Château - qui est d'ailleurs aussi le point culminant de la randonnée -, nous découvrons l'arboretum.
Nous faisons à cette occasion connaissance avec des dames de l'équipe locale de la Fédération Française de Randonnée effectuant un contrôle du balisage. Elles sont particulièrement heureuses de nous rencontrer. Apparemment, les occasions de croiser des randonneurs parcourant de longues distances seraient plutôt rares.
Au bout de six-cents mètres à travers bois, nous découvrons enfin le château de Brienne-le-Château. Enfin... découvrir...
Pendant quatre-cents mètres, nous longeons le mur d'enceinte du château avant de trouver une grille qui nous autorise juste à en voir... le toit !
Ce n'est qu'en nous éloignant par l'allée qui lui fait face que nous pouvons en découvrir un peu plus de ce château du XVIIIè siècle.
Construit à partir de 1770 sur l'emplacement d'un ancien château féodal, il est inauguré le 25 août 1778. Il est alors propriété de la famille de Loménie qui règne sur le comté de Brienne depuis 1640.
Il change de main en 1851 lorsqu'il est racheté par le prince Théodore de Bauffremont. Il reste dans la famille jusqu'en 1931.
Abandonné jusqu'au début des années 1950, il est alors transformé en Hôpital psychiatrique départemental. Aujourd'hui, il est Etablissement Public de Santé Mentale de l'Aube.
Le chemin s'enfonce ensuite dans le Bois du Défaut, en direction de Brienne-la-Vieille. Un moment appréciable en ces temps de fortes chaleurs même si les moustiques qui ne me/nous lâchent pas depuis une semaine viennent un peu gâcher la fête.
À la sortie du Bois du Défaut, nous croisons la ligne de chemin de fer Brienne-le-Château - Troyes. Comme je l'expliquais précédemment, elle ne fonctionne plus que pour le transport du fret.
Un p'tit coup d'œil à gauche, un p'tit coup d'œil à droite, ok, c'est bon, on traverse !
De Brienne-la-Vieille, nous ne verrons que l'Ecomusée vu que nous ne passons qu'en lisière ouest du village.
En réalité, l'Ecomusée de la Forêt d'Orient se compose de deux sites : La maison des jours et des champs et La boutique du charron. C'est le premier que nous longeons tandis que le second se trouve au centre du village.
La maison des jours et des champs propose aux visiteurs une remarquable collection d'outils et de matériels agricoles. On pourra y voir aussi une reconstitution d'une maison traditionnelle champenoise et des ateliers du menuisier, du cordier, du vigneron, etc.
La boutique du charron est le véritable lieu de travail d'un des derniers charrons de la région conservé en l'état - le lieu de travail, pas le charron ! Toutes les machines y fonctionnent encore et une collection d'outils vous est présentée.
Au sud-ouest de Brienne-la-Vieille, nous franchissons le pont sur l'Aube. Comme vous pourrez le lire ci-dessous, ce pont joua un rôle dans la bataille de Rothière, lors de la campagne de France de 1814.
Pendant les deux jours que dura la bataille, Napoléon établit ses quartiers au château de Brienne-le-Château. Notez que Napoléon fit ses études militaires à l'école militaire de Brienne-le-Château qui accueille désormais le très intéressant Musée Napoléon.
Selon le tracé officiel de la Via Francigena, nous devrions normalement suivre la D 11b pendant un kilomètre avant de bifurquer à gauche sur le plateau. Un kilomètre de bitume, ça n'a rien d'enthousiasmant. Alors, quand au bout de quatre-cents mètres une flèche nous indique de prendre à gauche dans le bois, nous ne pouvons que nous réjouir.
Bon, au début le sentier longe une casse automobile, ce qui n'est guère romantique. Et que dire alors du nom de la mare que nous trouvons plus loin ?
À la sortie du bois, le sentier suit la lisière sur les Côtes. De là, nous apercevons le lac d'Amance. L'arrivée n'est plus loin, ça sent l'écurie. Mais, d'ailleurs, quelle mouche a piqué Aurélie ? Ah... Une araignée, peut-être ?
Neuf-cents mètres avant l'arrivée, nous descendons dans la vallée de l'Aube pour franchir le seul pont qui traverse la rivière à Dienville.
La perspective, avec l'église Saint-Quentin en arrière-plan, est superbe.
Dienville, commune d'à peine un millier d'habitants possède un joli patrimoine. Outre la Mairie, on peut y admirer un ancien colombier, une halle en pierres et l'église Saint-Quentin bâtie du XVIè au XVIIIè siècle.
Le cimetière est classé aux Monuments historiques mais nous ne le visiterons pas.
Nous terminons l'étape devant la halle.
Avec une première moitié essentiellement champêtre et une seconde moitié boisée, l'étape du jour propose un double visage. La chaleur écrasante, elle, aura encore mis nos organismes à mal.
Heureusement, les paysages variés, puis les longues parties boisées et les nombreux changements de direction à partir de la mi-parcours auront rendu cette étape intéressante.
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Voici une photo du château de Brienne-le-Château que vous ne pourrez pas prendre en vous en tenant au parcours de la Via Francigena.
L'étape terminée, nous sommes retournés sur place et en avons profité pour y passer un peu de temps.
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Si vous souhaitez faire cette étape de la Via Francigena, vous trouverez ci-dessous la trace GPX :