18 Juin 2021
Aujourd'hui, nous terminons en apothéose une série de dix étapes - en tout cas en ce qui me concerne - sur la Via Francigena. En effet, ce sont pas moins de vingt-sept kilomètres qui nous attendent entre Baroville et Orges, pour un dénivelé positif de 370 mètres.
Avec une alternance de grands massifs boisés et de champs, cette étape présente un profil très similaire à celle d'hier. Espérons que cela suffise à nous protéger d'un temps lourd et orageux.
Nous démarrons donc de l'église Saint-Étienne de Baroville, là où nous nous étions arrêtés hier. Nous prenons direction sud-est par la rue de la Côte Sandrey. Comme son nom l'indique, ça monte directement.
Comment ? Oui, je sais ! Nous aurions pu la prendre dans l'autre sens et dans ce cas ça aurait descendu. Mais là, non, ça monte !
Sortis rapidement de la rue, nous nous retrouvons directement dans le vignoble. Un petit coup d'œil dans le rétro nous offre une belle vue sur le village.
Du sommet des Crants, c'est tout le paysage composé majoritairement de vignes qui s'ouvre à nous.
Redescendus des Crants, nous évoluons dans la plaine agricole de la Question - mais où vont-ils donc trouver ces noms de lieux ? - pendant un kilomètre. Tout autour, les collines sont monopolisées par les vignes. Nous n'avons aucune peine à croire que Baroville possède bien le plus grand vignoble de la région de Bar-sur-Aube.
À la Question, succède la Côte Goffriot. C'est court mais ça monte sec. Nous voulions du dénivelé, nous sommes servis !
Le chemin redescend vers le Bois de la Poule Grive. Au bout de cent mètres dans le bois, nous rejoignons un beau chemin forestier, la Sommière des Moines.
Il est aux alentours de 10 heures 30 quand nous nous engageons sur la Sommière des Moines et déjà il fait plus de 30 degrés. Nous comprenons rapidement que, dans cette longue ligne droite de deux kilomètres, nous devrons nous contenter de seulement quelques passages ombragés furtifs.
Si tous les bois à traverser aujourd'hui sont pareils à celui-ci, ça promet.
Au bout de la Sommière des Moines, d'après l'application Via Francigena, nous aurions dû continuer tout droit par un petit sentier à travers bois. Mais celui-ci n'existe plus et le fléchage du GR 145 nous fait prendre à droite sur la Route Forestière de la Poule Grive.
Dans un premier temps, elle suit la crête avant de descendre dans la vallée. Moins exposée au soleil, aussi, nous en profitons pour récupérer un peu.
Cinq cents mètres avant d'atteindre la sortie du bois, des arbres couchés en travers de la route barrent le passage ! Un traquenard !? Une embuscade !? Des bandits de grand chemin ??? Non, tout simplement des arbres un peu fatigués, sans doute...
Nous avons vite fait de les contourner...
À la sortie du bois, nous suivons la D 101 vers la gauche. Bientôt, nous apercevons le mur d'enceinte de l'ancienne abbaye de Clairvaux.
À sa hauteur, un chemin conduit vers un monument commémorant vingt-et-un otages fusillés ici par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale. Comme ça nous imposerait un détour de mille trois-cents mètres, nous choisissons de ne pas y aller.
Nous longeons le mur d'enceinte et pénétrons dans cette ancienne abbaye cistercienne fondée en 1115 par Bernard de Clairvaux.
Depuis 1808, elle est propriété de l'Etat et fut transformée en maison centrale. Ce qu'elle est toujours à l'heure actuelle mais sa fermeture est toutefois prévue en 2023. En attendant, on peut la visiter deux fois par jour, mais en visite guidée uniquement et les photos lors de la visite sont interdites pour raisons de sécurité.
Nous ne sommes pas dans le bon créneau horaire pour pouvoir la visiter aujourd'hui mais nous reviendrons à coup sûr.
N.B : Nous avons eu l'occasion de la visiter quelques jours plus tard et ça vaut vraiment le coup. À faire impérativement si vous séjournez dans la région.
Cent cinquante mètres après avoir quitté l'abbaye, un petit sentier monte sur la droite. Il s'agit du GR 703. Celui-ci grimpe sur la colline et il paraît que du sommet on y bénéficierait d'une vue plongeante sur l'abbaye. Nous ne testerons pas mais si vous en avez le courage...
Nous poursuivons notre chemin vers l'est. Après la traversée de la D 396, c'est l'Aube que nous franchissons. Nous profitons d'un banc situé à proximité pour y faire notre pause déjeuner.
L'Aube constitue la limite entre Ville-sous-la-Ferté et Longchamp-sur-Aujon. C'est néanmoins le hameau d'Outre-Aube que nous traversons par la Grand Rue. Ceci dit, on peut bien s'appeler ainsi quand on est la seule rue du hameau !
On continue par un chemin de campagne tout droit dans le prolongement de la Grand Rue. Ça grimpe pendant trois-cents mètres, nous offrant un beau panorama sur les environs.
À noter qu'ici, c'est la carte IGN qui n'est pas à jour. Si on la croit, il aurait fallu tourner après cent mètres alors que le balisage nous indique clairement de continuer tout droit.
Au bout des trois-cents mètres, nous bifurquons à droite et nous redescendons aussitôt dans le Val Lobot. Même si le chemin se dégrade au fur et à mesure qu'il pénètre dans le bois, nous nous réjouissons de retrouver des paysages variés où on ne s'ennuie jamais.
Au Puits Tripier, nous ne franchirons pas la passerelle en bois installée sur le ruisseau mais nous prenons à l'opposé, pour gravir la colline.
Sur cette portion, la Via Francigena et le sentier historique de Jeanne d'Arc se confondent. Le chemin est toujours agréable, mais la montée est abrupte.
Un peu avant le sommet de la côte, nous tournons franchement à droite. Ce faisant, nous nous engageons sur le territoire de Maranville et, par la même occasion, nous changeons de département. De l'Aube, nous nous retrouvons ainsi en Haute-Marne.
Toujours sans transition, nous passons du bois de Longchamp au Fouillot. Il aurait tout aussi bien pu s'appeler le Fouillis tant le chemin a presque disparu sous le végétation qui a tout envahi !
Heureusement, ça ne dure que six-cents mètres...
Nous retrouvons en effet un beau chemin forestier courant sur un plateau couvert par le bois de Maranville. À une altitude comprise entre 320 et 330 mètres, ce sera le point culminant de l'étape du jour.
Dans la descente du plateau, le balisage de la Via Francigena nous invite à prendre à droite. Nous choisissons de faire une pause à cet endroit. C'est aussi le moment choisi par l'orage pour éclater ! Mais bon, nous aurons juste droit à trois gouttes de pluie. Les seules en deux semaines de randonnée !
Nous ne nous attardons quand même pas et reprenons notre route sur un joli chemin évoluant à la courbe de niveau le long du plateau avant de descendre, après le Froid-Cul, vers Cirfontaines-en-Azois.
Dans la descente, nous avons la chance d'observer cette majestueuse gentiane jaune !
Si, souvent, les noms de lieux me laissent perplexe, celui de Beau-Regard est particulièrement bien choisi tant la vue dont nous bénéficions en sortant du bois est magnifique.
C'est la première fois depuis le départ de Baroville que nous pouvons profiter d'une vue aussi dégagée.
Continuer à descendre tout droit dans la vallée de l'Aujon nous aurait amenés à devoir emprunter la D 6 qui y court pour rejoindre Cirfontaines-en-Azois.
Alors, nous prenons à droite pour atteindre le Val l'Abbaye au fond duquel un chemin de campagne nous conduit direct au centre du village.
Cirfontaines-en-Azois ne nous laissera pas de souvenir impérissable. Ça manque de charme. Tout au plus rendons nous visite à l'église Notre-Dame de la Nativité au sujet de laquelle nous ne trouverons d'ailleurs aucune information.
Nous reprenons sans tarder notre route vers Aizanville en passant par le hameau de Sainte-Libère et son moulin sur l'Ajon.
Aizanville possède un peu plus de charme que sa voisine mais ce n'est pas dans ce village de trente-quatre habitants (chiffre de 2018) que nous trouverons monts et merveilles. Quel est par ailleurs l'intérêt d'y maintenir une mairie quand on sait qu'un quart des habitants fait partie du conseil municipal ?
Finalement, le plus surprenant sera ces drapeaux belge et français accrochés côte-à-côte au balcon d'une maison. C'est bientôt l'Euro de foot et certains - Belges surtout - rêvent sans doute d'une nouvelle confrontation entre les deux pays...
Nous quittons Aizanville par le Val Huet, de toute beauté à cette époque de l'année. Le spectacle est aussi bien devant que derrière nous quand, prenant de la hauteur, nous regardons la vallée de l'Aujon. Un des plus beaux panoramas de ces dix jours de randonnée.
Le sommet de la colline atteint, nous suivons la crête vers la droite pendant deux kilomètres. Le regard se porte tantôt à gauche, vers Braux-le-Châtel, tantôt à droite, vers Orges. Quelle belle fin de parcours !
Trop occupés sans doute à prendre des photos, c'est à peine si Kévin et moi constatons qu'Aurélie, comme à son habitude en fin d'étape, a pris la poudre d'escampette !
Espérons seulement qu'elle aura vu le panneau indiquant qu'il fallait descendre à droite vers Orges par un joli sentier suivant la lisière du bois !
Enfin, au bout de 27,2 kilomètres, nous arrivons à Orges, au pont sur la Dhuy, terminus de deux semaines de randonnée sur la Via Francigena !
Ce sera quelques centaines de mètres en plus pour Aurélie qui, ne sachant plus où nous avions garé la voiture, a tourné dans le village. Mais le principal est là, nous l'avons retrouvée !
Au total, depuis le départ de Condé-sur-Marne le 7 juin dernier, j'aurai parcouru 216 kilomètres dont la moitié avec mes deux complices, Kévin et Aurélie, qui m'auront aidé à supporter cette chaleur accablante ayant régné durant ces deux semaines. Merci à tous les deux !
Si je l'estime un peu moins belle que la randonnée d'hier, celle-ci se classe néanmoins dans le top trois de ces dix dernières étapes. Seul le passage un peu longuet et ennuyeux sur la Sommière des Moines fait la différence car tout le reste en valait la peine.
Certes, il y a la très belle abbaye de Clairvaux et l'intéressant Val Lobot mais c'est surtout la vallée de l'Aujon qui nous aura subjugués par sa beauté.
Bref, je n'avais pas tort en écrivant en début d'article que nous terminions notre périple en apothéose.
Si vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena, vous trouverez ci-dessous la trace GPX :