22 Novembre 2021
Le triangle Vimy - Notre-Dame de Lorette - Mont-Saint-Eloi constituait mon terrain de randonnée quand je m'y suis mis, à la randonnée, voici trois ans. J'aime particulièrement la région pour son terrain vallonné et varié, et son patrimoine historique exceptionnel. C'est dire si je connais bien les lieux.
Dans la perspective de la visite prochaine de mon ami Hervé, le Breton de Paris avec qui j'avais randonné le 9 octobre dernier en forêt de Fontainebleau, je cherchais donc un parcours ni trop long, ni trop difficile.
Hors de question d'en choisir un de mon répertoire vu qu'ils font tous entre 20 et 50 kilomètres alors j'ai jeté mon dévolu sur la randonnée "Le mémorial canadien de Vimy au départ de Souchez" publiée sur Visorando.
Voyons donc ce que propose cette randonnée d'un peu moins de quatorze kilomètres dont le départ se prend Place de Kensington, à Souchez. S'il n'y a ici pas de problème pour se garer, faites attention toutefois que la place est fermée le mardi après-midi pour cause de marché !
Nous quittons la place par la rue Raoul Briquet, face à la Mairie, et nous passons à la droite de l'église Saint-Nicolas. Détruite en 1915 lors de la deuxième bataille de l'Artois, en même temps que l'entièreté du village, elle fut reconstruite entre 1928 et 1931.
Ensuite, pour gagner la sortie du village, par des rues peu fréquentées, il suffit de suivre le fléchage "Givenchy en Gohelle Canadian Cemetery".
Nous quittons Souchez par la rue de Givenchy, qui n'est cependant pas une rue mais plutôt un chemin de campagne. Même s'il bénéficie d'un revêtement asphalté par ailleurs très dégradé.
J'aime beaucoup ce chemin qui s'élève rapidement vers le plateau de Vimy. On y bénéficie de belles vues sur la campagne environnante et même, si on regarde derrière soi au-delà de Souchez vers l'autre flanc de la vallée, la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette !
Sous l'A 26 - Autoroute des Anglais, nous avons même droit à une exposition de street art ! Et si vous avez de la (mal)chance, vous pourriez même bénéficier ici d'un concert de musique.
"Presque arrivé... à la moitié"... ? Ah non, nous n'avons encore parcouru qu'un dixième de la distance !
Passé l'autoroute, le chemin se rétrécit. Se dégrade aussi. Pour atteindre le Mont de Givenchy.
C'est là que se trouve le Givenchy en Gohelle Canadian Cemetery qui, comme son nom ne l'indique pas, se trouve pourtant bien sur le territoire de Souchez.
Mais c'est certainement un détail pour les 150 victimes de la guerre 1914-1918 enterrées ici, dont 109 soldats canadiens tués lors de la bataille de la crête de Vimy en 1917.
Après le cimetière, c'est un sentier bien boueux par endroits qui nous emmène jusqu'à la D 55, aussi nommée Chemin des Canadiens.
Nous suivons le Chemin des Canadiens vers la droite et, au bout de 250 mètres, nous apercevons déjà l'impressionnant et majestueux mémorial national du Canada de Vimy !
Avant d'atteindre le mémorial, nous croisons d'abord sur notre chemin le Parc Centenaire. Cet espace de réflexion fut érigé en 2018 pour les 100 ans de la fin de la Première Guerre Mondiale.
100 chênes, chacun dédié à un Canadien, y ont été plantés sur quatre rangées circulaires autour du rond central. Ces quatre rangées commémorent les quatre divisions canadiennes ayant participé à la bataille de 1917.
Vous aimeriez en savoir plus sur l'origine de ces chênes et sur les différents symboles présents dans le parc ? Je vous propose ci-dessous le lien vers le site de la Fondation Vimy.
La Fondation Vimy Parc du Centenaire | Projets | La Fondation Vimy
Après la victoire de la bataille de la crête de Vimy, de nombreux soldats ont réalisé qu'ils avaient participé à quelque chose de vraiment grand. Leslie Miller, né en 1889 à Milliken (Ontar...
Un peu plus loin, sur la droite du Chemin des Canadiens, nous pouvons observer le monument aux morts de la Division Marocaine.
Ce monument, érigé en 1925, commémore les soldats tombés lors d'une percée effectuée ici le 9 mai 1915 dans le cadre de la bataille de l'Artois. Percée qui tourna toutefois à l'échec, les hommes se retrouvant à court de munitions et ne pouvant bénéficier de renforts.
Notez que je n'ai pas parlé de soldat marocain parce qu'en réalité la Division Marocaine n'en comprend à proprement parler pas lorsqu'elle est déployée en France à partir du 18 août 1914. En effet, à l'époque, outre des régiments étrangers et des régiments de Zouaves, la Division est essentiellement composée de tirailleurs tunisiens et algériens.
Nous arrivons enfin au mémorial national du Canada. Erigé entre 1925 et 1936, il n'honore pas seulement les soldats canadiens tombés lors de la prise de la crête de Vimy en avril 1917 mais aussi le sacrifice de 60.000 soldats canadiens engagés en France pendant la Première Guerre Mondiale.
L'ensemble du monument, construit sur une base en béton, est entièrement recouvert de pierre calcaire provenant de Croatie. Ses deux pylônes représentent la France et le Canada. Vingt personnages l'ornent, le plus impressionnant pour moi étant "Le Canada en deuil", situé à l'avant du monument, c'est-à-dire côté vallée.
Je ne vais pas décrire ici le monument en détails. Vous trouverez plus bas un lien vers le site officiel qui fait ça mieux que je ne le ferais.
Il existe plusieurs sites Internet présentant le mémorial national du Canada mais la plupart sont des initiatives individuelles pas toujours fiables. C'est pourquoi, si vous voulez en savoir plus, je vous communique ci-dessous le lien du seul site officiel traitant de manière exhaustive et précise de l'histoire de ce monument.
Mémorial national du Canada à Vimy
En 1920, la Commission des monuments des champs de bataille nationaux a été mise sur pied pour superviser l'érection de huit monuments commémoratifs sur des champs de bataille en France et en ...
Tiens, quand je suis arrivé face au mémorial, un photographe était en train de réaliser une photo de l'insigne d'un régiment canadien ayant combattu ici. Ce photographe, c'est Jérémy Bourdon, d'Arras. Si, comme lui, l'histoire liée à la Première guerre mondiale vous intéresse, courez vite voir son profil Instagram, vous y découvrirez de splendides photos !
Et pendant que j'étais en train d'échanger avec Jérémy, est arrivé Mike, un agent Securitas en charge de la sécurisation des lieux. Un autre passionné ! Tous les deux sont intarissables sur l'histoire de la région. Je ne peux que vous souhaiter de les rencontrer, mais ne soyez pas pressés par le temps !
Alors que je discute avec mes deux compères, je constate une chose que je n'avais jamais remarquée lors de mes précédents passages ici. On peut, au loin, par une trouée dans la forêt, apercevoir le Mont Saint-Eloi !
Arrive quand même le moment où il faut se remettre en route. Je rejoins donc la D 55 ou, ici, Route canadienne et je prends la direction du centre d'accueil.
La nature est magnifique en cette période de l'année. Encore plus sous le soleil...
Le centre d'accueil se trouve à un petit kilomètre au sud du mémorial. Ce sont des étudiants canadiens qui habituellement officient ici pendant quatre mois comme personnel d'accueil ou comme guides. Mais à cause de l'épidémie de COVID-19, ils n'ont pas obtenu l'autorisation de faire le voyage depuis le Canada et le centre est donc fermé.
À l'heure où j'écris ces lignes, il devrait rouvrir et les visites guidées reprendre à la mi-janvier 2022 mais l'accès au mémorial et aux sentiers est néanmoins toujours libre.
À hauteur du centre d'accueil, à la gauche du chemin, on peut observer un petit jardin de la paix.
En passant sur la gauche du centre d'accueil, on atteint une zone présentant un réseau de tranchées préservées et de nombreux et parfois impressionnants cratères. En réalité, je devrais écrire deux réseaux de tranchées puisqu'on peut y voir des tranchées canadiennes faisant face aux tranchées allemandes.
Quant aux énormes cratères, ils sont la conséquence d'explosions volontairement provoquées dans des tunnels creusés en 1916 par des sapeurs des deux camps. L'objectif était ainsi de détruire des cibles importantes situées en surface.
Essayez de vous imaginer les conditions dans lesquelles les soldats vécurent ici pendant des mois, sous la pluie, dans la boue, victimes aussi des rats, des poux et des puces qui propageaient des maladies...
Nous traversons la zone de tranchées pour retrouver la Route Canadienne. Mais c'est cette fois la D 55E2. Et nous partons plein est à travers la forêt domaniale de Vimy.
Un chemin, par endroits boueux mais sans que ce soit rédhibitoire, longe la Départementale, peu fréquentée.
Nous longeons la Départementale pendant 1.400 mètres avant de la quitter pour rejoindre la Route Forestière du Train de Loos. Celle-ci traverse toute la forêt domaniale en direction du mémorial national du Canada.
Mais qu'était donc le train de Loos ? Il s'agit du dernier train affrété par les Allemands ayant quitté la France, le 1 septembre 1944, à destination des camps de la mort.
Transportant 872 déportés, résistants et politiques, il quitte Lille deux jours avant sa libération, traverse la Belgique et atteint Cologne le 3 septembre. Trois jours pendant lesquels les détenus sont entassés à 80-90 par wagon à bestiaux, ne pouvant s'asseoir, encore moins se coucher et disposant de seulement quelques boîtes de conserves pour y satisfaire leurs besoins !
Provenant des prisons de Béthune, Valenciennes et Loos, les détenus servent d'abord au déminage des voies de chemin de fer allemandes avant d'être internés dans des camps comme Dachau ou Büchenwald. Seuls 284 d'entre eux reviendront en France.
En 2018, simultanément à la création du Parc Centenaire commémorant les 100 ans de la fin de la Première Guerre Mondiale, 170 chênes furent plantés de part et d'autre de la route forestière, dans la partie la plus proche du mémorial national du Canada. Celle-ci porte dorénavant le nom de "Route du souvenir des soldats canadiens".
Sortis de la forêt domaniale, nous empruntons une route piétonne vers la droite pour passer devant le mémorial. Vu d'ici, en contrebas, il est encore plus majestueux.
D'ici, mais plus encore de la crête, évidemment, nous bénéficions aussi d'une belle vue sur la plaine de Lens. De quoi nous rappeler, avec les différents terrils, dont les jumeaux de Loos-en-Gohelle, l'extraordinaire patrimoine de la région qui doit faire notre fierté !
Alors que la route piétonne remonte vers la crête, nous la quittons par la droite, dans le tournant, pour emprunter un étroit sentier qui descend vers Givenchy-en-Gohelle.
Le sentier est très boueux et glissant. On sera bien inspiré de prendre ses bâtons.
Le temps d'un dernier au revoir au mémorial national du Canada et nous nous enfonçons dans la vallée.
Nous traversons Givenchy-en-Gohelle pendant six cents mètres avant d'atteindre la très belle église Saint-Martin.
Une église existait déjà dans le village à l'époque mérovingienne mais elle était située à un autre endroit. Détruite à plusieurs reprises, chaque fois reconstruite, elle finit par s'écrouler définitivement en 1871.
Une nouvelle église fut construite, à l'emplacement actuel, entre 1871 et 1873. Complètement détruite pendant la Première Guerre Mondiale, on la reconstruisit à l'identique à partir de 1924 mais il fallut attendre 1932 pour qu'elle soit inaugurée, l'entrepreneur ayant entre-temps fait faillite.
Nous continuons pour atteindre et traverser le bois de l'Abîme, à cheval sur Givenchy-en-Gohelle et Angres. Les chemins y sont très humides, assez boueux par endroits mais on a déjà vu pire.
À la sortie du bois, nous prenons à gauche et nous remontons la rue des Normands jusqu'à l'autoroute A 26 - Autoroute des Anglais.
Le plus regrettable est qu'on n'a pas d'autre choix que d'emprunter la rue Jean Jaurès pour passer sous l'autoroute et qu'il faut la suivre pendant huit cents mètres avant de pouvoir rejoindre l'arrivée, place de Kensington, par de petites rues.
D'autant qu'avec l'inversion de température que nous connaissons aujourd'hui, les gaz d'échappement des voitures sont cloués au sol. Oui, vraiment dommage mais je ne vois pas d'alternative.
J'ai aimé :
J'ai moins aimé :
Vous souhaitez faire cette randonnée ? Ci-dessous, vous la trouverez telle qu'elle a été publiée sur Visorando :
Le mémorial canadien de Vimy au départ de Souchez
Au départ de la Place de Souchez, vous rejoignez le mémorial canadien. En avril 1917 se déroula la bataille de Vimy. Dès le début de la guerre, les Allemands dominaient les hauteurs de Vimy et...
https://www.visorando.com/randonnee-le-memorial-canadien-de-vimy-au-depart-d/
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