15 Mai 2022
Encore trop souvent, quand on parle du Rotary, les gens s'imaginent des clubs de riches meublant leur temps libre dans des soirées gastronomiques, discutant de futilités.
Heureusement, la réalité est loin de ça. Le Rotary, ce sont des gens de tous horizons qui s'engagent pour les autres. S'engager, ce n'est pas ouvrir le portefeuille, mais mouiller sa chemise pour récolter des fonds qui contribueront à améliorer le sort d'autres personnes moins favorisées.
C'est ainsi que le Rotary est depuis 1979 un acteur majeur de la lutte pour l'éradication de la poliomyélite dans le monde. En permettant l'achat de vaccins par ses actions, le Rotary a contribué au résultat actuel. Aujourd'hui, la polio n'est plus présente qu'en Afghanistan et au Pakistan. Mais parce qu'il reste une menace pour le monde, la lutte contre ce virus doit continuer !
Voilà pourquoi nous nous retrouvons ce 15 mai à Hesdin. Environ quatre-vingt-dix rotariens, des membres de leurs familles et des amis venus des quatre coins des Hauts-de-France ont répondu à l'invitation du District 1520 du Rotary pour participer à la 2ème édition du Poliothon.
Ce matin, trois activités sont proposées, au choix, par le Rotary Club Hesdin 7 Vallées Ternois : visite guidée de la ville, circuit pédestre de 7 km, ou balade cycliste de 31 km.
En bon randonneur, mon choix se porte bien sûr sur le circuit pédestre. Ce sera ainsi pour moi l'occasion de découvrir ce coin du Pas-de-Calais qui m'est inconnu.
Nous sommes une trentaine au départ de la randonnée, devant l'hôtel de ville, sur la Place d'Armes d'Hesdin.
Dans la rue de la Paroisse, nous passons devant l'église Notre-Dame. J'aime particulièrement le clocher de cette église de style hallekerke flamand édifiée de 1565 à 1585 au bord de la Canche. Elle doit son style au fait qu'à l'époque Hesdin fait partie des Pays-Bas espagnols de Charles Quint.
En 1582, un portail en pierre, de style Renaissance, lui est ajoutée. Endommagée pendant la révolution française, elle est rénovée vers la fin du XIXè siècle.
À la sortie nord du village, nos deux guides-accompagnateurs du club de marche local, "Marche et Découverte de l'Hesdinois", nous arrêtent à proximité d'un cours d'eau.
En réalité il s'agit d'un canal de décharge reliant la Canche, qui traverse la ville, à la Ternoise, qui coule au nord. Construit en 1613 par la troupe alors casernée à Hesdin, il a pour tâche d'évacuer les eaux de crues d'une rivière à l'autre afin d'éviter les inondations de la ville.
Au canal de décharge, c'est aussi là que nous quittons Hesdin pour traverser sur une centaine de mètres le territoire de Marconne. Il est ceci dit impossible de faire autrement puisqu'Hesdin est totalement enclavé dans Marconne ! Le centre géographique de ces deux villages n'est d'ailleurs séparé que de 1,2 mètre !
Mais d'où vient cette curiosité ? Hesdin se trouve au Moyen Âge cinq kilomètres au sud-est de sa position d'aujourd'hui, à l'emplacement de l'actuel Vieil-Hesdin.
En 1553, Charles-Quint ordonne la destruction d'Hesdin. Peut-être pris de remords (ça c'est moi qui le dis), il décide quelques années plus tard de faire reconstruire Hesdin sur un terrain situé au centre de Marconne ! Une lubie d'empereur, sans doute...
Mais on parle... on parle... et voilà que nous avons aussi traversé le village d'Huby-St-Leu ! Dans l'ascension vers la Forêt Domaniale d'Hesdin, un petit coup d'œil en arrière nous offre un beau panorama sur la vallée de la Ternoise et de la Canche.
Après une jolie grimpette, nous parvenons à la Forêt Domaniale d'Hesdin. Forêt dont pas un seul centimètre carré ne repose sur le territoire d'Hesdin puisqu'elle se trouve entièrement sur Huby-St-Leu ! On n'est pas à une bizarrerie près, dans le coin...
Certains membres du groupe ayant rencontré quelque difficulté dans l'ascension de la colline, nos sympathiques guides proposent de modifier le parcours afin d'éviter une autre côte du même style plus loin sur l'itinéraire. Ce sera donc plus court et moins pentu...
La vie associative à Hesdin est très riche et dynamique. On compte ainsi une grosse centaine d'associations dont le nombre d'adhérents dépasse largement les 2216 habitants du village recensés en 2019 !
Au premier carrefour, nous avons bifurqué à gauche, plein ouest, direction Guisy.
Au sortir de la forêt, nous découvrons un superbe panorama sur la vallée de la Canche. Oui, seulement la Canche, car entretemps la Ternoise s'y est jetée.
Nous ne rentrons pas dans Guisy mais nous remontons vers la forêt par une légère dépression, les Fonds Jacotins.
Le chemin rejoint la lisière qu'il suit pendant quelques centaines de mètres avant de s'enfoncer dans la forêt.
Mais, au fait, saviez-vous que la Forêt Domaniale d'Hesdin était, au Moyen Âge, un parc à gibier ? En effet, ce bois d'une superficie, à l'époque, de 2.000 hectares était ceint de murailles de calcaire et une trentaine d'espèces animales y étaient élevées !
Les murs furent détruits par les soldats de Charles Quint en 1553 et la superficie de la forêt diminua au fil des siècles pour ne plus occuper aujourd'hui que 1.014 hectares...
Les Fonds Jacotins prennent fin au carrefour du Commandeur. C'est aussi là que se trouve une autre curiosité de la Forêt Domaniale d'Hesdin : le chêne de la Vierge.
Depuis cinquante ans, une petite chapelle abritant la Vierge est accrochée à ce chêne de près de 300 ans et à la circonférence exceptionnelle de 4,30 mètres.
Si les origines de cette chapelle ne sont pas connues, elle est toutefois devenue un lieu de pèlerinage. Une messe y est même célébrée chaque 15 août, jour de l'Assomption.
Il est temps de se remettre en route pour rejoindre la Place d'Armes où les autorités nous attendent pour les discours de circonstances. Mais peut-être certains pensent-ils plutôt au couscous qui nous sera servi ensuite ?
Tiens, deux cyclistes égarés... enfin... attardés, voulais-je dire ! Oh ! Mais c'est du beau monde ! La présidente et le trésorier du Rotary Club Carvin Hauts-de-France en personnes !
Nous redescendons vers Hesdin par la Courte Côte. Beaucoup plus facile dans ce sens-ci !
D'Huby-St-Leu jusqu'à l'arrivée, nous empruntons le même chemin qu'à l'aller. En sens inverse, bien sûr, mais est-ce nécessaire de le préciser !?
C'est l'occasion de voir des choses qui nous avaient échappé, comme cette belle œuvre de street-art, ou d'en regarder plus attentivement d'autres. L'église Notre-Dame, par exemple.
C'est finalement au bout de 10 kilomètres de randonnée, à la place des 7 prévus, que nous revenons sur la Place d'Armes d'Hesdin. Tiens, n'étions-nous pas sensés prendre un raccourci ? Il se passe vraiment des choses étranges, à Hesdin...
Mais je ne vous ai pas encore parlé du beffroi ! Bien sûr, il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis le 15 juillet 2015, comme vingt-deux autres beffrois des Hauts-de-France.
Son histoire remonte à 1554 quand Charles Quint décide de reconstruire Hesdin à l'emplacement actuel. Ce n'est toutefois qu'en 1563 que les travaux débutent, pour se terminer en 1581. Il est alors construit à l'emplacement de la maison de campagne de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint.
Mais en 1639, le 24 mai, les Français assiègent Hesdin et, boum patatras, le beffroi est détruit à coups de canons ! Ah ! Ces Français alors ! Un peu plus tard, il est provisoirement reconstruit en bois.
En 1768, les notables de la ville discutent de la reconstruction du beffroi. Mais tout juste s'entendent-ils sur la destruction de la tour qui menace de s'effondrer.
Il faudra attendre un siècle pour qu'en 1875, l'avocat Daniel Lereuil, fils du Maire, Paul Lereuil, lègue la somme de 12.000 franc or à la ville. La somme n'étant pas suffisante, Monsieur le Maire met la main à la poche et Hesdin retrouve son beffroi en 1878 !
Bon, chuuuuttt, c'est le moment des discours !
Ce poliothon, organisé par le Rotary, m'aura fait découvrir un très beau coin du Pas-de-Calais tout en prenant part à une bonne action dans une excellente ambiance, du début à la fin. Les fonds recueillis à cette occasion permettront en effet l'achat de 1.000 vaccins contre la polio. Ou comment joindre l'agréable à l'utile.
Quant à la randonnée, elle nous aura emmené à la découverte d'un village au riche patrimoine et d'une Forêt Domaniale très agréable à arpenter. Personnellement, je reviendrai volontiers approfondir la découverte de cette très belle région.
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La lutte contre la poliomyélite
Tous les détails sur la poliomyélite et son éradication par Bruno Tillie du Rotary Club Arras.
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Vous souhaitez marcher sur les traces de ce poliothon, ou tout simplement découvrir la région ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de cette randonnée :