7 Juin 2022
Aujourd'hui, la Via Francigena fait l'école buissonnière ! En effet, alors qu'Orbe, ville de départ de la randonnée, n'est séparé de l'arrivée à La Sarraz que d'un peu plus de 9 kilomètres par la route, c'est pourtant 17 kilomètres qui sont au programme ! Il doit certainement y avoir une bonne raison à cela.
C'est aussi le jour où je quitte mon camp de base à Yverdon-les-Bains. Ce soir, je logerai chez mes amis Sam et Angelina à Lausanne. Ils ont l'extrême gentillesse de m'héberger jusque samedi, fin de mon périple actuel sur la Via Francigena.
Comme je rejoins le départ en voiture, je décide d'en profiter pour d'abord aller jeter un œil aux mosaïques romaines dont Lenny m'avait parlé hier.
Le site archéologique de Boscéaz, puisque c'est son nom, se trouve à un petit kilomètre au nord d'Orbe, au-delà de l'autoroute A9/E23. On y trouve le plus riche ensemble de mosaïques romaines de Suisse.
Le site comprend cinq pavillons abritant une partie des vestiges, dont neuf mosaïques, d'une villa gallo-romaine construite entre le Ier et le IIIème siècle, probablement vers 170 après J.C..
Pourtant classé bien culturel suisse d'importance nationale, peu de moyens lui sont alloués et il vaudra toujours mieux se renseigner avant de se rendre sur place.
Personnellement, j'ai énormément de chance. Quand j'arrive sur place, le guide vient de terminer une visite au profit d'une classe scolaire et s'apprête à quitter les lieux. Il me propose toutefois de me laisser voir une des plus belles mosaïques du site.
C'est ainsi que je peux admirer la mosaïque des divinités de la semaine. D'après mon guide, les techniques utilisées ici étaient réellement exceptionnelles pour l'époque au point qu'en dehors de l'Italie, on n'en trouverait d'aussi détaillées que sur certains sites archéologiques d'Afrique du Nord.
Et puis, tant qu'à faire, pourquoi ne pas partir à la découverte de la vieille ville d'Orbe. À s'y promener, on se rend vite compte que son histoire n'est pas banale.
D'ailleurs, j'entends encore le maire de Montfaucon, dans le Doubs, me dire qu'Orbe avait appartenu aux seigneurs de Montfaucon. Ça, c'était au XIIIè siècle quand Philippe Ier de Savoie s'empare du pays de Vaud.
Située sur la voie romaine Milan - Strasbourg, César y séjourna. Mais aussi le pape Etienne II, en 753. Et, bien sûr, Sigeric de Canterbury mentionne la ville dans le récit de son périple sur la Via Francigena, en 990, lors de son retour de Rome.
Enfin, bon, il y a tellement à en dire que je vous renvoie ci-dessous vers Wikipédia.
Comme dans la plupart des villes suisses, il n'est pas facile de trouver une place de parking gratuite et non limitée à quelques heures. C'est près du terrain de football, dans la vallée de l'Orbe, au pied de la gare, que je trouve mon bonheur. De justesse car le parking accueille aujourd'hui de nombreux membres de la Protection Civile en exercice.
Au départ de l'étape, nous remontons les gorges de l'Orbe pendant un kilomètre et demi. Le final de l'étape d'hier en sens inverse, donc.
Nous quittons la vallée de l'Orbe vers le sud, en direction d'Agiez qu'on finit par contourner par l'ouest. De la lisière du Bas du Bois, on bénéficie d'un beau panorama sur le village et la plaine de l'Orbe.
Puis, on repart vers l'ouest en direction de Bretonnières, à travers bois et campagne par de beaux chemins.
Ah... Certains risquent d'avoir bientôt un problème d'orientation...
Depuis les hauteurs d'Agiez, un beau parcours bucolique et varié accueille nos pas...
... pendant plus de deux kilomètres jusqu'au stand de tir du Bois là Bas, sur le territoire de Bretonnières.
Après le stand de tir, une petite route asphaltée nous emmène jusqu'à Bretonnières. C'est tout aussi joli ! Admirez au passage ces magnifiques campanules !
Bonjour vous !
Bière, 28 km... J'ai quelques amis qui apprécieraient la destination... Pas sûr toutefois qu'ils iraient en vélo !
En traversant Bretonnières, on ne peut manquer son superbe temple, perché sur une butte. Sa construction remonte au XIè - XIIè siècle. À noter toutefois que le clocher roman et le bulbe savoyard datent de la restauration de 1907.
Bretonnières est un joli petit village qui a su garder son côté campagnard.
Quittant Bretonnières pour Romainmôtier, la petite route asphaltée court le long de la crête. La vue s'ouvre vers l'est jusqu'au lac de Neuchâtel. C'est de toute beauté !
La route asphaltée fait place à un beau chemin de terre à l'entrée du Bois de Forel, sur le territoire de Romainmôtier. Ce bois, propriété de l'état de Vaud, est si beau qu'il fait même l'objet d'un parcours NatuRando.
Dans la descente vers le village, je fais la connaissance d'un sympathique couple suisse, Freddy et Gisèle.
Originaires d'Argovie, partis de Ste Croix, ils se sont fixés pour objectif de parcourir la Via Francigena jusqu'au col du Grand Saint-Bernard. Un beau challenge vu leur âge et les problèmes physiques de Freddy. Chapeau à eux !
En arrivant à Romainmôtier, je comprends rapidement pourquoi la Via Francigena fait aujourd'hui l'école buissonnière. Non seulement le village est de toute beauté mais il recèle en son cœur un véritable petit bijou ! L'ancienne abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul !
Plus ancien monastère de Suisse, érigé au Vè siècle par Saint-Romain et Saint-Lupicin, il est repris par l'abbaye de Cluny au Xè siècle. Puis devient un temple protestant en 1537.
Ici aussi, si vous voulez tout savoir sur ce magnifique édifice, je vous renvoie vers Wikipédia :
Abbatiale de Romainmôtier - Wikipédia
L'ancienne abbatiale de Romainmôtier Saint-Pierre-et-Saint-Paul, aujourd'hui temple protestant, se situe à Romainmôtier, en Suisse. La paroisse est membre de l' Église évangélique réformée ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbatiale_de_Romainm%C3%B4tier
Entrons visiter ce magnifique édifice...
Et goûtons à la tranquillité des lieux, dans un cadre superbe...
Il est temps de quitter Freddy, pas inquiet du tout de la disparition de Gisèle, pour reprendre le chemin sur la Via Francigena.
Nous quittons le village vers le sud, d'abord par la route principale, sur une courte distance. Après une brève incursion dans un bois, nous regagnons de petites routes de campagne asphaltées et peu fréquentées.
Au bout de deux kilomètres, nous atteignons le massif forestier du Bec à l'Aigle.
"Suivez vos rêves, ils connaissent le chemin." J'adore car je m'y reconnais...
Le long du chemin, des panneaux nous apprennent l'existence d'anciens fours à chaux. Ne vous attendez à rien de spectaculaire, c'est à peine si on devine quelque chose...
En revanche, un peu plus loin, un sentier vous emmènera à un petit bâtiment. À travers les vitres sales, vous pourrez observer d'anciennes forges antiques et médiévales.
Encore un peu plus loin, nous arrivons à la carrière jaune.
D'ici, depuis des temps anciens, on extrayait une pierre jaune qui ornait les encadrements de fenêtres et des portes de granges voûtées dans toute la région. La production s'est arrêtée en 1914.
Après la carrière jaune, le chemin tourne radicalement à gauche pour rejoindre la vallée de La Vaux. Le relief, dans la descente, est plus accidenté. Plus sauvage, aussi.
Avant de s'adoucir au fond de la vallée.
Bon... parlant de nature sauvage, après l'hôpital de Saint-Loup, ce n'est pas mal non plus ! On croirait une créature maléfique tout droit sortie de Stranger Things !
Nous arrivons à La Sarraz (le "z" ne se prononce pas) du côté de la piscine. Si je n'ai pas le temps - ni le maillot - pour y plonger une tête, je l'ai au moins pour admirer le paysage.
Depuis l'arrivée en Suisse, c'est probablement la première fois où on bénéficie d'une aussi belle vue avec les Alpes en arrière-plan.
Les habitants de La Sarraz se nomment les sarrazins ! Je n'ai pas vu de mosquée mais bien plusieurs églises ou temples !
Dans la descente vers le centre-ville, on passe d'abord à hauteur de l'église catholique et son crépis ocre. Plus loin, au carrefour entre la Route de Ferreyres et la Grand-Rue, un petit bâtiment ressemble à un temple mais je n'en ai trouvé aucune information.
À noter qu'à cet endroit, on se trouve sur la ligne de partage des eaux Rhin-Rhône. Au nord, les cours d'eau se jettent dans le Rhin, au sud dans le Rhône.
Au centre-ville se trouve le temple. Et sur la petite place face à lui, le dernier pilori de Suisse romande !
Mais le clou du spectacle, à La Sarraz, c'est probablement son château.
À l'origine, en 1049, il n'y avait ici qu'une tour fortifiée. Au XIVè siècle, le château s'agrandit. On y adjoint un nouveau bâtiment et une chapelle dédiée à Saint-Antoine.
Après avoir été détruit en 1475 lors des guerres de Bourgogne, le château est reconstruit en 1499. À partir de là, il subira de nombreuses modifications qui lui donneront son allure actuelle.
En 1921, la Société du Musée Romand le reçoit en donation mais les anciens propriétaires y vivront jusqu'en 1948.
Depuis 1982, le Musée suisse du Cheval est installé dans la grange du château.
L'étape se termine à 300 mètres, à l'entrée de la rue de la Gare. Quant à moi, je prends le train pour aller récupérer ma voiture à Orbe...
Appréciation du parcours :
De beaux chemins, de superbes paysages, un patrimoine historique exceptionnel... Bref, une très belle étape sur la Via Francigena ! Qu'est-ce que le peuple demande de plus ?
Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :