6 Juin 2022
Après avoir repris quelques forces à Yverdon-les-Bains, ce week-end, me voici de retour sur la Via Francigena pour une nouvelle semaine de randonnée qui devrait m'emmener à Vevey, au bord du lac Léman.
Prenons toutefois les choses dans l'ordre et intéressons-nous d'abord à cette première étape, entre Sainte-Croix et Orbe. Une vingtaine de kilomètres m'attend et, pour une fois, on ne va plus parler de dénivelé positif puisque le parcours est quasi tout en descente.
Mais pourquoi avoir choisi Yverdon-les-Bains comme camp de base pour ces deux premiers jours alors que cette station thermale se trouve à l'écart de la Via Francigena ?
Pas pour ses thermes où je ne serai même pas allé mais parce que la Suisse possède un réseau de transports en commun extrêmement bien développé et que la ville est idéalement située pour rejoindre les deux premières étapes en train.
C'est donc évidemment par ce moyen de transport que je rejoins le départ de l'étape, à la gare de Sainte-Croix.
La ville de Sainte-Croix n'est pas particulièrement jolie mais possède néanmoins quelques bâtiments remarquables, comme le Musée des Arts et des Sciences.
Lieu de passage important depuis l'Empire Romain, la ville possédait deux châteaux construits au XIVè siècle. L'un près du col des Etroits où nous sommes passés vendredi, l'autre près des gorges de Covatanne. Tous deux sont aujourd'hui disparus.
Nous quittons Sainte-Croix par l'Avenue des Alpes.
Dégagée de toute construction sur la droite, à la sortie de la ville, elle constitue un véritable balcon d'où on peut apercevoir les gorges de Covatanne et la plaine de l'Orbe. C'est à peu de choses près tout le programme de la journée en un seul coup d'œil.
Au bout de 1.800 mètres on quitte la route 151 - prolongement de l'Avenue des Alpes - par la droite pour emprunter un sentier parallèle. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur le fléchage helvétique : losange jaune à bord noir, le même incluant une silhouette de randonneur, une flèche jaune à bord noir...
Pendant 1.200 mètres, le sentier suit la route 151 en contrebas. Des ouvertures dans le couvert nous laissent deviner l'entrée des gorges de Covatanne.
Après être remontés brièvement sur la route 151, sous l'emplacement de l'ancien château, nous nous engageons résolument dans les gorges.
Le sentier descend d'abord lentement avant de devoir franchir une petite paroi rocheuse. Puis on retrouve un joli chemin à flanc de montagne.
Alors que nous sommes confortablement installés sur ce chemin, le balisage nous fait escalader la paroi rocheuse alors que nous aurions très bien pu continuer sur notre lancée. C'est, à ce moment, l'incompréhension qui m'habite...
L'explication vient assez vite. Nous sommes remontés pour découvrir une ancienne voie romaine. Sur son parcours, plusieurs panneaux d'information sont disposés pour tout nous raconter à son sujet.
Mais alors que j'avance sur la voie romaine, j'entends quelqu'un derrière moi. Je me retourne, et je vois un grand gaillard, barbu, à l'allure sympathique, sourire aux lèvres, marchant d'un pas décidé avec un bâton et un énorme sac sur le dos.
Nous faisons rapidement connaissance. Il se prénomme Zeno, est suisse italien, et fait également la Via Francigena. Incroyable ! Ma première rencontre avec un pèlerin depuis mon départ de Calais !
Mais alors que nous venons à peine de faire les présentations, un bruit de galop résonne sur le chemin. Comme si un sanglier nous fonçait dessus ! Mais non, c'est juste Lenny, un pèlerin belge qui dévale le chemin à toute allure comme s'il avait le diable aux trousses !
Waow ! Deux pèlerins d'un coup, ça mérite bien une photo !
Nous échangeons un peu sur notre parcours des jours précédents, sur nos plus beaux souvenirs sur la Via Francigena, sur nos origines... puis nous nous remettons en route.
Eux sont jeunes et impétueux, moi vieux et... ... Enfin, bref, je les laisse filer. On s'est promis de boire un verre ensemble au camping d'Orbe après l'arrivée.
À l'approche de Vuitebœuf, on aperçoit le lac de Neuchâtel à l'horizon. Puis, on découvre la partie sud-est du village perchée sur le flanc opposé de la vallée de la Baumine.
Le temple, construit en 1904, semble disproportionné avec sa nef d'allure massive et son fin clocher. En fait, il est de style éclectique, un style qui mélange différents styles ou époques dont je n'avais jamais entendu parler !
Dans le village, un panneau nous signale une modification de l'itinéraire de la Via Francigena. Belle initiative ! Après vérification, je l'avais déjà intégrée.
Nous gagnons Baulmes par une petite route asphaltée parcourant le fond de la vallée de la Baumine. C'est beau, paisible et agréable. D'ailleurs, je vais y prendre ma pause casse-croûte, tiens !
Baulmes est un petit village tout aussi paisible blotti au pied du Jura. La ligne de chemin de fer Yverdon - Sainte-Croix passe par ici avant de monter par les gorges de Covatanne.
Quittant le village vers le sud-est, la Via Francigena nous conduit à travers une plaine agricole dont une partie était recouverte de marais, jusqu'au XIXè siècle.
En se retournant, on voit encore mieux la situation du village au pied des monts du Jura. À droite du village, les bandes jaunâtres sont Les Rapilles, des éboulis classés en zone Pro Natura pour la végétation particulière qui y pousse. C'est aussi un espace de nidification pour les reptiles et une importante colonie de Chamois y vit.
On contourne un petit relief boisé appelé le Crau pour gagner le Champ des Vignes, une élévation dans cette plaine agricole.
Oh ! Mais les pèlerins se reproduisent comme les lapins, ici ! Me voilà rejoint par mes amis Lenny et Zeno accompagnés d'un troisième comparse ! Et comment se fait-il qu'ils étaient derrière moi !?
En fait, ils se sont arrêtés dans une auberge de Baulmes pour y déjeuner et y ont retrouvé Tristan, un chanteur d'opéra londonien qui connaît bien Lille pour y être déjà venu chanter à plusieurs reprises !
Trois pèlerins, ça mérite bien deux photos !
Du Champ des Vignes, nous bénéficions d'une vue dégagée sur la plaine de l'Orbe. On aperçoit aussi Rances, prochain village traversé.
Eh ! Mes trois compères ont déjà détalé ! Comme des lapins, je vous disais...
Rances est un petit village champêtre où, à ma grande surprise, je retrouve mes trois pèlerins affalés sur les bords d'une fontaine. Rien ne sert de courir...
Bon, Tristan est blessé aux pieds depuis plusieurs jours, il reprendra la route plus tard alors que je poursuis avec Lenny et Zeno sur un rythme plus tranquille.
Nous quittons Rances en direction de Valeyres-sous-Rance par la vallée du Mujon. À ma grande surprise, le flanc de la vallée exposé au sud est couvert de vignes !
Valeyres-sous-Rances est le village le plus charmant traversé depuis le départ. Il doit peut-être son cachet au fait qu'il était le lieu de villégiature de l'élite bernoise du XVIè au XVIIIè siècle.
À la sortie ouest, nous escaladons une petite colline dominant les environs. Bon, quand j'écris "nous", je devrais plutôt dire "je" parce que mes deux compagnons de route m'ont lâchement abandonné pendant que je flânais dans le village !
Ainsi va la vie...
Sur cette colline trône l'église évangélique réformée. Une superbe petite église de style roman datant du XIè-XIIè siècle.
Le site de l'église est aussi un excellent point de vue sur la plaine de l'Orbe.
Nous quittons l'église par un petit sentier longeant la crête au-dessus des vignes des Tappes. On en prend toujours plein les yeux !
Dans le fond de la vallée, au loin sur le chemin, arrivant presque sous le pont de l'autoroute A9/E23, j'aperçois deux petits points noirs avancer.
Ce sont Lenny et Zeno ! Mais que font-ils là ? J'ai envie de leur crier que ce n'est pas le bon chemin mais à cette distance ce serait peine perdue. Puis, après tout, ce sont des grands enfants, n'est-ce pas ?
J'apprendrai plus tard qu'ils avaient l'intention de visiter les superbes mosaïques romaines d'Urba...
Pour ma part, je continue sur la crête, à travers le Bois des Chênes.
Après être passé par le tunnel artistique sous l'autoroute A9/E23, nous longeons le bois de Châtillon et arrivons aux abords du village de Montcherand par le Creux au Loup.
Après la traversée de la route 132, nous apercevons Orbe dans le creux de la vallée. L'arrivée est proche et le chemin jusque-là peut être intéressant puisqu'il ne reste plus qu'à parcourir les gorges de l'Orbe.
Bon, la beauté des gorges de l'Orbe n'a rien à voir avec celle des gorges de Nouailles mais voilà quand même une fin d'étape bien sympathique.
Je termine la randonnée à proximité de la gare d'Orbe alors que le camping se trouve à l'autre extrémité de la ville. Comme je ne suis pas sûr d'y retrouver Lenny et Zeno et que mon train est remplacé par un bus à cause de travaux sur la ligne, je choisis de rentrer directement à Yverdon-les-Bains.
Appréciation du parcours :
Après la sublime étape de vendredi, entre Pontarlier et Sainte-Croix, il est évidemment difficile de tenir la comparaison. Il n'y a pas dans celle-ci de points de vue fabuleux, ni de patrimoine réellement exceptionnel et pourtant j'ai pris du plaisir à la faire.
Et même si elle se passe majoritairement sur le bitume, pour une fois, ça ne m'a pas contrarié ! Disons que c'était une belle étape de transition avant de rejoindre le lac Léman...
Yverdon-les-Bains
Depuis vendredi, je vous parle régulièrement d'Yverdon-les-Bains, la ville où j'ai établi mon camp de base de samedi fin de journée jusque demain mardi. Alors, je vous y emmène pour une courte visite qui vous donnera peut-être l'envie d'aller la découvrir vous aussi.
Yverdon-les-Bains est une des plus anciennes villes de Suisse, son passé remontant à plus de 6.000 ans ! En 1878, on découvrit à l'est de la ville 45 statues-menhirs datant de l'âge du Néolithique. Ils sont visibles dans un parc au bord du lac.
Le château et le centre-ville, que vous pouvez voir sur les photos ci-dessous, datent, eux, du XIIIè siècle. Le casino-théâtre fut quant à lui construit en 1898.
Au XVIIIè siècle, ses sources thermales donnent un élan supplémentaire à la ville.
Yverdon est installée sur l'embouchure de la Thièle, au bord du lac de Neuchâtel. Cet axe fluvial a joué un rôle important dans le développement économique de la ville.
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Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :