15 Septembre 2023
Retour à une distance plus raisonnable ce vendredi, sur la Via Francigena. Ce ne sont en effet "que" 22 kilomètres qui nous attendent pour cette étape entre Fiorenzuola d'Arda et Fidenza.
Et toujours pas de dénivelé digne de ce nom puisque nous évoluerons toujours dans la plaine du Pô.
Allons découvrir cela sans plus attendre.
Nous nous étions arrêtés hier au croisement du Corso Giuseppe Garibaldi et de la Viale della Liberazione, à Fiorenzuola d'Arda. C'est donc logiquement d'ici que nous démarrons aujourd'hui cette étape. Mais pourquoi avoir choisi cet endroit ?
Tout simplement parce que, à cet endroit, l'itinéraire officiel de la Via Francigena diffère de celui qui figure sur ma carte IGN de référence. Mais le fléchage en place correspond bien à l'itinéraire officiel. Vous seriez alors probablement bien inspirés de fixer l'arrivée/départ à un autre endroit.
Et pourquoi pas sur la jolie piazza fratelli Carlo e Giovanni Molinari que le parcours officiel nous permet de visiter moyennant un tout petit détour ? S'y dresse la collegiata di San Fiorenzo.
L'érection de la collégiale débute à la fin du XIIIè siècle mais les travaux avancent si lentement qu'elle est seulement consacrée le 15 octobre 1525 ! Il aura fallu pour cela que l'évêque de Piacenza accorde des indulgences aux donateurs sinon Dieu seul sait quand elle l'aura été !
A sa gauche, séparé de l'édifice, le clocher repose sur une base romaine tandis que le haut date du XVIIIè siècle. A droite, contigu à la collégiale, se trouve le presbytère, construit en 1892. Si vous êtes à la recherche d'un logement pour pèlerins, vous pouvez vous y adresser.
Face à la collégiale, on peut observer le belvédère, perché au-dessus d'un palais du XVIIIè siècle.
Revenus sur le Corso Giuseppe Garibaldi, nous poursuivons jusqu'à la Piazza dei Caduti (Place des Morts, en français). On y trouve logiquement un monument aux morts, honorant les victimes locales de la Première Guerre Mondiale.
Dans la foulée, nous traversons en diagonale le parc adjacent pour nous diriger vers la gare. Un passage sous voies nous permet d'atteindre le parking du cimetière.
Là se termine la courte visite de Fiorenzuola d'Arda qui mériterait pourtant qu'on y passe un peu plus de temps. La ville possède en effet aussi quelques palaces et autres monuments dignes d'intérêt.
Du cimetière, nous partons plein est en direction de Chiaravalle della Colomba.
Jusqu'au cimetière de ce hameau d'Alseno, nous marchons le long de petites routes de campagne peu fréquentées sur une distance de 4,3 kilomètres.
A partir du cimetière, nous bénéficions d'un accotement, mais c'est toujours de l'asphalte...
En lisière est de la petite bourgade, nous arrivons dans un lieu incontournable de cette étape, le domaine de l'abbaye cistercienne de Chiaravalle della Colomba !
Il faut toutefois d'abord traverser une cour entourée de bâtiments dont l'origine et le rôle (sauf l'auberge et le bar) me restent inconnus...
... avant de découvrir les bâtiments de cette remarquable abbaye cistercienne !
C'est le contraste entre la simplicité de l'édifice et la richesse de ses fresques qui m'aura le plus marqué dans l'église dont la construction initiale débute en 1145 pour s'achever deux siècles plus tard !
Qui dit abbaye cistercienne fait référence bien sûr à Saint Bernard de Clairvaux, le fondateur de l'Ordre cistercien, et à l'abbaye de Clairvaux que nous avons eu la chance de visiter lors de la superbe étape de Baroville à Orges (voir l'étape de la Via Francigena du 18 juin 2021).
C'est naturellement de cette abbaye qu'arrivent ici les douze moines qui composeront la première communauté.
L'abbaye aura traversé les siècles non sans difficultés. Ainsi, en 1769, les moines doivent quitter les lieux. Bien qu'ils puissent y revenir quelques années plus tard, ils en seront de nouveau chassés lors de l'occupation napoléonienne au début du XIXè siècle.
Il faudra attendre 1937 avant de voir l'abbaye récupérer ses droits. A ce moment, les bâtiments sont en piteux état. Un long processus de restauration commence alors. Il continue encore aujourd'hui sous l'impulsion de l'Etat qui en est devenu propriétaire en 1976.
Malgré les difficultés et les conflits, l'abbaye s'agrandit au cours des siècles. Au XIVè-XVè siècles, on adjoint un superbe cloître à l'abbatiale. La centaine de colonnes qui soutiennent les murs extérieurs des vestibules sont taillées dans du marbre de Vérone.
Au XVIIè et XVIIIè siècles, le complexe s'est encore considérablement agrandi. Peut-être s'agit-il des bâtiments disposés autour de la cour traversée en arrivant ?
Du cloître, un escalier permet d'accéder à l'ancien dortoir des moines, aujourd'hui transformé en espace d'exposition permanent.
Il est possible de faire estampiller sa crédenciale au secrétariat de l'abbaye, situé juste avant la sortie quand on sort par le cloître. Mais soyez indulgents avec le secrétaire ! Je vous raconte l'anecdote que j'ai vécue...
Dans le cloître, je rencontre un abbé à qui je demande où je peux faire tamponner ma crédenciale. Il m'emmène au secrétariat où visiblement ne se trouve pas le secrétaire...
Nous sortons... Il commence à hurler comme un beau diable dans l'abbaye... Nous regagnons le cloître où le serviteur de Dieu continue à vociférer ! Je croyais pourtant que nous étions dans un lieu de recueillement...
A l'autre bout du cloître, une porte s'ouvre... La tête d'un homme visiblement de petite taille apparaît... Et l'autre de hurler encore plus ! L'homme, effectivement de petite taille et handicapé, arrive péniblement en claudiquant et se joint à nous jusqu'au secrétariat sous les éructations de l'abbé.
Là, l'abbé... oui, l'abbé !... se saisit de ma crédenciale et y appose le fameux tampon qui se trouvait sur le bureau du secrétaire !!! Vous avez dit serviteur de Dieu ?
Il est temps de reprendre la route. Après une petite visite à l'original monument aux morts de toutes les guerres, nous longeons le côté nord de l'abbaye.
C'est l'occasion de vous parler de la légende qui entoure la construction de l'église à laquelle ferait référence la colombe.
Lorsque les moines commencent à construire l'église, une colombe vient tourner autour d'eux pour attirer leur attention. Elle ramasse des fétus de paille et va les déposer 300 mètres plus au nord, délimitant ce qui devait être le bon emplacement pour la construction de l'église. Comprenant cela, les moines bâtirent l'église à l'endroit que nous connaissons aujourd'hui !
En quittant l'abbaye, nous retrouvons de petites routes asphaltées pendant près de 4 kilomètres à travers la campagne.
Rien de bien notable... En chemin, nous passons au-dessus de l'autoroute A1 Autostrada del Sole et du Torrente Ongina. Bon, on peut quand même relever qu'une centaine de mètres après le torrent, nous quittons la province de Piacenza pour celle de Parme.
L'Ongina se jette dans l'Arda à quelques encablures du confluent de celui-ci avec le Pô, à une quinzaine de kilomètres au nord de là où nous le franchissons.
C'est enfin au bout de 10 kilomètres, à la sortie de Stramaglia, un hameau de Busseto, que nous quittons l'asphalte ! C'est du fin gravier, certes, mais beaucoup plus confortable pour les marcheurs que nous sommes !
A peu près à mi-étape, à Consolatico Superiore, nous avons la chance d'être accueilli par une famille généreuse ! Même s'il n'y a personne au moment de notre passage, nous pouvons bénéficier d'une belle petite aire de repos.
Arrivé là sur le coup de midi, j'en profite d'ailleurs pour y casser la croûte en toute tranquillité !
Malheureusement, ce tronçon hors asphalte se termine déjà au bout de quelques centaines de mètres. Deux petits kilomètres en tout et pour tout car il n'y en aura plus d'ici la fin de l'étape...
C'est donc par la route que nous arrivons à Castione Marchesi, un hameau de Fidenza.
Si le nom du hameau de Castione Marchesi vient du château qui s'y trouvait à l'époque médiévale, il est sans doute maintenant plus connu pour le monastère de Santa Maria Assunta.
Il est construit en style roman entre 983 et 1020. L'église nous est arrivée telle quelle malgré quelques modifications intérieures apportées par des travaux de rénovation aux XVIIè et XXè siècles, tandis que le monastère fut reconstruit en 1476 et partiellement détruit sous l'occupation napoléonienne.
A l'écart du parcours de la Via Francigena, au sud-ouest du bourg, se trouve aussi une ancienne abbaye qui connut des fortunes diverses.
Construite en 1033 dans un but défensif, elle est détruite en 1325. Reconstruite un siècle plus tard, elle sert de résidence pour l'abbé du monastère, puis comme ferme à partir de 1810. Aujourd'hui elle n'est plus que ruines...
En repartant en direction de Fidenza, nous bénéficions d'une belle vue d'ensemble du monastère.
Au bout de 3 kilomètres de route, nous traversons Bastelli, un autre hameau de Fidenza...
Et enfin 4,5 autres kilomètres sans grand intérêt pour arriver au parking de la gare de Fidenza, fin d'étape !
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Vous voulez revivre cette étape en vidéo 3D ? C'est ici :
Appréciation du parcours :
Juste sauvée par les deux remarquables monastères situés sur son parcours, cette étape ne restera pas dans mes meilleurs souvenirs de la Via Francigena.
La faute à un parcours quasi entièrement sur asphalte et peu varié. Heureusement, les routes empruntées sont peu fréquentées. Maigre consolation...
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Comment rejoindre cette étape ?
J'avais choisi de loger à Parme pour les raisons exposées hier, soit sa situation sur les axes ferroviaires qui auraient dû me permettre de rejoindre le départ de l'étape en train et d'en revenir en train également.
Hélas, le logement que j'ai trouvé se trouve loin de la gare et le quartier est mal desservi par les transports en commun. Alors, on se dit que prendre la voiture jusque-là est un moindre mal...
Malheureusement, renseignements pris, le parking de la gare de Parme serait infréquentable ! Ce serait un repaire de drogués et de voleurs ! Les dégâts aux voitures seraient fréquents. Je l'écris au conditionnel car je n'ai bien sûr pas testé !
Je me suis résolu à rejoindre en voiture la gare de Fidenza où le parking semble plus accueillant même si j'y ai vu un homme loger dans sa voiture. En tout cas, la mienne est restée sur le parking toute la journée sans connaître le moindre problème.
Et j'ai donc pris le train pour rejoindre le départ de l'étape à Fiorenzuola d'Arda.
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Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi.