28 avril 2023 - La Via Francigena de Santa Cristina à Orio Litta

Nous voici donc à la dixième et dernière étape de notre périple printanier sur la Via Francigena. Tout à l'heure, à l'arrivée à Orio Litta, nous aurons ainsi parcouru 225 kilomètres dont plus ou moins 160 dans la Plaine du Pô.

Administrativement, nous quittons la province de Pavia pour terminer dans la province de Lodi, après un court passage par la province de Milan. Et donc, forcément, nous quittons aussi le Pavese.

La gare de Santa Cristina e Bissone se trouvant hors agglomération, nous nous élançons directement dans la campagne lombarde pour un périple de plus ou moins 16 kilomètres.

Dans un premier temps sur la digue bordant le Canale Deviatore Acque Alte, parallèlement à la ligne de chemin de fer Pavia - Crémone...

... puis, après la traversée de la route provinciale, entre le canal et la voie ferrée.

Au bout d'un kilomètre, nous repassons le canal pour obliquer en direction de Miradolo Terme.

Le chemin est superbe et très agréable. Voilà une belle entrée en matière !

Nous entrons dans Miradolo Terme côté cimetière et son imposant portique. Comme nous avons démarré très tard, nous faisons ici une pause casse-croûte.

Vous l'aurez sans doute deviné, Miradolo Terme doit son nom aux thermes présents sur son territoire.

C'est le roi Louis XII de France, en 1511, qui donna l'autorisation officielle d'utiliser les sources d'eau salée de la commune à des fins thérapeutiques. Jusqu'alors, elles n'étaient utilisées que pour conserver les aliments.

De tout ça, nous ne verrons rien en traversant le village. Juste une église qui n'est d'ailleurs pas l'église paroissiale.

Nous quittons Miradolo Terme par la Strada dei Baratti en direction de Camporinaldo, son unique hameau. Nous disposons d'une voie réservée aux piétons et cyclistes.

Au nord, une colline barre l'horizon. La collina de la Croce, c'est son nom, est une vraie colline et non le bord de la terrasse alluviale que nous avons tutoyée les jours précédents. Elle est aujourd'hui isolée mais les géologues pensent qu'elle faisait partie d'un relief vallonné érodé par les différents cours d'eau au fil des siècles.

La colline accueille la ville de San Colombano al Lambro qui a la particularité d'être une enclave de la province de Milan coincée entre celle de Lodi et celle de Pavia.

Nous traversons Camporinaldo.

Si nous sommes ici encore administrativement dans la province de Pavia, la chiesa parrochiale di Maria Santissima Annunziata fait, elle, partie du diocèse de Lodi.

La Strada Provinciale 234 marque la lisière sud de Camporinaldo mais aussi la limite administrative avec la commune de Chignolo Po vers laquelle nous nous dirigeons maintenant.

Nous empruntons alors un chemin de campagne traversant des champs en friche.

Au bout de 700 mètres, nous retrouvons le Canale Deviatore Acque Alte du début d'étape. Après l'avoir franchi, nous le suivons un court moment avant de repartir à travers champs.

Pendant tout le parcours, nous bénéficions d'une belle vue sur la collina de la Croce. Mais c'est surtout, à l'opposé, la vue de ce qui ressemble à un château qui nous interpelle...

Nous entrons dans Chignolo Po par la Via Cusani Visconti. Lorsque la vue se dégage, les choses se précisent, il s'agit bien d'un magnifique château !

En 990, Sigéric, lors de son voyage retour vers Canterbury, avait déjà mentionné ici la présence d'un château appartenant à l'abbaye de Santa Cristina. Mais il ne s'agit pas de celui-ci.

Ce superbe palais que nous avons sous les yeux date, lui, du début du XVIIIè siècle. Il est le résultat de l'embellissement et de l'agrandissement de l'ancien château effectués entre 1700 et 1730 et financés par le cardinal Agostino Cusani Visconti.

Séjournaient ici papes, empereurs et rois au point que le palais était appelé le Versailles de Lombardie ! Napoléon Bonaparte et l'empereur d'Autriche François Ier de Habsbourg y ont séjourné et un appartement était dédié au pape Clément XI.

Aujourd'hui, il serait propriété de l'Ordre de Malte.

Des visites guidées sont organisées mais les photos sont interdites. Vous pouvez aussi y organiser votre mariage mais ça vous le comprendrez aisément, je pense, en visitant le site web du château dont je vous partage le lien ci-dessous.

Et si vous voulez m'inviter à votre mariage, utilisez simplement le formulaire de contact de mon blog. Pas besoin de chichis, hein !

Je vais profiter du trajet vers Lambrinia, un hameau de Chignolo Po pour vous raconter une anecdote.

Vous connaissez Guignol, la marionnette en bois, je suppose. Mais savez-vous que son histoire remonte jusque Chignolo Po ?

Au XVIè siècle, François Ier recruta des tisserands du Piémont et de Lombardie pour développer l'industrie de la soie en France. Et plus particulièrement à Lyon.

Parmi eux se trouvaient des Chignolesi, soit des habitants de Chignolo Po. Après le travail, ils organisaient des fêtes avec de petites marionnettes à tête de bois que les Français appelèrent Chignoles.

Quand Laurent Mourguet créa Guignol, au début du XIXè siècle, il s'inspira des Chignoles !

Le hameau de Lambrinia abrite une église dédiée à Saint-Antoine de Padoue érigée en 1946.

Dans Lambrinia, la version officielle de l'itinéraire de la Via Francigena (*) dont nous disposons nous indique de continuer tout droit dans la Via Bellaria pour ensuite emprunter un chemin sur la rive droite de la rivière Lambro.

Ça aurait pu être sympathique mais à l'entrée de la rue, le fléchage nous indique de prendre à gauche dans la Via Mariotto.

Pourquoi ? Eh bien, nous sommes allés voir, rien que pour vous. Au bout de la Via Bellaria, qui est une voie sans issue, le chemin que nous devions emprunter pour rejoindre la rivière n'existe plus. Il est dorénavant occupé par une propriété privée.

(*) Au 11 novembre 2023, le site officiel de la Via Francigena tenait dorénavant compte de cette modification d'itinéraire.

La mort dans l'âme, nous empruntons donc la Via Mariotto. Où nous croisons pour la troisième fois le Canale Deviatore Acque Alte. Pour la dernière fois cela dit puisqu'il se jette dans le Lambro quatre cents mètres plus bas.

Au bout de la Via Mariotto, nous traversons la ligne de chemin de fer Pavia - Cremone. Cinquante mètres plus loin, au carrefour, nous quittons la province de Pavia pour la province de Milan. Nous sommes alors sur le territoire de San Colombano al Lambro.

Encore une centaine de mètres et nous retrouvons la Strada Provinciale 234 que nous suivons par la droite. Heureusement, un petit sentier aménagé derrière la barrière de sécurité nous protège du trafic.

Puis, nous découvrons le Lambro. Long de 130 kilomètres, il passe par les villes de Monza et Milan pour ne retenir que les plus importantes.

Ici, à moins de 4 kilomètres de son confluent avec le Pô, il n'est pas du tout recommandé de s'y baigner, ses eaux étant extrêmement polluées !

Nous traversons le Lambro. Pas à la nage, donc !

Au milieu du pont, nous changeons à nouveau de province. Cette fois, nous sommes sur le territoire d'Orio Litta, en province de Lodi. Par la même occasion, nous quittons le Pavese.

Après le pont, nous empruntons la digue sur la rive gauche du Lambro, en direction du Pô. Le paysage est très beau et le chemin très agréable mais nous sommes assaillis par des nuées de mouchettes !

Nous suivons ainsi la digue sur 1.300 mètres puis nous bifurquons à gauche vers Orio Litta que nous atteignons au bout d'un peu plus de 16 kilomètres de marche.

Nous arrêtons le chrono et le GPS au pied de la Grange Bénédictine, une auberge abritant les pèlerins de la Via Francigena. Nous nous y rendons d'ailleurs pour faire tamponner nos credencials et qui y retrouvons-nous !? Le couple de Hollandais que nous avions croisé à Tromello le 25 avril !

Nous terminons ici notre périple de dix jours sur la Via Francigena en Italie.

Nous avions pensé faire aussi l'étape suivante qui nous aurait emmenés jusque Piacenza si nous avions pu disposer du bateau au gué de Sigéric, à Corte Sant'Andrea.

En effet, à cette période-ci de l'année, nous avions pensé qu'il y aurait assez d'eau sur le Pô pour que la traversée soit opérationnelle. Mais renseignements pris, le service n'existerait plus par suite des trop nombreuses périodes de sécheresse (*).

Nous décidons donc de rentrer à la maison.

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(*) Attention, il s'avèrera plus tard que cette information était erronée ! Nous en reparlerons.

Vous voulez revivre cette étape en vidéo 3D ? C'est ici :

Appréciation du parcours :

Comme hier, nous aurons encore passé beaucoup de temps sur les routes puisqu'exactement la moitié du parcours se passe sur asphalte. Mais ce serait vraiment faire la fine bouche si nous ne reconnaissions pas qu'il s'agissait quand même d'une belle étape.

Cerise sur le gâteau, nous avons découvert l'existence du Versailles de Lombardie et ce palais magnifique vaut bien le déplacement !

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Comment rejoindre cette étape ?

Depuis trois jours, nous logeons à Pavia et la Via Francigena passe par la gare de Santa Cristina e Bissone, sur la ligne Pavia - Crémone. Quoi de plus facile donc que de rejoindre l'étape en train ?

Orio Litta dispose aussi d'une gare. Elle est toutefois à un peu plus d'un kilomètre de la Grange Bénédictine, à l'écart de l'itinéraire de la Via Francigena, mais ce n'est pas le bout du monde non plus.

Pavia recèle de tellement de monuments qu'il est intéressant d'y séjourner plusieurs nuits. Cela permet, chaque jour, au retour de randonnée et si on en a encore le temps et le courage, de visiter cette magnifique cité.

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Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi. J'ai toutefois enlevé la reconnaissance de la Via Bellaria, à Lambrinia :