18 Mai 2023
Remarque : les photos de ce récit datent du 3 mai 2022, à l'exception de celles de la villa Marguerite Yourcenar prises ce 18 mai 2023.
Accaparé par mes tribulations sur la Via Francigena, cela fait déjà un bout de temps que je n'ai plus publié ici de randonnée dans les Hauts-de-France. Pourtant, sur les 1.100 kilomètres parcourus en moyenne chaque année, dont seulement 400 sur la Via Francigena, ce n'est pas faute d'y marcher.
Dès lors, pour corriger ce manquement, je vous partage un circuit en Flandre française que j'aime beaucoup et que j'arpente donc au moins une fois chaque année.
Il s'agit d'une boucle de mon cru d'une vingtaine de kilomètres au départ de Saint-Jans-Cappel passant par le Mont des Cats et le Mont Noir avec un dénivelé positif intéressant de 275 mètres.
Le départ se prend de la salle de sport de Saint-Jans-Cappel, chemin Haut, non loin de la Mairie.
La commune revendique son caractère flamand et adhère d'ailleurs à la charte « Ja om ‘t vlamsch / Oui au flamand » dont un des objectifs est de promouvoir la langue flamande.
Aujourd'hui, j'ai la chance d'être accompagné de Laëtitia, ma partenaire de randonnée.
Justement, parlant de la Mairie, nous passons devant elle. L'église Saint-Jean-Baptiste se dresse au bout de la ruelle contiguë. Nous en reparlerons en fin de randonnée.
Au bout du chemin Haut, nous bifurquons à droite dans la rue Marguerite Yourcenar.
Arrivés dans les campagnes, Bailleul se découpe sur l'horizon à notre gauche. A droite, le Mont des Cats se reconnaît à sa grande antenne rouge et blanche.
Au bout de 800 mètres, nous empruntons le chemin de la Main Bleue, vers la gauche, pour décrire comme un U à travers la campagne flamande en revenant sur la rue Marguerite Yourcenar un peu plus loin.
Sur notre gauche, l'église Saint-Jean-Baptiste nous semble déjà bien loin. Derrière Saint-Jans-Cappel, le Mont Noir barre l'horizon avec ses 152 mètres d'altitude. Mont Noir qui doit son nom aux pins noirs qui le couvrent.
De retour sur la rue Marguerite Yourcenar, nous bifurquons à gauche, direction sud-ouest. Et nous continuons sur le chemin de terre situé dans son prolongement.
Un chemin qui peut s'avérer très boueux après un épisode pluvieux. Ce n'est heureusement pas le cas aujourd'hui.
Au bout du chemin, nous prenons à droite. Nous quittons non seulement Saint-Jans-Cappel pour Méteren mais nous abandonnons aussi la plaine pour nous attaquer aux premiers reliefs.
Oh, ce n'est pas le Mont des Cats, nous en sommes encore loin, mais il ne faudrait pas négliger toutes ces bosses a priori anodines qui, accumulées, finiront par se faire sentir physiquement.
À la D 318, nous avons continué tout droit sur le Chemin du Vierayms.
Celui-ci forme trois côtés d'un trapèze rectangle dont le quatrième côté, celui de droite, est constitué par la D 318. Houlaaa... Nous voilà en train de faire de la géométrie en randonnant, maintenant !
Bon, quoiqu'il en soit, au bout du côté ouest du trapèze, nous tournons à gauche en direction du Mont des Cats. Allez, je suis gentil, je vous mets un plan.
À la fin du chemin de terre, nous bifurquons à gauche. 200 mètres plus loin, à droite. Puis 400 autres mètres, à gauche sur la Dweerstraete.
Nous descendons alors jusqu'au Méteren Becque, un petit ruisseau que nous longeons vers la droite sur un sentier en bordure de champ.
Le sentier rentre dans la lisière du bois, en ressort 300 mètres plus haut, et finit par déboucher sur le sommet de la colline. Dernière bosse avant d'attaquer (enfin ?) l'ascension du Mont des Cats.
L'ascension du Mont des Cats se passe en deux temps. Nous commençons par suivre le Chemin de la Confiscation. Certes, ça grimpe, mais ça reste raisonnable. N'est-ce pas Laëtitia ?
C'est du haut de ce chemin, avant le S final, que nous bénéficions du plus beau point de vue sur la région. Les photos ne rendent malheureusement pas bien le relief mais le panorama vaut vraiment la peine.
Par beau temps, on peut apercevoir nettement les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle qui sont pourtant à 38 kilomètres d'ici ! Bon, ce sont peut-être ceux de Haillicourt, mais eux sont quand même à 35 kilomètres...
La deuxième partie de l'ascension est beaucoup plus ardue. Nous montons (escaladons ?) une petite rue qui, mutée en sentier, débouche 200 mètres plus loin au pied du relais de télévision.
Au sommet, à 164 mètres d'altitude, nous pouvons entrevoir le monastère du Mont des Cats. Mais nous ne passerons pas devant.
Il est intéressant de noter que le sommet du mont se partage entre trois communes : Méteren au sud, Berthen au Nord, et Godewaersvelde à l'ouest. C'est d'ailleurs sur cette commune que se situe le monastère.
Avant 1918, quatre moulins étaient présents sur le mont :
Si nous ne passons pas devant le monastère, c'est parce que nous entrons dans le bois de l'Abbaye ou bois de l'Ermitage (on trouve les deux appellations) en direction de la chapelle de la Passion.
En avril et jusque début mai, le sol est ici tapissé de jacinthes des bois. C'est tout simplement magnifique !
La chapelle de la Passion telle que nous pouvons la voir aujourd'hui date de 1896. En 1819, un premier édifice, la chapelle du Noyer, est construit à cet emplacement pour abriter un crucifix sauvé en 1793 de la Révolution française.
En 1857 toutefois, l'édifice initial est détruit au profit d'un plus résistant. La ferveur grandissant, il faut ajouter une travée aux deux déjà existantes. Ce sera fait en 1896, donc.
À la fin du XIXè siècle, la croyance populaire fait qu'on vient y prier pour être protégé des fièvres. Cette pratique perdure encore aujourd'hui. À l'arrière de la chapelle, les bouts de tissus accrochés à une grille représentent les personnes qui n'ont pu faire le déplacement jusqu'ici.
Nous contournons la chapelle par la gauche pour descendre du Mont des Cats par l'arrière et rejoindre ainsi le Chemin du Peenacker, une petite route asphaltée.
Dans le bois, de nombreux chemins divergent. Il conviendra d'être attentif au GPS.
Au bout de 300 mètres sur le Chemin de Peenacker, nous le quittons déjà vers la droite pour emprunter un sentier en lisière de champ. Nous aurons ainsi pratiquement fait le tour du Mont des Cats.
Et nous lui tournons définitivement le dos en nous engageant plus loin sur le Chemin d'Ypres.
Un petit coucou aux moutons et nous descendons dans la vallée du Ruisseau du Mont des Cats.
Après le ruisseau, au sommet du flanc de la vallée, nous prenons à droite sur le Chemin de la Fontaine. Avec le Chemin du Rossignol que nous empruntons dans la foulée, c'est la plus longue portion asphaltée de la randonnée. 2,4 kilomètres au total.
Il s'agit toutefois de petites routes très peu fréquentées et nous y bénéficions de belles vues sur la campagne flamande et... sur le Mont des Cats. Quoi ? J'ai dit qu'on lui tournait le dos définitivement et ça reste vrai, non ?
Au bout du Chemin du Rossignol, nous débouchons sur la D 10 au lieu-dit Meersch Houck.
Il faudra être prudent en suivant la Départementale pendant 300 mètres avant de bifurquer à droite en direction du Mont Noir.
Le Ruisseau du Mont des Cats, que nous retrouvons, constitue la limite entre Berthen et Saint-Jans-Cappel. Le chemin de terre s'élève vers le Pot au Lait en passant par La Levrette, deux lieux-dits.
Ici aussi malheureusement les photos ne font pas honneur à la beauté du paysage.
De La Levrette, en regardant vers le nord, nous pouvons apercevoir des houblonnières caractérisées par leurs structures en bois sur lesquelles poussent le houblon que les amateurs de bière connaissent bien.
Ces houblonnières se trouvent en réalité sur le territoire de Boeschepe, une terre de tradition pour le houblon. Cultivé ici depuis l'Antiquité, il est devenu une spécialité de la région à l'époque romaine.
Les houblons français étaient très appréciés, considérés comme les plus raffinés au monde. Malheureusement, sur les 1.000 hectares que possédait la Flandre française en 1900, il n'en reste plus aujourd'hui que 28.
En 1960, quand les premières machines apparurent, beaucoup d'exploitants n'avaient pas les moyens d'investir et cessèrent dès lors leur activité.
Du Pot au Lait, nous descendons vers Saint-Jans-Cappel par la Rue Chieux. Il est toutefois trop tôt pour rejoindre l'arrivée ! Nous avons encore le Mont Noir à parcourir et ce serait dommage de manquer ça !
Alors, en bas de la rue, dans le creux de la vallée, nous tournons résolument à gauche en direction de l'Etang des Trois Fontaines.
À l'entrée de la propriété, un portique à gauche donne accès au Site Départemental Marguerite Yourcenar. À mi-pente, nous passons à hauteur d'une ancienne ferme flamande.
Un peu plus haut, nous découvrons la villa Marguerite Yourcenar.
Née à Bruxelles en 1903 et décédée aux Etats-Unis en 1987, première femme élue à l'Académie française, en 1980, elle passe ici une partie de son enfance. Fervente militante en faveur de la protection de la faune et de la flore, il n'est pas étonnant que l'ancienne propriété familiale, rachetée par le Département du Nord, soit aujourd'hui un parc naturel.
La villa, quant à elle, est une résidence où sont accueillis chaque année une vingtaine d'écrivains. Son objectif premier est le soutien à la création littéraire contemporaine. Des conférences et des rencontres avec les écrivains sont organisées tout au long de l'année.
Une série de panneaux disséminés le long du chemin vous explique tout sur le site et sur Marguerite Yourcenar.
Nous prenons alors le chemin passant sur la gauche de la villa et un peu plus loin à hauteur du portail d'entrée du domaine que nous laissons sur notre gauche.
Le chemin court à l'horizontale sur le flanc du mont. Une trouée dans les arbres nous offre une vue imprenable sur Saint-Jans-Cappel.
Nous suivons en fait le sentier des Jacinthes, un véritable enchantement dans sa traversée du bois en tout cas. Au pied du mont, la traversée d'un affluent du Becque du Mont Noir peut s'avérer être un véritable bourbier après une période humide.
Nous quittons le Parc Départemental en direction de Saint-Jans-Cappel par le creux de la vallée.
Descendant de la rue de la Blanchisserie, nous aboutissons à l'église Saint-Jean-Baptiste. J'aime particulièrement son clocher en forme de donjon.
On connaît peu de choses de cette église construite initialement en 1557. Elle fut brûlée par les gueux à une époque non précisée et sans doute subit-elle aussi des dégâts lors de la Première Guerre Mondiale.
En effet, en mars 1918, les Allemands déclenchent une vaste offensive depuis la ligne Armentières - La Bassée. Début avril, le village subit un bombardement qui détruit et incendie la plupart des habitations. Il faudra dix ans, après la guerre, pour tout reconstruire.
De l'église, il ne faut que deux-trois minutes pour rejoindre l'arrivée à la salle de sport.
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Si vous voulez revivre en vidéo 3D cette randonnée telle que je l'avais faite le 3 mai 2022 (donc sans le passage par la villa Marguerite Yourcenar), c'est ici :
Appréciation du parcours :
Les photos ne font pas honneur à cette randonnée. C'est comme si elles écrasaient le relief, rendant par là le parcours moins spectaculaire.
Avec cette randonnée, vous aurez un panel complet de ce que propose la Flandre française sur le plan paysager, partagée entre plaine agricole et hautes collines.
J'aime particulièrement ce parcours pour sa variété à laquelle contribuent de nombreux changements de direction et des bosses successives. Je vous le garantis, on ne s'ennuie jamais !
Il faudra toutefois faire attention de bien se protéger lors des journées ensoleillées. Il n'y a pas d'ombre en-dehors des monts pour se mettre à l'abri. Et quand il a plu, certains passages peuvent se révéler très boueux.
D'aucuns se plaindront peut-être d'une présence trop importante de portions asphaltées. Ceux qui me suivent savent que ce n'est d'ailleurs pas ma tasse de thé mais, dans la région, il est impossible de les éviter.
Si les 21 kilomètres vous rebutent, il existe dans la région de nombreuses randonnées plus à la portée de toutes et tous. Et pour les jacinthes, rendez-vous en avril ou début mai au plus tard.
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Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :