16 Août 2023
J'avais fait connaissance avec le Doubs en y parcourant sept étapes de la Via Francigena fin août 2021 et fin mai - début juin 2022 et je suis à ces occasions véritablement tombé amoureux de ce Département pour ses superbes paysages et l'important patrimoine qu'il recèle.
Alors, quand l'occasion m'en est donnée, je ne me prive pas d'en approfondir la découverte. C'est ainsi que séjournant quelques jours à Vennes, j'ai jeté mon dévolu sur la randonnée "Val de Consolation" trouvée sur Visorando.
Je l'ai cependant un peu aménagée à ma sauce car le parcours proposait un aller-retour trop important sur le même chemin et, pour une raison qui m'est incompréhensible, escamotait la vallée du Pissoux.
Finalement, les deux randonnées font, avec un peu moins de 16 kilomètres, quasi égale distance.
Je n'ai pas changé le départ qui se prend à hauteur du pont de Montbéliardot bien qu'il serait préférable de le déplacer au centre du village.
En effet, il n'y a pas de parking à hauteur du pont et, par courtoisie, j'ai préféré demander au fermier voisin l'autorisation de laisser ma voiture sur le terre-plein devant sa ferme.
La randonnée commence donc par la découverte de cette étrange structure en béton qu'est le pont de Montbéliardot. Etrange parce que sa présence semble à première vue incongrue. Que fait ce pont au milieu de la campagne alors qu'une route existait déjà à proximité ?
Pour tout expliquer, Montbéliardot, un village de 113 habitants au recensement de 2020, partage la propriété de l'église, du presbytère, de l'école et de l'ancienne poste avec la commune du Luhier où se trouvent tous ces édifices.
Ce pont, construit au-dessus d'une vallée sèche, permet ainsi de relier directement les deux communes sans devoir descendre dans la vallée !
Nous n'empruntons pas le pont mais la route qui sort du village vers l'ouest et descend dans la vallée. Celle-là même que les gens empruntaient avant la construction du pont...
Peu avant le carrefour, dans le fond de la vallée, nous bifurquons à droite dans un étroit sentier qui escalade le talus.
Pendant 300 mètres, nous surplombons la D 20. La descente pour la rejoindre est acrobatique.
Arrivés sur la D 20, il faut la remonter quelques mètres pour emprunter ensuite un petit chemin vers la droite.
Pendant 700 mètres, nous évoluons au fond de la vallée, parallèlement à la D 20, deux ou trois mètres au-dessus de ce qui ressemble par moments à un cours d'eau asséché, à d'autres à de petits marécages.
Puis, on est surpris de ne plus voir le fond de la vallée tellement c'est arrivé soudainement !
Nous aurons l'explication au bout d'un kilomètre et demi de randonnée, quand il nous faut prendre un étroit sentier à droite. Il faut être très attentif à son GPS pour ne pas manquer la bifurcation !
On le comprend mieux en voyant la configuration particulière des lieux. Cette petite vallée que nous suivions débouche en fait sur une falaise !
La descente est vertigineuse ! En 200 mètres, nous perdons 90 mètres d'altitude. Soit une pente moyenne de 45% ! Par endroits, une main courante apporte une aide bienvenue !
Nous n'avons pas encore parcouru deux kilomètres que déjà cela s'annonce sportif !
En avançant encore un peu, nous observons une traînée orangée sur la roche. La trace laissée par le ruissellement du Pissoux.
Nous arrivons en fait au Saut du Pissoux.
Plus bas encore, un petit sentier nous emmène au pied de la cascade où une sorte d'observatoire a été aménagé.
Aujourd'hui, en pleine canicule, seul est présent un petit filet d'eau qu'on devine plus par le bruit de l'eau tombant sur la roche.
Nous continuons la progression dans la vallée du Pissoux, un monde fantasmagorique ! Quel enchantement !
Au bout de trois kilomètres de randonnée, nous découvrons une autre cascade, bien plus... fantastique... que le Saut du Pissoux ! Que l'ambiance y est étrange !
D'ailleurs, me sentant observé, je jette un œil à gauche et... que vois-je !? C'est comme si un géant pris dans la roche levait le bras droit vers moi dans l'intention de me frapper !!!
Bon, à bien y regarder, je pense qu'il s'en prend plutôt à un autre personnage, plus petit, qui semble s'interposer. Je ne sais pas ce qui lui est advenu mais merci à lui, en tout cas !
Vous me raconterez si un jour vous passez par là ?
Pendant 3,2 kilomètres, nous n'avons quasiment fait que descendre. Nous sommes ainsi passés d'une altitude de 861 mètres à 598 mètres quand le parcours nous fait alors remonter en direction de Laval-le-Prieuré.
C'est presque à regret que je quitte la vallée du Pissoux mais j'ai aussi hâte de voir ce que cette randonnée me réserve encore !
Et justement, Laval-le-Prieuré est une autre belle découverte. Ce micro-village de 35 habitants au recensement de 2020 est complètement perdu en pleine nature. Quel havre de paix !
Enfin, en tout cas quand j'y suis passé...
L'église Saint-Sulpice, inscrite au titre des monuments historiques depuis 1926, date de la fin du XVè siècle.
De conception plutôt particulière, avec un chœur et une nef de mêmes dimensions, l'église abrite plusieurs objets classés tels deux statuettes de Saint-Ferréol et Saint-Ferjeux du XVIè siècle, une croix de procession de la même époque, et une pieta du XVIIè siècle.
L'église faisait auparavant partie d'un monastère. Deux bâtiments et un cloître étaient érigés sur sa droite mais ils furent démolis au XIXè.
Dans le cimetière voisin, la croix est également inscrite aux monuments historiques.
D'ici, on dispose de belles vues sur la vallée du Dessoubre. Celle-ci constitue une des six unités paysagères qui forment le Parc naturel régional du Doubs Horloger créé en 2021.
Ce parc, dont le nom rappelle l'expertise horlogère de la région, s'étend le long de la frontière franco-suisse et couvre 1039 km².
Nous quittons Laval-le-Prieuré en prenant de la hauteur pour rejoindre un chemin en lisière de bois. Chemin qui fait d'ailleurs partie du GR® 509 - Grande Traversée du Jura (GTJ).
Tiens, peut-être à faire quand j'en aurai terminé avec la Via Francigena, non ?
Mais bon, revenons à nos moutons.
Même si l'endroit s'appelle Les Corvées, ce n'en est pas une de progresser sur ce chemin magnifique où je croise Adrien et ses enfants. Marceau, 11 ans, et Capucine, 7,5 ans, sont en randonnée pendant deux jours avec leur papa.
Bivouac à la clé, cette nuit, pour cette charmante petite famille. Quel courage ! Bravo à eux !
Les Corvées finies, nous entrons dans le Bois de Tenne. Après une courte montée, nous descendons progressivement vers le Dessoubre, que nous traversons sur le territoire de Consolation-Maisonnettes.
Nous suivons alors la rivière sur la D 377 pendant un petit kilomètre pour atteindre le monastère Notre-Dame de Consolation.
Ce n'est jamais très fun de marcher le long d'une Départementale mais la route est peu fréquentée et le décor est sympathique.
Le monastère est aussi appelé Petit Séminaire de Consolation car il servit en tant que tel entre 1833 et 1978 (avec une interruption faute d'élèves de 1906 à 1920). Il pouvait accueillir plus de cent élèves destinés à devenir missionnaires.
Il a été construit de 1671 à 1673 avec les pierres provenant des ruines du château de Châtelneuf-en-Vennes. Une église vient compléter l'édifice en 1682. Il hébergeait alors des religieux de l'Ordre des Minimes.
Ce que nous pouvons encore visiter aujourd'hui n'est toutefois pas l'église, mais la chapelle. De l'église, il ne reste que le portique situé au bout du jardin des plantes médicinales.
Dans la chapelle, on peut entre autres observer le mausolée en marbres noir, blanc et rouge de Ferdinand-François-Just de Rye, marquis de Varambon, seigneur des lieux au XVIIè siècle. On lui doit la construction du monastère à la suite d'une promesse faite à sa mère.
Depuis la fermeture du séminaire, c'est une Fondation qui gère les lieux. Des lieux à découvrir non seulement pour l'édifice mais aussi pour les nombreuses randonnées à faire dans cet espace resté tellement sauvage !
Après avoir éventuellement profité de l'aire de pique-nique aménagée dans le parc du monastère, nous reprenons la marche en direction de la source du Dessoubre.
Il y a intérêt à ne pas avoir l'estomac trop plein car, le petit bout de Départementale passé, le chemin grimpe fortement ! Plus de 20% de pente !
On peut observer plusieurs jolies cascades sur le parcours de la rivière. Autant de raisons de faire une pause...
La source du Dessoubre ressemble très fort à celle de la Loue (voir mon étape du 02 juin 2022 sur la Via Francigena entre Mouthier-Haute-Pierre et Pontarlier).
L'eau sort d'une résurgence au pied d'une grande falaise karstique.
Malheureusement, en cette saison, l'épaisseur de la végétation environnante ne permet pas une bonne vue des lieux.
De la source, nous prenons un petit sentier qui démarre derrière la mairie de Consolation-Maisonnettes pour gagner le sommet de la falaise.
C'est aussi la direction de la Roche du Prêtre, un point de vue exceptionnel sur le Cirque de Consolation mais qui ne se trouve toutefois pas sur le parcours de cette randonnée. À une autre occasion peut-être...
La montée se passe en deux temps. Le premier nous emmène à un petit oratoire jouxtant la D 39.
Le deuxième nous emmène à un point de vue situé juste à l'aplomb de la source du Dessoubre, au sommet de la falaise. Dans les deux cas, vous l'aurez compris, il faut grimper !
La source se trouve une soixantaine de mètres sous nos pieds. Au loin, on aperçoit le monastère enclavé dans la vallée.
Attention, pour rejoindre le point de vue, il faut prendre au départ de la D 39 l'étroit sentier montant sur la gauche, d'ailleurs équipé d'une main courante. Je dis ça parce qu'un chemin plus large démarre du même endroit et on pourrait être tenté de le prendre.
Nous continuons l'aventure vers l'est, direction la Roche Sainte-Catherine.
C'est ici qu'on se dit, si on ne l'a fait plus tôt, que cette randonnée exige une excellente condition physique. L'étroit sentier demande en effet toute notre lucidité pour ne pas faire une mauvaise chute.
Si au départ le risque est nul de tomber de la falaise car nous sommes protégés par une clôture, par après le sentier surplombe des ravins ou des roches affleurent au sol, requérant toute notre attention !
Mais quel bonheur !
Et quel spectacle quand nous évoluons sur la ligne de crête entre, à gauche la vallée du Dessoubre, à droite le Val Noir !
Au bout de 600 mètres d'un parcours sportif, nous débouchons dans une prairie située au centre du Cirque de Consolation, à l'intersection entre la vallée du Dessoubre et celle du Lançot.
À la pointe nord de cette prairie, le belvédère de la Roche Sainte-Catherine nous offre un nouveau superbe point de vue sur le monastère !
Ensuite, la descente vers le ruisseau du Lançot nous permet de souffler un peu.
Si le ruisseau est calme aujourd'hui, on devine par endroits la force de ses eaux en période d'abondance.
Par temps de pluie uniquement, ou entre décembre et mars, la source du Lançot se caractérise par une chute de 47 mètres de hauteur.
Avec la canicule que nous connaissons depuis plusieurs jours, je préfère ne pas gaspiller mon énergie pour remonter le ruisseau jusqu'à sa source et je continue donc vers la Source Noire.
Se diriger vers la Source Noire n'est pas une mince affaire ! La montée est ardue ! Au point que des escaliers ont été aménagés par endroits.
Tout ça pour, finalement, ne même pas apercevoir la source perdue dans la végétation !
Si la montée vers Mont-de-Laval pouvait être comparée à un menu gastronomique 4 services, alors les plats ne nous auraient pas été servis dans le bon ordre.
Car le kilomètre de grimpette qui suit celle vers la Source Noire est bien plus facile même si le pourcentage de pente oscille quand même entre 5 et 10%.
Quoiqu'il en soit, le plus indigeste des plats servis, c'est bien la Côte de Consolation ! Si vous n'étiez pas encore mort, celle-ci risque bien de vous achever !
103 mètres de dénivelé positif sur une distance de 370 mètres ! Pratiquement 37% de pourcentage de pente !
Mais c'est de toute beauté !
À la sortie du bois, un panneau indique le belvédère de la Chauve Roche. Je ne l'avais pas prévu au programme mais il n'est qu'à deux cents mètres, alors... Nous ne sommes plus à cela près, n'est-ce pas ?
Et c'est une vraie bonne idée ! Nous bénéficions là d'un autre superbe point de vue sur le monastère Notre-Dame de Consolation et sur la source du Dessoubre.
Des points de vue faits aujourd'hui, c'est peut-être même le plus beau !
Et puis, alors que je suis en train de me sustenter, me rejoignent Adrien et les enfants ! À peu de choses près, ils font le même parcours que moi mais en sens inverse.
Nous restons de longues minutes à échanger avant qu'arrivent Frédéric et Sylvie ! Voyant l'énorme sac que Frédéric porte sur le dos, je leur demande s'ils ont aussi l'intention de bivouaquer cette nuit. Pas du tout, Frédéric est photographe professionnel et c'est juste son matériel !!!
Frédéric est passionné de nature et d'architecture. Je vous partage ci-dessous le lien vers son site, peut-être y retrouverez-vous des paysages qui vous sont familiers.
Il est temps de reprendre le chemin. Celui-ci nous conduit jusqu'à Mont-de-Laval.
En quittant le belvédère, pendant 500 mètres, ça monte encore bien. Si nous étions au café, nous pourrions dire qu'il est corsé. Par après, le relief s'adoucit. Une petite douceur après le café ?
La campagne est magnifique !
Magnifique comme l'est le petit village de Mont-de-Laval, son église Saint-Grat au clocher tyrolien de 1863 et ses bâtiments officiels caractéristiques du XIXè siècle !
Le chêne de la Liberté qui trône à côté de l'école depuis 1790 est classé monument national !
De Mont-de-Laval au hameau des Chaucheux, j'ai choisi de prendre un chemin parallèle à la D 369. Je ne sais pas si c'est une bonne idée car il est défoncé et ne présente guère d'intérêt.
Il vaut parfois mieux une petite Départementale plutôt qu'un mauvais chemin de terre. Surtout que c'est pour à peine un kilomètre.
Le dernier kilomètre et demi est plus sympathique. À la sortie du hameau, nous empruntons un chemin qui conduit à une grande prairie répondant au doux nom de Barna Bouthier que nous traversons de part en part.
Puis nous redescendons vers la D 20 que nous avions brièvement empruntée en début de randonnée.
C'est l'occasion de refaire quelques photos du pont de Montbéliardot avant de rejoindre l'arrivée.
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Vous voulez revivre cette randonnée en vidéo 3D ? C'est ci-dessous que ça se passe :
Appréciation du parcours :
Quelle superbe randonnée que cette découverte de ce coin du Doubs Horloger autour du Val de Consolation !
Peu de temps morts sur ce parcours exigeant physiquement. Quelques passages s'avérant scabreux, il est important de disposer de toute la lucidité nécessaire pour assurer sa sécurité !
Mais quelle récompense aussi pour tous les efforts fournis. De superbes paysages, des vallées fantastiques et un monastère posé comme un bijou dans un écrin de verdure vous accompagnent pour un voyage enchanteur.
À faire si vous séjournez dans la région !
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Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :
Vous préféreriez plutôt l'originale ? Vous trouverez ci-dessous le lien vers Visorando :
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