2 Juin 2022
!!! ATTENTION !!!
Mise à jour : 22 septembre 2023
Par suite d'éboulements et de chutes d'arbres, les Gorges de Nouailles étaient normalement interdites à la randonnée pour l'année 2023.
Selon plusieurs pèlerins rencontrés récemment, elles seraient néanmoins rouvertes.
Visitez le site de la Fédération Française de Randonnée pour plus d'informations. Une déviation vous y sera éventuellement proposée.
GR® 145 - Via Francigena : déviation dans les gorges de Noailles dans le Doubs
En 2022, la traversée des Gorges de Nouailles a été interdite provisoirement par arrêté municipal pour des travaux de sécurisation. Une déviation du GR ® 145 - Via Francigena avait été mi...
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Quatrième jour de cette nouvelle aventure sur la Via Francigena et c'est un mélange d'envie et d'appréhension qui m'anime au départ de cette étape qui m'emmène de Mouthier-Haute-Pierre à Pontarlier.
Une énorme envie de découvrir cet itinéraire qui commence par un temps fort avec la traversée des Gorges de Nouailles et la crainte devant les difficultés du jour. En effet, avec une longueur de près de 25 kilomètres et un dénivelé positif de plus de 800 mètres, je crains que la journée ne soit pas qu'une partie de plaisir...
Côté météo, c'est toujours l'incertitude de bénéficier d'un temps sec.
Loger à Pontarlier présente deux avantages. Comme c'est l'arrivée de l'étape, pas besoin de vous faire un dessin pour le premier. Le second, c'est la possibilité de rejoindre Mouthier-Haute-Pierre avec le désormais connu bus Mobigo LR 204 qui fait la liaison Pontarlier - Besançon.
Ah oui ! Je ne vous ai pas dit, je pense, mais chaque déplacement ne coûte qu'1,50 euro par voyageur ! Au prix où sont les carburants, ça vaut le coup !
Le départ du bus se trouve pour moi devant la superbe porte Saint-Pierre, à dix minutes à pied de mon hébergement.
Au départ de l'étape à Mouthier-Haute-Pierre, je retrouve la très belle église Saint-Laurent. Elle a comme voisine la non moins belle Mairie-école, datant de 1911. Les deux édifices sont inscrits à l'inventaire général du patrimoine culturel comme le quartier des vignerons et la fontaine de la Doye (voir récit d'hier).
Du centre du village, on a vite fait de rejoindre un sentier qui nous conduit à hauteur de la Loue. On en a déjà plein les mirettes !
Nous suivons le bien nommé chemin des Moulins. Aux XVIIIè et XIXè siècles, ils étaient nombreux, les moulins. Puis, ils ont fermé progressivement au XXè siècle mais plusieurs bâtiments ont heureusement été conservés.
Au bout d'un kilomètre, nous traversons un petit cours d'eau, le Syratu. De notre chemin, on aperçoit une petite cascade mais sachez qu'il ne s'agit là que d'une toute petite partie.
Au-delà de la route des Gorges de Nouailles qui passe plus haut, le Syratu effectue un saut quasi vertical d'une cinquantaine de mètres ! Puis, dans sa partie médiane, il effectue un nouveau saut de quarante mètres avant de se terminer par une série de petites cascades couvertes de tuf.
La falaise est aussi un site de nidification de faucons pèlerins.
J'ai choisi de ne pas brûler d'énergie pour aller la voir, en prévision de ce qui m'attend. Mais si vous séjournez dans le coin, voilà sûrement un but d'excursion.
Le chemin s'élève ensuite progressivement, en épingles à cheveux, pour rejoindre la petite route d'accès à la centrale électrique de Mouthier construite en 1902.
De nombreux panneaux didactiques en explique le fonctionnement et les dangers de fréquenter les gorges de Nouailles en cas de forte pluie. En effet, pour le bon fonctionnement et la sécurité des installations, d'importants lâchers d'eau peuvent se produire et créer une vague submersive.
L'entrée des gorges se trouve après le pont sur la Loue, à hauteur d'une roue de turbine...
À partir d'ici commence un parcours réellement sportif où la mise en garde du départ n'est pas vaine. L'étroit sentier est par endroits très humide et occasionnellement couvert de mousse, particulièrement si vous choisissez de le quitter pour aller prendre quelques clichés "au ras de l'eau". La prudence s'impose !
De petites passerelles métalliques ont même été installées à hauteur de certaines résurgences...
Est-ce déjà la fatigue ou suis-je sujet à des hallucinations !? N'est-ce pas un monstre sorti tout droit de la préhistoire ou d'un film de science-fiction que je vois là ?
Bon, je vous rassure, tout va bien, je me prends juste pour Indiana Jones ! Mais comment pourrait-il en être autrement dans ce décor ? Ne manque que les Jivaros !
Après 2,6 kilomètres à crapahuter à travers les gorges, nous arrivons au Grand Saut. Oh, ne vous attendez pas à une chute gigantesque. À peine fait-elle une dizaine de mètres de hauteur mais là, dans son écrin, elle est quand même superbe.
Et si jusqu'ici vous n'avez croisé personne, vous vous rendrez vite compte que les visiteurs préfèrent venir l'admirer en venant de la source de la Loue, le parcours étant moins long et plus facilement praticable.
Bon, il est vrai que c'est encore un peu compliqué jusqu'au barrage de Mouthier - qui, cela dit, se trouve sur le territoire d'Ouhans - mais après c'est un boulevard.
C'est de ce barrage que part une conduite souterraine de 2.000 mètres de long qui arrive à l'aplomb de l'usine à l'entrée des gorges pour y chuter d'une centaine de mètres et y faire tourner trois turbines produisant l'électricité.
Si la conduite parcourt sous terre 2.000 mètres, en ce qui nous concerne, il nous en aura fallu 3.600 pour enfin atteindre la source de la Loue.
Mais quel spectacle surprenant ! Nous nous trouvons soudain face à une falaise rocheuse de 104 mètres de haut au pied de laquelle s'est creusée une vaste grotte de 60 mètres de large pour 30 mètres de haut d'où jaillit la Loue !
Pour la petite histoire, c'est par accident qu'on découvre que la Loue est, entre autres, une résurgence du Doubs. En effet, en 1901, une distillerie de l'entreprise Pernod à Pontarlier, dans la vallée du Doubs, prend feu. Des milliers de litres d'absinthe sont déversés dans un puits et deux jours plus tard la Loue a l'odeur et la couleur du spiritueux !
Gustave Courbet, lui, aura peint quatorze fois la source de Loue.
En quittant le site, on ne manquera pas de remarquer des rainures rectilignes imprimées dans le sol rocheux encore apparent entre les plaques de béton. Ces ornières ont été taillées à l'époque médiévale pour empêcher les chariots de quitter le chemin.
Au parking visiteurs, à hauteur du magasin de souvenirs, nous prenons un petit sentier qui monte fortement derrière Le Chalet de la Loue, une taverne, pour sortir de la Combe.
À la sortie du bois, après la source de la Loue c'est une autre surprise qui nous attend. La silhouette de la chapelle Notre-Dame des Anges, perchée sur la colline voisine, se découpe sur l'horizon. Son style intrigue.
Construite à la fin du XIXè siècle à l'initiative du curé d'Ouhans, elle est un témoignage de reconnaissance à la Sainte Vierge pour la préservation du village.
À l'intérieur, un ange orne chacun des dix pans de mur, à l'exception de celui faisant face à la porte, derrière l'autel, qui accueille la Sainte Vierge.
De la chapelle, nous pouvons profiter d'un beau panorama sur Ouhans et la région.
Tiens, et si j'en profitais pour casser la croûte ?
Nous ne rentrons pas dans Ouhans. La Via Francigena prend la tangente à l'entrée du village pour s'attaquer à un autre gros morceau de la journée. L'ascension du Mont d'Usier.
Quand je vous dis que ça monte !
2.700 mètres d'ascension, pour passer de 605 à 878 mètres d'altitude... Si mes calculs sont bons, cela fait un pourcentage moyen de 10,1%... Vous en pensez quoi, vous ?
Bon, en tout cas, ça a au moins un avantage : de superbes paysages !
C'est toutefois ici que nous atteignons ce premier sommet de la randonnée, sur le territoire de Goux-les-Usiers, au-dessus de la Combe de Bouhin dans laquelle nous descendons par un superbe sentier à travers un bois de conifères.
En lisière, nous débouchons sur un superbe chemin. Une fois sorti de la Combe de Bouhin en direction de la D 48, le paysage s'ouvre sur une campagne magnifique.
Nous quittons très rapidement la D 48 pour emprunter une sympathique petite route asphaltée en direction de Vuillecin.
Nous traversons alors une plaine herbagère ponctuée de mamelons, coincée entre deux crêtes boisées. Celle du Mont d'Usier que nous venons de quitter et celle dominant la plaine d'Arlier.
Ce qui est plutôt remarquable, même si c'est anecdotique, c'est l'altitude quasi similaire des deux crêtes. En tout cas sur le parcours de la Via Francigena. En effet, si nous avions atteint tout à l'heure l'altitude maximum de 878 mètres, ici nous atteignons 879 mètres !
C'est d'ailleurs à proximité du point culminant de la randonnée, depuis le belvédère du sentier de la Chire, un sentier de découverte, que nous bénéficions de ce joli panorama sur la plaine d'Arlier.
On distingue aisément, quasi au milieu du paysage, l'imposante église de l'Assomption de Doubs au pied de laquelle nous passerons plus tard. C'est-à-dire dans un peu moins de cinq kilomètres...
Mais là, pour l'heure, c'est à Vuillecin que nous arrivons. Son église Saint-Claude date du début du XIXè siècle. Elle est bâtie à l'emplacement d'un ancien oratoire de l'Assomption de Notre-Dame érigé en 1637.
Outre son joli clocher coloré comtois, on remarquera les quatre statues dorées qui ornent les piliers de l'entrée.
Mais, tiens, devinerez-vous comment s'appellent les habitants de Vuillecin ? Je vous laisse réfléchir, vous trouverez la réponse en fin d'article.
Quitter Vuillecin pour Doubs s'avère être la partie la moins agréable de la randonnée, probablement même de toute la traversée du Doubs par la Via Francigena.
Deux kilomètres à travers la plaine d'Arlier à suivre la D 130e, une route assez fréquentée où, en plus, ça roule vite ! Et comme il n'y a pas d'accotement sur une bonne partie...
En cours de route, nous traversons le Drugeon, dont la Loue est aussi une résurgence. Le Drugeon... le Doubs... la Loue... Mais où coule donc l'Arlier ? À moins que ce soit un village ?
Que nenni ! Arlier, dont Pontarlier tire son nom, viendrait d'Ariolica, le nom de Pontarlier au XIIIè siècle.
À partir du rond-point du Petit Saint-Claude, une zone d'activités commerciales à l'entrée de Doubs, une petite route permet de passer sous la N 57 puis de suivre la D 130 en parallèle.
À l'entrée de Doubs, au carrefour de la rue de la Fruitière et de la rue de Besançon, nous pouvons admirer la jolie petite chapelle Saint-Claude datant de la deuxième moitié du XIXè siècle.
Pour la traversée du Doubs (la rivière), à Doubs (la commune), le fléchage de la Via Francigena a changé par rapport aux informations dont je dispose.
D'après celui-ci, on quitte la Grande Rue avant le pont sur la rivière pour prendre à droite dans la rue du Puits et traverser le Doubs plus loin sur une passerelle nouvellement construite.
Mais ce faisant, on rate une belle perspective sur la rivière et l'église de l'Assomption en arrière-plan. De plus, il faut revenir sur ses pas si on a l'intention de visiter l'église. J'ai donc préféré suivre l'ancien tracé du GR 145.
L'église actuelle date de 1869. Elle remplace une église du XIIè siècle qui bien vite se révèle trop petite pour accueillir les pèlerins qui accourent se recueillir sur les reliques de Saint Pie après leur transfert de Rome à Besançon, puis à Doubs en 1781.
Trop petite mais également délabrée, ce qui amène le conseil municipal à décider, en 1858, de la détruire pour en reconstruire une nouvelle. La pose de la première pierre a lieu en 1862 mais, faute de moyens financiers suffisants, les travaux s'interrompent en 1869. Il faudra encore attendre soixante-deux ans pour que l'église soit enfin dotée de son clocher qui domine la plaine d'Arlier de ses 66,5 mètres de haut !
En quittant l'église, on peut jeter un œil au passage sur la nouvelle passerelle empruntée maintenant par la Via Francigena. Ensuite, on s'écarte de la rivière pour rejoindre la Voie Verte Gilley - Pontarlier.
Cette voie verte est aménagée sur les vingt kilomètres de l'ancienne ligne de chemin de fer qui reliait Gilley à Pontarlier. Ouverte en 1888, elle transporte des voyageurs jusque fin 1939 et les marchandises jusqu'en 1988.
Nous la suivons pendant un kilomètre jusqu'au Parc des Ouillons, à Pontarlier.
À ce kilomètre sur la Voie Verte succède un kilomètre et demi le long du Doubs. On peut y observer un parcours de canoë-kayak...
Rue Morteau, on quitte les berges du Doubs pour filer tout droit jusqu'à l'arrivée de l'étape, à l'Office du Tourisme de Pontarlier sis à l'angle de la rue de la Gare et de la rue Marpaud.
Au passage, on aura une pensée devant le monument de la déportation pour toutes les victimes de guerre, particulièrement en cette période où elle est de nouveau présente en Europe.
Plus loin, on admirera la très belle Place Jules Pagnier et sa Grande Fontaine.
Bien qu'une bonne partie du parcours se déroule sur des routes asphaltées, voilà encore une belle étape dans le Doubs. À l'exception du passage entre Vuillecin et Doubs...
Ça commence très fort avec la traversée des Gorges de Nouailles puis nous avons droit en permanence à de très beaux paysages. On retiendra avant tout de cette étape son côté "nature".
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Les habitants de Vuillecin s'appellent les Grenouillards et les Grenouillardes. Allez savoir pourquoi... Si vous saviez, c'est sûrement que vous êtes du coin ou que vous y êtes déjà passé.
Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi, c'est-à-dire en ignorant la modification effectuée par la FFRP à Doubs :