7 Juin 2024
Quand on recherche sur Visorando une belle randonnée d'une vingtaine de kilomètres dans le Nord ou le Pas-de-Calais, il ne faut pas s'étonner qu'elle ait été tracée par Joorange.
C'est encore le cas cette fois-ci avec ce parcours dénommé "Coteaux de la Lacquette". Notez que je n'ai pas repris le titre tel quel car mon ami Joorange a rebaptisé cette rivière du Pas-de-Calais en lui rajoutant un "c" qui n'existe pas officiellement. Errare humanum est. (*)
Vous trouverez bien sûr le lien de cette randonnée sur Visorando en fin d'article.
----------
(*) Joorange a modifié le titre sur Visorando depuis la rédaction de cet article. Si les deux écritures co-existent effectivement dans la tradition populaire, la carte Cassini du XVIIIè siècle atteste que Laquette s'écrit bien sans "c". Merci à Pascale d'Aire-sur-la-Lys pour ses recherches.
J'avais déjà eu l'occasion de faire ce parcours voici quelques mois et c'est avec plaisir que j'y reviens. En effet, la majeure partie - 95 % à la grosse louche - se passe sur des sentiers ou chemins de terre. Loin du bitume, donc, et ça c'est le rêve !
On évitera cependant de le faire par temps trop chaud car on y trouvera peu d'ombre. D'ailleurs, la fin du printemps ou le début de l'été me semble la bonne période car les champs n'ont pas encore été récoltés et ça donne de belles couleurs au paysage.
Alors, prenons le départ depuis la place de l'église Saint-Omer, à Enquin-les-Mines. L'église, dont le chœur date du XVIIè siècle, fut reconstruite en 1900. À voir son état de délabrement, si rien n'est fait rapidement, il est probable qu'elle doive en bénéficier d'une deuxième !
Nous commençons par emprunter un sentier, à gauche de l'église, qui grimpe à travers bois pour déboucher sur le lieu-dit "les Quarante-Cinq Mesures". En France, il n'y a pas un coin de terre qui ne porte un nom. J'adore !
Arrivés sur un chemin de campagne, au bout de 200 mètres, nous prenons à gauche pour redescendre vers le village.
Mais d'où vient le nom Enquin-les-Mines alors que nous semblons pourtant loin du bassin minier ?
Eh bien, à Fléchinelle, un hameau situé à 1.500 mètres au sud-est d'ici, se trouve l'ancienne fosse No 1 - 1bis des mines de Ligny-lès-Aire et son terril conique No 244. Il s'agit en fait du site le plus occidental du bassin minier Nord-Pas-de-Calais inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Nous ne faisons qu'une courte incursion dans le village pour en ressortir par le Chemin de Delettes. Celui-ci donne la couleur de ce que sera la première moitié de cette randonnée, un long parcours à travers champs.
Au bout du chemin, nous bifurquons à gauche pour gravir le Mont de Ricametz. Oh, rassurez-vous, ce ne sont pas les Alpes !
Nous y culminerons à 109 mètres d'altitude, à cheval sur les communes d'Erny-Saint-Julien et d'Enquin-lez-Guinegatte, commune à laquelle est rattaché Enquin-les-Mines depuis 2017.
À l'entame de la descente, nous quittons le chemin par la droite pour suivre une haie boisée.
Bientôt, le chemin s'y engouffre et il ne faut pas marcher longtemps pour, entre les arbres, bénéficier d'une superbe vue sur Erny-Sain-Julien et la vallée de la Laquette !
Le sentier descend jusqu'à la rue du Calvaire, que nous remontons jusqu'au... Calvaire. Ce que n'est assurément pas pour l'heure cette randonnée.
Du Calvaire, nous continuons plein nord sur le Chemin d'Erny.
À partir du sommet de la colline, à un croisement, le chemin se couvre d'herbes hautes. C'est l'occasion de vous conseiller, soit de porter un pantalon, soit de vous enduire les gambettes de répulsif contre les tiques.
Au bout de 4,2 kilomètres, nous atteignons la D 130, à Enguinegatte. Un petit coup d'œil à gauche... un petit coup d'œil à droite... c'est bon nous pouvons traverser et poursuivre sur le Chemin d'Erny.
Au premier embranchement à droite, nous prenons la direction d'Enguinegatte, à travers la Campagne. Oui, c'est la campagne, mais c'est aussi son nom.
Sur une distance importante, le chemin est en déblai, donnant l'impression de marcher dans une tranchée. La campagne de 14 ? C'est bon, vous suivez ?
Nous arrivons à Enguinegatte à proximité d'une ferme.
Un coq, tout à son affaire, ne s'est pas rendu compte de ma présence. Quand il réalise enfin, il prend ses pattes à son cou et se fait la malle en caquetant ! Quel couillon, celui-là !
Nous ne ferons encore qu'effleurer le village, comme s'il fallait fuir la civilisation à tout prix. C'est le choix de Joorange, j'en fais le mien.
Par-dessus la haie bordant la petite route de campagne, nous pouvons quand même apercevoir l'église Saint-Jacques d'Enguinegatte. L'édifice actuel date de 1960 et est construite en briques rouges.
L'église originelle datait, elle, du XVIIè siècle. Elle fut détruite pendant le seconde guerre mondiale dans des bombardements alliés visant des installations allemandes de lancement de fusées V1.
Quittant Enguinegatte par l'ouest, l'itinéraire surplombe le Coupe-Gorge - merci Joorange de nous avoir évité d'y passer - avant de traverser le Champ de Bataille.
Tiens, tiens, se serait-on battu ici ? Eh bien oui ! À deux reprises, même. Enfin, bon, il n'est pas sûr que ce soit exactement ici mais c'est en tout cas entre Enguinegatte et Bomy.
D'abord en 1479 quand les Français de Louis XI se font rétamer par les Flamands de Maximilien de Habsbourg.
Rebelote le 16 août 1513 quand le même Maximilien de Habsbourg, devenu entretemps empereur germanique, allié à Henri VIII d'Angleterre, met cette fois une ratatouille aux troupes de Louis XII !
Cette bataille sera appelée "la Journée des éperons" et y participeront, entre autres, Jacques de la Palice et le chevalier Bayard. Vous connaissez, n'est-ce pas ?
Ainsi, voilà donc une randonnée a priori sans aucun autre intérêt que de passer du temps en pleine nature prendre une dimension historique absolument incroyable ! Elle n'est pas belle la vie ?
Bon, sur ce, nous avons bien avancé et nous voici déjà au milieu du parc éolien du Mont d'Erny.
Dans la montée du Mont d'Erny, un lapin se protège du soleil, se détachant au milieu du chemin comme une ombre chinoise. Prostré... Jusqu'à ce qu'il découvre ma présence et se mette à détaler... comme un lapin ! Quel couillon celui-là !
Sur le sommet du mont, à 133 mètres d'altitude, nous rencontrons le premier tronçon de route, au croisement entre la D 130 et la D 193, où la circulation automobile peut représenter une gêne... voire un danger. Mais c'est une histoire de 300 mètres...
Nous descendons en effet rapidement vers la Laquette, un affluent de la Lys, par le chemin des Creuses.
Chemin qui traverse la Laquette par un gué. Heureusement, une passerelle en bois permet au randonneur de franchir le cours d'eau les pieds au sec.
Le kilomètre le long de la rivière est pour moi un des plus beaux passages de cette randonnée. Le plus romantique oserais-je dire ?
Tout comme précédemment, nous ferons un court passage dans le village. De quoi contempler quand même l'église Saint-Julien. De style néo roman, elle date de 1870-1875, quand elle fut reconstruite.
Nous quittons Erny-Saint-Julien par la rue des Ecoles pour atteindre Bomy par la rue de l'Eau des Cannes en suivant la crête surplombant au sud la vallée de la Laquette.
Des génisses en train de boire, à ma vue, se mette à galoper ! Quelles couillonnes celles-là !
Serez-vous surpris si je vous dis que nous ne verrons pas plus de Bomy que des autres villages et hameaux ?
En effet, après les quelques maisons de la rue de l'Eau des Cannes, nous tournons à gauche dans la rue du Rietz. Et tout de suite, nous empruntons un petit sentier qui prend son départ dans une haie sur la gauche. Il faut le voir, celui-là !
Le sentier grimpe fortement en ligne droite avant de décrire une courbe vers la droite...
Là, à la sortie de la courbe, nous devons prendre un sentier sur la gauche, entre deux prairies. Vous le voyez le sentier ? Non ?
Et là ? Toujours pas ?
Dis, Joorange, tu rigoles, là ? Comment veux-tu passer par là ? Il faudrait être habillé en Robocop ou être muni d'une débroussailleuse !
Bon, oublions ce sentier et continuons tout droit jusqu'à la route. Là, nous montons la colline pour rejoindre le chemin de campagne d'où nous aurions dû déboucher.
L'autre alternative consiste à emprunter, avant de descendre sur Bomy, le Chemin du Moulin (voir flèche bleue ci-dessous). C'est le chemin que rejoignait le petit sentier, si nous avions pu le prendre.
Certes, la randonnée s'en trouve amputée de quelques centaines de mètres, mais ça raccourcit aussi la portion asphaltée remontant de Bomy.
Dans tous les cas nous emprunterons la route partant de Bomy en direction d'Enquin-les-Mines.
Joorange nous propose ici, dans son descriptif sur Visorando, deux possibilités. Soit nous suivons la route jusqu'au cimetière d'Erny-Saint-Julien, soit nous quittons la route vers la droite au coin du bois...
J'ai choisi cette deuxième option qui consiste à longer la lisière de bois... dans le champ.
Je vous avoue que je n'étais pas très à l'aise avec cette idée de passer dans les cultures. Mais en suivant les traces du tracteur, il y a moyen de ne pas faire de dégâts. Bon, je vous conseille cependant de ne pas le faire si vous êtes en groupe.
L'avantage de cette solution est que, comme nous restons en hauteur, elle vous offre un beau panorama sur la plaine.
Au bout du champ, nous sommes censés retrouver une belle sente, selon les propres termes de Joorange.
Eh bien, ici encore, rien ! Nada ! Nichts ! Nothing ! Bon, c'est bien de l'herbe mais il faudra y tracer son chemin.
Vous trouverez néanmoins un deuxième avantage à passer par ici. Surtout si vous êtes seul et que vous ne faites pas trop de bruit, vous aurez peut-être la chance, comme moi, de pouvoir observer des chevreuils.
Personnellement, j'en ai croisé deux. Si le premier s'est enfui assez vite pour que je n'aie pas le temps de le photographier, le deuxième n'a pas remarqué tout de suite ma présence.
Bon, je ne vais pas vous refaire le truc du couillon, hein...
Quelle que soit l'option choisie, nous empruntons le chemin qui monte du cimetière d'Erny-Saint-Julien pour traverser le Bois des Moines de part en part.
Le chemin est boueux par endroits mais un sentier parallèle permet d'éviter les zones les plus critiques.
Peu avant la sortie du bois, nous passons par le point culminant de cette randonnée, à 182 mètres d'altitude.
À quelques encablures après la sortie du bois, nous bifurquons franchement à gauche. Du lieu-dit Les Quatre Mesures, nous profitons encore d'un superbe paysage !
Ce qui sera encore le cas depuis le point de vue du Mont de Cuhem !
Nous entamons alors la descente finale vers Enquin-les-Mines...
Avec un passage obligé de 300 mètres sur la D 77. Attention, ça peut rouler très vite et il n'y a pas d'accotement !
Dans la courbe de la D 77, nous prenons la tangente à droite. C'est un sentier herbeux un peu casse-pied car il est parsemé d'ornières pas toujours visibles.
Après, c'est facile. Il suffit de suivre tout droit les rues du village jusqu'à la Laquette.
La Laquette se traverse ici sur une passerelle en béton. L'endroit est divinement charmant, surplombé par l'église Saint-Omer.
Sur la gauche du gué, un moulin espagnol, bâti vers 1635, a produit de la farine jusqu'en 1938. Transformé en habitation en 1974, il ne reste d'origine que le pignon nord et un porche.
Encore quelques escaliers à gravir pour rejoindre la place de l'église et ainsi se termine une superbe randonnée !
**************
Vous voulez revivre cette randonnée en vidéo 3D ? C'est ci-dessous que ça se passe :
**************
Appréciation du parcours :
Voilà encore une belle proposition de Joorange sur Visorando. Une randonnée qui, au départ, ne semble avoir comme intérêt que la perspective de passer quelques heures au grand air et au calme, un peu à l'écart de la civilisation. De profiter de superbes paysages, aussi.
Si c'est effectivement le cas, elle prend aussi une autre dimension par la valeur historique de certains lieux traversés, des grandes batailles et des grands noms du passé à l'exploitation du charbon.
C'est sûr, je reviendrai rouler ma bosse ici !
**************
Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous le lien vers Visorando :
Coteaux de la Lacquette. Fiche de randonnée gratuite avec descriptif et carte IGN ou topographique au 1:25 000 au format PDF. D'autres circuits de randonnée sont disponibles.
https://www.visorando.com/randonnee-coteaux-de-la-lacquette/
Ou scannez ce QR code :
Et si vous souhaitez la suivre telle que je l'ai faite, vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire :