11 Juillet 2024
Quatre ans plus tard, à un mois près, je me retrouve à Lucheux, en Picardie, dans le département de la Somme, pour une randonnée de mon ami Jorange publiée sur Visorando sous le titre "Circuit des hêtres à Lucheux". J'en ai donc repris le titre et vous en trouverez le lien vers Visorando en fin d'article.
Retour à Lucheux, disais-je, car le 5 août 2020, j'étais déjà passé par ici lors d'une randonnée débutant toutefois à Sus-Saint-Léger. Vous la trouverez sur mon blog à cette adresse :
05 août 2020 - Sus-Saint-Léger et la forêt de Lucheux - Nom d'un randonneur !
Mercredi 05 août 2020, J-1 avant la canicule... Pas de randonnée en Ternois aujourd'hui. Direction Sus-Saint-Léger, à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Arras, pour une randonnée d'une ...
https://nomdunrandonneur.com/2020/08/05-aout-2020-sus-saint-leger-et-la-foret-de-lucheux.html
C'était déjà à l'époque une randonnée publiée par Jorange sur Visorando, que j'avais passablement modifiée pour allonger la distance. Je ne vais pas reprendre ici toute l'explication, vous la trouverez dans l'article qui lui est consacrée.
Cette fois-ci, j'ai à peu près conservé l'itinéraire original. J'ai juste déplacé le départ non loin du point 4 parce que laisser ma voiture en bord de route, à l'écart de la civilisation, là où "il y a de la place pour deux ou trois voitures", non merci.
Dans Lucheux, à côté de l'école primaire Alphonse Ducellier, au croisement de la rue de l'Église et de la rue Wallon, se trouve un très beau parking pouvant accueillir une dizaine de voitures. Voilà qui est parfait pour abandonner sa voiture une journée en toute sécurité !
Puisque j'ai modifié le début du parcours, j'en ai aussi changé la fin. Lucheux est une superbe petite ville médiévale, il serait dommage de se priver de son patrimoine. Raison pour laquelle j'ai préféré rejoindre l'arrivée en empruntant la rue principale.
Pour le reste, le parcours d'une vingtaine de kilomètres et au profil intéressant correspond en tous points à celui décrit par Jorange.
Et si nous allions voir ça ?
Nous partons donc par la rue Wallon, juste face au parking, et immédiatement après la maison No 5, nous quittons le village par une petite route asphaltée.
Nous nous élevons rapidement sur la colline et déjà nous bénéficions d'une belle vue sur la vallée verdoyante de la Grouche, un affluent de l'Authie.
Au coin du Bois du Parc, nous prenons un petit sentier qui s'enfonce dans le bois sur la gauche. Au bout de quelques dizaines de mètres, nous nous retrouvons le long d'une clôture.
Le bois appartient en effet à l'association Le Domaine du Parc et il est à noter que le sentier - dont la municipalité a la jouissance - a failli disparaître si la Justice n'était intervenue en 2023 pour faire respecter le cadastre. Le propriétaire avait tendance à grignoter du terrain...
Le sentier est assez boueux par endroits. Après un épisode pluvieux, il se pourrait bien qu'il soit vraiment difficilement praticable...
À hauteur de la maison forestière, le sentier se transforme en un beau chemin carrossable. Puis la randonnée continue rue de l'Église, à Grouches-Luchuel.
600 mètres après la maison forestière, à un hangar en tôles ondulées passées d'âge, sur la droite, nous quittons le village pour monter sur la colline.
1.200 mètres de montée par un chemin herbeux qui, considérant le dénivelé, constituent la première difficulté de la journée. Mais c'est sympa et le panorama s'élargit.
Au bout de ce chemin, nous rejoignons une petite route asphaltée que, dans un quasi-demi-tour, nous empruntons vers la gauche. Bref, voilà notre effort anéanti puisque nous redescendons tout ce que nous venons de monter !
Bon, il n'y a pas mort d'homme, même si nous parcourons alors la Vallée aux Morts...
Justement, des travaux ont été réalisés dans la vallée pour limiter l'écoulement des eaux en cas de fortes précipitations et ainsi éviter l'inondation de la vallée de la Grouche et ses conséquences. Comme la mort d'hommes ?
Au panneau marquant l'entrée du village, nous tournons franchement à droite pour suivre le fond de la vallée. Ici aussi c'est boueux par endroits mais il est possible de marcher dans l'herbe en hauteur le long de la clôture.
Nous arrivons à un panneau d'information sur le larris de Grouches-Luchuel.
Si vous ne savez pas ce qu'est un larris, je vous dirais bien d'aller voir sur place, mais comme certains me lisent de très loin, voici un zoom du panneau :
À ce panneau, nous montons à gauche par le Chemin du Fiduche jusqu'à mi-hauteur du versant de la vallée. En se retournant, nous avons une meilleure vue du larris situé sur le versant opposé.
Si vous voulez parcourir un larris, je vous recommande la superbe randonnée "L'Authie, le ravin et la lande" ! Elle est aussi disponible sur Visorando, elle est aussi de Jorange, et elle est aussi décrite sur ce blog :
09 août 2023 - L'Authie, le ravin et la lande - Nom d'un randonneur !
Trois ans déjà que je n'avais plus randonné dans le Ternois ! Il était temps d'y revenir, non ? J'ai aujourd'hui jeté mon dévolu sur la randonnée L'Authie, le ravin et la lande disponible su...
https://nomdunrandonneur.com/2023/08/09-aout-2023-l-authie-le-ravin-et-la-lande.html
Au bout du Chemin du Fiduche, nous rejoignons un autre chemin dont on a aucune peine à deviner qu'il s'agit du site d'une ancienne voie ferrée.
C'est en effet le tracé de la ligne de chemin de fer Amiens - Frévent. Elle fut mise en service en 1869 et sera ouverte au trafic voyageurs jusqu'au 7 novembre 1938. Elle restera encore accessible au fret jusqu'à ce que la voie soit déposée entre Doullens et Frévent dans les années 1960.
Nous la suivons pendant près de 3 kilomètres. Le parcours pourrait être ennuyeux s'il n'y avait ces fenêtres ouvertes dans la végétation offrant de belles vues sur la vallée. Deux ou trois passages boueux mais rien de rédhibitoire ici non plus...
Nous quittons l'ancienne voie ferrée vers la droite lorsque nous croisons la D 127. Entretemps nous sommes passés sur le territoire de Bouquemaison.
Nous nous trouvons ici à l'arrière du front de l'Artois et de la Somme où les poilus de 14-18 venaient se reposer avant de repartir au combat. Le général Joffre s'est d'ailleurs déplacé jusqu'ici en personne le 11 juillet 1915 - soit voici exactement 109 ans, quelle coïncidence ! - pour procéder à une remise de décorations.
Nous empruntons alors à nouveau un chemin de terre, en direction du Souich. Si le chemin s'avère confortable au début, cela se complique un peu après 350 mètres quand il se transforme en sentier envahi par la végétation.
Cela sans doute pour nous rappeler que, comme l'écrit Jorange, les chemins de randonnée ne sont pas souvent bien entretenus dans la Somme. Pour l'avoir aussi expérimenté sur la Via Francigena, je ne peux que confirmer.
Mais revenons au chemin qui nous occupe. Le passage délicat n'est pas très long non plus, nous n'en ferons donc pas un fromage.
Ce qui est intéressant, c'est que nous flirtons ici avec la limite entre la Somme et le Pas-de-Calais, Le Souich se trouvant dans ce dernier Département.
Nous n'irons pas jusqu'au Souich. 400 mètres avant le village, à hauteur du Petit Souich - non non, ce n'est pas un défaut de prononciation ! -, nous pirouettons à droite pour repartir à travers la campagne.
Qu'elle est belle d'ailleurs, la campagne, en cette saison !
Au milieu des champs, au carrefour à quatre branches, nous tournons à gauche vers Brévillers.
C'est beau, c'est le calme absolu, c'est juste dommage que ce soit de l'asphalte...
Puisque nous ne sommes pas allés au Souich, et bien nous n'irons pas non plus à Brévillers ! Pas tout de suite, en tout cas. Car nous allons finalement au Souich ! Ah, sacré Jorange, il nous en fait faire, des tours !
Bon, du Souich, nous ne verrons que la lisière sud. Et donc pas la réplique de la grotte de Lourdes qui se trouve à l'opposé du village, rue de la Haut.
Nous quittons Le Souich en empruntant un petit bout de la D 59 avant de la laisser là où le Christ joue à cache-cache avec les passants pour nous diriger tout droit à travers les campagnes vers la forêt de Lucheux.
C'est à cette occasion que nous faisons quand même une incursion sur le territoire de Brévillers. Nous sommes donc de retour dans la Somme...
La traversée de la forêt de Lucheux est LE temps fort de cette randonnée. Peut-être parce que c'est à la fois infâme et enchanteur.
Infâme car le chemin est dans un état déplorable - sauf dans sa partie centrale entre le Chemin de la République et l'Allée Royale -, enchanteur pour le plaisir incommensurable de traverser sur près de 3 kilomètres un tel massif forestier, au contact intime de la nature.
C'est d'ailleurs la première fois que ça m'arrive en randonnée, j'ai rencontré trois sangliers ! Bon, ils ont détalé fissa à ma vue donc impossible de les prendre en photo. Quelle bande de couillons !
Quant à l'état du chemin, pas d'inquiétude, il existe toujours une trace praticable à proximité. Il faut toutefois savoir que, forêt privée, on ne peut y circuler que sur l'Allée Royale dont la commune a gardé la jouissance, et le GR 124 qui la traverse d'ouest en est. C'est lui d'ailleurs que nous empruntons.
Nous quittons donc la forêt à sa lisière est, que nous longeons ensuite par la droite pendant 1.400 mètres...
... pour arriver à un chemin que j'avais beaucoup aimé en 2020. Je parle de celui qui descend vers la vallée des Fontigneulles.
Malheureusement, faute d'entretien, celui-ci est envahi dans sa première partie par la végétation et n'est plus que l'ombre de lui-même !
Bon, il reste praticable mais quid dans les prochains mois au rythme où pousse la nature ?
Nous traversons la D 5 tout droit pour rejoindre la vallée de la Grouche.
Dans la courbe à droite, nous empruntons un petit sentier pour monter rendre visite à Saint-Léger. À la chapelle qui lui est dédiée en tout cas car son corps a quitté l'endroit depuis belle lurette !
Léger d'Autun, c'est son nom, aurait en effet été assassiné pour des raisons politiques en forêt de Lucheux en 678... ou 679. Et peut-être n'était-ce pas ici mais en forêt de Rambouillet... Allez savoir... L'Histoire n'est pas claire sur le sujet.
Cependant il aurait été enterré ici, à l'emplacement de la chapelle. Pas dans la chapelle parce qu'elle, elle date seulement de 1989 !
Le corps de celui qui était à sa mort évêque d'Autun fut transféré en 684 à Saint-Maixent-l'Ecole, près de Poitiers, où une nouvelle église lui est dédiée. Espérons qu'elle soit mieux entretenue que l'accès à la chapelle et ses abords...
Nous reprenons le petit sentier pour retourner sur le chemin principal qui, lui, vient visiblement d'être fauché, pour continuer notre périple dans le fond de la vallée.
Nous passons bientôt à hauteur du camping abandonné de Lucheux. Après avoir emprunté la D 5 sur 150 mètres, nous passons sur l'autre rive de la Grouche. C'est ici que Jorange avait prévu le départ de la randonnée. Alors ? Vous en pensez quoi, vous ?
Bon, vous me direz plus tard. Continuons le long de la rivière en direction de Lucheux. En quatre ans le chemin s'est sérieusement dégradé. En fait, je pense bien que c'est le pire passage du parcours. Et je ne vous dis pas s'il avait plu les jours précédents...
Quand vous arrivez à cet endroit, identifiable au pylône électrique et à l'arbre en boule à droite, c'est qu'il est temps de tourner dans le sous-bois, en direction de la rivière.
Je dis ça parce que, moi, emporté dans mon élan et avec le souvenir de 2020 en tête, j'ai continué tout droit pendant 200 mètres avant de me rendre compte de mon erreur ! Ne vous inquiétez pas, j'ai corrigé le GPX que je mets à votre disposition en fin d'article.
Retour sur la rive droite de la Grouche, par une petite passerelle métallique, pour rejoindre la rue de la Couture, à Lucheux.
À l'extrémité ouest de la rue, nous découvrons un magnifique terrain de ballon au poing. Un sport traditionnel en Picardie, inscrit à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français depuis 2012, que je ne connais pas du tout et dont je n'avais même jamais entendu parler ! Curieux d'en voir une partie, tiens...
Au nord du terrain, le dominant, l'Arbre des épousailles participe aux traditions du village. Il s'agirait de deux tilleuls vieux de 300 ans qui se seraient enlacés pour ne plus faire qu'un.
Selon la coutume, "Il faut pour être bien marié, sous l'arbre tous deux passer. Qui le premier passera, toujours le Maître sera." M'ouais... M'ouais...
Un peu plus haut se trouve le monument aux morts. Un panneau indique la présence d'un arbre de la liberté. Serait-ce celui derrière le monument ? Mystèèère...
Nous poursuivons la randonnée par la rue principale du village en direction du beffroi mais nous ne passerons pas dessous puisque, par des chemins détournés, nous nous dirigeons plutôt vers le château. Histoire d'y jeter un œil...
Y jeter un œil... C'est vraiment le cas de le dire parce que de près on n'en voit pas grand-chose !
Il faut remonter au IXè siècle pour trouver les origines du château quand Baudouin Ier "Bras de fer" (un de mes lointains ancêtres, à n'en pas douter), comte de Flandre et premier seigneur de Lucheux, fait construire une motte castrale dotée d'une tour en bois.
C'est toutefois fin du XIIè que Hughes IV de Campdavaine y érige une enceinte pour protéger le donjon carré construit par son ancêtre Hughes II vers 1120.
Jusqu'à ce qu'il soit démantelé en 1640 sur ordre du cardinal de Richelieu, le château eut à subir de nombreuses attaques, notamment des Anglais, puis des Espagnols. Il reçut aussi de prestigieux visiteurs, comme Philippe IV le Bel, Charles le Téméraire, le roi Louis XI...
Le château reste à l'abandon au XIXè siècle puis, partiellement reconstruit, devient la propriété de la Société des antiquaires de Picardie.
En 2019, un Belge le rachète. Il promet de le faire revivre, organise même une fête médiévale qui attire du monde. Malheureusement, en défaut de paiement, la vente est annulée par la Justice en 2023 et le château redevient la propriété de la Société des antiquaires de Picardie.
En attendant un repreneur éventuel, le château est à l'abandon. Il serait même parfois occupé par des squatteurs. Triste sort pour un édifice classé monument historique depuis 1965 !
Nous redescendons du château vers le centre du village. Normalement, si nous avions suivi le tracé de Jorange, nous aurions dû emprunter une rue parallèle à la rue principale. Personnellement, je choisis plutôt de passer par le centre.
Comme je l'écrivais en introduction, Lucheux possède un patrimoine historique très riche. Ce serait dommage de s'en priver.
C'est ainsi que le beffroi est un exemple rare et même unique dans le nord de la France de beffroi-porche. Il fut en effet construit sur une ancienne porte du village vers 1380 et inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2005 au même titre que les beffrois de France et de Belgique.
Jeanne d'Arc y aurait été enfermée une nuit de 1430 avant d'être emmenée à Rouen pour y être jugée.
La Mairie de Lucheux est hébergée à proximité du beffroi dans un bâtiment qui était jusqu'à la Révolution française la maison des Carmes. Devenu alors bien privé, il fut offert gracieusement à la municipalité à sa mort par la dernière propriétaire.
Pour terminer la randonnée, nous descendons la rue du 8 mai 1945. On admirera au passage les maisons datant pour la plupart du XVIIIè siècle.
En faisant attention, entre deux maisons situées sur la droite de la rue, on peut avoir une vue plus précise du château situé sur la colline.
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Vous voulez revivre cette randonnée en vidéo 3D ? C'est ci-dessous que ça se passe :
Appréciation du parcours :
Sur Visorando, Jorange classe cette randonnée comme difficile, voire très difficile. Ce n'est pas le sentiment que j'en ai. Bien sûr, le premier critère d'appréciation, c'est votre condition physique. Il y a la longueur, le relief, et des chemins parfois fatigants car encombrés par la végétation.
Le second critère, ce sont les conditions météorologiques des jours précédents. S'il a plu, vous risquez vraiment de ne pas apprécier. Même si vous aimez patauger dans la gadoue.
Pour vous donner une idée, lorsque je l'ai faite ce 11 juillet, il avait plu la veille mais pas les jours précédents. Vous avez pu voir le résultat sur les photos. Quoiqu'il en soit, je vous conseille de faire cette randonnée entre la fin du printemps et avant les récoltes. La nature et les champs sont tellement beaux à cette période !
Concernant le parcours, ce n'est peut-être pas la plus belle proposition de Jorange mais j'ai apprécié ces longues distances où nous sommes seuls dans la nature, très loin du bruit de la civilisation. Et je ne parle pas là des petits villages traversés où on n'entend que le murmure du vent dans les arbres. Quel bonheur !
Et finalement, si vous laissez travailler votre imaginaire, peut-être croiserez-vous quelques poilus de 14-18 au détour d'un chemin, ou le cardinal de Richelieu ou Jeanne d'Arc lors de la traversée de Lucheux, superbe village au riche patrimoine. Voire vous entretiendrez-vous peut-être même avec mon ancêtre Baudouin Ier "Bras de fer", qui sait ?
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Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous le lien vers Visorando :
Circuit des hêtres à Lucheux. Fiche de randonnée gratuite avec descriptif et carte IGN ou topographique au 1:25 000 au format PDF. D'autres circuits de randonnée sont disponibles.
https://www.visorando.com/randonnee-circuit-des-hetres-a-lucheux/
ou scannez ce QR code :
Mais si vous souhaitez la suivre telle que je l'ai faite, vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire :