25 Septembre 2023
En rejoignant Camaiore depuis Massa, nous poursuivons ce lundi notre périple sur la Via Francigena en Toscane. Avec une longueur de 24 kilomètres, nous revenons à une distance plus raisonnable. Le profil de l'étape, lui, est quasi l'inverse de celui d'hier !
Côté météo, le bleu domine largement le ciel et ce n'est sûrement pas moi qui vais m'en plaindre !
Alors, partons sans plus attendre !
Nous reprenons le parcours là où nous l'avions laissé hier, à l'angle de la Via Cervara et de la Via Aurelia.
Un rapide coup d'œil en arrière vers le Castello Malaspena et nous nous engageons sur la Via Aurelia en direction du sud. Nous suivons cette route nationale pendant 1,5 kilomètres, heureusement protégés par endroits du trafic.
Puis nous quittons la nationale par la gauche pour rejoindre le centre de Capanne, un hameau de Montignoso.
Nous y découvrons l'église Santa Maria Della Rosa. À l'image du hameau, peu d'informations sont disponibles. Tout juste nous dit-on que l'ensemble fut reconstruit en 1950. L'église précédente datait, elle, de 1765.
L'intérieur est en tout cas paré de jolies fresques.
Nous continuons à remonter la vallée du Torrente Montignoso pour arriver à Prato, un hameau adjacent à Capanne.
Nous y quittons la vallée pour emprunter la Via Casone, une route s'élevant en lacets dans la montagne. Nous bénéficions rapidement - enfin, tout dépend de votre allure - de belles vues sur les environs.
Après 1.700 mètres de grimpette depuis Prato, nous passons devant les grilles du Castello Aghinolfi.
Le premier château fut construit par les Lombards en 590, alors qu'ils occupaient la région. Au fil des siècles, il prit de plus en plus d'importance. Et pour cause, on pouvait observer toute la côte tyrrhénienne et même, dans des conditions de visibilité exceptionnelle, jusqu'aux Alpes Maritimes, en France !
Passé aux mains de la République de Lucques en 1376, il est encore renforcé militairement.
Lorsque Charles VIII de France en prend possession en 1494, il possédait même en son sein de nombreuses habitations pour la population des environs qui auraient eu à s'y réfugier et était doté de deux tours octogonales.
Abandonné en 1799, ses pierres sont utilisées comme matériaux de construction. Puis, les Allemands s'y installent pendant la seconde guerre mondiale, et en font une place forte.
Bombardée par les Alliés, la zone sera complètement rasée. Il faudra attendre 1997 pour que le château soit reconstruit.
Bon, tout ça pour vous dire que, fermé à mon passage, je n'aurai pu le visiter. Tout juste en aurai-je un bref aperçu en continuant l'ascension le long de la route.
De la grille du château, nous montons encore pendant 600 mètres pour atteindre le sommet de l'étape, à 225 mètres d'altitude. Et un kilomètre plus loin, nous quittons la province de Massa-Carrara pour entrer dans celle de Lucca.
La descente s'étend sur 2,1 kilomètres jusqu'à Strettoia, empruntant une route asphaltée qui n'offre guère d'intérêt. Heureusement, le trafic y est relativement faible.
La Chiesa dei Santi Ippolito e Cassiano, à Strettoia, reconstruite après la seconde guerre mondiale, ne suscitera pas plus d'intérêt...
La sculpture devant l'église retiendra plus mon attention, c'est dire.
Strettoia possède quand même une particularité. Hameau de Pietrasanta, il n'a aucune continuité territoriale avec sa commune ! En effet, les deux sont séparés par la commune de Seravezza.
De l'église de Strettoia, nous voici maintenant en route pour la Sant'Antonio Abate située à Ripa, un hameau de Seravezza justement.
En route, c'est le cas de le dire. Nous arrivons bientôt à la moitié de l'étape et nous n'aurons encore posé le pied sur aucun sentier !
La Sant'Antonio Abate, église paroissiale de Ripa, date de 1950-1952. En effet, l'église précédente fut détruite lors de la seconde guerre mondiale. Elle datait au moins du XIIIè siècle.
A défaut de pouvoir y entrer, on admirera sa mosaïque en façade.
Sur le petit square derrière l'église, est érigée une stèle en marbre en l'honneur des émigrés versiliens. Versiliens, c'est à dire de la Versilia, la région où nous évoluerons jusque Camaiore.
Un peu plus loin, nous découvrons la Fiume Versilia et sa vallée qui regroupe de nombreuses entreprises travaillant le marbre. Ici, le fleuve marque la limite entre les communes de Seravezza et de Pietrasanta.
Enfin, l'intérêt pour cette étape commence à se manifester !
Et, cerise sur le gâteau, après 11,5 kilomètres de marche sur des routes asphaltées, nous avons enfin droit à un vrai sentier !
Bon, ça ne dure que 300 mètres mais c'est déjà ça ! Il faut pouvoir se contenter de peu dans la vie...
Quelques dizaines de mètres après la sortie du sentier, nous découvrons la Pieve di Santo Stefano de Vallecchia, un hameau de Pietrasanta. Si on trouve trace de la première église en 881, l'actuelle date du XIè siècle.
Nous retrouvons le bitume pour 800 mètres avant de retourner sur les bords du Fiume Versilia. Un petit coup d'œil en arrière nous offre une superbe vue sur les Alpes Apuanes.
Pour la deuxième fois, nous empruntons un sentier sur la digue bordant le Fiume Versilia. Un bonheur éphémère à nouveau puisque nous la quittons déjà après 700 mètres. Mais il y a progrès !
Bon, je dois l'avouer, j'ai quitté la digue 100 mètres trop tôt. En fait, j'ai suivi le tracé de la carte IGN qui n'est pas à jour et j'utilisais une version obsolète de la trace GPX de la Via Francigena sur mon GPS...
De là où nous aurions dû quitter la digue, un gros kilomètre nous sépare de l'entrée dans Pietrasanta. Heureusement, l'industrie du marbre nous offre quelques distractions sinon, à l'image de ce récit, nous serions morts d'ennui.
À l'arrivée à Pietrasanta, l'abondance de sculptures de marbre saute immédiatement aux yeux. Et pour cause, depuis la fin du Moyen Âge la région est le berceau de nombreux sculpteurs et artistes. Michel-Ange est issu d'ici, par exemple.
On trouve toujours à Pietrasanta un nombre record d'ateliers d'artisans et de galeries d'art au point qu'en 2020, le magazine Forbes a élu la ville "Capitale de la culture en plein air".
Via Giuseppe Mazzini, la Chiesa di San Bagio (Saint Blaise) est plutôt connue sous le nom de Chiesa della Misericordia car elle appartient à la Confrérie de la Miséricorde.
Si elle se consacre de nos jours aux nécessiteux, la confrérie est issue, depuis 1896, d'une compagnie qui aidait les condamnés et les enfants trouvés.
Au bout de la rue, nous arrivons Piazza Duomo. Sur la place et dans son prolongement, nous trouvons plusieurs bâtiments d'importance.
Le premier que nous remarquons est forcément la cathédrale, ou collegiata di San Martino. Nous y reviendrons.
À droite en arrivant sur la place, on peut aussi observer la Torre delle Ore. Cette Tour des Heures fut construite entre 1530 et 1534 dans le style gothique mais son aspect actuel date de 1860. Détail cocasse, jusque-là l'horloge ne possédait que l'aiguille des heures.
À l'autre bout de l'espace se dresse la Chiesa di Sant'Agostino avec, devant elle, la Colonna della Libertà. Si l'église fut construite au XIVè siècle, le cloître et le couvent attenant datent eux du XVIè. L'ensemble est maintenant désacralisé et sert de centre culturel.
Revenons visiter la cathédrale dont l'extérieur est entièrement couvert de marbre blanc. Cela aurait dû être aussi le cas du clocher, séparé de l'église, mais ce ne fut jamais réalisé. L'escalier en colimaçon de la tour serait selon certains l'œuvre de Michel-Ange.
L'édifice d'origine est mentionné en 1223 et il sera agrandi en 1330. Il mélange les styles roman et Renaissance.
À l'intérieur, on doit l'aspect actuel à la grande-duchesse Christine de Lorraine. Elle fit rénover l'église en 1627 par des artistes florentins.
À hauteur de la cathédrale, dans la Via Giuseppe Garibaldi, on visitera le Battistero, ou Oratorio di San Giacinto.
De sa construction, entre 1604 et 1615, jusqu'au XIXè siècle, l'oratoire était le siège de la Compagnie du Saint-Sacrement. En 1786, deux fonts baptismaux de la cathédrale y sont transférés.
Le plus ancien date de 1389 tandis que l'autre fut commencé en 1509 mais n'a jamais été achevé.
Nous quittons Pietrasanta par la Via Giuseppe Garibaldi.
À hauteur du cimetière, nous bifurquons à gauche pour emprunter la Via Valdicastello Carducci. Nous passons devant la Pieve dei Santi Giovanni e Felicita.
La construction de l'édifice date probablement de la fin du XIè siècle. Mais son aspect originel a été modifié à l'occasion de nombreuses rénovations, les plus importantes ayant eu lieu aux XVè, XVIè et XVIIè siècles.
900 mètres après l'église, nous quittons la route principale vers la droite. Après être passés au-dessus du Fosso Baccatoio, nous attaquons la seconde difficulté de la journée.
La troisième si nous considérons que cela fait 18 kilomètres que nous mangeons du bitume sur un parcours très très ennuyant...
L'ascension de la colline Colle Banche débute sur une petite route asphaltée mais, après 500 mètres, dans une boucle, nous la quittons pour un superbe petit sentier bien sauvage comme il faut !
Encore une fois la joie sera de courte durée puisque nous retrouvons l'asphalte après seulement 400 mètres ! Et puis encore 100 mètres un peu plus loin. Mais voilà, il faut savoir se contenter de peu dans la vie, n'est-ce pas ?
Au pied de la descente, le portique d'entrée d'une noble demeure retiendra notre attention, surtout quand on voit juste une grosse limousine immatriculée en Belgique en sortir.
Il s'agit en fait de la Villa Borbone, une luxueuse bâtisse cachée derrière les arbres qui héberge aujourd'hui l'EIS Versilia, une école internationale.
Mais l'intérêt est ailleurs. C'est entre ces murs que naît, le 9 mai 1892, Zita de Bourbon-Parme. Le 21 octobre 1911, elle épouse Charles de Habsbourg-Lorraine et quand celui-ci devient Empereur d'Autriche et Roi de Hongrie le 22 novembre 1916, elle héritera du titre d'Impératrice consort d'Autriche, Reine consort de Hongrie, de Bohême, de Croatie et de Slavonie. Waow ! Ça fait beaucoup sur la carte de visite, ça !
Et vous imaginez si elle avait dû y écrire son nom complet !? Zita Maria delle Grazie Adelgonda Micaela Raffaela Gabriella Giuseppina Antonia Luisa Agnese di Borbone-Parma !!!
Bon, elle ne profita de son titre que jusqu'au 12 novembre 1918, la défaite entraînant la dissolution de l'Empire d'Autriche et du Royaume de Hongrie.
L'histoire absolument extraordinaire de cette femme, veuve à 28 ans, jamais remariée, se termine avec son décès le 14 mars 1989 à Zizers, en Suisse. Elle avait 96 ans.
Je ne peux résister à l'envie de vous partager ci-dessous le lien vers sa biographie sur Wikipedia. Si l'histoire vous intéresse un tant soit peu, allez y jeter un œil, c'est extraordinaire !
Zita de Bourbon-Parme - Wikipédia
Zita de Bourbon, princesse de Parme puis, par son mariage, impératrice d'Autriche et reine de Hongrie, est née le à Camaiore, en Italie, et morte le à Zizers, en Suisse. Épouse de l'empereur ,...
Laissons là l'histoire derrière nous et poursuivons. Après un nouveau très court passage sur un sentier, s'ensuivent deux kilomètres de petites routes.
Est-ce parce que la fin d'étape approche qu'on y trouve un certain charme ?
Ces petites routes nous conduisent à la Via Provinciale, la route principale menant à Camaiore depuis le front de mer par la vallée du Fiume Camaiore.
Dans un premier temps, nous suivons la route par la gauche, en contrebas, avant de la traverser pour gagner la digue située de l'autre côté du fleuve.
Ce final d'étape, juste avant de rentrer dans la ville de Camaiore, est assez sympathique, je l'avoue.
La visite de la ville débute par la Piazza Ventinove Maggio. Puis nous empruntons la Via Quattro Novembre jusqu'à la Piazza San Bernardino di Siena en passant par la Piazza Petrucci qui lui est contigue.
C'est ici, sur cette étroite place principale, que se trouvent la Mairie, une porte de l'ancienne enceinte de la ville dont il reste à peine 200 mètres, et le lieu de culte le plus important de Camaiore, la collégiale Santa Maria Assunta.
Érigée au XIIIe siècle, la collégiale a connu de multiples transformations du XVe au XVIIIe siècle, tout en préservant son architecture romane.
Au XVIIIe siècle, elle fut l'objet de rénovations baroques. Cependant, au début du XXe siècle, un mouvement de restauration a marqué un retour au style roman.
Les fonts baptismaux en marbre, situés à gauche de l'entrée sous le clocher de l'église, remontent à 1387 !
J'aurais pu décider de conclure cette étape à la collégiale. Cependant, nous allons continuer encore un peu, sur deux cents mètres, pour terminer finalement à la Piazza Francigena.
C'est bien de terminer une étape de la Via Francigena à la Piazza Francigena, vous ne trouvez pas ?
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Vous voulez revivre cette étape en vidéo 3D ? C'est ici :
Appréciation du parcours :
Vous avez trouvé mon récit ennuyant ? Alors je suis trop fort car, l'ennui, c'est bien ce que vous risquez de ressentir en parcourant cette étape !
À part quelques superbes vues au début sur les hauteurs après Capanne, la ville de Pietrasanta et son riche patrimoine, et un final sympathique à partir du Colle Banche, cette étape n'offre pas grand-chose au randonneur.
Et tout ce bitume ! Allez, vite, tournons la page !
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Comment rejoindre cette étape ?
Si Massa est desservie par le chemin de fer, ce n'est pas le cas de Camaiore, la gare se trouvant dans la plaine côtière entre Lido di Camaiore et Capezzano Pianore. Camaiore possède cependant une gare routière.
Quel que soit l'endroit de votre hébergement, il faudra jongler avec les transports en commun.
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Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :