26 Septembre 2023
Après l'étape décevante d'hier, j'espère que le parcours offert par cette étape de 25 kilomètres sur la Via Francigena entre Camaiore et Lucca (Lucques en français) vaudra le détour.
En en voyant le profil, l'espoir est permis mais relief accidenté ne signifie pas toujours beaux sentiers de randonnée, comme on a déjà pu l'expérimenter.
En route sur les chemins de Toscane pour vérifier cela !
Nous prenons le départ depuis la petite Chiesa di San Michele Arcangelo, là où nous avions laissé la Via Francigena hier.
Erigée entre la Piazza Armando Diaz et la Piazza Francigena, la petite église à nef unique, d'origine romane, fut reconstruite après la Seconde Guerre Mondiale.
Un peu plus loin, dans la Via Quattro Novembre, nous passons devant la Chiesa di Santa Croce au sujet de laquelle je ne trouverai aucune information.
Passé dans le Corso Vittorio Emanuele, nous découvrons cette fois la Chiesa dei Dolori. Construite au XVIè siècle, elle est dédiée à Saint Vincent le confesseur. Et si elle est plus connue sous le nom de Eglise des Douleurs, c'est dû à une peinture à l'huile du XVIIIè représentant la Vierge des Douleurs, Saint Dominique et Saint Génésie qui s'y trouvait, avant d'être déménagée au musée d'art sacré.
En comparaison avec d'autres cités italiennes similaires, Camaiore me semble avoir un patrimoine architectural moins étendu. C'est du moins l'impression qui prévaut lorsque je quitte la ville par la Via Roma.
Rapidement le paysage s'ouvre sur les hautes collines environnantes magnifiées par le soleil levant.
1.400 mètres après le départ, nous quittons la Via Roma pour arpenter les campagnes, puis la forêt qui borde la vallée du Torrente Lucese. Voilà qui n'a absolument rien à voir avec l'étape d'hier mais, comparaison n'étant pas raison, nous n'en reparlerons pas.
Le très beau chemin nous conduit à la Chiesa di Sant'Andrea apostolo de Pontemazzori, un hameau de Camaiore. Son existence est déjà mentionnée en 885 mais elle sera presque entièrement reconstruite au XIXè siècle.
Quatre marcheurs ou pèlerins, je ne peux dire, sont présents sur les lieux et pendant qu'ils semblent chercher leur chemin, je prends mon petit-déjeuner sur un banc à proximité. Des Italiens apparemment...
Après l'église, se présente la première grande difficulté de la journée : un kilomètre précisément jusqu'au point de vue de Montemagno, un autre hameau de Camaiore. C'est une montée courte mais intense, avec une pente variant entre 10 et 15%.
Du point de vue de Montemagno, le parcours continue à s'élever. Bien vite les quatre randonneurs de tout à l'heure se trouvent en point de mire.
Nous finirons par nous rejoindre et par faire connaissance lors des 3,6 kilomètres qui nous séparent de Gualdo, un hameau de Massarosa.
L'itinéraire, bien qu'entrecoupé de courtes portions asphaltées, est absolument somptueux et fait penser à certains passages des étapes du nord de la Lunigiana, avant Pontremoli. L'altitude en moins. En effet, Gualdo, deuxième sommet de la journée, ne culmine qu'à 331 mètres.
Quant à mes nouveaux amis, il s'agit de deux couples d'Italiens de Bologne, Maurizio et Graziella, et Angelo et Mara. Ils parcourent la Via Francigena occasionnellement. Le premier couple a commencé au Grand-Saint-Bernard tandis que le second a débuté à Vercelli.
Chance pour moi qui ne bredouille que quelques mots d'italien, les deux hommes parlent très bien le français. Et puis il paraît que les Bolonais sont les plus sympathiques des Italiens...
De Gualdo, ce hameau tranquille perdu dans les collines des pré-Apennins, la vue est imprenable, s'étendant jusqu'à la mer Tyrrhénienne.
De Gualdo, le chemin redescend pendant 2,2 kilomètres jusque Valpromaro en suivant un tronçon de la Strada delle sorgenti ou Route du printemps, en français. Ce sentier relie les 66 sources principales situées sur le territoire de la commune de Massarosa.
C'est magnifique !
Bien que dépendant de Camaiore, Valpromaro connaît une situation administrative particulière.
Ainsi, lorsque nous faisons tamponner nos crédenciales à la Casa del Pelegrino, Via Vecchia Provinciale, nous nous trouvons sur le territoire de Massarosa. Cependant, lorsque nous visitons la Chiesa di San Martino, 25 mètres plus loin, nous sommes sur celui de Camaiore !
Nous quittons Valpromaro en descendant la vallée du Torrente Freddana pendant 1.200 mètres. Puis nous bifurquons à droite pour attaquer la troisième et dernière difficulté de la journée, en direction de Piazzano.
Il est 12h25. Dans la montée vers Piazzano nous profitons d'un petit muret en bord de route pour casser la croûte. Buon appetito a tutti !
Piazzano, un hameau de Lucca, occupe le troisième sommet de la journée, perdu au milieu des collines.
350 mètres après la sortie du hameau, à hauteur du cimetière d'où la vue est d'ailleurs superbe, il nous faut prendre une décision. La Via Francigena nous propose en effet deux alternatives : soit nous continuons à descendre dans la vallée par la route, soit nous prenons le chemin qui s'ouvre devant nous.
Il va sans dire que nous ne mettons pas longtemps à opter pour la seconde option.
Le chemin descend quasi tout droit jusqu'au Torrente Contesora. La pente est raide - entre 10 et 15% - et le sol est encombré de pierres. L'exercice n'est pas facile mais c'est bien mieux que se payer du bitume.
Nous débouchons dans la vallée presque à hauteur de la petite Chiesa di San Michele Arcangelo.
Erigée en 1175, elle était rattachée à un petit hospice qui accueillait les pèlerins. L'hospice fut détruit par les Allemands en 1944.
Mais regardez-moi ça ces curieux !
De la petite église jusque Ponte San Pietro s'en suit une longue portion de route d'un peu plus de 5 kilomètres qui vient gâcher une étape jusqu'ici parfaite !
Je suis particulièrement heureux d'apprendre que ce sentiment est partagé par mes compagnons de route, preuve s'il en est que je ne suis pas un vieux grincheux !
Nous arrivons à Ponte San Pietro en même temps que quatre pèlerins norvégiens originaires de Bergen. Ils courent comme des poules sans tête, se trompent de chemin, reviennent sur leurs pas. Le contact est froid... Nous les laissons partir...
Ponte San Pietro est surtout remarquable pour son pont sur le Fiume Serchio et les belles vues qu'il offre.
Nous retrouvons un superbe chemin sur la digue de la rive gauche du Fiume Serchio.
Un peu plus de 3 sympathiques kilomètres lors desquels nous rencontrerons un couple de Français originaires de Toulon mais ex-parisiens. Ici aussi nous ne pourrons pas dire que le contact fut chaleureux...
Tout juste aurai-je pu apprendre qu'ils sont partis de Gênes et vont à Pise. Ceux-là ne parcourent donc pas la Via Francigena.
Aux trois-quarts du chemin, une installation hydro-électrique barre le cours d'eau.
Quittant la digue, nous ne pouvons manquer d'apercevoir une piscine ! Il fait chaud ce mardi et y faire un plongeon, ma foi...
De la digue, 1,5 kilomètre à travers le quartier de Sant'Anna nous sépare encore des murs de la vieille ville de Lucca.
Impressionnante cette muraille du XVIè siècle restée pratiquement inchangée !
Nous pénétrons dans la ville par la Porta San Donato. Construite entre 1629 et 1639, elle était à l'origine dotée d'un pont-levis.
Cent mètres plus loin, sur la droite, on peut encore voir l'ancienne Porta San Donato qui, elle, date de 1590. Celle-ci accueille un point d'information pour les touristes où il est possible de faire tamponner sa crédenciale.
La Via San Paolino nous emmène au cœur de la vieille ville. Nous passons devant la Chiesa dei Santi Paolino e Donato.
Seule église entièrement Renaissance de Lucques, elle est dédiée à Saint Paulin, premier évêque de Lucques, en 46 après J.C.
Piazza Cittadella, nous décidons de nous offrir une petite gâterie. Après tous ces efforts fournis, nous l'avons bien mérité !
N'est-ce pas Monsieur Puccini ?
Oui, Giacomo Puccini, considéré comme le plus important compositeur d'opéra de tous les temps est né ici, à Lucca, le 22 décembre 1858.
Bon, ce n'est pas fini, là ! Il nous reste encore un monument incontournable à visiter avant de mettre un terme à cette étape. Il s'agit en l'occurrence de la Chiesa di San Michele in Foro.
Erigée au VIIIè siècle sur l'ancien forum romain et reconstruite vers 1070, l'église est remarquable par sa façade mêlant roman et gothique, et la statue de Saint Michel Archange terrassant le dragon au sommet de celle-ci.
Son intérieur élégant abrite des œuvres d’art historiques, notamment une Vierge à l’Enfant de Lucca della Robbia.
Voilà une belle fin d'étape, non ?
Maurizio, Graziella, Angelo et Mara auront été jusqu'à présent les seuls randonneurs à m'accompagner sur pratiquement toute une étape. C'est remarquable car beaucoup avant eux ont vite abandonné !
Vous avez déjà essayé de marcher avec quelqu'un qui s'arrête tous les 50 mètres pour prendre des photos, vous ?
Eux s'arrêtaient pour m'attendre et s'enquérir de mon état de forme quand je disparaissais de leur vue. Ils ont fait preuve d'une attention incroyable à mon égard et jamais je n'oublierai !
Grazie mille a tutti, amici miei !
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Vous voulez revivre cette étape en vidéo 3D ? C'est ici :
Appréciation du parcours :
Les étapes se suivent et ne se ressemblent pas, sur la Via Francigena. Hormis les cinq kilomètres avant Ponte San Pietro, nous retrouvons ici un parcours spectaculaire et enthousiasmant à travers les collines des pré-Apennins.
La découverte de la ville de Lucca et de son patrimoine exceptionnel, en fin d'étape, est la cerise sur le gâteau d'une journée réussie.
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Comment rejoindre cette étape ?
Comme Camaiore ne dispose pas de gare, il faudra pour cette étape encore jongler avec les transports en commun.
En fonction de votre lieu de villégiature, vous pourrez peut-être profiter du train entre Lucca et Viareggio. Et emprunter le bus de Viareggio à Camaiore pour rejoindre le départ.
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Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :