30 juillet 2024 - TBM - GRP 4.2 - Le Douaisis à pas de Géants

Deuxième jour de la Boucle 4 "Le Douaisis à pas de Géants" des Tours du Bassin minier Nord - Pas-de-Calais proposés par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre.

Si la curiosité et la circonspection dominaient mes sentiments au départ de Douai, aujourd'hui c'est l'excitation qui domine car j'espère bien que cette étape-ci, de Râches à Masny, m'offre autant de belles surprises qu'hier.

Et n'y voyez aucun lien avec le fait que Laëtitia, ma partenaire de randonnée, m'accompagne. Elle est tout simplement la seule personne de mon monde capable de supporter que je m'arrête tous les 50 mètres pour prendre des photos ou que je passe parfois de longs moments à discuter avec les quidams rencontrés en chemin !

La journée s'annonce caniculaire - mon capteur de température enregistrera 41° C ! - lorsque nous prenons le départ au carrefour de la Route Nationale et de la rue Joseph Tison, à Râches. Pas de quoi nous refroidir, toutefois, si je puis dire ! (*)

Nous quittons Râches par le sud-est, via la rue du Vert Debout, pour déjà après 600 mètres gagner les campagnes.

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(*) Cependant, un problème matériel rendra de nombreuses photos inexploitables. Je referai donc cette étape seul le 8 août. Certaines photos illustrant cet article ont donc été prises à cette occasion. De même, la vidéo 3D en fin d'article est réalisée exclusivement au départ des photos du 8 août.

Un beau chemin de campagne nous conduit à Anhiers...

Anhiers est rapidement traversé. Rue du Marais, nous quittons le village vers le sud sur un chemin de campagne qui est aussi la limite avec Flines-lez-Râches, à gauche.

Déjà de l'entrée du chemin nous apercevons le chevalement de la Fosse n° 2 des mines de Flines, à Anhiers. Le fonçage de la fosse commence en 1898 et l'extraction en 1900. Fin 1905, elle est reliée à la Fosse n° 1 située sur le territoire de Flines-lez-Râches, à 1.790 mètres de là !

La fosse continue d'extraire pendant la Première Guerre mondiale mais en 1922, après le rachat par la Compagnie des mines d'Aniche, elle assurera l'aérage pour la Fosse Bernard située à Frais-Marais.

En 1958, la fosse cesse d'opérer. En 1959, elle est remblayée. Cependant, contrairement à la plupart des autres fosses, les bâtiments ne sont pas détruits. En 2021, ils sont ainsi rachetés par un couple de jeunes passionnés qui ont l'ambition d'en réhabiliter les lieux. Un projet soutenu par la Fondation du Patrimoine.

À gauche du chemin, l'horizon s'ouvre sur une grande plaine agricole récupérée sur les marais : de gauche à droite, le marais d'Anhiers, le marais de Roost-Warendin, le marais de Lalaing.

Alors que nous approchons de la rue du Petit-Anhiers, nous sommes surpris par le nombre de chevaux présents dans les prés environnants !

Tout s'explique quand nous apprenons d'une habitante des lieux l'existence ici du Ranch de la Vache Bleue... une pension pour chevaux !? Logique, n'est-ce pas ?

130 chevaux y sont hébergés ! Nous n'imaginions pas une telle passion pour cet équidé dans la région...

Dans la seconde partie de la rue du Petit-Anhiers, après avoir traversé la rue du Moulin, nous longeons un des nombreux canaux qui drainent le marais.

Au bout de la rue, nous aurions normalement dû, selon le TopoGuide, suivre la Scarpe Canalisée sur la rive nord. Mais le sentier n'y est plus entretenu et le balisage a donc été modifié en conséquence.

Nous devons dorénavant emprunter la D35 en direction de Flines-les-Râches. Comme il n'y a pas d'accotement, la prudence s'impose car la route est fréquentée et ça roule vite ! C'est donc avec soulagement que nous bifurquons à droite sur la route de la Scarpe au bout de 300 mètres.

Cependant, alors que ce n'était pas le cas le 30 juillet, lors de mon passage le 8 août, les champs de part et d'autre de la route sont jonchés de détritus, restes évidents d'une fête qui s'est sans doute tenue entretemps au plan d'eau Saint-Charles à quelques encablures d'ici. Le respect de l'environnement est encore loin d'être l'affaire de tous ! 

En journée, le plan d'eau est pourtant un havre de paix seulement occupé par les pêcheurs. Ce n'est qu'arrivés à l'autre extrémité que nous nous rendons compte qu'un sentier permet de le traverser en son milieu.

Détail pratique, l'endroit dispose aussi de tables de pique-nique et de toilettes.

Au carrefour après les étangs, nous prenons à gauche sur la rue du Marais de Bouvignies. Nous abordons alors une longue ligne droite de 2.300 mètres dont les 500 premiers mètres sont asphaltés.

Puis, l'asphalte disparaît ; Nous nous enfonçons dans le marais d'Orchies, jolie alternance de champs et de bois qui casse la monotonie que peut engendrer une longue ligne droite.

Le Courant du Décours, un canal artificiel, en marque la limite nord. Il fut creusé par les moines de l'abbaye de Saint-Amand avant le 14è siècle pour assécher le marais.

Il nous reste exactement 1 kilomètre de cette longue ligne droite à parcourir. Cette fois, nous trouvons à gauche du chemin le marais de Coutiches, à droite le marais de Bouvignies.

Et c'est à ce moment que l'impensable se produit ! Sans doute sous l'effet de la chaleur intense, Laëtitia perd les pédales et se met à vouloir regrouper à l'ombre les balles de paille qui parsèment le champ ! C'est attentionné, Laëtitia, mais est-ce bien nécessaire ?

Laissant Laëtitia à ses travaux d'Hercules, je poursuis mon chemin. Je la récupérerai en fin de randonnée.

Naaaan, je plaisante, hein ! 

Au bout de la ligne droite, un petit regard en arrière donne une meilleure idée de ce que nous venons de parcourir en plein soleil.

Et ce n'est pas fini puisque nous faisons maintenant le tour du marais de Bouvignies.

Pendant 1.600 mètres supplémentaires, nous sillonnons les champs sans espoir de pouvoir y trouver la moindre ombre.

À l'extrémité sud du marais, la silhouette basse du Terril n° 143A, Germinies Nord de la Compagnie des mines d'Aniche se profile.

Au détour du chemin apparaît la chapelle Notre-Dame de Bonsecours, protectrice du grand marais. Datant de 1871, elle marque aussi la limite avec Marchiennes.

Sans présumer de ce que donnera la troisième, il sera dit que chaque étape offre son paradis. Aujourd'hui, ce sera le Terril n° 143A, Germinies Nord.

À cheval sur Flines-lez-Râches et Marchiennes, il s'agit d'un terril tabulaire gigantesque d'une superficie de 143 hectares qui était alimenté par la Fosse Barrois de la Compagnie des mines d'Aniche !

La fosse comprenait deux puits situés tous les deux entre Pecquencourt et Montigny-en-Ostrevent, à environ 1,5 kilomètre au sud d'ici. Pour les régionaux de l'étape, la fosse se trouvait à l'emplacement actuel de la déchetterie de Pecquencourt, face à la caserne des pompiers.

19 millions de tonnes de charbon furent extraites entre 1931 et le 30 juin 1984, jour de fermeture de la fosse.

Le terril et les étangs qu'il surplombe, au sud-est, font partie du Parc naturel régional Scarpe-Escaut.

Nous sommes ici en présence d'un des plus riches sites miniers du Nord - Pas-de-Calais. On y trouve 27 espèces floristiques rares à exceptionnelles et l'Engoulevent d'Europe vient y nidifier.

Cet oiseau crépusculaire et nocturne est très répandu en Europe et en Asie durant l'été. Bien qu'il passe l'essentiel de ses journées tapi au sol, il ne s'agit pas d'une espèce menacée.

En hiver, les spécimens vivant en Europe migrent en Afrique de l'Ouest.

Ici aussi le parcours a été modifié par rapport au TopoGuide.

Nous faisons dorénavant le tour du terril plutôt que de couper en son milieu, ce qui nous offre de beaux points de vue sur la campagne environnante et 1.900 mètres de pur bonheur !

Nous pourrions passer des heures sur le terril mais il faut bien en redescendre, surtout que Laëtitia montre de nouveau des signes d'insolation. Pas de gesticulations étranges cette fois, juste des propos incohérents... C'est vrai qu'il n'est pas donné à tout le monde de supporter une telle chaleur...

Après la chicane marquant l'accès au terril, le chemin le longe jusqu'à la Scarpe Canalisée. Mais il ne s'agit plus du Terril n° 143A, Germinies Nord ! Nous sommes là en présence du Terril n° 256, Cavalier Triangle Barrois qui reliait les terrils n° 143 et 143A à la Fosse Barrois et à la ligne de chemin de fer Somain - Douai.

On en voit encore les culées du pont qui surplombait la rivière lorsque nous l'atteignons.

Pendant 900 mètres, nous suivons alors la rivière en direction de l'ouest. Sur notre droite, le terril n° 143A étale sa silhouette longiligne sur l'horizon.

Au premier pont, nous traversons la Scarpe Canalisée. À cet endroit, la rivière marque la limite entre Flines-lez-Râches et Lallaing.

Nous continuons tout droit sur le chemin des Tourbières. Sur notre gauche, au-delà des prés, le Terril n° 143, Germinies Sud dresse sa silhouette noire. Tabulaire et boisé comme son voisin immédiat, il est cependant interdit d'accès, une station d'épuration expérimentale occupant le site.

Proche du terril, la ferme de Germignies est une des plus anciennes fermes du Département du Nord. Elle date du 17è siècle.

Au moment où le chemin rejoint le pied du terril, il rencontre simultanément un canal d'irrigation alimentant le Fossé le Bouchard. Il est peuplé de sacrées bestioles, lui !

Une aire de pique-nique a été aménagée entre le fossé et la rue de Pecquencourt.

Du Fossé le Bouchard, nous traversons deux sympathiques cités de Lallaing : la Cité du Bois Duriez, puis après le petit square, la Cité du Moucheron coupée en deux par la Rocade Minière sous laquelle nous passons.

Après un grand rond-point, nous entrons dans Montigny-en-Ostrevent par la Cité du Moucheron puis, à partir du bois rue du Galibot, par la Cité du Sana. Ces deux cités, construites par la Compagnie des mines d'Aniche, en 1930 pour la première, en 1920 pour la seconde, sont classées au Patrimoine mondial de l'Unesco.

La Cité du Sana est aussi appelée Cité de Montigny. A moins que ce ne soit l'inverse ?

Quand on dit "Cité du Sana", cela vous évoque sans doute "sanatorium". Si c'est le cas, vous avez une bonne intuition. Car, ici, le professeur Albert Calmette, Directeur de l'Institut Pasteur de Lille et fondateur de la Ligue du Nord contre la tuberculose, fit construire en 1904 un sanatorium familial.

Inauguré en 1905 par le Président de la République, Emile Loubet, le sanatorium comportait plusieurs petits pavillons permettant d'accueillir les malades et leurs familles.

Le château Lambrecht, construit une cinquantaine d'années plus tôt, abritait le siège de l'Administration. Aujourd'hui en rénovation et caché sous les bâches, il accueille l'EHPAD Résidence Valérie.

Car, en fait, le sanatorium ne fonctionna pas longtemps. Connaissant des problèmes de gestion, il est d'abord transféré en 1912 à l'Œuvre des sanatoriums populaires de Paris. En 1914, les Allemands le transforment en hôpital militaire. Puis emmènent le matériel médical, le mobilier, et détruisent les locaux techniques à leur départ en 1918.

Après la guerre, les terrains sont vendus à la Compagnie des mines d'Aniche qui en fait une cité ouvrière avec école, chapelle, salle des fêtes et nouveaux logements pour les ouvriers. Le château Lambrecht, lui, hébergera la direction et les ingénieurs.

Quant à la superbe église Saint-Charles, de style néo-roman, elle fut inaugurée en 1935 pour les ouvriers polonais de la fosse Barrois. Charles Barrois, géologue et professeur à l'Université de Lille, donna ainsi son prénom à l'église, si je peux dire, et son nom à la fosse. Par crainte de son effondrement à cause de possibles affaissements miniers, le clocher n'a jamais été construit.

Nous sortons du sanatorium par son ancien portique, un des rares vestiges subsistant, la plupart des bâtiments ayant été démolis dans les années 1980-1990.

Un kilomètre plus loin nous découvrons le superbe Château de Montmorency.

Au Moyen-Âge, Robert Ier de Montigni élève ici un premier château fort sur une motte artificielle. Au fil des siècles, le château subit de nombreuses transformations jusqu'à ce qu'il soit partiellement détruit lors de la Guerre de Cent Ans, entre 1337 et 1435.

Reconstruit comme demeure seigneuriale plutôt que comme ouvrage militaire, il sera classé monument historique en mars 1929.

Il change régulièrement de propriétaire au cours des siècles mais relevons juste que, racheté en 1945 par les Houillères du Nord - Pas-de-Calais, il abrite alors le service vétérinaire pour les chevaux de traction. Aujourd'hui, le château héberge un ESAT qui procure une activité professionnelle à une soixantaine de travailleurs handicapés.

Nous continuons la visite de Montigny-en-Ostrevent par l'église Saint-Nicolas, construite en 1843. Son intérieur est on ne peut plus simple.

À l'angle des rues du Calvaire et de la Gare, un coq orne le sommet du monument aux morts, ce qui n'est pas très courant. Symbole patriotique, le coq gaulois représente la vaillance et la vigilance.

À la gare de Montigny-en-Ostrevent, nous quittons l'agglomération après une longue traversée urbaine de plus de quatre kilomètres depuis le Fossé le Bouchard.

Nous passons sous la ligne de chemin de fer Douai - Blanc-Misseron pour déboucher rue de Masny.

Puis nous remontons l'allée des Dormoires pendant 300 mètres avant d'emprunter un superbe petit sentier qui va nous emmener jusqu'à l'arrivée de l'étape, avenue du 8 mai 1945 à Masny.

Pendant 2,5 kilomètres, le sentier arpente la campagne tout en étant la limite administrative entre Masny et, successivement, Loffre et Lewarde.

Que voilà donc une très belle fin d'étape !

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Vous voulez revivre cette randonnée en vidéo 3D ? C'est ci-dessous que ça se passe :

Appréciation du parcours :

Cette nouvelle journée dans le Douaisis fut encore une très agréable surprise. Nous marchons la plupart du temps sur de très beaux chemins de campagne et si la traversée de Montigny-en-Ostrevent peut s'avérer longuette, elle n'est cependant pas dénuée d'intérêt historique.

L'escapade sur le Terril n° 143A, Germinies Nord est bien sûr la cerise sur le gâteau mais la fin d'étape n'est pas en reste.

J'aurai parcouru cette étape deux fois en l'espace de quelques jours et dans les deux cas je ne m'y serai pas ennuyé. Jusqu'ici, cette boucle 4 des tours du Bassin Minier Nord - Pas-de-Calais vaut assurément le détour !

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Comment rejoindre cette étape ?

Si vous rejoignez Douai en train, vous pouvez prendre le bus pour Râches depuis la Place Carnot et vous descendez à l'arrêt Mairie, à Râches. Quant à l'arrivée de l'étape, elle se situe à proximité de l'arrêt Cité du Castel, à Lewarde. De là, vous pouvez rejoindre directement la gare de Douai en bus.

Si vous êtes motorisé, vous pouvez laisser votre véhicule au parking de la gare de Douai et suivre les instructions décrites ci-dessus. Le parking est certes payant mais ce n'est pas très cher.

Sinon, vous pouvez vous garer gratuitement à proximité de l'arrêt Cité du Castel, à Lewarde, et y prendre le bus pour rejoindre le départ à Râches. Mais vous devez passer par la Place Carnot, à Douai, et y changer de bus. Comptez au total environ 1 heure de trajet.

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Le tramway de Douai

Si, à Douai, vous empruntez le bus à haut niveau de service (BHNS), c'est-à-dire celui qui circule en site propre (Ligne A), vous verrez ou entendrez sûrement l'appellation tramway.

Cela remonte à 2010 quand les bus Phileas sont mis en service. Phileas était un bus hybride guidé par des capteurs électro-magnétiques incorporés dans la route. En bref, l'équivalent d'un tramway mais sans les rails ce qui réduit les coûts d'infrastructure.

En réalité, justement pour une question de coût, les Phileas de Douai n'ont jamais été équipés du système de guidage et fonctionnaient donc uniquement en mode manuel. Quand le SMTD (Syndicat Mixte des Transports du Douaisis) décide enfin de délier les cordons de la bourse pour offrir le guidage aux véhicules, le fabricant tombe en faillite.

L'aventure du Phileas à Douai se termine ainsi en 2014 après avoir investi 134 millions d'euros hors taxes...

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Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :

Et si 20 km c'est trop long pour moi ?

Vous pouvez interrompre l'étape à l'arrêt Bois Duriez, rue de Pecquencourt à Lallaing. Vous aurez parcouru environ 13 kilomètres. Vous pouvez y prendre le bus direct jusqu'à la Place de Gaulle à Douai.

En partant de Râches, il est impossible de faire plus court à cause du long passage dans les marais et sur le Terril n° 143A, Germinies Nord.

Si vous souhaitez y laisser votre voiture en début de randonnée, il est possible de se garer à proximité.

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