31 Juillet 2024
Troisième et dernière étape de cette boucle 4 "Le Douaisis à pas de Géants" des Tours du Bassin minier qui, jusqu'à présent, ne m'a apporté que satisfaction et émerveillements.
C'est encore un parcours d'une vingtaine de kilomètres, qui nous verra cette fois rejoindre Douai au départ de Masny. Et ainsi, cette boucle d'une soixantaine de kilomètres sera bouclée.
Impatients de voir le programme du jour ? Alors, allons-y de ce pas...
Bon, en réalité, comme je prends le départ face au sentier qui m'emmène directement dans les campagnes, c'est de la rue Famille Dervaux (RD 645) à Lewarde que je démarre. Mais à une vingtaine de mètres près, c'était bien de Masny.
Laëtitia, quant à elle, est retournée travailler. Il faut bien que la jeunesse se sacrifie pour vos retraites, non ?
Ce très beau sentier sur lequel nous nous engageons est en fait l'ancien Terril n° 220 Cavalier Delloye sud qui reliait la Fosse Delloye de la Compagnie des mines d'Aniche, actuel Centre historique minier de Lewarde, à la ligne Somain - Douai.
Ce terril était plus haut dans le passé car un pont surplombait la RN 43, aujourd'hui déclassée en RD 645, à l'endroit exact où nous avons pris le départ.
Rapidement, nous apercevons dans le lointain les chevalements de l'ancienne Fosse Delloye.
Sur un kilomètre, le chemin nous menant au Centre historique minier de Lewarde est un véritable enchantement, même si nous ne pouvons pas rester sur le cavalier minier jusqu'au bout, celui-ci entrant dans le périmètre du centre minier.
Le Centre historique minier de Lewarde, c'est donc l'ancienne Fosse Delloye de la Compagnie des mines d'Aniche.
Le creusement du puits n° 1, à droite sur la première photo ci-dessous, commence en 1911 mais est interrompu par la Première Guerre Mondiale. Il sera repris en 1921 et la mise en service surviendra en 1927.
Entretemps, le creusement du puits n° 2 a commencé. Il entrera en exploitation en 1932.
La fosse ferme en 1971. Rapidement, en 1973, les Houillères décident d'y créer un musée. Qui sera inauguré en 1984. Si vous ne l'avez jamais visité, je ne peux que vous recommander de le faire.
Nous quittons le centre minier par le très beau Chemin des Bœufs. Celui-ci s'élève vers le sommet de la colline mais nous l'abandonnons à mi-pente pour nous diriger plein sud vers Erchin.
Sur la colline, une tour s'élève en lisière du Bois de Lewarde. Elle fut construite pour la chasse par le propriétaire du château de Lewarde.
Une seconde tour était autrefois érigée en lisière sud de ce bois. Bien différente, celle-là. Elle était déjà apparemment difficile à trouver, elle doit l'être encore plus maintenant qu'elle se serait effondrée à la suite de la chute d'arbres.
Il s'agissait en réalité d'un obélisque - l'Obélisque de Roucourt, c'est son nom - construit par les soldats danois stationnés à Bouchain, conséquence de la signature du Traité de Paris, en 1815.
Ce traité sera signé après la défaite de Napoléon à la bataille de Waterloo et oblige la France à accueillir à ses frais sur son sol une armée d'occupation de 150.000 hommes pendant cinq ans. Voilà qui explique la présence des Danois ici.
En 1818, le prince Frédéric de Hesse Cassel leur rend visite. Pour lui rendre hommage, ils élèvent cet obélisque construit en briques rouges façonnées à la main.
La campagne est magnifique ; Nous faisons nos adieux au centre minier avant d'entrer dans Erchin.
Nous entrons dans Erchin par la rue du Moulin, avant d'enchaîner par la rue de l'Eglise.
L'église Sainte-Aldegonde, de style roman, est dédiée à Notre-Dame du Mont Carmel. Elle fut érigée entre 1829 et 1843. Mais son clocher date, lui, de 1875. En face de l'église, la chapelle Saint-Liévin a étonnamment trouvé place depuis le 19è siècle dans le mur d'une habitation.
Rue de la Grotte, après le calvaire qui domine le carrefour, nous faisons face à une réplique de la grotte de Massabielle, à Lourdes, construite par les Erchinois en mai 1952 à la suite d'un pèlerinage à Lourdes organisé par la paroisse.
À la sortie du village, sur le Mont d'Erchin, se dressent les deux tours caractéristiques du château d'eau.
Du sommet du mont, nous bénéficions d'un beau panorama sur les campagnes, à l'ouest en direction de Cantin. Un sympathique chemin sillonne sur le plateau coincé entre quatre mamelons boisés. C'est sans doute pour cette raison que certains parlent de "Monts d'Erchin".
Justement, dans un champ fraîchement moissonné, à proximité de la lisière du bois, un chevreuil s'emploie à chercher sa nourriture. À ma vue, il prend la fuite ! Ah, le bougre !
Moins de deux kilomètres séparent le Mont d'Erchin de la RD 643, à Cantin, ce qui représente environ 24 minutes de marche. Mais quand en chemin on rencontre trois amis en train de promener leurs chiens et qu'on se met à discuter, le temps de trajet s'allonge considérablement ! Ah, ces hommes, toujours plus bavards que les femmes !
De l'autre côté de la RD 643, à l'extérieur du village, on découvre le cimetière. Une tombe s'en détache, caractéristique. Celle de la famille Billet. Il s'agit probablement de celle du peintre et graveur Pierre Billet né ici en 1837 et décédé ici aussi en 1922. Sans doute accompagné de sa fille Aline Guérin-Billet, née et morte à Cantin. Elle était peintre et sculptrice.
Un autre personnage illustre, mais pour d'affreuses raisons, est né à Cantin. Il s'agit de Jérôme Carrein, dernier Français à avoir été guillotiné. C'était le 23 juin 1977 à la prison de Douai. Il avait été condamné à mort à la suite de l'assassinat de la petite Cathy Petit, âgée de huit ans ! Jérôme Carrein est inhumé au cimetière de Douai.
Au centre du village, l'église Saint-Martin dresse sa belle silhouette. Son chœur du 13è siècle se trouve à l'emplacement de l'ancien château.
L'édifice actuel est le résultat des nombreuses modifications apportées en 1778 et 1829. Tandis que le clocher de style néogothique date de 1858.
Plus loin, rue du Château, on ne peut manquer le Belvédère, un pavillon construit dans le parc du château en 1760. On y trouve un puits, dans la cave. Le rez-de-chaussée est constitué d'une grande pièce unique alors que chacun des deux étages supérieurs abrite une chambre à coucher.
Nous quittons Cantin par le sud-ouest pour un parcours de 2,5 kilomètres à travers les campagnes et en particulier une partie de la Boucle de Flesquières.
Cette boucle de 2,3 kilomètres, proche du canal de la Sensée, fait partie de la trame verte et bleue aménagée par la Communauté d'agglomération du Douaisis. La boucle est accessible aux personnes en fauteuil roulant.
Nous arrivons à Gœulzin.
Nous traversons Gœulzin par la rue Charles Lefebvre et la rue du Marais. Peu avant l'extrémité ouest de celle-ci, une structure de métal et de verre abrite le moulin installé en 2021 sur la Dérivation de la Petite Sensée.
Ce qui est ici remarquable, c'est le fait que le moulin soit équipé d'une microcentrale électrique qui assure l'autonomie de la commune en électricité. Ainsi, depuis 2023, tous les besoins de la commune étant satisfaits, elle ne dépense plus un euro d'électricité pour l'éclairage public et les bâtiments municipaux !
Et 3 tonnes équivalent CO2 évitées chaque année ! Une installation pionnière que d'autres communes de la région envisagent à leur tour.
Suivent 800 mètres bucoliques le long de la Petite Sensée qui nous amènent sur le territoire de Férin.
Et plus précisément sur la berge du Canal de la Sensée que nous remontons vers le nord pendant 600 mètres.
Le Canal de la Sensée est le dernier maillon du Canal Dunkerque - Escaut dont nous avons parlé lors de la première étape de cette boucle. Ainsi, il se connecte à l'Escaut sur le territoire de Bouchain à une vingtaine de kilomètres à l'est d'ici.
Mais ce n'est pas tout. C'est aussi lui qui, à Arleux, assure la jonction avec le Canal du Nord qui met en relation la région avec le bassin de l'Oise.
Au pont de Férin, nous quittons le canal pour retourner le long de la Petite Sensée, rue de l'Abreuvoir. C'est certes de l'asphalte mais c'est sympa.
Nous finissons par rejoindre à nouveau le canal de la Sensée, au début d'une halte à bateaux.
Normalement, nous aurions dû quitter le canal rapidement, à la fin de cette halte. Mais un arrêté municipal de 2020 interdit l'accès au Bois Lamy ! Étonnant, depuis tout ce temps, que la Fédération Française de la Randonnée Pédestre n'ait pas modifié le balisage en conséquence.
Sans savoir s'il est possible, vu la présence d'un chantier naval, de passer par la jonction entre le Canal de la Sensée et la Scarpe canalisée, je préfère quitter le canal au pont de Courchelettes.
Je prends au plus court à travers Courchelettes pour rejoindre la Scarpe canalisée...
Arrivés au bord de la Scarpe, nous la suivons alors en direction de Douai sur 3 kilomètres en passant par Lambres-lez-Douai. C'est très beau, très photogénique, c'est indéniable, mais c'est longuet quand même...
L'intérêt renaît lorsque nous arrivons sur le Quai de l'Entrée des Eaux, à Douai, et que nous découvrons cette superbe passerelle surplombant la Scarpe canalisée. L'arrivée à Douai est tout simplement somptueuse !
L'enchantement continue Quai du Maréchal Foch et Quai du Maréchal Joffre ! Ce quartier de Douai est absolument magnifique !
Normalement, arrivés au Palais de Justice, nous aurions simplement dû le contourner pour retrouver ensuite la Scarpe. Mais je trouve dommage que le parcours ne nous fasse pas passer par le beffroi, pourtant pas si éloigné d'ici.
Je choisis donc d'aller y jeter un œil. La visite, ce sera pour une prochaine fois.
La construction du beffroi dura 30 ans, de 1380 à 1410. Il est intéressant de noter que sa construction fut facilitée par le Chevalier Jacques de Halluyn et son fils Jean. Jacques était alors propriétaire du château de Cantin dont il vendit les pierres pour la construction du beffroi !
Dès 1391, un carillon est installé. Mais s'il possède aujourd'hui 62 cloches, c'est parce qu'on lui en ajouta 47 en 1954 et puis encore un certain nombre en 1974. Les deux plus grosses cloches datent de 1471. Elles pèsent respectivement 5,5 tonnes et 2,4 tonnes !
Nous repartons du beffroi par la rue Léon Gambetta. À son extrémité se dresse l'imposante collégiale Saint-Pierre, la plus longue collégiale au nord de Paris avec ses 112 mètres. Elle est la plus grande église du Nord - Pas-de-Calais.
L'édifice actuel date de 1750 et remplace l'ancienne collégiale de 1513, détruite car elle menaçait de s'effondrer.
De style classique, elle renferme un riche mobilier des 17 et 18è siècles mais aussi une relique de Saint-Jacques. Une arcade sourcilière !
L'hostie du miracle y est aussi conservée. Datant de 1254, elle serait tombée par terre lors de l'eucharistie, dans la collégiale Saint-Amé, démolie en 1798. La ramassant, le prêtre et de nombreux témoins virent y apparaître le visage du Christ portant une couronne d'épines et deux gouttes de sang. On y vient encore en pèlerinage.
Bon, voilà un autre monument à inscrire à la liste des futures visites à Douai.
Nos redescendons jusqu'à la Scarpe canalisée pour emprunter les quais Auguste Bertin et Fleurquin.
De la Promenade des Bénédictins anglais, on aperçoit l'ancien Hôtel-Dieu. Construit en 1628, il accueille d'abord les indigents de la ville avant d'être transformé en hôpital militaire en 1756. Ne répondant plus aux normes sanitaires, il est désaffecté en 1970 et accueille aujourd'hui la Maison des associations.
Cette découverte de Douai est véritablement splendide !
Nous retrouvons le pont d'Alsace que nous avions déjà franchi en début de première étape. La fin de cette Boucle n° 4 reprend d'ailleurs le même itinéraire, en sens inverse jusqu'à la gare SNCF.
Tous ces efforts méritent bien une petite récompense, non ?
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Vous voulez revivre cette randonnée en vidéo 3D ? C'est ci-dessous que ça se passe :
Appréciation du parcours :
Pas de terril spectaculaire aujourd'hui mais, à l'exception de la longue (quasi-)ligne droite le long de la Scarpe canalisée à Lambres-lez-Douai que j'ai fini par trouver un peu ennuyeuse, cette étape offre un parcours très varié des plus agréables.
Une étape d'une richesse historique absolument remarquable qui justifiera d'ailleurs de revenir dans la région pour approfondir cette somptueuse découverte.
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Parlons Géants
Sur l'étape du jour, chaque village a ses géants. Lewarde a Isidore, Jacques Deforest de Quardeville et Lucie. Erchin a La Guerliche alors que Cantin en a une ribambelle ! Gayantin, Gayantin 2, Gayantine, Adèle Justine Brissez, Flore et Gabriel.
La légende de Gayant, le géant de Douai, prend sa source à Cantin. Selon la plus connue des versions, mais néanmoins contestée, le géant se serait appelé Jehan Gelon, sire de Cantin. L'homme était connu pour sa force herculéenne.
Les gens de Douai viennent donc lui demander de les protéger contre les Normands. Nous sommes à la fin du IXè siècle. La ville finalement assiégée, Jehan et ses trois fils, arrivés par surprise dans Douai, mettent les Normands en déroute. Mais s'enfuyant, ceux-ci détruisent son château et y massacrent les femmes.
Jehan serait mort au combat dans les environs de Bavay. En hommage, les habitants de Douai en firent un symbole de la ville.
Si Jehan et ses fils ont pu arriver par surprise dans Douai, c'est parce qu'il aurait existé un souterrain reliant le château de Cantin à la tour de Douai. L'entrée du souterrain existerait toujours mais il n'a jamais été prouvé qu'il aboutissait bien à Douai car il est bouché après seulement quelques mètres.
En continuant le parcours, Gœulzin possède Gœulzinus, Mireille et Gœulzinain. On pourra saluer Géraldine Grognon à Férin, si elle ne fait pas sa mauvaise tête. Mirmelène de Quellerie vous fera peut-être un câlin, à Courchelettes. Enfin, Lambres-lez-Douai a pour géant Sigebert Ier.
Comment rejoindre cette étape ?
Que vous rejoigniez Douai en train ou en voiture, l'idéal est de prendre le bus pour l'arrêt Cité du Castel, à Lewarde, depuis la place Carnot située non loin de la gare. Vous pouvez laisser votre voiture au parking de la gare, le cas échéant.
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Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :
Et si 20 km c'est trop long pour moi ?
Si vous vous êtes arrêté à Pecquencourt, comme je le suggérais en fin d'article hier, vous pouvez y reprendre le parcours et faire étape à Cantin. Comptez 14 kilomètres. De l'arrêt Église, à Cantin, vous pourrez emprunter le bus 21 à destination de la Place Carnot, à Douai.
Dans ce cas, pour la dernière étape, vous pouvez prendre le bus 21 depuis la Place Carnot, à Douai, pour rejoindre l'arrêt Église, à Cantin. Cela vous fera une distance d'environ 13 kilomètres pour retourner jusqu'à la gare SNCF de Douai.
Pour résumer, nous aurions :
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