31 Octobre 2024
Trois mois exactement après avoir terminé à Douai la boucle n° 4 des Tours du Bassin minier Nord - Pas-de-Calais, je récidive cette fois sur la boucle n° 7. Celle-ci, intitulée "Le Valenciennois, berceau de l'épopée minière" affiche aussi une distance approximative de 60 kilomètres. Je la parcourrai donc en trois étapes également.
La première, au départ de Raismes, est longue de 19 kilomètres, dont les 11 premiers, dès la sortie de la ville, intégralement en forêt ! C'est donc à un véritable bain de forêt que je vous invite !
Le TopoGuide Tours du Bassin minier Nord - Pas-de-Calais de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre fixe la gare de Raismes comme point de départ. Personnellement, je choisis de partir de la Grand'Place. Je vous explique le pourquoi en fin d'article dans la rubrique "Comment rejoindre cette étape ?".
Grand'Place, c'est là que nous découvrons l'église Saint-Nicolas, construite en 1752 puis agrandie en 1861. Bon, je l'avoue, j'ai été un peu paresseux, je ne me suis pas déplacé jusqu'à elle pour la visiter.
Si j'adore sa toiture verte couverte de mousse qui la fait passer pour une toiture végétalisée, c'est pourtant son intérieur qui est remarquable. Elle abrite en effet de nombreux objets de valeur provenant des abbayes de Valenciennes et de Vicoigne. Le plus notable étant probablement la Chaire de Vérité datant de 1628. Sans oublier les vitraux.
Nous quittons la Grand'Place vers le nord, en direction du château de la Princesse d'Arenberg que nous atteignons après avoir traversé la ligne de chemin de fer Fives - Hirson.
Ce château du XIè siècle a été reconstruit en 1829 par la famille d’Arenberg. Ernest d’Arenberg, de nationalité belge, propriétaire terrien et administrateur des mines, y résidait fréquemment avec son épouse, la princesse Sophie. Cette dernière est décédée à Salzbourg en 1901 et est inhumée dans la chapelle seigneuriale de l’église Saint-Nicolas de Raismes.
Le château est devenu propriété communale en 1952 mais est abandonné depuis de nombreuses années. Un projet d'aménagement est toutefois à l'étude en collaboration avec la Communauté d'Agglomération Porte du Hainaut (CAPH).
En attendant, son parc accueille chaque année le Raismes Fest, un grand festival de métal et de hard-rock.
À hauteur du portail du château, nous devrions prendre à gauche sur l'avenue de la Patte d'Oie, si on en croit le TopoGuide. Cependant la signalétique de la FFRP nous indique d'aller à droite. J'ai donc suivi le fléchage jusqu'à l'arrière du parc de loisirs mais il s'agit en réalité du fléchage au cas où vous voulez faire la boucle dans le sens anti-horlogique ! Il faut donc bien aller à gauche au T devant le château ! Retour sur mes pas, donc.
Nous longeons au départ le Parc Loisirs et Nature de la Porte du Hainaut, sur notre droite. À retenir, il n'y a aucun accès au parc de ce côté-ci.
Jusqu'au fossé parcouru par le Balle Tilliere, la végétation est ici plutôt basse. On ne peut pas encore dire que le bain de forêt ait véritablement commencé. Mais c'est déjà fort agréable.
Le minuscule canal franchi, nous entrons dans la Forêt Domaniale de Raismes - Saint-Amand - Wallers.
Au bout de 500 mètres, nous découvrons le cimetière de Vicoigne et notre attention ne peut qu'être attirée par un magnifique Copalme d'Amérique s'élevant en son centre ! L'automne est une superbe saison pour randonner en forêt !
Ce que va confirmer notre traversée de cette forêt aux multiples visages.
300 mètres au nord du cimetière s'élève le Mont des Ermites. Il s'agit en réalité du terril n° 173, Vicoigne Est qui était alimenté par la fosse n° 4 des mines de Vicoigne, située juste à proximité.
La fosse avait été ouverte en 1839 par la Compagnie de l'Escaut qui fusionna en 1841 avec deux autres compagnies pour former la Compagnie des mines de Vicoigne. Détruite pendant la Première Guerre Mondiale, elle ne servira plus par la suite qu'à l'aérage de la fosse n° 3. Elle sera remblayée en 1936.
Envahi par la végétation, le terril est difficilement visible. Personnellement, je ne l'aurai pas vu.
Nous traversons la D 151, sur le territoire de Saint-Amand-les-Eaux, devant un éblouissant mur orange !
Nous faisons alors une incursion de deux kilomètres à l'ouest de la D 151. L'aller par la Drève des Insurgés, le retour par la Drève des Bruyères. La forêt, généreuse, nous offre un spectacle tout en couleurs. C'est tout simplement superbe !
De retour à l'est de la Départementale, le Single des Prés Charniers nous accueille encore différemment. Au diable les longues lignes droites, ici tout est en courbes !
Le single nous conduit au Carrefour Mesnil où un kiosque d'information accueillera pour quelques instants de repos le randonneur fatigué. À moins qu'il ne soit en quête d'informations ?
De là, c'est la longue ligne droite de la Drève du Petit Bouzé qui nous attend. 1.700 mètres qui nous ramènent sur le territoire de Raismes.
Au bout de la drève, nous retrouvons un single, celui du Coucou. C'est en le parcourant que nous atteindrons le "sommet" de cette randonnée, soit 50 mètres d'altitude tout rond !
Nous quittons la forêt domaniale par l'ancienne Chaussée Brunehaut, à Bruille-Saint-Amand.
La Chaussée Brunehaut n'est pas une seule route mais un ensemble de routes anciennes qui remontent à l’époque gallo-romaine, voire plus tôt, et qui traversaient le nord de la France et la Belgique actuelle. Ces voies reliaient les grandes villes et lieux stratégiques, facilitant les échanges commerciaux et les déplacements militaires. Ici, nous marchons sur le tronçon Bavay - Tournai.
Une légende veut que ce soit Brunehaut, une reine mérovingienne du VIe siècle, qui les auraient créées par son pouvoir magique.
Construites en pierre et en terre compactée, elles sont parmi les premières routes pavées d’Europe et illustrent le génie des anciens en matière d'infrastructures.
Nous ne parcourrons qu'à peine 300 mètres sur la Chaussée Brunehaut. Nous bifurquons en effet vers le nord-est pour traverser la commune champêtre d'Odomez.
On peut observer au sud de l'Escaut une série de blockhaus construits dans les années 1930. Ils constituaient le Secteur fortifié de l'Escaut, lui-même partie de la ligne Maginot. Ils s'appuyaient sur le fleuve, considéré comme un obstacle majeur devant empêcher l'invasion des troupes allemandes depuis la Belgique. L'Histoire nous apprend qu'il n'en fut rien...
Justement, l'Escaut, le voilà ! Pour être correct, il faut plutôt parler de Canal de l'Escaut puisque, canalisé depuis Cambrai, c'est le nom qu'il prend à partir de cette ville et jusqu'à Mortagne-du-Nord, à quelques kilomètres d'ici sur la frontière belge.
C'est là aussi, à Mortagne-du-Nord, qu'il reçoit comme affluent la Scarpe canalisée. Nous l'avons longtemps côtoyée lors de la boucle n° 4 des Tours du Bassin minier.
Pendant que nous laissons la péniche Amazone voguer vers d'autres aventures en Belgique, voire peut-être aux Pays-Bas où l'Escaut se jette dans la Mer du Nord, nous traversons l'Escaut canalisé pour rejoindre la berge opposée, à Hergnies.
D'ici, il aurait été facile de rejoindre l'arrivée en suivant la rue Gambetta. Mais non, la FFRP nous fait remonter l'Escaut canalisé ! Ça c'est vache mais il y a sûrement une bonne raison à cela.
En tout cas, à cette époque de l'année, les massifs de Renouées des Sakhalines, aux teintes jaunes et orangées, sont absolument superbes ! Mais n'oublions toutefois pas que cette plante est invasive et représente une nuisance pour la végétation locale...
Au bout de 1.200 mètres, nous découvrons le Centre d'Education à l'Environnement d'Amaury. Vu son état de (quasi ?) abandon, ça ne peut pas être ça que la FFRP voulait nous faire découvrir. Alors allons voir plus loin...
Et un peu plus loin, c'est l'étang d'Amaury (ou lac d'Amaury) qui nous dévoile ses 60 hectares. "Bah... un étang", me direz-vous ? Oui, mais sa formation est toute particulière puisqu'il est le résultat d'un effondrement minier. En 1970, des galeries souterraines se sont effondrées, créant des affaissements de terrain en surface rapidement envahis par l'eau.
Son nom est issu de celui de la fosse Amaury de la Compagnie des mines d'Anzin qui avait été ouverte en 1834 - son emplacement est matérialisé derrière le Centre d'Amaury à côté duquel nous venons de passer - mais connut rapidement des difficultés à cause de la présence de nappes phréatiques à faible profondeur.
Elle fut d'ailleurs fermée en octobre 1912 après de longues périodes d'interruption et n'avoir produit que du charbon de piètre qualité, peu apprécié.
Le lac est alimenté par le canal du Jard. Celui-ci avait été créé par les ingénieurs de Vauban pour protéger la ville de Condé des inondations en desséchant les marais du bas de la ville.
Il avait également une fonction défensive. Pendant les guerres, le canal pouvait être utilisé pour inonder les environs de Condé, formant ainsi une barrière contre les attaquants potentiels.
Juste après avoir traversé le canal, sur la gauche, on peut observer la tête de puits de la fosse Laurent, exploitée de 1835 à 1868.
300 mètres plus loin, un vieux bâtiment en briques rouges aujourd'hui transformé en habitation est le seul vestige de la fosse Sophie. Diantre ! Trois fosses en quelques centaines de mètres ! Voilà qui révèle l'importance de l'exploitation du charbon sur la commune.
La fosse Sophie fut seulement exploitée de 1836 à 1861.
La fosse Sophie se trouve à 800 mètres de l'arrivée, que j'ai fixée à l'arrêt de bus "Les Quesnoy", rue Jean Jaurès.
À demain pour la suite de l'aventure !
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Vous voulez revivre cette randonnée en vidéo 3D ? C'est ci-dessous que ça se passe :
Appréciation du parcours :
Cette étape offre une immersion totale dans la nature, avec une grande partie du parcours en forêt. Vous pourrez découvrir des sites historiques et profiter de paysages variés et magnifiques.
L'itinéraire traverse des zones boisées, longe l'Escaut et propose des vestiges industriels, ajoutant une dimension culturelle et historique à cette randonnée. C'est une aventure enrichissante qui combine parfaitement nature et histoire.
Privilégiez l'automne pour son festival de couleurs surtout que les chemins sont de bonne qualité !
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Comment rejoindre cette étape ?
C'est assez compliqué de jongler avec les transports en commun dans la région. Mais ce n'est pas impossible.
Etant seul, j'ai garé mon véhicule près de la mairie de Bruay-sur-l'Escaut. De là, j'ai pris le bus pour rejoindre le départ de l'étape, Grand'Place, à Raismes.
À l'arrivée à Hergnies, arrêt de bus "Les Quesnoy", j'ai pris le bus jusqu'à la station "Hôtel de Ville" de Condé-sur-l'Escaut. De là, le tramway vous ramène à Bruay-sur-l'Escaut où vous descendrez à l'arrêt Bruay-Place.
C'est le plan le moins chronophage, évitant les trop nombreuses correspondances. Dans tous les cas, vérifiez les horaires avant de partir. A l'heure d'écrire ces lignes, il n'y a ainsi pas de service de bus entre Hergnies et Condé-sur-l'Escaut les dimanches et jours fériés.
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Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :