9 Juin 2021
Troisième journée de randonnée de cette nouvelle série sur la Via Francigena.
Le parcours de ce jour, d'un peu moins de vingt-deux kilomètres, doit nous permettre de rejoindre Vitry-le-François depuis La Chaussée-sur-Marne. Nous nous écarterons cette fois de la Marne et de son canal pour évoluer jusqu'à mi-étape dans la vallée du Fion. Pour finalement retrouver la Marne à Vitry-le-François en coupant à travers champs par le Mont de Fourche.
C'est la promesse d'avoir enfin du relief mais malheureusement aussi peu d'ombre. Or, la météo s'annonce encore très chaude !
A la sortie de La Chaussée-sur-Marne, nous traversons le Fion. Voilà sans doute un nom qui risque d'en amuser plus d'un. Pourtant, quoi de plus banal que ce nom. Il vient en effet du latin flumen qui signifie simplement rivière ou fleuve.
Pour sortir de La Chaussée-sur-Marne, nous empruntons une route asphaltée, en montée. Cela mérite d'être signalé, c'est le premier vrai dénivelé depuis deux jours !
Au bout de sept-cents mètres, apparaît un premier poteau indicateur de la Via Francigena et des Chemins de Compostelle.
Vingt-deux kilomètres jusque Vitry-le-François, nous sommes bien d'accord.
Nous quittons alors l'asphalte pour un beau chemin de campagne courant au fond de la vallée du Fion. Excepté un court passage boisé, nous sommes déjà dans les champs.
Le passage sous la N 44 marque à peu de chose près la borne des deux kilomètres parcourus.
Après avoir pris un peu de hauteur à la sortie du tunnel, le chemin redescend au fond de la vallée, longeant par moments les bois qui bordent le Fion.
Pendant deux kilomètres et demi, nous sommes sur le territoire d'Aulnay-l'Aître (on ne prononce pas le "l" d'Aulnay) dont nous ne verrons jamais le village, dissimulé derrière le bois.
En quittant Aulnay-l'Aître, il nous reste deux kilomètres pour atteindre le centre du village voisin, Saint-Amand-sur-Fion.
Jusque l'entrée du village, à un kilomètre, le chemin a été recouvert de graviers. Si c'est une bonne idée pour éviter toute dégradation précoce due au passage des engins agricoles, c'est toutefois assez inconfortable pour mes petits petons. Comme moi, vous préférerez peut-être emprunter le côté herbeux du chemin.
Nous traversons ensuite le village de Saint-Amand-sur-Fion, un village d'un peu plus de mille habitants assez coquet. Mais le tracé de la Via Francigena n'empruntant pas la rue principale du village, nous n'en aurons qu'un petit aperçu.
Et c'est après un passage boisé, alors qu'on croit en avoir fini avec la traversée du village, que nous découvrons en contrebas du chemin l'église Saint-Amand complètement décentrée par rapport au village.
Construite entre 1138 et 1147, elle possède un porche galerie ressemblant à une partie de cloître. Conservant sa base romane, elle s'est cependant vue dotée de voûtes à ogives gothiques et d'un grand chœur.
Je n'ai malheureusement pas pris la peine de m'en approcher mais, si ça vous intéresse, je vous y encourage vivement, elle semble assez exceptionnelle.
À la sortie du village, surplombant les maisons avoisinantes et l'église, vous ne pourrez manquer l'accueillante aire de pique-nique.
On emprunte alors la D 260 sur quelque trois cent mètres avant de bifurquer à gauche, sur un chemin de campagne, en direction de Saint-Lumier-en-Champagne.
Après une courte traversée boisée, nous nous retrouvons à nouveau au beau milieu des champs.
Un peu moins de deux kilomètres plus loin, nous apercevons le village de Saint-Lumier-en-Champagne que nous ne ferons qu'effleurer.
Nous quittons Saint-Lumier-en-Champagne par une route asphaltée en direction de Vitry-en-Perthois, sur huit-cents mètres. À partir d'ici, nous nous écartons définitivement de la vallée du Fion.
Mais c'est aussi ici que commence une longue traversée du désert... enfin... des champs. Sur près de quatre kilomètres, ce ne sont que des champs à perte de vue.
Heureusement, nous sommes au printemps et les différentes cultures colorent le paysage. Imaginez, après les moissons, quand tous les champs auront été labourés...
Les contours du Mont de Fourche se précisent...
Dans un premier temps, le chemin s'élève lentement.
Un coup d'œil dans le rétroviseur nous donne une idée du chemin parcouru.
Puis, nous arrivons sur une sorte de plateau où une croix nous accueille depuis 1891. Pour y faire nos dernières prières avant l'ascension ?
Quelques dizaines de mètres après la croix, nous empruntons un chemin vers la droite. C'est ici que commence réellement l'ascension.
Les plus observateurs et les plus curieux - on peut aussi cumuler - auront remarqué que je parle de Mont de Fourche alors que le panneau indicateur fait référence au Mont de la Fourche. Cela vient du fait que je me base sur les cartes IGN qui, elles, mentionnent "Mont de Fourche".
Ce n'est d'ailleurs pas la seule différence. Les cartes IGN donnent une altitude de 207 mètres contre 203 mètres sur le panneau. Notez que mon GPS GARMIN indique une altitude de 205 mètres alors que le chemin ne passe pas exactement sur le sommet.
Depuis le sommet, nous bénéficions d'une belle vue sur les environs et on peut même apercevoir Vitry-le-François, arrivée de cette étape.
Le flanc sud du mont est couvert de vignes. Sauf erreur de ma part, c'est la première fois que j'ai l'occasion d'en voir cette semaine, depuis mon départ de Condé-sur-Marne.
Après une petite pause, nous entamons la descente à travers le vignoble vers Vitry-en-Perthois.
Les vignes derrière nous, un étroit sentier nous emmène à travers bois vers Vitry-en-Perthois.
Nous ne faisons toutefois qu'une rapide incursion dans le village, le temps de contourner le quartier des Blanches Terres.
De Vitry-en-Perthois, nous suivons la vallée de la Saulx vers l'ouest, au pied des Monts Royer. Enfin, après dix-sept kilomètres de randonnée, nous pouvons bénéficier d'un peu de fraîcheur !
À l'approche de Vitry-le-François, nous retrouvons la N 44. C'est une route à grande circulation. Le trafic de poids-lourds y est important et rien n'est fait ici pour en faciliter la traversée. Le retour à la civilisation est assez rude après toutes ces heures passées au milieu des champs sans croiser personne.
Heureusement, une fois de l'autre côté, on retrouve le calme de la nature et le canal latéral à la Marne par la même occasion.
Nous arrivons rapidement à une autre curiosité de ce canal, après la découverte du syphon du canal Saint-Martin à Saint-Martin-sur-le-Pré (voir randonnée du 07 juin 2021).
À l'endroit où ils se croisent, un pont a été construit pour permettre le passage du canal au-dessus de la Saulx.
Ce n'est pas quelque-chose d'exceptionnel mais je pense que ça ne doit être que la deuxième fois que je vois ce genre de construction. La première étant le passage du canal du Midi au-dessus de l'Orb, à Béziers.
On continue encore quelques centaines de mètres le long du canal avant de suivre la Marne elle-même, en passant par un étroit sentier à l'arrière des habitations.
Ma trace s'arrête un peu au milieu de nulle part, à proximité du centre aquatique de Vitry-le-François, mais j'ai choisi cet endroit parce qu'il est à hauteur de chez Gaëlle, où je loge les deux prochaines nuits.
Mon ressenti sur cette étape est plutôt mitigé. Si les passages dans la vallée du Fion et sur le Mont de Fourche sont intéressants, le reste risque de vous faire trouver le temps et les kilomètres longs.
Évidemment, les conditions météo n'ont pas aidé à rendre cette randonnée agréable. Avec une température moyenne de 36° C et une maximale à 41° C, c'est sûr que j'aurai souffert physiquement. Itinéraire à déconseiller dans ces conditions tant les possibilités de se mettre à l'abri du soleil sont rares.
Par contre, cette étape est à faire au printemps, quand les champs n'ont pas encore été moissonnés. Sinon, c'est sûr, on pourra l'assimiler à une traversée du désert.
Plus qu'une anecdote, un symbole !
Il est un peu plus de 15 heures quand j'arrive chez Gaëlle que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Ceux qui suivent mes aventures sur la Via Francigena savent désormais que, lorsque je marche seul, je laisse ma voiture soit au départ, soit à l'arrivée, en fonction des possibilités offertes par les transports en commun pour la récupérer.
Aujourd'hui, la seule solution que j'ai trouvée était de laisser ma voiture au départ et de retourner la chercher en bus en fin de randonnée. Mais, dans la Marne, ce n'est pas si simple. J'ai un bus à 17hr15 qui me ramène de Vitry-le-François à Châlons-en-Champagne. Puis, je dois emprunter un autre bus pour rejoindre La Chaussée-sur-Marne. Au mieux, je serai de retour chez Gaëlle sur le coup de 19hr !
Apprenant cela, Gaëlle insiste spontanément pour me ramener à ma voiture. Et même mieux, nous irons conduire ma voiture à l'arrivée de l'étape de demain !
Même si certains peuvent en douter, la France est belle et peuplée de gens accueillants et généreux !
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Si vous souhaitez faire cette étape de la Via Francigena, vous trouverez ci-dessous la trace GPX :