07 juin 2021 - La Via Francigena de Condé-sur-Marne à Châlons-en-Champagne

Retour ce lundi 07 juin 2021 à l'église Saint-Rémi de Condé-sur-Marne, là-même où j'avais laissé la Via Francigena neuf mois plus tôt. J'aurais aimé y revenir plus vite mais la COVID-19, ses différents confinements, et un mois de mai on ne peut plus pourri, ont contrarié mes plans.

Comme cela commence à faire loin de la maison, je me lance cette fois dans deux semaines de randonnée, en prenant soin de recharger mes batteries le week-end.

Ainsi, si tout va bien, je devrais me retrouver le 18 juin à Orges, en Haute-Marne, au bout de deux-cent quinze kilomètres de randonnée. Mais pour l'heure, ma destination est Châlons-en-Champagne, préfecture de la Marne. Soit un peu moins de dix-neuf kilomètres...

L'église Saint-Rémi, d'architecture romane, date du XIIè siècle. Vue sous cet angle, le plus remarquable est son clocher constitué d'un empilement d'étages carrés de plus en plus étroits.

Je n'en ai pas fait le tour mais sachez qu'elle dispose aussi d'un porche champenois datant de la Renaissance.

Bombardée pendant la Première Guerre Mondiale, le porche et le clocher sont les seuls vestiges de l'église originelle du XIIè siècle.

Nous quittons l'église Saint-Rémi pour rejoindre le canal latéral à la Marne à hauteur de la jonction avec le canal de l'Aisne à la Marne.

La Marne n'est pas très loin...

Commence alors une longue ligne droite de quatre kilomètres le long du canal latéral à la Marne.

Transformé en véloroute de la Vallée de la Marne depuis juin 2015, le chemin de halage ne propose que de l'asphalte. Ce n'est pas le revêtement idéal pour les randonneurs mais la nature est belle et les kilomètres défilent.

Enfin... Ils défilent quand on ne passe pas son temps à converser longuement avec des gens rencontrés en chemin, comme Pascal, ce retraité de Moët & Chandon qui m'accompagnera aussi quelques centaines de mètres en vélo. Ou cet Autrichien de 73 ans se rendant en vélo à Paris. Avant d'y prendre l'avion pour Prague, en Tchéquie, et d'ensuite rentrer chez lui en Autriche sur son superbe vélo !

L'arrivée à l'écluse N° 11 de Vraux offre une nouvelle perspective.

En effet, à hauteur de l'écluse, nous traversons le canal pour prendre la direction de Vraux par la rue Brigadier-Général Searby. A cette occasion, nous traversons deux petits cours d'eau, la Gravelotte et la Presle.

L'espace entre ceux-ci est superbement bien entretenu. Des bancs invitent à une pause éventuelle.

Nous sommes sur le bon chemin. Plus que treize kilomètres avant l'arrivée ! Combien jusque Rome ?

Ah oui, vous l'aurez sans doute remarqué. Depuis plusieurs (dizaines de) kilomètres, Chemins de Compostelle et Via Francigena font chemin commun.

C'est ici, après cinq kilomètres que nous rencontrons le premier tronçon non asphalté depuis le départ de Condé-sur-Marne.

Jusque Juvigny, nous profitons, sur deux kilomètres, d'un chemin agréable alternant passages boisés et champêtres.

Après un court retour à la civilisation à Juvigny, nous retournons à la nature. La plupart du temps, nous évoluons entre champs et bois, ne bénéficiant que de rares portions ombragées.

Dans celles-ci, à ma grande surprise, l'humidité rend les traces de passage des véhicules très glissantes ! Le sol marneux se comporte comme du verglas lorsqu'il est humide. On privilégiera dès lors la bande herbeuse du milieu.

C'est aussi là que je subis les premières attaques de moustiques particulièrement voraces ! La présence d'étangs à proximité n'y est évidemment pas étrangère.

Depuis que nous l'avons quitté à Vraux, nous avons perdu de vue le canal latéral à la Marne. Pourtant, il n'est jamais très loin comme on peut s'en apercevoir en passant sous le pont de l'A 26 - Autoroute des Anglais juste avant Recy.

Notez quand même, qu'en 987, lorsque Sigeric entreprit son voyage pour Rome, il ne put jamais voir ce canal puisqu'il date de la première moitié du XIXè siècle !

Un kilomètre après l'autoroute, nous atteignons Recy...

A partir de Recy, nous retrouvons le canal latéral à la Marne et son chemin de halage bétonné. Il reste cinq kilomètres avant l'arrivée.

A l'entrée de Saint-Martin-sur-le-Pré, la Marne vient faire un petit coucou à son canal. Les deux ne sont séparés que d'une vingtaine de mètres, juste de quoi faire passer le chemin de halage.

Mais le clou du spectacle se trouve cinq cents mètres plus loin, au croisement du canal Saint-Martin et du canal latéral à la Marne.

Pour que le premier puisse passer sous le second et ainsi rejoindre la Marne, le génie humain a aménagé un syphon dans lequel s'engouffre littéralement l'eau du canal. Ce n'est probablement pas unique mais c'est réellement impressionnant à voir !

Oui, bon, d'accord, il ne faut sans doute pas être un génie pour avoir pensé à ça, mais quand même...

A hauteur du syphon, on fera attention de ne pas rester sur le chemin de halage. En effet, la Via Francigena emprunte un chemin parallèle en contrebas, le long des champs.

Ca permet d'éviter l'ambiance industrielle du canal mais aussi d'avoir une vue sur les jardins ouvriers de Châlons-en-Champagne. A la vue de certains jardins, on est en droit de se demander si d'aucuns y viennent bien pour y cultiver leurs légumes...

"Souris à la vie"... Oui, c'est exactement ça !

On traverse alors les premiers quartiers de Châlons-en-Champagne pour rejoindre la Marne à hauteur de la rue du Port de Marne.

Initialement, j'avais prévu l'arrivée de l'étape à la gare SNCF de Châlons toute proche, mais mon hébergement se trouvant à l'opposé de la ville, je décide d'arrêter la trace au pont, à hauteur de la rue Jean Jaurès. Je reprendrai d'ici demain matin.

En démarrant cette nouvelle étape de la Via Francigena, à Condé-sur-Marne, je ne m'attendais pas à vivre un moment très emballant. Suivre longtemps un canal est souvent un acte peu enthousiasmant.

Mais finalement, ces vingt kilomètres auront défilé assez vite et jamais l'ennui ne m'a gagné. On peut certes regretter les longs passages asphaltés ou bétonnés mais la nature est belle et les incursions champêtres offrent d'autres perspectives. Bref, il y a de la variété et quelques curiosités, comme ce fameux syphon de Saint-Martin-sur-le-Pré.

Ce n'est certainement pas une des plus belles étapes de la Via Francigena depuis Calais, mais pas la pire non plus.

Si vous souhaitez faire cette étape de la Via Francigena telle que je l'ai prévue, voici le lien vers la trace GPX originale. Celle-ci vous emmènera jusqu'à la gare SNCF de Châlons-en-Champagne. Personnellement, comme expliqué plus haut, je me suis arrêté plus tôt, au pont juste avant la gare.