30 Septembre 2023
Seizième et dernière étape de cette série automnale sur la Via Francigena. Depuis le 13 septembre et mon départ d'Orio Litta, j'aurai au total parcouru 390 kilomètres, pour autant que j'arrive tout à l'heure à San Gimignano.
Mais avec un parcours de moins de 15 kilomètres, je n'ai pas trop de doutes là-dessus même si le profil affiche un beau dénivelé positif.
En tout cas, la nuit fut reposante, à l'Ostello Sigerico. C'est déjà un bon point...
Dès le départ, nous jetons un coup d'œil à la façade de la Pieve di Santa Maria a Chianni, visitée la veille, jouxtant l'auberge...
Pas le temps de s'échauffer, il faut déjà grimper pour rejoindre le centre de Gambassi Terme.
Comme son nom l'indique, on vient à Gambassi Terme pour ses thermes. Depuis l'Antiquité. L'eau salée, bromée et iodée qu'on appelle ici l'"Eau Salsa di Pillo" possède des vertus thérapeutiques permettant de soigner les troubles digestifs ou respiratoires.
La première église rencontrée en entrant en ville est la Chiesa di Cristo Re, édifice récent construit en 1941.
Au centre, sur la place, s'élève (façon de parler tant elle est petite) la Chiesa della Misericordia, bâtie à l'origine en 1576 par les frères de la Compagnie de la Vierge. Mais en 1720, menaçant de s'effondrer, elle fut reconstruite et ainsi le bâtiment actuel date de 1729.
Le centre est aussi occupé par le grand jardin municipal. Aménagé au XVIIIè siècle, privé jusqu'en 1936, le parc abrite diverses variétés de plantes originaires d'Afrique. Elles y avaient été apportées par l'ancien propriétaire. Recensons entre autres des cèdres du Liban, des palmiers et des magnolias.
Les thermes sont situés à l'autre extrémité du jardin.
De ce jardin à l'italienne, on bénéfice d'une vue, limitée certes, sur les collines environnantes. De quoi toutefois nous donner déjà envie d'aller plus loin.
Quittons donc Gambassi Terme. A cette heure, les rues sont vides.
On traverse la vieille ville, avec ses ruelles étroites et ses maisons de pierre typiques de la Toscane, en direction du nord-est. C'est calme et plein de charme !
Dès la sortie de la ville, sur la Via Certaldese, de superbes paysages s’offrent à nous. De la brume s'accroche au relief, rendant la beauté des lieux encore plus impressionnante.
Au loin, alors qu'il nous reste encore 13 kilomètres à parcourir, nous apercevons déjà les tours de San Gimignano ! Si si, regardez bien ! Un peu à droite du centre de la photo...
Nous abandonnons rapidement la route pour un chemin de gravier. Tout irait bien s'il n'y avait pas ces conducteurs indélicats qui ne ralentissent pas à notre hauteur, nous enveloppant à chaque passage dans un nuage de poussière.
Pourtant, le paysage est enchanteur, majoritairement couvert de vignes de Chianti.
Au bout de trois gros kilomètres, nous arrivons à Casanuova. Si certains s'y laisseront sans doute tenter par une dégustation de Chianti, je suis personnellement plus intrigué par le bâtiment voisin de l'auberge.
Appartenant aujourd'hui à la Famiglia del cuore Immacolato di Maria (FCIM), une association catholique dédiée à la Vierge Marie créée en 2005, le bâtiment servait jadis de refuge pour les moines et les pèlerins de la Via Francigena.
Aujourd'hui, des novices viennent s'y préparer à entrer en religion. On peut le visiter le samedi et le dimanche.
Un peu plus de 3 kilomètres séparent Casanuova de l'agriturismo Santo Pietro, entre le Poggio di Montecarulli et Il Pogetto. Nous avons entretemps quitté le territoire de Gambassi Terme pour celui de San Gimignano.
Nous traversons de splendides paysages !
J'ai progressivement rattrapé un Français qui marche aussi en solitaire. Enfin... Pas tout à fait dans son cas. Tout le temps que je l'ai eu en vue, il est resté accroché à son téléphone à parler boulot ! Je l'ai laissé partir, m'arrêtant pour contempler le paysage. Je pense que vous comprendrez pourquoi...
À l'agriturismo Santo Pietro, c'est la fête. Un mariage, apparemment. Zut ! J'ai oublié mon costard cravate ! Un autre jour peut-être ?
Un peu plus loin, un voisin peste contre tous les automobilistes qui se rendent à la fête, soulevant des nuages de poussières qui viennent échouer dans sa piscine ! Il sait combien je compatis !
L'homme, fin connaisseur de l'Histoire européenne est super intéressant. Nous passons une vingtaine de minutes à discuter avant que, ô surprise !, les neuf jeunes Bolonais d'hier nous rejoignent. Tiens... j'étais convaincu qu'ils étaient devant moi...
Je cède le relais conversationnel aux jeunes et en profite pour m'éclipser vers Pancole...
Ce hameau de San Gimignano abrite le sanctuaire de la Très Sainte Mère Marie de la Divine Providence dont la création est liée à une jolie histoire.
Fin du XVè siècle, à l'emplacement actuel de l'église, se trouvait un édicule sur lequel était peinte une fresque de la Vierge Marie allaitant Jésus. Négligé, il est progressivement recouvert de ronces et de lierre.
Au XVIIè siècle, la région vit une époque de disette. En avril 1668, Bartolomea Ghini, une bergère muette de naissance, menant son troupeau au pâturage, éclate en sanglots devant sa situation désespérée.
Une belle dame lui apparaît et lui demande les raisons de cette profonde tristesse. Bartolomea lui ayant expliqué, la dame lui demande de rentrer chez elle où elle trouvera le garde-manger plein.
De retour à la maison, elle constate que le garde-manger est bien plein et réalise aussi qu'elle a maintenant l'usage de la parole !
Les villageois accourent alors à l'emplacement de la rencontre et redécouvrent l'édicule. La nouvelle a tellement emmené de pèlerins qu'en 1670, une église destinée à abriter la fresque était achevée !
Détruit en juillet 1944 par les Allemands battant en retraite, le sanctuaire fut réouvert en octobre 1949.
Je n'ai pas eu accès à l'intérieur du sanctuaire car une messe était en cours, m'empêchant ainsi de voir la fresque. Cependant, j'ai pu visiter la crèche qui se trouve sous le bâtiment.
Nous quittons le hameau par la... Via Pancole, une petite route asphaltée que nous suivons pendant un kilomètre.
L'arrivée à San Gimignano se précise... Il nous reste plus ou moins cinq kilomètres à parcourir.
Au bout d'un kilomètre, donc, nous empruntons un chemin en graviers vers la droite. Il nous emmène vers le sommet de l'étape. Le panorama est superbe !
En contrebas du sommet se trouve un complexe comprenant la Pieve di Santa Maria Assunta a Cellole et le Monastero di Cellole secondo la Regola di Bose.
L'existence de l'église est déjà mentionnée en 949. Elle a cependant subi de nombreuses rénovations au XVIIIè siècle, lui donnant un style baroque. Celui-ci disparaît toutefois lors de nouvelles rénovations à la fin du XIXè.
Le monastère contigu, lui, est régi par la Règle de Bose, une règle monastique suivie par une communauté œcuménique chrétienne fondée en 1965 en Italie. Cette règle met l’accent sur la vie communautaire, la prière, le travail manuel et l’hospitalité. Elle s’inspire des traditions monastiques anciennes, notamment celles de Saint Benoît, tout en cherchant à s’adapter aux besoins spirituels et sociaux contemporains.
La communauté de Bose est connue pour son engagement dans le dialogue œcuménique et interreligieux, ainsi que pour son accueil des personnes en quête de silence et de spiritualité.
La librairie est ouverte, j'en profite pour y faire tamponner ma crédenciale.
Les jeunes Bolonais m'ont rejoint. Nous continuons ensemble vers San Gimignano.
250 mètres après l'église, nous rejoignons la Strada Provinciale di Cellola. Si au départ nous bénéficions d'un sentier parallèle à la route, ce n'est toutefois que temporaire. Jusqu'à l'arrivée à San Gimignano, soit sur un peu plus de deux kilomètres, nous n'aurons d'autre choix que de suivre la grand route.
Mais la vue de San Gimignano et ses tours nous motive !
Et les splendides vues dont nous bénéficions nous aident à avancer...
À San Michele a Strada, nous quittons la route principale pour la Via Martiri di Citerna qui nous conduit au plus court vers la vieille ville de San Gimignano.
Des touristes américains sont en visite guidée dans le vignoble, augurant du nombre de touristes que nous allons croiser plus haut derrière les remparts.
Une dernière côte, Via Dante Alighieri...
Nous entrons dans la ville médiévale par la Porte San Matteo, une imposante structure datant du XIIIe siècle, qui servait autrefois de point de contrôle pour les voyageurs et les marchands. Cette porte, avec ses murs épais et ses tours de guet, témoigne de l’importance stratégique de la ville à l’époque médiévale.
Une fois cette porte passée, la rue du même nom nous conduit directement au cœur de la ville. Cette rue, autrefois principale artère commerciale, est bordée de magnifiques bâtiments médiévaux, de boutiques artisanales et de restaurants, offrant un aperçu de l’architecture et de la culture de l’époque.
On y trouve également plusieurs églises et musées, dont la chiesa San Matteo, construite au XIVe siècle.
La Piazza del Duomo est le cœur historique de San Gimignano. Au centre de la place se trouve la Collégiale de San Gimignano, également connue sous le nom de Duomo, une imposante église construite au XIe siècle qui a été un centre religieux majeur au Moyen Âge.
En face de la Collégiale se dresse le Palazzo Vecchio del Podestà, un palais historique reconstruit en 1239 qui a servi de résidence pour le podestat (le maire, en quelque sorte) avant d’être transformé en théâtre au XVIe siècle.
Au nord de la place, les Tours Jumelles des Salvucci sont emblématiques de l’architecture médiévale de San Gimignano et témoignent de la puissance des familles nobles de l’époque.
Le Palazzo Nuovo del Podestà, également connu sous le nom de Palazzo del Popolo, est flanqué de la Torre Grossa, la plus haute tour de la ville, offrant une vue panoramique imprenable.
La Piazza del Duomo était le centre de la vie politique et religieuse de San Gimignano au Moyen Âge, marquant l’intersection entre la Via Francigena et l’ancienne route reliant Pise à Sienne. Cette place est un témoignage formidable de l’histoire médiévale et de l’architecture toscane !
Je termine mon périple par la visite du Duomo de San Gimignano, un véritable joyau artistique. Les murs sont ornés de splendides fresques illustrant des scènes bibliques, réalisées par des maîtres de l’école siennoise.
La Chapelle de Santa Fina, avec ses magnifiques œuvres de la Renaissance, est un incontournable. Chaque coin de cette église raconte une histoire fascinante, invitant les visiteurs à plonger dans l’histoire et l’art médiéval.
Et qui je retrouve dans la collégiale !? Mon "ami" québécois que j'avais rencontré à Sarzana le 24 septembre dernier et avec qui j'avais pu à peine échanger tant il était pressé d'arriver à Rome ! Finalement, il ne sera pas plus avancé que moi.
Quant à Rome, je vous y donne rendez-vous en avril-mai 2024. Ah que ciao !
**************
Vous voulez revivre cette étape en vidéo 3D ? C'est ici :
Appréciation du parcours :
Cette étape de la Via Francigena de Gambassi Terme à San Gimignano traverse des paysages magnifiques.
L'arrivée à San Gimignano, ville médiévale avec ses tours emblématiques, marque une fin d'étape impressionnante. Cependant, certains passages sur des chemins de gravier peuvent être poussiéreux en raison de conducteurs indélicats.
Cette étape combine parfaitement nature, histoire et culture, nous offrant une expérience mémorable.
**************
Comment rejoindre cette étape ?
Comptez plus de deux heures et de nombreuses correspondances pour aller en transports en commun de San Miniato à Gambassi Terme, raison pour laquelle j'ai préféré enchaîner deux étapes sans rentrer à mon "camp de base". Ne se pose donc pas la question du transport pour rejoindre Gambassi Terme puisque, comme moi, vous y aurez probablement passé la nuit.
San Gimignano, elle, est bien desservie en transports en commun au départ de la gare de Poggibonsi-San Gimignano, vous laissant de nombreuses possibilités de vous organiser. Si vous ne la jouez pas à la mode pèlerin.
**************
Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :