19 août 2020 - Les Champs d'Argent

Après bientôt deux années de randonnées dans un rayon raisonnable autour de la maison, il devient difficile d'en trouver qui répondent à mes critères, c'est-à-dire longueur entre 20 et 30 km, bon dénivelé, et intérêt paysager ou historique. Ah oui, pas trop fréquentées, non plus.

Ce mercredi 19 août, c'est donc un peu par défaut que j'ai choisi la randonnée "Les Champs d'Argent" sur Visorando. Après tout, si cela peut aussi m'en rapporter, pourquoi pas ? Comme c'est très proche de Sus-Saint-Léger où j'étais le 05 août dernier et que j'y avais bien apprécié la randonnée, laissons-nous donc tenter.

Le circuit de 22 km propose un beau dénivelé et peu d'incursions dans des agglomérations. Par contre, les passages boisés ne sont pas nombreux mais, comme aujourd'hui la météo n'est pas au beau fixe et que les températures n'atteindront pas des hauteurs insupportables, ça peut le faire.

En route, donc !

Ah, oui, je dois vous avertir d'un élément très important si vous comptez la faire un jour avec Visorando ! Emporté par mon enthousiasme, j'ai loupé la première bifurcation à la sortie d'Amplier et j'étais déjà bien loin quand je m'en suis rendu compte ! Ce qui a pour conséquence que, ne voulant pas faire demi-tour, j'ai fait "Les Champs d'Argent" dans le sens inverse de celui prévu. Pensez-y donc quand je cite un kilométrage dans mes commentaires !

Et, autre info, j'ai changé le point de départ de la randonnée. Sur Visorando, il est prévu de se garer sur un parking le long de la D938. Cela ne me semblait pas très sécurisé de laisser la voiture toute une journée à cet endroit isolé, dès lors je suis parti du parking de la rue du Marais à 150 m de là.

Bon, nous pouvons y aller ?

Du parking, il suffit de traverser la rue pour se retrouver déjà sur un beau chemin boisé qui suit le fond de la vallée de l'Authie.

Un beau chemin qui peut toutefois se révéler boueux par endroits en période humide !

L'Authie que nous franchissons en entrant dans Orville.

A Orville, la rue du Cimetière n'est pas la dernière demeure que des humains. Nous sommes bien d'accord qu'il s'agit d'un terrain privé, mais la Mairie n'a-t-elle pas les moyens d'interdire ce genre de dépôt ? 

Ce n'est en tout cas pas la place qui manque dans le cimetière municipal !

Après avoir contourné le cimetière d'Orville, le sentier nous emmène vers Caumesnil, alternant passages en lisières et intérieurs de bois.

A Caumesnil, vous pourrez admirer une ferme-château et son pigeonnier. Rechignant toujours à prendre des photos de propriétés privées, je ne vous en proposerai pas mais n'hésitez pas, si vous faites la randonnée, à y jeter un œil.

Après Caumesnil, la randonnée nous ramène à Orville par une grande plaine agricole pour y terminer la boucle au nord de l'Authie. Le ciel semble m'indiquer la voie !

La descente vers Orville se fait toutefois à travers bois.

L'église Saint-Martin d'Orville date du XIXè siècle mais un pan de mur et des fondations de style roman laissent supposer que l'église actuelle fut construite sur les vestiges d'une église plus ancienne. On y trouve aussi des souterrains qui servirent de refuge.

Sur la maison attenante, on devine un fronton triangulaire sur lequel devait se trouver un écu royal aujourd'hui supprimé. Datant de 1833, il rappelle le passé royal de la France et d'ailleurs, cette année-là en janvier, Louis-Philippe Ier, dernier roi de France, avait effectué un séjour dans la région. Quoiqu'il en soit, il rappelle aussi, qu'au VIIIè siècle, Orville, alors appelée Andriaca villa, était une résidence royale.

Nous quittons Orville par un petit sentier longeant le Faubourg Saint-Antoine par le sud.

Nous laissons Orville assoupie dans la vallée de l'Authie. A 12hr50, c'est le moment pour une petite sieste, non ?

Alors que pour moi c'est l'heure de gravir la Montagne Blanche !

Sur le sommet de la Montagne Blanche, d'étranges dépressions attirent mon attention. Serait-ce une partie de ces fameux Champs d'Argent ? En effet, dans le prolongement de la deuxième photo ci-dessous se trouve la vallée des Champs d'Argent.

Elle abrite actuellement le stand de tir des Buttes d'Orville, qui propose un parcours de ball-trap internationalement reconnu. Mais l'endroit était plutôt réputé au début du XXè siècle pour ses mines de phosphate. Découvertes en 1887, et exploitées jusqu'au début du XXè siècle quand l'importation de phosphate tunisien et marocain leur fit perdre toute compétitivité, les 30 carrières d'extraction firent la richesse d'Orville et des villages environnants. Villages qui connurent par ailleurs une augmentation sensible de leur population, grâce à l'arrivée de 500 ouvriers belges, notamment. Ainsi, en quatre ans, la population d'Orville passa de 461 à 1503 habitants. Toutes proportions gardées, cette ruée vers le phosphate fut comparée à la ruée vers l'or en Amérique !

Alors, ces dépressions ? Des vestiges des carrières de phosphate ? Pas sûr, car jusque dans les années 1970 on exploita aussi artisanalement des sablières d'où on extrayait un sable d'une excellente qualité !

Quittant la Montagne Blanche en direction de Sarton, j'observe attentivement le paysage... et je me dis que là, devant moi, du côté de Pas-en-Artois, il doit bien y avoir l'une ou l'autre belle randonnée à faire, non ?

Après deux kilomètres sur les hauteurs, entouré de champs, je devine le petit village de Sarton, blotti paisiblement dans le fond de la vallée, au confluent de l'Authie et du Fossé de Marieux, mais aussi à la frontière entre Somme et Pas-de-Calais. Et la silhouette de l'église qui s'en détache me laisse à penser que je vais y voir un petit bijou...

L'église Notre-Dame de Sarton est en effet un petit bijou ! Construite au XVIè siècle, elle a la particularité d'avoir son clocher au centre de l'édifice, coupant apparemment la nef en deux parties égales ! Ce qui est absolument incompréhensible pour ma petite personne, c'est qu'elle ne soit même pas inscrite au titre des monuments historiques et qu'elle ne bénéficie donc d'aucune protection ! Et qu'en plus, elle ne soit même pas décrite par l'Observatoire du Patrimoine Religieux !

Allo ! Stéphane ? Il faut faire quelque-chose, ici !

Nous quittons Sarton pour remonter la vallée du Fossé de Marieux vers... Marieux. Une passerelle métallique permet de franchir le cours d'eau.

Le sentier qui longe le Fossé de Marieux est envahi par la végétation ! C'est la seule véritable difficulté de la randonnée quand on ne marche pas en pantalon ou si on ne porte pas de guêtres.

Située sur l'ancienne chaussée romaine Amiens - Arras, voie importante car menant vers l'Angleterre, Marieux joua un rôle clé en protégeant le passage sur l'Authie.

Rue Charles Bourcheron, la randonnée longe les murs du château de Marieux. Construit en 1777 par Antoine François Le Caron de Chocqueuse, Maire d'Amiens et héritier des terres de Marieux, il appartient toujours à ses descendants.

Le château servit de quartier-général à un corps britannique pendant la 1ère Guerre Mondiale. Le 25 octobre 1915, le roi Georges V y reçut le président Poincaré et les principaux chefs des armées françaises et britanniques.

Si vous passez par là, outre le portail monumental, vous pourrez apercevoir le colombier octogonal en pierre datant lui aussi du XVIIIè siècle.

L'église Saint-Léger de Marieux, rebâtie en 1828, est de style néo-classique.

On quitte Marieux en direction de Beauquesne en passant par Montplaisir. Mon plaisir... Mon plaisir... Sauf que la pluie s'est invitée ! Enfin, quoiqu'il en soit, avec tous ces champs de blé coupés, la randonnée aurait tout aussi bien pu s'appeler "Les Champs d'Or" !

A Beauquesne, le chemin traverse un verger. Les pommiers croulent littéralement sous la quantité de fruits ! Incroyable ! Je n'avais jamais vu ça !

Les deux kilomètres après Beauquesne ne sont pas très jolis et offrent peu d'intérêt. Par contre, au kilomètre 20, le passage dans la lande est magnifique. Ah, si le soleil avait été au rendez-vous ! La vallée d'Amplier, à cette époque, offre de jolis contrastes entre les champs de maïs vert et la lande brûlée par le soleil d'été !

En plus, aujourd'hui, j'ai de la chance. Le passage dans la lande est fauché, ce qui ne semble pas toujours être le cas si j'en crois les commentaires de certains randonneurs.

Au bout d'un kilomètre, le chemin, comme posé sur un balcon, surplombe la vallée d'Amplier et nous sommes tout simplement sous le charme du spectacle qui nous est offert !

Et puis, le chemin redescend presque banalement vers Amplier...

Voilà donc une randonnée qui, au départ, ne me semblait avoir d'intérêt que les quelques heures passées au grand air. Et puis, finalement, toute cette richesse culturelle insoupçonnée illumine un parcours que même la pluie n'aura pu altérer. Sans oublier les quelques beaux passages naturels traversés, à l'image de la lande.

A faire, mais peut-être quand même pas à refaire. Ce sera à vous de juger si vous vous y aventurez. Dans le bon sens cette fois ?