27 août 2020 - Azincourt et les vallons de Blangy-sur-Ternoise

Ce jeudi 27 août 2020, le hasard (?) me ramène dans le Ternois. Comme cette semaine la météo n'est pas au beau fixe, je voulais m'orienter vers une randonnée où le côté historique ou culturel aurait pris le pas sur les paysages. Ainsi, le "Sentier Henry V à Azincourt" sur Visorando attira mon attention. Or, il se fait qu'Azincourt se trouve dans le Ternois !

Bon, une randonnée de 12 km, en ce qui me concerne, c'est un peu court. Sur Visorando toujours, j'ai alors repéré la randonnée "Les Vallons de Blangy-sur-Ternoise" sur le parcours de laquelle se trouve l'Abbaye Sainte-Berthe, à Blangy-sur-Ternoise. Connectées l'une à l'autre, cela donne une randonnée de 26 km. Parfait !

La randonnée démarre du parking de la salle polyvalente d'Azincourt, juste en face de l'église Saint-Nicolas. A l'heure où je m'y trouve, le soleil est mal orienté pour que je puisse en prendre de belles photos. Je vous la présenterai donc en fin de reportage.

Bon, comme lors de ma dernière randonnée, je pars dans le sens inverse de ce qui était prévu tant par moi que Visorando ! Il faudra vraiment que je me décide à faire réviser mon GPS ! 

A l'angle des rues Charles VI et Henry V, des silhouettes de soldats nous mettent dans l'ambiance historique de la bataille d'Azincourt. En fait, toute la commune est parsemée de ces silhouettes.

Plus loin, après avoir longé brièvement un bois, on se retrouve rapidement en rase campagne où, avec 17° C au thermomètre, j'apprécie l'action du soleil sur mes vieux os.

Et puis, le soleil, ça vous embellit tout, non ?

Au bout de trois kilomètres à travers champs, nous arrivons à Maisoncelle. Bien qu'apparemment relativement récente - je n'ai trouvé aucune information à son sujet -, l'église Saint-Jean-Baptiste me séduit. En fait, c'est l'ensemble, avec l'étang et les aires de repos qui y sont aménagées, qui rend le centre du village très attrayant.

D'après les historiens, ce serait ici qu'Henry V d'Angleterre, qui vient de conquérir Harfleur et remonte vers Calais à la tête d'une armée de 6 à 8.000 hommes pour la plupart épuisés et malades de dysenterie, aurait établi son camp le 24 octobre 1415, la veille de la bataille d'Azincourt. Nous sommes alors dans la deuxième moitié de la Guerre de Cent Ans qui se terminera en 1453.

Près de l'église se trouve la maison d'hôtes "Au Repos du Roi", établie dans un bâtiment datant de 1682. Seule rescapée des bombardements alliés de 1943-44, elle est le plus ancien bâtiment de la commune. Cette maison aurait été bâtie à l'emplacement du "Chastel de Maisoncelle", là même où aurait résidé Henry V.

À partir d'ici, j'emprunte l'itinéraire de la randonnée "Les Vallons de Blangy-sur-Ternoise". Je quitte donc Maisoncelle par la D107E2, un kilomètre et demi d'asphalte, mais peu de circulation avec un joli passage au moment de franchir le Fond Roger.

Au Hameau de Monts, on emprunte alors un chemin de campagne, direction plein sud vers le Hameau de Vaulx, à travers Le Canada ! Bon, ça, ça fait rêver, mais c'est juste le nom de l'endroit.

Dans la descente vers le Hameau de Vaulx, le chemin a été recouvert de cailloux afin de le rendre praticable même par temps humide. L'intention est louable mais c'est très pénible pour les pieds. Ce sera encore le cas dans le fond de la vallée, après le hameau, mais dans une moindre mesure.

À hauteur du Rietz de Vaulx, à ne pas confondre avec les ris de veau !, on a un bel aperçu des vallons de Blangy-sur-Ternoise.

Et c'est encore plus évident quand, par un beau chemin herbeux, on arrive au sommet du Temple d'où on bénéficie d'un superbe panorama sur la vallée de la Ternoise !

L'arrivée sur Blingel se fait par un joli petit chemin arboré reprenant sur une grosse centaine de mètres le parcours du GR de Pays le Ternois sud.

L'église Saint-Martin de Blingel est surprenante, avec son minuscule clocher. Un peu plus loin, nous passons devant un magnifique haras. Pour ceux que le cadre intéresse, ils proposent trois gîtes à la location.

Ensuite, nous longeons la ligne de chemin de fer Saint-Pol-sur-Ternoise - Etaples pour rejoindre Blangy-sur-Ternoise. Deux kilomètres assez banals, en ligne droite, sur un chemin herbeux.

J'espérais voir un train passer mais, encore une fois, mes espoirs seront déçus.

Arrivé au passage à niveau près de l'Abbaye de Blangy-sur-Ternoise, je comprends pourquoi je n'aurais pas pu voir de train. La ligne est en réfection ! Excellente nouvelle pour les communes situées le long de la ligne. D'ici la mi-novembre 2020, la vitesse commerciale des trains circulant entre Saint-Pol-sur-Ternoise et Etaples sera nettement améliorée, rendant ainsi la ligne plus compétitive par rapport à la voiture.

Personnellement, j'apprécie énormément et je suis demandeur de telles initiatives !

Avant d'aller visiter l'Abbaye Sainte-Berthe, faisons un petit détour vers l'église Saint-Gilles datant du XVIIIè siècle. Le maître autel date, lui, de 1630 et abrite les reliques de la Sainte. Les fonds baptismaux, quant à eux, sont en grès et datent de la fin du XVIè.

Sainte-Berthe est née vers 643 au château de Blangy, devenu sous Clovis II une des sept forteresses du Ternois.

Après la mort de son mari, Sainte-Berthe fonda une abbaye, érigée sur les terres du château. Détruite par les Normands en 895, restaurée par le Comte de Saint-Pol en 1032, l'abbaye est occupée par les bénédictins de Fécamp jusqu'à la fin de la révolution.

De nos jours, ne demeurent que les bâtiments de l'ancienne ferme de l'abbaye qui date de 1771. Le pavillon de l'entrée est de style Louis XV.

De l'abbaye, subsiste également le moulin à farine dont la roue à aubes entraînait 4 paires de meules. Daté de 1777, le barrage a la particularité d'être en pierres bleues sculptées.

Équipé d'une turbine vers 1900, il fournissait de l'électricité aux habitants de la commune. Depuis 2010, l'électricité produite approvisionne le réseau ERDF.

Il est temps de prendre le chemin du retour vers Azincourt. Après avoir fait une boucle sans intérêt dans le village, le chemin grimpe dur dans une haie boisée vers le Mont de Fressin, offrant par moment de belles vues sur la vallée de la Ternoise.

Du sommet, on dispose d'un beau panorama sur Blangy-sur-Ternoise.

En fait, on a grimpé le Mont de Fressin pour mieux le redescendre, en direction du Bois de l'Abbaye !

À l'entrée du bois, le propriétaire dégage du chemin communal des arbres tombés en travers suite aux grands vents de la veille. Et puis le chemin, très agréable, s'élève lentement en direction de Maisoncelle.

La traversée du bois est l'occasion d'observer un phénomène courant dans le Nord de la France, et plus particulièrement dans le Ternois. En ruisselant, l'eau de pluie arrache le sol crayeux et creuse des vallées sèches perpendiculairement aux flancs des vallées. C'est ce qu'on appelle une "creuse".

Les "creuses" abritent des végétations remarquables et constituent des corridors écologiques. Malheureusement, elles sont menacées de comblement par l'érosion des sols agricoles et les dépôts d'ordures clandestins.

Depuis la sortie du Bois de l'Abbaye jusqu'au site de la bataille d'Azincourt, le chemin, puis la D107E2 offrent peu d'intérêt. Jusqu'à l'arrivée au croisement de cette départementale et de la D104 où a été construit un observatoire, à côté du mémorial de la bataille.

Observatoire qui facilite la vue d'un... champ... un banal champ ! Oui, mais bon, c'est quand même ici que, le vendredi 25 octobre 1415, l'armée française de Charles VI aurait perdu 10.000 des 13.500 hommes qui,  selon certaines sources, la composaient ! Fallait pas s'attendre à y trouver aujourd'hui des tas de cadavres, non plus !

Tragique destin pour une armée française qui avait en mains toutes les armes pour l'emporter face à l'armée anglaise d'Henry V, affaiblie et largement inférieure en nombre. D'ailleurs, Henry V n'avait-il pas négocié pendant trois heures afin d'éviter cette bataille, allant jusqu'à proposer aux Français de leur restituer plusieurs places fortes ainsi que Harfleur qu'il venait de conquérir et d'abandonner toute prétention au trône de France ! Mais les Français refusèrent, sûrs de leur victoire.

Alors, les troupes d'Henry V prirent position, une position dominante, entre le bois d'Azincourt et celui de Tramecourt, tous deux aujourd'hui disparus. Le front était si étroit et le sol rendu tellement boueux par les pluies des jours précédents que la cavalerie et l'infanterie lourdes françaises ne purent manœuvrer. Et, à cause du poids de leurs armures, chevaux et soldats s'enfoncèrent dans la boue, certains s'y noyant, même !

Sous les volées de flèches des archers "longbow" (arc long) anglais, les chevaux de la première vague de la cavalerie française, et puis des suivantes, s'effondrèrent, créant autant d'obstacles supplémentaires. Serrés les uns contre les autres, les soldats français ne purent lever leurs lourdes épées lorsqu'ils furent engagés dans un combat au corps à corps contre des soldats anglais équipés de dagues, haches, maillets...

Bon, je ne vais pas vous refaire ici toute la bataille. Il y a tellement à en dire ! Mais quand même, encore deux détails. Des 10.000 Français tués, tous ne moururent pas au combat. Beaucoup, faits prisonniers, furent assassinés sur ordre d'Henry V quand il observa l'arrivée de renforts français. Et puis, cette bataille marqua un tournant dans l'art de la guerre en Europe. On aura dès lors recours à des armées plus maniables et mieux articulées.

Si vous êtes intéressé, Google sera votre ami, sinon pourquoi ne pas vous rendre au musée de la bataille à Azincourt ?

Du mémorial de la bataille d'Azincourt, le parcours de la randonnée longe la D104 pendant un kilomètre. Au moment où j'y passe, le trafic n'est pas dense mais par contre ça roule vite, très vite parfois ! Prudence donc.

Un peu plus loin, après avoir quitté la départementale, à l'entrée de Tramecourt, on prend le chemin qui contourne le parc du château, d'une superficie de 32 hectares. Mais pourquoi l'itinéraire ne nous fait-il pas passer devant le château ? C'est que, même si, du chemin, on en voit un petit bout, j'aurais aimé le voir, moi !

Je décide donc de quitter l'itinéraire au moment où il s'écarte du château pour aller jusqu'à l'entrée. En chemin, je croise un gentil monsieur en train de cueillir des pommes qui m'informe que, malheureusement, le château n'est pas visible !

Je m'obstine... En avançant vers le château, je découvre la superbe petite église Saint-Léonard du XVIIè siècle. Chance, un panneau indique que l'église est ouverte ! Ah, ben non, elle est fermée !

Finalement, la pluie faisant son apparition, je me contenterai de cette autre minuscule vue du château de Tramecourt, château qui appartient à la famille des Marquis de Tramecourt depuis 1191.

Je ne sais pas si le château est ouvert à la visite mais vous pouvez toujours louer les jardins pour y fêter un événement (peut-être pas en ces temps de COVID-19). Ce qui vous permettra dans tous les cas d'observer un des plus beaux ensembles architecturaux du Nord de la France. Mais il faudra sans doute y mettre le prix...

Je me remets donc en route pour les six derniers kilomètres de la randonnée. Si le chemin est plutôt agréable jusqu'à la D71, ça se complique par après, surtout à hauteur du champ d'éoliennes.

Il y a en effet beaucoup de cailloux sur le chemin et la marche y est difficile. Surtout quand on a déjà vingt kilomètres dans les jambes. Et la pluie n'arrange rien.

Après le château d'eau de Canlers, cela redevient plus facile mais je ne suis pas séduit par le paysage. La pluie a redoublé d'intensité et là je me dis que j'aurais mieux fait de rentrer directement sur Azincourt depuis Tramecourt.

Rue Charles VI à Azincourt, l'itinéraire nous fait passer devant le musée de la bataille d'Azincourt, malheureusement fermé à l'heure où j'y passe. C'est pourtant sûrement un bon complément à la randonnée "Sentier Henry V à Azincourt". J'y reviendrai certainement pour une visite en famille.

Enfin, je suis de retour à l'église Saint-Nicolas d'Azincourt ! Je vous avais promis de plus belles photos mais, avec la pluie qui s'est invitée, pas sûr que j'y sois arrivé. En tout cas, pour une fois, je suis en mesure de vous montrer l'intérieur d'une église croisée sur le parcours d'une de mes randonnées !

Et je peux même vous donner le nom de sa cloche ! Elle s'appelle Désiré Norbertine et est née en 1805 pour un poids de 800 livres. Et le bébé semble toujours bien se porter. L'église, quant à elle, date de la fin du XVIIè, début du XVIIIè siècle.

Bon, voilà l'heure de tirer le bilan. Je ne sais pas si mon ressenti aurait été différent si la pluie ne s'était pas invitée mais il me semble que les six derniers kilomètres n'apportent rien à la randonnée, sauf à faire des kilomètres pour les kilomètres. Sur cette dernière partie (attention, je rappelle que je l'ai faite dans le sens inverse de celui proposé !), les chemins ne sont pas agréables à la marche et le paysage ne casse pas trois pattes à un canard.

Si vous voulez faire comme moi, fusionner les deux randonnées mentionnées en début d'article, contentez-vous peut-être de rentrer à Azincourt depuis Tramecourt. En plus, si vous n'avez pas démarré trop tard, ça vous laissera le temps d'aller visiter le musée d'Azincourt.