28 Mars 2021
Cela faisait un petit temps déjà que Laëtitia m'avait suggéré de faire ensemble la randonnée "Autour de la Libaude", au départ de Marquillies. Discrètement, l'air de rien, pas trop intéressé par une xième randonnée dans les Weppes, j'avais comme qui dirait un peu botté en touche. Genre le gars qui n'entend pas ce qu'on lui dit, quoi.
Là, avec le confinement qui nous maintient dans une zone de dix kilomètres autour de la maison, ça devient difficile de trouver des randonnées intéressantes que nous n'avons pas encore faites. Alors, quand Laëtitia me propose à nouveau de faire cette fameuse randonnée, je n'ai plus guère le choix que d'acquiescer.
Avec une condition toutefois. Me lever avec les poules un dimanche matin pour parcourir onze kilomètres, je n'en vois pas la peine. Donc, on rallongera la randonnée de quelques kilomètres pour approcher les quinze.
Tope là, c'est parti !
Nous démarrons donc de l'église de Marquillies et rapidement nous quittons le village par le nord sous un beau soleil de printemps. Mais le vent, plutôt frisquet, est assez fort.
Arrivés à la Ressourcerie des Weppes, nous bifurquons vers le sud-ouest en direction du Bru Dubrul.
Le paysage qui s'offre à nous consiste en une vaste plaine agricole très peu boisée. Des champs à perte de vue, donc. Au Moyen-Âge, cette région était toutefois majoritairement constituée de marais que les paysans ont progressivement drainés et asséchés.
Ces paysans à qui nous devons le nom actuel de la région. En effet, "aux vêpres", venant du latin "ad vesperam", l'ancien nom de ce canton, était prononcé "au weppe" par les paysans.
Quand nous sommes arrivés au bout de cette randonnée, nous nous sommes demandés pourquoi elle portait le nom de "Autour de la Libaude". En effet, nous étions tous deux convaincus que nous n'avions pas croisé la Libaude sur notre parcours.
C'est seulement en mettant en relation les photos que j'avais prises avec la carte IGN, lors de la préparation de cet article, que je découvris notre méprise.
En effet, le petit cours d'eau que nous longeons sur quelques dizaines de mètres avant d'atteindre la Ferme des Mottes, à Marquillies, c'est la Libaude ! Pour nous, c'était juste un filet d'eau anonyme dans le fossé...
Le comble, c'est que c'est écrit sur le panneau explicatif en ch'ti qu'on trouve à hauteur de la ferme des Mottes, une ferme traditionnelle certainement (bien) connue de beaucoup de gens de la région.
Comment n'avions-nous pas lu ça alors que ces panneaux, placés près de chaque bâtiment ou endroit remarquable, vont être le fil conducteur de notre itinéraire du jour !? Bon, étant Belge, je suis tout excusé, mais Laë... Enfin, j'dis ça, j'dis rien...
Alors, je ne vous en dis pas plus sur la ferme des Mottes puisque tout est écrit sur le panneau ci-dessous !
Nous quittons la ferme des Mottes pour traverser un peu plus loin la D 145 et nous engager tout droit sur la route de la Franquise.
Après une grosse ferme en carré, nous apercevons, seul au milieu d'un pré, un arbre remarquable par sa ramure quasi parfaite. De toute beauté ! Si ses racines étaient visibles, nous pourrions penser avoir face à nous un arbre de vie !
Après un long moment de contemplation, nous poursuivons notre route jusqu'à la ligne de chemin de fer Don-Sainghin - Béthune que nous traversons. Et que nous longeons tout de suite vers la droite sur un chemin de terre.
Par contre, c'est ici que nous abandonnons ceux qui s'en tiendront au parcours original de la randonnée. Eux continueront tout droit après le passage à niveau.
Nous suivons ainsi la ligne de chemin de fer pendant quatre cents mètres avant de bifurquer à gauche. Le chemin de terre parcourt la campagne en direction d'Hantay.
Nous rejoignons Hantay côté cimetière. Nous y effectuons une petite visite pour y découvrir l'ancien pied du crieur mais aussi quelques pierres tombales assez remarquables.
Il m'arrive régulièrement de faire le tour des cimetières lors de mes randonnées. Mon frère aîné est passionné de généalogie et découvrir des noms de famille qui pourraient être liés à la nôtre est forcément intéressant.
Mais ici, ce sont des noms bien connus de la région, comme les Mortelecque que nous découvrons. Et Chrétien, ça ne vous dit rien, à vous ? Jess ?
Un peu plus loin, c'est un petit oratoire qui retient notre attention. La chapelle Saint-Martin et son Christ en bois peut-être aussi vieux que la chapelle elle-même.
D'autres bâtiments, comme la boulangerie par exemple, mériteront votre attention et peut-être prendrez-vous autant de plaisir que nous à partir à la recherche des différents panneaux d'interprétation qui jalonnent le parcours.
Voilà en tout cas une façon bien agréable de randonner et de découvrir sa région. C'est juste dommage que les QR codes ne fonctionnent plus, nous aurions peut-être pu en apprendre plus encore.
Mais, pour l'heure, c'est à l'église Saint-Martin, plutôt jolie selon mon appréciation toute personnelle, que nous nous arrêtons. Datant de 1926, c'est la troisième église construite à Hantay.
Elle abrite plusieurs statues du XVIIIème siècle qui ont pu être sauvées des affres de la guerre et un buste reliquaire de Saint-Fortunat. Le saint avait pour réputation de guérir les petits enfants qui avaient du mal à marcher et on venait de loin pour l'invoquer.
Nous quittons le village par la rue Joseph Gombert pour rejoindre un chemin longeant le bois, au sud.
En proposant de rallonger de quelques kilomètres le parcours de la randonnée "Autour de la Libaude", ce n'était pas sans arrière-pensée. N'allez pas pour autant tirer des conclusions hâtives.
Lorsque je me suis intéressé à l'histoire du canal d'Aire, sur l'île aux Saules - voir randonnée du 04 février 2021 -, Robert m'avait montré quelque-chose d'assez surprenant.
En 1271, Jean III, Chatelain de Lille et Seigneur de La Bassée, fait canaliser la Deûle entre Lille et Don. Puis, de Don à La Bassée, il fait élargir et rendre navigables les Fosses des Crêtes le Comte qui prennent par la même occasion le nom de Rigole Saint-Martin.
Ainsi, de 1271 à 1660, comme vous pouvez le voir sur la première photo ci-dessous, la configuration des canaux était bien différente de celle d'aujourd'hui.
Voilà, mon but, en rallongeant la randonnée de quelques kilomètres, était de voir s'il était encore possible d'observer aujourd'hui des traces de l'ancien canal. Et, bingo, bien qu'envahi par la végétation, l'ancien canal est encore par endroits bien visible !
Nous suivons la Rigole Saint-Martin sur une distance de cinq cents mètres vers l'est. Le centre de l'ancien canal est aussi ici la limite entre le Nord et le Pas-de-Calais.
Les Fosses des Crêtes le Comte servaient initialement à évacuer l'eau des marais. Elles avaient été creusées à la main par des Saxons déplacés ici par Charlemagne. Dans leur dialecte, "creuser à la main" se disait "hand ay teck", à l'origine du nom du village, Hantay.
Des quais avaient été aménagés sur les bords du canal pour desservir une râperie et une distillerie de gin. Les ouvriers, ayant respiré les vapeurs d'alcool toute la journée, en sortaient en titubant. En ballochant comme on dirait en picard. Voilà donc pourquoi les habitants d'Hantay sont surnommés "les ballochards".
Après cette leçon d'Histoire, retour à la nature en quittant Hantay par l'est, en direction de Sainghin en Weppes.
Nous traversons le Marais puis, après le petit pont, le Petit Marais, des noms bien évocateurs du passé marécageux de la région. Bon, nous passons aussi à côté de la Bourse mais là je vous avoue que ça ne m'évoque rien en relation avec le lieu.
Mais revenons à ce petit pont. Devinez ce qu'il enjambe. Et bien, oui, il enjambe la Libaude ! Ni Laëtitia ni moi n'en avions eu la moindre intuition ! Quand je vous dis que ce n'est pas bon de se lever trop tôt un dimanche matin !
Et pour en terminer aujourd'hui avec la Libaude, sachez qu'elle se jette dans la Rigole Saint-Martin trois cents mètres au sud d'ici, au lieu-dit Les Tranaux.
A la sortie du Petit Marais, après y avoir récupéré ceux qui ont suivi l'itinéraire "officiel", nous retraversons la ligne de chemin de fer Don-Sainghin - Béthune et nous empruntons la Rue du Bois directement à droite.
A Sainghin en Weppes, nous retrouvons le Filet Mortreux, bien connu de mes fidèles lecteurs, et plus généralement de ceux qui randonnent régulièrement sur la commune.
Aujourd'hui, le chemin qui le longe n'est pas boueux, on peut l'emprunter sans craindre de salir ses belles chaussures.
Nous remontons la rue Anatole France jusqu'à bifurquer à droite dans le sentier "Autour de la Libaude". De grands classiques mais c'est toujours avec plaisir que j'emprunte ce superbe petit sentier reliant le hameau d'Hocron au centre de Sainghin en Weppes.
On ne rejoint toutefois pas le centre de Sainghin. Dans les campagnes, on bifurque à gauche sur un petit chemin nous ramenant à la rue Edouard Vaillant, qu'on remonte jusqu'au carrefour avec la rue... Anatole France ! Et avec la rue des 4 Bonniers (*) par la même occasion.
Ici, c'est un peu l'incompréhension. L'itinéraire nous fait remonter la rue des 4 Bonniers pour récupérer la D 145 en direction de Marquillies. Or, celle-ci est bien plus fréquentée par le trafic automobile que la rue Edouard Vaillant !
(*) Un bonnier est une mesure de surface équivalant, selon les régions, à un hectare ou 14.000 mètres carrés.
Certes, la D 145 dispose d'un accotement plutôt large, au contraire de la rue Edouard Vaillant qui n'en possède pas du tout. Mais le sol y est irrégulier et, surtout, c'est une véritable décharge ! On y trouve quantité de détritus !
Monsieur le Maire de Sainghin m'a promis de faire procéder au nettoyage - mais la D 145 se trouve ici sur le territoire de Wicres (!) - mais, aussi, qu'avant les prochaines élections municipales, une piste cyclable serait construite entre Sainghin en Weppes et Marquillies. Wait and see, comme on dit de l'autre côté du channel.
En attendant, nous pensons qu'il vaut mieux rejoindre Marquillies en suivant la rue Edouard Vaillant.
D'autant que, juste avant d'arriver à Marquillies, l'itinéraire nous fait à nouveau rejoindre la rue Edouard Vaillant, par la rue de la Chapelle ! Incompréhensible, je vous disais !
Bon, heureusement, ce détour supplémentaire nous offre l'opportunité de rentrer dans le village par la rue du Chemin Neuf, absolument sublime en ce printemps avec ses cerisiers en fleurs !
Au bout des quatorze kilomètres et demi du parcours, nous revenons à l'église Sainte-Geneviève de Marquillies que nous avions laissée tout à l'heure.
Détruite pendant la première guerre mondiale et reconstruite en 1925, elle est très semblable à celle d'Hantay. N'ayant trouvé aucune information à ce sujet, je ne serais toutefois pas étonné qu'elle soit aussi, comme à Hantay donc, l'œuvre de l'architecte lillois Fernand Dumont.
Deux cloches officient dans son clocher. Simone-Augustine-Louise et Catherine-Pauline-Louise. Ne manquez pas de lire le destin particulier de cette dernière sur un des panneaux explicatifs fixés au mur de l'église !
Vous l'aviez compris, je n'étais au départ pas très motivé pour faire cette randonnée.
Mais voilà, si on n'y retrouve pas de paysages absolument fabuleux - du genre qui vous hérisse le poil -, s'il n'y a pas de monument digne de faire partie des sept merveilles du monde, j'ai quand même pris beaucoup de plaisir à la faire.
Grâce certainement aux panneaux d'interprétation installés par l'association "Ravisse min coin" qui jalonnent le parcours et permettent de ne pas marcher idiot. Outre Marquillies et Hantay, on en trouve d'ailleurs aussi à Salomé et Illies. Malheureusement, je crains que l'association n'existe plus et que, donc, cette initiative ne soit pas prolongée dans d'autres villages...
Enfin, quoiqu'il en soit, si vous voulez vous aérer tout en découvrant notre patrimoine, n'hésitez pas, cette randonnée est faite pour vous !
Si vous êtes intéressé par cette randonnée, vous pouvez télécharger le fichier GPX ci-dessous. Plus bas, vous trouverez les liens vers la documentation relative à celle publiée sur OpenRunner.
Si vous souhaitez faire cette randonnée telle que prévue sur OpenRunner, donc un peu plus courte que celle que je viens de vous présenter, voici le lien vers la trace GPX originale :
Découvrez ce parcours réalisé sur Openrunner
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Ici vous trouverez le descriptif de la randonnée réalisé par Nord Tourisme avec le concours de l'Office de Tourisme du Pays des Weppes et du Comité Départemental de la Randonnée Pédestre :
Descriptif de la randonnée
Et la carte IGN tirée d'OpenRunner :
Carte IGN de la randonnée