21 Juin 2022
La MESA, ou Marche Européenne du Souvenir et de l'Amitié, existe depuis 1967, même si elle portait à ce moment le nom de Marche du Souvenir. C'était alors un exercice militaire et c'est quand elle s'ouvrit aux civils qu'elle prit son nom actuel.
J'avais déjà eu l'occasion de la faire à l'âge de 16 ans, soit il y a une éternité, mais j'avoue que ça ne m'avait pas emballé du tout. La marche, à l'époque, bof bof...
Puis, avec la retraite, est arrivé le goût de la randonnée. C'est ainsi que j'ai redécouvert la MESA en 2019, et son ambiance si particulière.
Pendant quatre jours, on y côtoie civils et militaires et c'est l'occasion de faire de sympathiques connaissances surtout dans sa "formule complète", où les participants logent dans des camps de tentes.
Pour tous les détails d'organisation, je vous invite à consulter le site de la MESA dont vous trouverez le lien ci-dessous :
Cette année, comme je partais déjà pour dix jours de randonnée sur la Via Francigena, de fin mai à début juin, je ne m'étais pas inscrit pour la MESA. Me réservant la possibilité de la faire quand même en formule D "Autonomie complète" au cas où je changerais d'avis.
Et effectivement, revenu assez fatigué de Suisse, je n'avais vraiment pas envie de repartir pour quatre étapes de 32 kilomètres dans les Ardennes belges.
Jusqu'à ce que Kévin, mon fils cadet, ne me convainque de l'accompagner...
32 kilomètres, disais-je, mais il faut savoir que quatre circuits sont organisés chaque jour : 8, 16, 24 et 32 kilomètres, théoriquement. Mais alors, pourquoi m'en tenir aux quatre étapes de 32 kilomètres ? Parce que seule cette configuration donne droit à la médaille militaire. Une vraie médaille, pas une en chocolat !
Bon, trêve de bavardages... Et si nous nous lancions sur cette première étape au départ de Martelange ?
Un bon conseil si vous rejoignez le départ de Martelange en voiture, arrivez tôt ! Il y a très peu de places de parking à proximité du centre sportif et pas de navettes organisées vers la zone d'inscription. Comme moi aujourd'hui, vous serez donc mûrs pour plusieurs centaines de mètres à pied avant même le début de la randonnée. Ce sera pareil à l'arrivée.
Les marcheurs en formules A, B et C éviteront cet inconvénient puisqu'ils sont amenés sur place en bus.
Quand j'arrive à la zone d'inscriptions à 9h20, c'est la foule ! La MESA remporte toujours un joli succès malgré ces deux dernières années troublées par l'épidémie de COVID-19 et c'est heureux ainsi.
Après m'être inscrit pour l'étape du jour, je rejoins le fiston qui commence à s'impatienter. Inscrit en formule A, il est arrivé avec le bus militaire depuis un bon moment déjà. Ces jeunes, aucune patience !
Pendant les huit cents premiers mètres, nous longeons la Sûre par la rue de l'Ardoisière.
Au confluent des deux cours d'eau, nous remontons la vallée du Kleppelbaach par la rue des Bruyères.
Au bout de deux kilomètres, nous atteignons un chemin qui s'élève progressivement sur le relief.
Ce serait banal s'il ne s'agissait du tracé de l'ancienne ligne de tram 517 de la SNCV (Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux) qui reliait Martelange à Arlon sur une distance de 30,3 kilomètres.
Inaugurée en 1910, elle cessa toute activité en 1952 et fut démantelée par la suite.
Ligne SNCV 517: Martelange - Arlon (Belgique)
Ligne SNCV 517 Martelange - Arlon (Belgique) Martelange-Station (Ligne 516) - Martelange-Gendarmerie- Martelange-Ch. de Habay - Martelange-La Folie - Attert (La Corne) - Heinstert (Gare) - Heinstert
Après deux nouveaux kilomètres, sur l'ancienne voie de tram, nous bifurquons à droite pour traverser une grande zone de coupe à blanc.
C'est aussi, à 516 mètres d'altitude, le sommet de la randonnée du jour.
Même au cœur de la nature, il y a toujours un petit bout d'Histoire. Au kilomètre 5, le superbe chemin forestier que nous empruntons est l'ancienne chaussée romaine Tongres - Trèves qui passait par Arlon.
Après un court intermède asphalté sur la rue de Habay, nous retrouvons un sentier forestier plus sauvage mais ô combien agréable. La forêt d'Anlier est probablement un des plus beaux massifs forestiers de Belgique.
Au bout de 9 kilomètres d'un parcours varié en forêt, nous atteignons le premier ravitaillement. Petite pause revigorante avant de poursuivre.
La très courte pause passée, nous reprenons notre progression, en direction de Wisembach, un village de la commune de Fauvillers que nous atteignons par le chemin des Églantiers.
Nous dépassons les premières maisons du village et nous bifurquons alors à gauche pour gagner le sommet de la colline par le chemin des Aubépines.
C'est la première fois, alors que nous sommes au tiers du parcours, que l'horizon s'ouvre à nous.
Il ne faut toutefois pas marcher longtemps pour regagner la forêt...
Sur le massif de Salchette, nous rattrapons des élèves d'une école des environs. Bruyants, pas très disciplinés, ils rendent la marche chaotique mais c'est un plaisir de les voir participer.
Nous empruntons la route de Hahnenbour pendant quelques centaines de mètres avant de suivre la Basseille vers l'est. Le passage le long du cours d'eau est un des plus beaux et des plus bucoliques depuis le départ.
Puis nous quittons la vallée pour rejoindre Fauvillers.
À mi-parcours, nous atteignons la grande halte, sur le parking de la ferme Simon, à Fauvillers. Beaucoup en profitent pour prendre une pause bien méritée. Ce que nous ne manquons pas de faire.
La ferme Simon est une ancienne ferme aménagée en maison rurale abritant les associations sociales ou culturelles. Elle accueille ainsi le Syndicat d'initiative, le Club des jeunes, le Club des 3 x 20 et... un bureau de permanence de la Police locale.
Equipée d'une scène permettant d'y jouer des spectacles et d'un bar, une salle permet d'accueillir 450 personnes debout.
Et qui dit pause, dit reprise de forces bien nécessaires pour la suite !
Quatre kilomètres séparent Fauvillers de Bodange en faisant un détour de plus d'un kilomètre par le Laid Trou, au nord de la N848. Mais la beauté du chemin et du paysage vaut bien tous les détours !
Bodange est un petit village de la commune de Fauvillers blotti au fond de la vallée de la Sûre que nous retrouvons. L'existence du village remonte à l'époque romaine.
Le village fut témoin de la résistance héroïque de soldats du 1er Régiment de Chasseurs Ardennais, le 10 mai 1940, premier jour de l'invasion de la Belgique par les troupes allemandes.
Alors que les soldats belges n'étaient qu'une cinquantaine, ils firent courageusement face pendant plus de six heures à 3.000 soldats allemands. Ce n'est qu'après avoir perdu neuf des leurs, dont leur capitaine, qu'ils finirent par déposer les armes.
De retour à Wisembach, un panneau d'information nous apprend, qu'en fait, de Bodange à Radelange, nous empruntons une portion de l'ancienne ligne de tram Martelange - Bastogne.
La période de fonctionnement de la ligne est assez floue. Il semble qu'elle ait déjà existé en 1900. Quant à sa fermeture, si le panneau cite 1954, d'autres sources semblent montrer qu'elle fonctionnait encore en 1960...
Ligne SNCV 516: Marche - Marloie - Bastogne - Martelange (Belgique)
Ligne SNCV 516 Marche - Marloie - Bastogne - Martelange (Belgique) Marche km 0 (Ligne 43) - Marloie km 4 (Ligne 43, 162) - Hargimont-Jemeppe km 6 - Harsin km 10 - Grune km 13 - Bande km 15 - ...
À l'entrée de Radelange, nous nous extirpons de la vallée de la Sûre pour gagner le plateau de Warnach. La montée est d'autant plus ardue que nous sommes en route depuis 24 kilomètres.
Mais c'est toutefois la dernière des rares difficultés du parcours.
L'ayant longée quelque peu sur un chemin parallèle, nous passons sous la N4 à proximité de Warnach. Ensuite, nous prenons la direction de Grumelange.
Un léger faux plat montant à travers champs, puis une descente à travers bois et de nouveaux des champs jusqu'au village. Avec de belles vues sur la vallée de la Sûre.
Et un nouveau changement de direction pour nous rapprocher de Martelange.
De Grumelange, le chemin monte lentement pour atteindre le Monument national des Chasseurs Ardennais, à l'entrée est de Martelange.
Le monument actuel date de 1975 et remplace celui inauguré le 11 mai 1952 en présence de sa Majesté le Roi Baudouin.
Il rend hommage aux Chasseurs Ardennais pour leur conduite exemplaire durant la Seconde Guerre Mondiale et est situé à proximité de l'endroit où eurent lieu les premiers combats entre troupes belges et allemandes lors de l'invasion de la Belgique par ces dernières le 10 mai 1940.
Au passage, vous remarquerez l'humour de nos compatriotes belges.
Installer le dernier ravitaillement devant un funérarium, après 30 kilomètres de marche, alors qu'il n'en reste que deux avant l'arrivée, serait-ce la blague belge du jour ?
Le final n'offre pas grand intérêt. Nous longeons dans un premier temps la N4, une route à grande circulation, avant de traverser la ville de Martelange pour regagner le centre sportif que nous avions quitté ce matin.
Mais nous pouvons enfin dire : mission accomplie pour aujourd'hui !
Rendez-vous demain pour l'étape d'Arlon...
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Si vous voulez revivre cette étape en vidéo 3D, c'est ici :
Appréciation du parcours :
Cette première étape de l'édition 2022 de la MESA est une véritable réussite. Comme toujours l'organisation était au top et le parcours proposé, en tout cas pour le 32 kilomètres, est de toute beauté.
Majoritairement boisé, se déroulant sur de très beaux chemins et vraiment très peu de routes, l'étape se déroulait dans un coin des Ardennes belges qui avait de quoi, je l'espère, enchanter les 2.988 participants présents - dont 349 enfants - sur les quatre distances.
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Vous souhaitez parcourir cette étape de la MESA ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :