17 octobre 2025 - TBM - PR 1 - Le bois des Dames

Le résumé du randonneur pressé :

Cette boucle PR 1, inscrite dans le TopoGuide des Tours du Bassin Minier, nous emmène à Bruay-la-Buissière pour une plongée d’environ quinze kilomètres dans l’histoire minière tout en ménageant de belles échappées vertes.

Entre terrils, cavaliers, parcs urbains et le paisible Bois des Dames, le parcours alterne harmonieusement nature et mémoire. On entend parfois le bruit de la circulation, mais il reste en arrière-plan et n’altère en rien le plaisir de la découverte, accessible à tous.

Et en détail :

Temps de lecture : 13 minutes

Nous nous retrouvons cette fois à Bruay-la-Buissière, dans le Pas-de-Calais, pour une nouvelle plongée au cœur de l’épopée minière du nord de la France. Le parcours du jour, c’est le PR 1 - Le bois des Dames, à retrouver dans le TopoGuide Tours du Bassin minier Nord – Pas-de-Calais édité par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre.

Une randonnée un peu particulière, puisque la majeure partie des 15 kilomètres se déroule en zone urbaine. Faut-il alors s’attendre à marcher sur l’asphalte du début à la fin ? Allons donc voir ce qu’il en est.

Le départ se fait depuis le parking Wery, en plein cœur de Bruay-la-Buissière, au bord de la Lawe, que nous suivons vers le sud-ouest. Le public est présent en nombre pour nous encourager !

Aujourd’hui, le niveau de la Lawe est bien bas. Rien à voir avec ce jour de la fin 1999 ou du tout début 2000 où la rivière est sortie de son lit, emportant avec elle le fameux Bateau Pirate. Plutôt normal pour un bateau, direz-vous, sauf qu’il s’agissait… d’un manège ! L’habitant qui m’a raconté cette anecdote prétend d’ailleurs que c’était ici le bug de l’an 2000.

Après avoir traversé la rue Arthur Lamendin, nous suivons un instant le Cours Promenade Kennedy avant de descendre sur la berge. L’allée René Cassin nous conduit ensuite jusqu’au parc de la Lawe, environ 700 mètres plus loin.

L’inquiétude concernant l’asphalte commence déjà à s’estomper…

Si l’automne nous avait déjà offert de belles couleurs le long du cours d’eau, le parc de la Lawe, lui, nous accueille par un véritable festival ! Cette saison est décidément l’une des plus propices à la randonnée en forêt.

Même l’hippopotame a l’air d’acquiescer !

Si jusqu’ici il était difficile de faire le lien avec l’épopée minière, celle-ci se révèle devant nous de manière magistrale. La cité 33 apparaît de l’autre côté de la rue de la République, alignant ses maisons avec une rigueur exemplaire.

Pour moi, ce n’est pas une découverte : le GRP 1 - Escales en Artois traverse cette cité de la même manière, mais en sens inverse. Voici d’ailleurs ce que j’en écrivais le 15 décembre 2021, dans un autre article de ce blog :

"À cheval sur Divion et Bruay-la-Buissière, ses rues portent toutes le nom d’un musicien, comme la rue Rossini par laquelle nous entrons, ou encore les rues Bizet et Chopin que nous empruntons. D’où son nom de Cité des Musiciens. À moins que ce ne soit l’inverse...

Inscrite depuis le 30 juin 2012 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, elle hébergeait les familles des mineurs de la fosse n°5 - 5 bis des mines de Bruay. Cette fosse, constituée de deux puits, se trouvait à environ 500 mètres d’ici, de l’autre côté de la Lawe.

L’extraction y commence en 1898. Le 3 novembre 1914, Raymond Poincaré, alors président de la République, vient visiter les installations et descend même au fond.

Le 7 février 1951, une explosion due au grisou se produit à 679 mètres de profondeur, tuant onze mineurs. Parmi eux se trouvait Henri Grave, mineur délégué à l’hygiène et à la sécurité. Il venait d’inscrire dans son carnet : « Trop de poussières. Grave danger. » Aurait-on pu éviter cette tragédie, sachant qu’il signalait ce problème depuis près d’un mois déjà ?

Le charbon y sera extrait jusqu’en 1969. Aujourd’hui, des installations de la fosse, seul le bâtiment des bains-douches reste visible."

Mais l’histoire ne s’arrête pas à l’extrémité de la rue Rossini : nous escaladons le talus pour rejoindre le tracé de l’ancienne ligne de chemin de fer Bully-Grenay à Brias. Voici ce que j’en disais en 2021 :

"Cette ligne à voie unique fut mise en service en 1875. Elle reliait la ligne Arras - Dunkerque au départ de Bully-les-Mines à la ligne Fives - Abbeville près de la gare de Brias. Elle transporte des voyageurs jusqu’en 1958.

Mais depuis sa mise en service, elle transporte aussi du charbon. En effet, les Compagnies des mines de Bruay, Nœux et Béthune y ont toutes connecté leurs lignes privées.

En 1990, le transport de fret cesse et la ligne est déclassée en 1991 entre Bruay-les-Alouettes et Brias."

Sur ce parcours naturel et très agréable, nous longeons la lisière sud de la cité des Musiciens jusqu’à Divion.

Après un kilomètre sur cette ancienne voie ferrée, nous arrivons à un pont sur la Lawe. Ah… eh bien non ! Si vous parvenez jusqu’à ce pont, c’est que, comme moi, vous aurez manqué le balisage qui invite à quitter le sentier un peu avant, sur la gauche. Demi-tour, donc !

En réalité, nous ne passerons pas sur ce pont, mais bien dessous, en remontant la rue Marcel-Seillier vers Bruay-la-Buissière.

Au bout de la rue, après avoir traversé la rue des Frères Caron, nous retrouvons rapidement la nature, sur la rive gauche de la Lawe. Nous empruntons alors le chemin pédagogique du parc de la Lawe. Enfin… ancien chemin devrais-je dire, car les panneaux sont en mauvais état, quand ils n’ont pas carrément disparu ! Mais cela n’enlève rien au charme du parcours.

À la fin du chemin, nous revenons à Bruay-la-Buissière, accueillis par l’allée Martin Luther King. C’est bétonné, mais nous restons sur la berge et dans la nature. Ah, si seulement le bruit de fond de la circulation automobile n’était pas constant…

Justement, nous montons sur l’avenue Paul Plouvier, au niveau du carrefour avec la rue Gaston Blot. Une superbe ancienne locomotive à vapeur trône fièrement sur la pelouse, attirant immanquablement le regard. Tant qu’elle ne distrait pas les conducteurs…

D’ailleurs, sans doute étais-je moi-même un peu distrait, mais cela me rappelle que j’étais déjà passé par ici bien avant 2021. En effet, ce passage, tout comme la traversée de la cité des Musiciens, faisait partie de l’étape de la Via Francigena que j’avais parcourue le 20 septembre 2019, de Marles-les-Mines au parc d’Olhain. Une étape que je n’ai pas encore publiée sur ce blog…

Encore une fois, nous ne restons pas longtemps en-dehors de la nature. Cette fois, nous rejoignons la berge de la Biette, dans une ambiance plus intimiste, sublimée par les couleurs de l’automne.

Nous ne sommes décidément pas au bout des souvenirs ! Le dévidoir de la Biette ne peut pas avoir été oublié par les participants aux 42 kilomètres du Défi des 7 Portes, le 8 juin dernier.

Les gentils organisateurs, un peu sadiques quand même, nous ont fait traverser le cours d’eau à gué. Et le niveau de l’eau était bien plus élevé qu’aujourd’hui !

D’autant plus sadiques qu’il était possible d’éviter facilement la traversée à gué. Mais bon, au moins voilà un souvenir qui ne s’effacera pas de sitôt !

Et là, vous me direz que le lien avec le Mémorial du Mineur est facile. Nous le découvrons par l’arrière. À l’origine, ce mémorial n’était constitué que de la stèle en résine posée au sommet du château d’eau. Elle se trouvait initialement devant le Musée de la Mine, mais, fragile et pour éviter les dégradations dues au vandalisme, elle fut déplacée ici. Au grand mécontentement des associations de mineurs, qui reprochent son manque de visibilité.

Gageons qu’avec le temps, et puisque la plupart des gens ne connaissent sans doute pas l’histoire de la stèle, c’est désormais l’ensemble château d’eau + stèle qui sera considéré comme mémorial…

On traverse la rue Gaston Blot à hauteur du mémorial. La suite est un peu déroutante : il n’y a plus vraiment de chemin, juste une pelouse à franchir avant de… retrouver une nouvelle fois la rue Gaston Blot ! Oui, deux rues parallèles portant le même nom, c’est possible.

En face, un escalier mène au terril n° 241, Cavalier de la voie du 3. Ce terril ne nous est pas inconnu : nous l’avions déjà emprunté brièvement en quittant la Biette, avant de filer vers le mémorial.

Je vous en parlerai plus en détail un peu plus loin. Pour l’instant, profitons de la belle vue qu’il offre. Et pas d’inquiétude : les escaliers que nous verrons au bout de cette portion ne mènent pas à une nouvelle grimpette sur le versant opposé !

Bon, il faut quand même grimper la rue Bonnet, qui est… au moins dix fois plus longue ! Quoi ? Je ne vous ai pas menti, ce n’est pas le versant opposé !

Sur les hauteurs, nous traversons le quartier des Terrasses par des chemins détournés, à l’écart de la circulation. Même en pleine ville, le passage reste plaisant et tranquille.

Nous en sortons par la rue Desseilligny, où la chaussée laisse de la place à une voie réservée au BHNS, rappelant que la communauté urbaine bénéficie d’un bon réseau de bus TADAO.

Et puis, à la sortie de la ville, sur la gauche, au-delà des prairies, apparaît la cité 4. Elle dépendait de la fosse n° 3 - 3 bis - 3 ter, située dans l’axe de la rue Desseilligny, mais à l’opposé d’ici.

D’ailleurs, un peu plus loin, après avoir quitté la voie du BHNS pour un sentier longeant les champs, on aperçoit, à gauche, le terril n° 10, 3 de Bruay Ouest, lié à cette même fosse.

À sa droite, un peu plus loin, le terril n° 4, 2 bis d’Auchel Est trace un trait sur l’horizon. Dépendant de la fosse n° 2 bis – 2 ter des mines de Marles, il était à l’origine conique et culminait à 80 mètres. Il est aujourd’hui en cours d’exploitation.

Quant au dernier terril visible, encore plus à droite, je n’ai pas réussi à l’identifier.

Au bout du champ, nous rejoignons la rue de Philippeville. Un superbe sentier nous permet d’en suivre le tracé vers la droite, puis de longer la D 188, sans que l’on remarque la transition. Sur toute sa longueur, on se sent proche du paradis… si l’on oublie le bruit du trafic automobile.

À la sortie du sentier, prudence toutefois : il faut traverser la D 188, où la circulation est assez soutenue. Sinon, le risque est grand de le voir de plus près, le Paradis !

Puis, sur environ 600 mètres, nous traversons les campagnes, en douceur, avant de rejoindre le Bois des Dames...

La traversée du Bois des Dames, surtout dans cette partie, est le moment tant attendu de cette randonnée. J’en parlais déjà dans mon récit du 11 février 2021 : certes, il paraît moins noble que le Bois de Roquelaure, à Lapugnoy, mais on y croise tout de même de splendides spécimens d’arbres.

Voulez-vous que je vous rappelle l’origine de son nom ou préférez-vous le découvrir dans ce récit de 2021 ? Bon, je comprends, vous commencez à fatiguer, alors la voici :

Il faut remonter au Moyen Âge. À cette époque, à Gosnay, tout près d’ici, est créé un monastère de moniales, la chartreuse des Dames de Gosnay. D’après la légende, le bois leur aurait été réservé. Interdiction absolue aux hommes d’y pénétrer ! Bon, il se dit quand même que certaines de ces dames étaient plutôt coquines et donc… donc ? Je vous laisse imaginer la suite.

Et profiter de ces magnifiques couleurs de l’automne…

Nous sortons du bois à quelques centaines de mètres à peine de notre point d’entrée. Au bout de la rue Saint-Sauveur, la traversée de la D 188 est cette fois plus sécurisée : un passage sous la route nous y aide. Quant à la Lawe, que nous retrouvons au bout du parc, nous la franchissons sur un petit pont de bois.

D’habitude, je fais plus attention à mon GPS qu’au balisage pour me guider. Aujourd’hui, allez savoir pourquoi, j’ai fait l’inverse. Résultat : après le petit pont, c’est déjà la deuxième fois que je me fourvoie… Merci au GPS de me remettre sur le droit chemin !

J’ai eu beau chercher le balisage : rien, nada ! Ce n’est qu’en regardant mes photos plus tard que j’ai compris : il était là, sur la rambarde, à l’entrée du pont. Comme quoi, la vigilance s’impose en permanence !

Cette mise au point faite, nous voici repartis, d’abord le long de la clôture arrière de la Résidence Moulin, puis à travers un tranquille quartier périphérique jusqu’au rond-point de la Porte de la Volville, joliment décoré.

Au rond-point, nous aurions dû pouvoir emprunter le cavalier minier qui passe près du Mémorial du Mineur. Vous vous souvenez ? Malheureusement, son accès est interdit pour cause de travaux. Grosse déception !

Nous sommes alors contraints de suivre la rue des Festeux pendant 800 mètres, ce qui n’a rien de folichon : la circulation y est dense et certains automobilistes semblent se croire sur un circuit de Formule 1 !

J’ai bien tenté de rejoindre le cavalier plus tôt, mais c’est malheureusement impossible.

Nous aurons quand même le loisir de le parcourir sur environ 200 mètres, juste le temps de vous en parler, comme promis.

J’ai dû jouer les enquêteurs pour comprendre le rôle de ce cavalier car, à l’analyse de la carte IGN, les descriptions fournies par certains sites pourtant réputés, comme Wikipédia, ne me semblaient pas cohérentes.

C’est finalement sur le site de l’APPHIM que j’ai trouvé l’explication la plus crédible : ce cavalier reliait la fosse n° 5 - 5 bis à la cokerie Carbolux, un peu plus loin, à la limite avec Gosnay.

Du cavalier, nous redescendons dans le fond de la vallée de la Lawe, où un magnifique parc accueille nos derniers pas avant le retour au parking Wery. Une belle façon de conclure une randonnée qui a largement dépassé toutes mes attentes !

____________________

Vous voulez revivre cette randonnée en vidéo 3D ? C'est ci-dessous que ça se passe :

Appréciation du parcours :

Ce PR 1 – Le Bois des Dames est une belle surprise. Je ne m’attendais pas à trouver un tel équilibre entre nature, patrimoine minier et passages urbains. Même si la randonnée se déroule pour une large part en ville, elle offre de vrais moments de respiration, notamment dans le Bois des Dames ou sur le cavalier minier.

Certes, le bruit du trafic reste bien présent, surtout autour de la Lawe, mais il ne gâche pas pour autant le plaisir de la découverte. L’ensemble forme une boucle très complète, variée, accessible à tous (grâce aussi au bon travail des baliseurs de la FFRP) et riche en contrastes.

Une fois encore, le bassin minier montre qu’il sait se réinventer, en transformant ses anciens paysages industriels en espaces de promenade. Une belle réussite, et une randonnée que je vous recommande sans hésiter.

Comment rejoindre cette randonnée ?

Bruay-la-Buissière est facilement accessible en transports en commun grâce au réseau de bus TADAO. L'arrêt Europe se trouve à 500 m du parking Wery, où ceux qui privilégieraient la voiture trouveront également facilement une place de stationnement.

Attention en période de chasse : les abords de la Biette sont ouverts à la chasse les dimanches de 10 h à 17 h, tandis que le Bois des Dames l’est les lundis et samedis. Il est donc recommandé de se renseigner avant d’envisager une randonnée ces jours-là.

____________________

Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :

____________________

Sauf indication contraire, les textes et les photographies présents sur ce blog sont la propriété exclusive de leur auteur. Toute reproduction ou utilisation, totale ou partielle, est interdite sans autorisation préalable.

GR®, GR® Pays et PR® sont des marques déposées de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre. Leur utilisation sur ce blog est réalisée uniquement à titre informatif, sans but commercial, et dans le respect des droits de propriété intellectuelle.

Pour toute demande d’utilisation, veuillez me contacter via la page « Contact ».