24 Avril 2023
Après un week-end de repos bien mérité, nous reprenons, Kévin et moi, la découverte de la plaine du Pô sur la Via Francigena, au départ de Robbio. Une étape d'un peu plus de 21 kilomètres, au relief toujours aussi plat, qui nous emmènera à Gambolò.
Le beau temps semble s'être définitivement installé sur la région.
Il est 10 heures pétantes quand nous débutons la randonnée depuis la petite église San Pietro. Construite au XIIè siècle, il semblerait que cette petite église fut jadis un point d'accueil et de repos pour les pèlerins.
Pendant 2,3 kilomètres, jusqu'à hauteur de la Cascina Ponella, nous évoluons sur une petite route asphaltée qui, une fois sortie de la ville, serpente entre les champs et les canaux d'irrigation.
Ensuite, sur pratiquement la même distance, nous bénéficions d'un chemin de terre.
Le paysage ne change pas. Nous nous laissons distraire par les quelques fleurs rencontrées au bord du chemin, les intersections entre canaux ou encore la ligne de chemin de fer Vercelli - Pavia que nous traversons.
Au bout de 5 kilomètres, notre chemin croise le Torrente Agogna. Long de 140 kilomètres, celui-ci prend sa source dans les Alpes pour se jeter dans le Pô à Mezzana Bigli.
Si la chaleur vous donnait jamais l'envie de vous y baigner, abstenez-vous. Même si son état sanitaire s'améliore au fur et à mesure de sa progression dans la Lomellina (voir étape du 21 avril dernier), il est ici encore très pollué par les rejets des eaux de la ville de Novara située un peu plus au nord.
Deux cents mètres plus loin, nous passons à hauteur du cimetière de Nicorvo. Monumental, comme peuvent l'être les cimetières de la région !
Puis nous entrons dans Nicorvo et ses deux églises presque voisines. D'abord le Santuario Madonna del Patrocinio (1764), ensuite la Chiesa di San Terenziano (1620).
Nous quittons Nicorvo vers l'est par la Via Albonese que nous suivons pendant un kilomètre à travers champs.
Route que nous quittons vers la droite pour emprunter un chemin de terre vers la Cascina Afficiati située sur le territoire de la commune de Mortara.
Alors que cet itinéraire à travers champs semblait devoir s'assimiler à une longue traversée du désert, voilà que de larges étendues d'eau, rizières en devenir, réveillent nos sens !
Spectacle saisissant dont nous ne nous lassons pas !
À Madonna del Campo, un hameau de Mortara, l'histoire de la petite église Santa Maria del Campo n'est pas anodine !
Bien qu'il n'en reste que quelques éléments de l'époque, l'édifice originel fut érigé avant 1145.
Sa longue histoire fut marquée par divers événements. Après une période de déclin au XVè siècle, elle fut rattachée au couvent dominicain de San Pietro Martire, à Vigevano.
Elle eut alors l'occasion d'accueillir comme pèlerins, le pape Pie V et Charles Borromée, un des plus grands réformateurs de l'église catholique au XVIè siècle qui fut canonisé 26 ans après sa mort !
Plusieurs miracles s'y produisirent dont celui du 12 mai 1341 lorsque des adultes et des enfants se réfugièrent dans l'église par suite d'inondations. Subitement, les eaux se retirèrent du terrain où est bâtie l'église, des arbres fruitiers apparurent et hommes et enfants purent survivre en mangeant directement les fruits !
Dans l'abside de l'église, on peut admirer la fresque de la Madonna del Latte, datée de 1514. Le 18 avril de chaque année, depuis 1542, elle est célébrée en souvenir d'une guérison miraculeuse qui se produisit le 18 avril 1539.
Pas mal pour une si petite église, non ?
En face de l'église, une petite aire de pique-nique accueille les pèlerins. C'est justement l'heure de casser la croûte mais nous préférerons nous asseoir sur un petit muret, à l'ombre, de l'autre côté de la route.
Ah... On me dit dans l'oreillette que l'aire de repos se trouve 130 mètres après l'église...
La Via Francigena traverse Mortara d'ouest en est. Nous y arrivons par l'arrière de la gare pour en ressortir du côté de l'hôpital.
Contrairement à beaucoup de celles traversées sur notre parcours, Mortara s'affiche comme une ville moderne et proprette. Peut-être a-t-elle conservé ces caractéristiques de son statut d'ancienne ville royale et d'ancienne capitale du district de la Lomellina...
La spécialité de Mortara est le salami d'oie.
Avant de quitter Mortara, la Via Francigena passe toutefois encore par une petite église de grande valeur. L'Abbazia Sant'Albino.
Il s'agit d'une église-abbaye qui, selon la légende, aurait été fondée par Charlemagne en 774 pour accueillir les restes des morts de la bataille de Pulchra Silva pendant laquelle il défit les Lombards.
Les fresques du mur sud et une partie de celles de l'abside datent de 1410. Des pèlerins ont laissé des traces de leur passage sur les murs, la plus ancienne remontant apparemment à 1100.
Si l'église est fermée lors de votre passage, n'hésitez pas à aller sonner au portail et demandez gentiment qu'on vous ouvre. Comme nous, vous verrez peut-être votre souhait exaucé.
Après avoir contourné l'hôpital de Mortara, nous retournons dans les campagnes en direction de Gambolò. Nous longeons le Cavo Passerini, un cours d'eau joliment bordé d'arbres.
A 3 kilomètres de l'arrivée, nous traversons un canal plus important. Il s'agit de la sous-branche Mortara du Canale Quintino Sella.
Au nord de Novara, ce dernier récupère l'eau du Canale Cavour que vous connaissez si vous avez lu le récit de mes précédentes étapes sur la Via Francigena.
Puis, à Cilavegna, le Canale Quintino Sella se divise en deux. Partant vers l'est, la sous-branche Pavia, à l'ouest la sous-branche Mortara qui se jette dans le Torrente Agogna croisé plus tôt dans la journée.
Bon, tout ça pour vous dire que cette sous-branche Mortara est extrêmement poissonneuse. C'est même une réserve de la Fédération Italienne de Pêche Sportive et d'Activités Sous-marines (FIPSAS) !
Jusque Gambolò, il n'y a pas grand-chose à signaler. C'est la campagne comme nous la connaissons depuis quelques jours...
Bon, quand même vous dire, pour être précis, que l'étape se termine à Remondò, un hameau de Gambolò situé sur la ligne de chemin de fer Vercelli - Pavia.
Ciao signore ! Vita non troppo dura ?
Nous entrons dans Remondò par le nord, côté cimetière.
Via Gambolò, nous prenons encore le temps de visiter la Chiesa Santa Margherita, érigée en 1776, avant de rejoindre l'arrivée 200 mètres plus loin au carrefour des rues Ferrarin et Francesco Baracca.
**************
Vous voulez revivre cette étape en vidéo 3D ? Ça se passe ci-dessous :
Appréciation du parcours :
Nous aurions pu nous ennuyer sur cette étape où les champs règnent en maîtres.
Heureusement, à cette période de l'année, le riz n'a pas encore poussé, nous offrant ainsi le spectacle de ces grandes étendues d'eau jouant les miroirs.
Et puis, en seconde moitié de parcours, Mortara, belle, propre et moderne nous dévoile ses charmes. Que nous trouverons aussi dans le passé avec Santa Maria del Campo et l'Abbazia Sant'Albino !
Bref, une étape de la Via Francigena non dénuée d'intérêt.
**************
Comment rejoindre cette étape ?
Cette étape longe de près ou de loin la ligne de chemin de fer Vercelli - Mortara - Pavia.
Vous pouvez faire comme nous, utiliser ce transport en commun respectueux de l'environnement même si les vieilles machines encore utilisées ne sont sans doute pas les plus vertueuses.
**************
Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :