25 Avril 2023
Pour l'étape du jour, de Gambolò à Gropello Cairoli, je pourrais reprendre l'introduction de celle d'hier tant ces deux étapes se ressemblent : 21 kilomètres, un relief tout aussi plat, et peu d'ombre en perspective.
Jusqu'à l'arrivée, nous continuerons la découverte de la Lomellina, cette région de Lombardie couverte de rizières et de tant de canaux que certains l'appellent les Pays-Bas de Lombardie. Il suffit de regarder la carte ci-dessous pour s'en convaincre.
Nous reprenons la Via Francigena à Remondò, un hameau de Gambolò, là où nous l'avions laissée hier, à l'angle de la Via Ferrarin et de la Via Francesco Baracca.
Nous descendons la Via Ferrarin vers le sud. Rapidement, c'est-à-dire au bout d'un peu plus de 500 mètres, à hauteur de logements de personnels militaires de la base locale de l'armée de l'air, nous nous engageons sur un beau chemin de campagne au sol sablonneux.
Après 1,2 kilomètre, nous traversons la ligne de chemin de fer Vercelli-Pavia, celle-là même par laquelle nous sommes arrivés de Gropello Cairoli ce matin.
Très vite nous sommes replongés dans le paysage typique de la plaine du Pô, des champs à perte de vue entrecoupés de canaux.
Aucune rizière à l'horizon mais l'agriculture ici ce n'est pas que le riz, c'est aussi le maïs et les céréales.
Et toujours autant de fermes, parfois gigantesques comme la cascina Roventino à côté de laquelle nous passons.
Ces grandes fermes qui s'apparentaient parfois à de petits villages, avec leur église, abritaient auparavant la nombreuse main d'œuvre nécessaire dans les champs. Jusqu'à l'arrivée de la mécanisation...
De temps en temps, de petits bois barrent l'horizon...
Aux alentours du cinquième kilomètre, nous longeons un court moment le Naviglio Langosco.
Ce canal d'irrigation alimenté par le Tessin fut creusé au XVIIè siècle, de 1613 à 1665, pour être précis. Nous sommes ici proche de la fin de son parcours de 23 kilomètres, 2 kilomètres plus au sud.
Les deux kilomètres nous séparant de Tromello sont plus boisés. Mais la plupart du temps ce sont des plantations récentes et non des reliquats de la forêt primaire qui couvrait encore la région à la Renaissance et était tant appréciée pour la chasse par les seigneurs milanais.
Dans la région, il ne reste d'ailleurs que deux zones assez restreintes où cette forêt primaire est encore visible. L'une d'elles étant d'ailleurs occupée par la base de l'armée de l'air à Remondò, que nous avons pu apercevoir en début d'étape.
Tromello est une petite ville de province proprette mais pas exceptionnelle. Les deux églises, San Rocco et San Martino Vescovo, situées sur notre parcours, sont toutes deux fermées au moment de notre passage.
L'église San Martino Vescovo existait déjà au XIVè siècle mais était beaucoup plus petite et étroite. Elle subit diverses modifications au cours des siècles pour prendre sa forme actuelle au début du XIXè.
Pour l'anecdote, elle fut fermée pendant quatre ans à partir de décembre 2009, son clocher menaçant de s'effondrer.
Peu avant de quitter Tromello, nous franchissons le Torrente Terdoppio.
Il est intéressant de noter que le cours du Terdoppio est composé de deux tronçons distincts. En effet, au Moyen-Âge, son cours fut détourné au sud-est de Novare.
Le tronçon qui nous occupe, dénommé Terdoppio Lomellino, est alimenté par des canaux d'irrigation et quelques sources.
Contrairement au tronçon nord, le Terdoppio Novarese, qui connut de graves problèmes de pollution, le Terdoppio Lomellino est d'un grand intérêt biologique. Il abrite notamment plusieurs espèces de libellules rares et menacées et est classé corridor primaire du réseau écologique régional de Lombardie.
Attention, on nous observe d'un œil méchant !
Après Tromello, le paysage change, c'est plus boisé. Moins uniforme aussi au niveau du relief, même s'il ne faut pas attendre ici la moindre côte.
Sur le territoire de Garlasco, nous atteignons le Subdiramatore Pavia.
Ce canal important est une des deux branches d'un canal plus important, le Canale Quintino Sella qui, lui-même, est une branche du Canale Cavour.
Ah... Normalement, si vous avez suivi nos aventures sur la Via Francigena, ces différents canaux ne vous sont pas inconnus puisque nous en parlons depuis le 20 avril !
Bon, pendant que vous partez relire les étapes précédentes, nous en profitons pour casser la croûte. Il est midi et nous sommes à mi-parcours.
Lors de cette pause, nous serons dépassés par un couple de pèlerins Hollandais que nous avions brièvement croisé à Tromello.
Nous suivrons le Subdiramatore Pavia sur 800 mètres avant de bifurquer à droite, vers le sud, pour rejoindre Garlasco.
Garlasco est une des plus grandes villes de la Lomellina. Le sanctuaire de la Madonna della Bozzola contribue à sa réputation.
Depuis les années 1960, elle est aussi réputée pour ses nombreuses activités récréatives. D'où son surnom de Las Vegas de la Lomellina !
En suivant le parcours de la Via Francigena, nous ne verrons ni l'un ni l'autre. Cependant, nous découvrirons la Piazza Repubblica, siège de la Mairie et de la chiesa di Santa Maria Assunta.
À l'origine, la Piazza Repubblica devait être quadrangulaire, mais elle ne fut jamais terminée. Ça nous permet d'apercevoir une tour médiévale, derrière la Mairie. Il s'agit du seul vestige notable de l'ancien château de Garlasco presque entièrement rasé en 1524.
L'église paroissiale dédiée à la Sainte Vierge de l'Assomption et à Saint François Xavier fut construite entre 1715 et 1783 sur les vestiges de l'ancienne église.
De style corinthien, sa structure comporte trois nefs et une coupole grandiose. L'intérieur est extrêmement riche et de grand intérêt, telle la chaire de 1818.
L'orgue, construit en 1896, possède deux claviers et 1737 tuyaux !
Nous quittons l'élégante ville de Garlasco par l'est, en direction de Gropello Cairoli.
Au bout d'un kilomètre à travers les campagnes, nous retrouvons le Subdiramatore Pavia. Nous le suivons sur près de 2,5 kilomètres.
Un gros kilomètre encore et nous arrivons à Gropello Cairoli.
Gropello Cairoli où nous retrouvons le Subdiramatore Pavia pour la dernière fois puisque nos chemins se séparent définitivement ici !
À Gropello Cairoli, la Via della Libertà compte deux églises, une à chaque extrémité. La chiesa parrocchiale di San Giorgio Martire au nord-ouest, la chiesa di San Rocco confessore au sud-est.
On trouve déjà trace au XIVè siècle d'une église à l'emplacement actuel de la chiesa parrocchiale di San Giorgio Martire.
C'est toutefois au XVIIè siècle que l'église adopte le style baroque. Fin du XIXè siècle, l'église est agrandie puis, en 1903, elle reçoit une nouvelle façade. Les fresques intérieures, elles, datent des années 1920.
Pas belle à l'extérieur avec ses murs de briques rouges lui donnant un aspect inachevé - mais vous pouvez ne pas être d'accord avec moi -, l'église se rattrape avec un intérieur joliment décoré.
À l'extérieur, au-dessus du porche, on peut apercevoir Saint-Georges terrassant le dragon.
À l'opposé, tant géographiquement que littéralement, la chiesa di San Rocco confessore, du XVIIè siècle, apparaît plus jolie à l'extérieur mais est en bien piteux état à l'intérieur.
C'est ici, devant l'église, que nous terminons l'étape.
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Vous voulez revivre cette étape en vidéo 3D ? Ça se passe ci-dessous :
Appréciation du parcours :
Certes, nous n'aurons vu qu'une rizière recouverte d'eau aujourd'hui mais nous avons bénéficié d'agréables et confortables chemins sablonneux sur tout le parcours, à l'exception des traversées de villes, évidemment.
Et justement, ces petites villes de province régulièrement réparties sur l'itinéraire, à l'instar des différents canaux, ont permis de chasser l'ennui qui aurait pu nous envahir.
Une bien belle étape dans la plaine du Pô, donc.
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Comment rejoindre cette étape ?
Cette étape longe de près ou de loin la ligne de chemin de fer Vercelli - Mortara - Pavia.
Cette ligne non-électrifiée à voie unique de 67 kilomètres de long fut mise en service entre mai 1882 et février 1883.
Vous pouvez faire comme nous pour rejoindre le départ depuis Gropello Cairoli, utiliser ce transport en commun respectueux de l'environnement même si les vieilles machines encore utilisées ne sont sans doute pas les plus vertueuses.
Mais peut-être aurez-vous la chance, comme aujourd'hui d'être emmené par un des nouveaux ATR 125 ou ATR 803 progressivement mis en service pour remplacer les vétustes ALn 668.
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Vous souhaitez parcourir cette étape de la Via Francigena ? Vous trouverez ci-dessous la trace GPX de l'itinéraire tel que je l'ai suivi :