10 Septembre 2020
Cela faisait très longtemps... enfin... quelques semaines quoi, que j'avais repéré cette randonnée "De la Planquette au Bois de Fressin" sur Visorando. Mais à plus d'une heure de voiture de la maison, ça me semblait fort loin. Et puis, vu la longueur des passages en pleine campagne, je ne voulais pas non plus la faire en plein été.
Alors, ce mercredi me semblait une bonne opportunité vu les températures raisonnables annoncées, même si ça ne résolvait pas le problème de la distance. Mais attendre plus longtemps, c'était aussi prendre le risque de devoir affronter des chemins boueux, ou de la remettre aux calendes grecques...
Vous m'accompagnez ?
Le départ se fait depuis le parking à l'entrée du village de Fressin, à deux pas de la mairie. Nous sommes dans le Pas-de-Calais, en Artois plus précisément.
Au carrefour tout proche, des stèles nous rappellent que le célèbre écrivain Georges Bernanos a passé son enfance ici. C'est ainsi que Fressin constitue le décor de la plupart de ses romans.
Après une centaine de mètres dans la rue de Planques, on franchit la Planquette sur un petit pont de bois à côté duquel se trouve une étrange statue. Est-elle inspirée de l'œuvre de Bernanos ? J'avoue ne pas être un passionné de littérature, et même si l'un ou l'autre titre de ses romans m'évoque quelque-chose, je n'en ai lu aucun...
Petite digression : A Planques, village voisin, vous pourrez découvrir la très surprenante église du village. Je voulais m'y arrêter au retour de ma randonnée mais mon GPS m'a fait emprunter un tout autre chemin...
Un peu plus loin, on se retrouve rue de l'Enfer... On se demande où cela va nous mener... En réalité pas très loin, puisqu'on ne l'emprunte que sur une dizaine de mètres. Ouf !
On fait alors face à deux chemins de campagne. Si celui de gauche paraît évident, c'est pourtant celui de droite qu'il faut emprunter. Et on monte alors vers la plaine de Barle.
De là-haut, on surplombe la vallée de la Planquette, ce qui nous offre une vue imprenable sur Fressin et son château.
C'est Jean V, seigneur de Créquy, qui fit bâtir ce château au début du XVè siècle. Jean V était un fidèle de Philippe Le Bon, duc de Bourgogne, qui le fit Chevalier de la Toison d'Or.
Bien que construit selon les techniques les plus modernes pour l'époque, notamment pour résister à l'artillerie, le château eut une existence plutôt éphémère. A sa construction, il joua un rôle important en contrôlant la vallée de la Planquette par laquelle passaient les troupes entre Thérouanne et Hesdin.
Déjà vide depuis 1515, il fut détruit en 1658 par Balthazar de Fargues, un capitaine français à la solde des Espagnols qui fit détruire tous les châteaux de la région avant que la France ne reprenne le contrôle de l'Artois. Le château de Fressin n'avait dès lors plus aucun intérêt stratégique et resta donc à l'état de ruine.
De la plaine de Barle, on redescend alors par la Capelette.
En fait, cette randonnée aurait pu s'appeler "Les Montagnes Russes de Fressin" parce qu'on ne va pas arrêter de monter et de descendre. Vous verrez donc beaucoup ces deux verbes dans mon récit.
Bon, de temps en temps on va quand même marcher sur du plat, comme en lisière du Bois de Godiamont. Un chemin fort agréable à l'abri du vent froid qui souffle plutôt fort aujourd'hui.
Après les Rietz de Godiamont, le chemin s'élève par paliers jusqu'à la Tombelle. La commune a eu la prévenance d'installer un banc à mi-pente pour les plus faibles d'entre-nous ceux qui éprouvent l'envie de s'arrêter.
On bénéficie alors d'un répit de quelques centaines de mètres, jusqu'au Mont Miracle. Visiblement, je n'y étais pas le bon jour, il n'y en a pas eu.
Le chemin descend alors jusqu'à un petit oratoire à l'entrée de Wambercourt, en longeant le Champ d'Enfer.
Tant pis pour le nom, mais moi je suis vraiment sous le charme de cette vallée et je me trouve heureux d'encore succomber aux charmes de nos campagnes même après avoir parcouru le monde. Ces clématites des haies et l'araignée qui y a tissé sa toile retiendront, elles aussi, longuement mon attention...
Après un petit kilomètre sur asphalte, notamment le long de la D108, l'itinéraire nous offre une balade bucolique le long de la Planquette, à Cavron-Saint-Martin. Si ce n'est pas du bonheur, ça ?
Si jusqu'à présent nous avions arpenté les collines au sud de la Planquette, cette fois nous grimpons au nord, en passant par le Fort-Mahon. Bon, je sais qu'arrivés à ce stade, certains aimeraient peut-être se baigner mais je n'ai pas écrit Fort-Mahon-Plage, n'est-ce pas !
Arrivé au sommet, on emprunte un petit bout de la D108 avant de s'engager dans la Vallée aux Crapauds.
Normalement, plus ou moins 250 mètres après avoir quitté la D108, il faudrait bifurquer à droite en direction de Wambercourt. Personnellement, j'ai suivi la variante pour les aventuriers telle que décrite sur Visorando. C'est-à-dire que j'ai continué tout droit dans la Vallée aux Crapauds, jusqu'au Bois Grand Sart.
Au passage, j'ai été réquisitionné pour une photo de famille. Non, ce n'était pas des crapauds !
Quand on pénètre dans le Bois Grand Sart, on descend dans une creuse.
Je ne suis pas surpris d'y découvrir une carcasse de voiture puisqu'on en parle dans la description de la randonnée sur Visorando. Mais je suis stupéfait, d'abord qu'elle soit arrivée jusque là, ensuite que rien n'ait été entrepris pour l'en extraire !
Plus loin dans la creuse, on s'imagine en Indiana Jones, s'aventurant en terres inconnues, les sens aux aguets, attendant l'attaque surprise d'une tribu d'indigènes irrités par cette intrusion en leur terre sacrée !
Houlaaaa... Qu'a-t-on mis dans ma Cristalline !?
Bon, envahis par les orties, les derniers vingt mètres à la sortie de la creuse sont les plus difficiles pour moi qui randonne en short. Finalement, ce sera la seule attaque que j'aurai eu à subir avant de rejoindre la civilisation à Wambercourt !
A Wambercourt, on jette un œil à la sympathique petite église Saint-Denis et à la petite chapelle en pierres au pied de la rue de l'Eglise.
De là, on entame une longue, très longue remontée jusqu'à la Croix Couplet en passant par le Mont de Lannoy. Monter, descendre, remonter, redescendre,... vous connaissez le refrain, maintenant !
Si pour monter jusqu'ici, c'était tout asphalte, la descente se fera par une sente qui emprunte d'abord une creuse. Il faut juste ne pas louper l'entrée dans la creuse, mais c'est fléché.
C'est un très joli chemin où, encore une fois, on se sent seul au monde. Seuls le vent dans les arbres et les feuilles mortes qui crissent sous nos pieds rythment nos pas !
Cinq-cents mètres plus loin, on sort de la creuse pour en retrouver une un peu plus loin. Je ne vous conseille pas de descendre dans la creuse mais de continuer sur le chemin qui la domine par la droite. Vous verrez, ça se fait presque naturellement.
Pourquoi je vous dis ça ? Parce que par endroits la creuse est obstruée par des arbres, parce que le sol y est inégal, qu'il y fait sombre et que, surtout, le chemin qui passe sur sa droite est nettement plus charmant. Encore plus quand le soleil s'infiltre dans les arbres comme j'ai eu la chance de le vivre !
On arrive alors au Bois de Fressin. Cette barrière est la démonstration de l'utilité de lire attentivement le descriptif d'une randonnée - quand il y en a un - et de consulter régulièrement son GPS.
Quand j'ai vu cette barrière, il n'y avait aucun doute dans mon esprit que je ne pouvais pas passer par là. C'est seulement au bout d'une centaine de mètres, regardant machinalement mon GPS, que je me suis rendu compte que si, il fallait bien franchir cette barrière !
Donc, oui, il faut franchir cette barrière ! Parce que c'est aussi écrit dans le descriptif de la randonnée.
On rentre donc dans le Bois de Fressin pour suivre un joli petit sentier qui, après 250 mètres, monte, mais alors, monte ! Comme si on était devant un mur ! Si si, c'est aussi indiqué dans le descriptif de la randonnée !
Là, je vous assure, j'ai bien cru que mon cœur allait sortir de ma poitrine et que j'allais cracher mes poumons ! Mais j'ai survécu, pas de panique !
Le fameux mur, vu du haut. Si vous ne voyez pas à quel point ça monte, faites cette randonnée et on en reparlera !
Après cela, ce n'est que du bonheur. Le sentier suit la lisière à l'intérieur du bois pendant plus de trois kilomètres. De temps en temps, une ouverture dans les arbres nous permet d'observer la vallée de la Planquette. Je vous l'assure, que du bonheur !
A la sortie du Bois de Fressin, on découvre l'arrière du château. A cause des arbres, il est malheureusement difficile d'en avoir une belle vue. Pour y être allé après la randonnée, on ne voit pas beaucoup mieux quand on est devant. La seule solution pour en profiter, c'est de le visiter.
Un peu plus loin, on pénètre dans la rue du Paradis. Pour ne pas faire de jaloux entre Dieu et Lucifer, on n'y reste aussi qu'une dizaine de mètres !
Comme pour quitter la rue de l'Enfer, il n'est pas plus évident de quitter celle du Paradis. Il faut passer entre la statue du chien à deux têtes et le pignon de la maison.
On reprend alors un chemin herbeux à la lisière du Bois de Fressin mais celui-ci est moins joli.
Arrivé sur les hauteurs nord-ouest de Fressin, on redescend vers le centre du village par un chemin qui peut être boueux par endroits.
On arrive alors à la superbe église Saint-Martin dont le chœur actuel et le clocher datent du XIVè siècle. Mais la construction de l'église telle qu'on la connaît aujourd'hui dura jusqu'en 1518 !
Ainsi se termine une des plus belles randonnées que j'aurai faites cet été. Evidemment, vu le profil du parcours, il faut une bonne condition physique mais il y a tant de passages magnifiques qu'on en oublie l'effort.
Une nature superbe, des monuments historiques intéressants, des chemins ne posant aucune difficulté particulière, du dénivelé comme j'aime, cette randonnée réunit tous les ingrédients d'une journée réussie. Nul doute que si ce n'était pas aussi loin, je la ferais régulièrement.
Testé et approuvé !
Vous souhaitez parcourir cette randonnée ? Vous trouverez ci-dessous la trace du parcours tel que je l'ai suivi, c'est-à-dire la variante décrite dans les informations pratiques de la fiche sur Visorando avec le passage par la Vallée des Crapauds :
Sinon vous pouvez aussi la retrouver en version originale (sans la descente dans la Vallée des Crapauds, donc) sur Visorando en cliquant sur le lien ci-dessous...
De la Planquette au Bois de Fressin
De la Planquette au Bois de Fressin. Fiche de randonnée gratuite avec descriptif et carte IGN ou topographique au 1:25 000 au format PDF. D'autres circuits de randonnée sont disponibles.
https://www.visorando.com/randonnee-de-la-planquette-au-bois-de-fressin/
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